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L'Onomastique et l'ethnographie. Le MUSEON (1) nous communique quelques contes et quelques poésies du Turkestan, qui peuvent offrir de l'intérêt pour le folklore et l'ethnographie de cette région.

Dans une de ces poésies nous relevons le vers suivant :

Atam bilan, anam manin...

Ce vers signifie: mon père, ma mère. Nous y rencontrons le radical at, qui signifie père. Le mot père est un de ces vocables qui sont d'un usage quotidien et que l'on rencontre dans toutes les langues. C'est pour ce motif, croyons-nous, qu'il peut projeter quelque lumière sur certaines questions ethnographiques. Le mot atta existe dans la plupart des langues indo-européennes. La voyelle initiale peut être longue ou brève, se modifier en e bref ou en la voyelle o longue ou brève. Le mot atta a été employé comme prénom dans plusieurs langues avec les variantes que nous venons de signaler. Nous le discernons dans les inscriptions galloromaines (2) et dans la toponymie friso-franque (3) de la Belgique, issue de noms patronymiques. Le prénom frison Ette, équivalent du prénom frison Atte, a formé le diminutif Ettilo, dont les descendants Ettilinga sont fixés à Ettilingaheim ou Ettelghem. Voilà un exemple d'une conclusion. ethnologique à déduire de l'étude du mot père.

Quelle est l'origine du mot atta? On le regarde comme un mot enfantin, pour dire père, comme la reproduction des premières syllabes balbutiées par les enfants.

Nous présumons que les Indo-Européens ont emprunté le mot atta aux Ougro-Finnois et aux Touraniens, que l'on peut rapporter aux Mongoloïdes. Le radical paraît sous la forme de atya, en hongrois, de attje en lapon, de ataj dans la langue vote, qui est une langue finnoise, de atja en tchérémisse, qui appartient au groupe bulgare, de ata en os

(1) E. de Zacharko, Contes du Turkestan. MUSEON, tome XXXVI (Cahiers I et 2), 1923, p. 121.

(2) Alfred Holder, Alt-Celtischer Sprachschatz, t. I, p. 272. (3) J. Winkler, Friesche Naamlijst, Leeuwarden, 1898, p. 20 et P. 182.

tiaque (1), et de aita dans la langue des Basques (2) qui ne paraissent se rattacher à aucun groupe linguistique ou ethnique.

Le radical at a une origine plus ancienne encore, puisqu'il se présente dans les langues des anciens peuples hamitiques. La linguistique et l'anthropologie semblent établir des liens de parenté entre quelques-uns de ces peuples et les Touraniens. Nous pouvons signaler le radical at dans la langue égyptienne (3), dans le mot égyptien atef qui signifie père. Dans un texte de loi du code hittite actuellement en cours de publication, nous trouvons le mot père au nominatif sous la forme de attaàs et M. Hrozny cite aussi la variante addaâs qui nous ramène au suméro-akkadien (4).

Un grand problème ethnographique est en connexion avec l'existence du radical at dans la langue suméro-akkadienne. La controverse continue toujours sur cette question : Les Suméro-Akkadiens sont-ils ou non des Sémites? Le problème intéresse avant tout les orientalistes et comme tel il n'est pas de notre domaine, mais il touche aussi à l'ethnographie et à l'ethnogénie de l'Asie, dont l'Europe n'est qu'une presqu'île.

Nous admettons la thèse d'Autran (5) qui écrit : « Les origines de la civilisation babylonienne nous sont données par la Bible comme hamitiques, ce que la science moderne à son tour commence à entrevoir ». Il y a 50 ans que F. Lenormant a démontré la vérité de cette assertion et le mot suméro-akkadien adda lui a procuré un des nombreux arguments qu'il a fait valoir à l'appui de son opinion. Ajoutons que le terme adda figure comme nom propre sur une tablette suméro-akkadienne, recueillie à Umma et récemment traduite par le père Charles F. Jean (6).

(1) Fr. Lenormant, La Langue primitive de la Chaldée et les Idiomes touraniens, Paris, 1875, P. 291.

(2) J. Vinson, Etude du vocabulaire basque, au point de vue anthropologique, REVUE ANTHROPOLOGIQUE, 32o année, mars-avril, 1922, p. 69.

(3) E. de Rougé, Chrestomathie égyptienne, 2° fascicule, Paris, 1868, p. 3.

(4) F. Hrozny, Code hittite, Paris, 1922, p. 25.

(5) C. Autran, Tarkondemos, fascicule 3. Paris, 1923, p. 203, en

note.

(6) Charles-F. Jean, Sumer et Akkad, Paris, 1923, p. 105.

Le radical at, par la transposition de ses éléments, a donné le radical ta, qui par redoublement est devenu tata. Ce mot a la même signification que le mot atta et il a été également employé comme prénom. L'identité des deux vocables avait déjà frappé notre vieux philologue flamand Kiliaen, qui a noté dans son Etymologicum ou Dictionnaire flamand-latin, édité pour la première fois à Anvers en 1583 : « Aette, Germ. vetus, idem, teyte, tata, pater ».

Tata est un prénom égyptien (1) ; une inscription galloromaine de Narbonne mentionne Fulvius Tata (2) ; le répertoire des prénoms frisons contient le prénom Tate; les descendants d'un Frison nommé Tate s'appelaient Tatinga et nous les discernons parmi les colons de la plaine maritime à Tatingaheim ou Tatinghem, dans le Pas-de-Calais (3).

