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la multitude des esprits célestes resplendissants de clarté chante le cantique de jubilation. Le Corrége fait planer les anges sur une étable délabrée et les bergères se joignent aux bergers pour visiter l'enfant nouveau-né.

Le cardinal Borromée reproche aux artistes d'attirer presque toute l'attention sur les corps musculeux des bergers auxquels ils donnent des attitudes expressives très-soigneusement dessinées, tandis que l'enfant Jésus et sa mère semblent avoir été dédaignés par ces artistes dans un tableau où pourtant ceci devrait être l'objet principal. Selon le même auteur, les bergers tiennent à la main leurs chapeaux, tandis que dans ces anciens temps les hommes n'avaient aucune sorte de coiffure. D'autres, au contraire, peignent les pasteurs ayant la tête couverte. L'illustre cardinal traite. tout cela d'ineptie.

Molanus manifeste toute sa sympathie pour un tableau de Nativité qui représenterait simplement Marie en état d'adoration devant le fils qu'elle vient de mettre au monde. Une scène aussi simple ne plairait pas à l'artiste qui cherche, avant tout, dans son œuvre, un grand effet de composition. Mais la multiplicité des personnages et d'autres nombreux accessoires ne sont pas les conditions absolues et constantes de la sublimité