Le régime de l'exogamie observé chez les primitifs, préoccupe actuellement le monde savant. Il est intéressant de savoir par quels mots on désigne les frères du père de famille, parce que l'emploi de certains vocables peut dénoter des vestiges du matriarcat. Dans l'Hindoustan on trouve des vestiges du matriarcat qui prédominait dans les tribus dravidiennes et on relève les mêmes traditions chez quelques tribus ayrennes. Ainsi, le mot sanscrit tata, père, désigne le frère du père sous la forme de tâu, dans le dialecte aryen hindi, et sous la forme de tâyâ, dans le dialecte aryen punjabi; on en conclut que les tribus, qui parlent ces dialectes, ont vécu sous le régime du matriarcat (4). Nous observons le même phénomène dans le dialecte de la région Mayumbe au Congo belge; on y distingue les mêmes coutumes exogamiques et le même mot tata désigne le père et le frère du père (5).

Ce mot tata, dont nous venons de signaler l'importance

(1) E. de Rougé, op. laudat., p. II.

(2) A. Holder, op. citat., tome II, p. 1751.

A. Holder, op. citat,. tome II, p. 1752 et J. Winkler, op. citat., p. 381.

(3) Govind S. Ghurye, Dual Organization in India, THE JOURNAL OF THE ROYA, ANTHROPOLOGICAL INSTITUTE OF GREAT BRITAIN AND IRELAND, tome LIII, 1923, p. 83.

(4) L. Bittremieux, Mayombsch Idioticon, Gand, 1923, tome II, p. 638. Pour l'exogamie, voir le mot Dikanda, tome I, p. 110 et suiv. (5) Waling Dijkstra, Friesch Woordenboek, tome III, p. 270.

ethnographique dans l'Hindoustan et au Congo belge, existe encore en latin, en grec, dans plusieurs idiomes celtiques et sous les formes de tate, de taat, et de tete dans les dialectes frisons (1). Nous l'avons surpris dans le patois de notre village sous la forme de teite; il a perdu sa première signification; on l'emploie pour désigner un individu quelconque avec une forte nuance de mépris. Ne serait-ce pas par hasard un écho lointain de la prédominance du matriarcat?

La forme abrégée ta du parler frison de l'île Ter Schelling peut se rapprocher de la forme identique ta que nous trouvons dans la langue de la tribu Kouyau de l'Afrique équatoriale française (2).

Le mot tata, père, a existé aussi dans l'idiome nahua des Mexicains que nous pouvons rapprocher des Mongoloïdes de l'Asie (3).

Dans le mot anglais dada, qui signifie également père, la consonne douce a remplacé la forte et nous pouvons présumer que c'est le même mot que tata. Nous rencontrons le thème dada comme nom propre dans l'onomastique friso-franque, dans les inscriptions gallo-romaines (4) et sur les tablettes sumériennes (5) publiées par le Père Charles F. Jean, qui ne parvient pas à expliquer le vocable. Le même terme dada désigne aussi un dieu babylonien (6).

J. CLAERHOUT.

(1) M. A. Poupon, Étude ethnographique de la tribu Kouyou. L'ANTHROPOLOGIE, t. XXIX, 1918-1919, p. 333.

(2) E. Beauvais, Échos des croyances chrétiennes chez les Mexicains du moyen âge. MUSÉON, t. XVIII, 1899, p. 374.

(3) A. Holder, op. citat., t. I, p. 1214.

(4) Charles-F. Jean, op. laudat., pp. 34, 105 et 118.

(5) A. Deimel, S. J., Pantheon Babylonicum, Rome, 1914, p. 99.

IV• SÉRIE. T. VII.

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BIBLIOGRAPHIE

I.

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GESCHICHTE DER ELEMENTAR-MATHEMATIK IN SYSTEMATISCHER DARSTELLUNG MIT BESONDERER BERUECKSICHTIGUNG DER FACHWOERTER von Dr JOHANNES TROPFKE. Siebenter Band Stereometrie. Verzeichnissen. Zweite verbesserte und sehr vermehrte Auflage. - Un vol. in-8° de V-128 pages. Berlin et Leipzig, W. de Gruyter (août 1924).

Le septième et dernier volume de cette excellente Geschichte der Elementar-Mathematik vient de paraître. Il est court, et comme sujet neuf, ne contient que la Stéréométrie, soit 54 pages. Ce chapitre est écrit sur le plan des précédents et avec le même talent.

Mais, dans ce volume, il faut avant tout signaler les tables de l'ouvrage entier table des noms propres ; table alphabétique des sujets traités. La première édition ne renfe:mait qu'un « Namen-und Sachregister » unique. Au point de vue des recherches, c'est un soulagement de l'avoir divisé en deux tables distinctes. Les indications y sont très claires. Les passages du texte courant sont signalés en chiffres droits, ceux non moins nombreux des notes du bas des pages le sont en chiffres penchés. Puis, innovation heureuse, quelques endroits particulièrement importants sont signalés en chiffres droits ou penchés plus gras que les autres.

Un manuel d'histoire des mathématiques n'est pas, comme un manuel de mathématique abstraite, susceptible d'atteindre un degré de perfection qui le rende en quelque sorte définitif. L'histoire est essentiellement progressante. Voilà pourquoi les Vorlesungen de Cantor, qui pendant bien longtemps encore resteront le point de départ de toutes les recherches d'histoire des mathématiques, ne peuvent néan

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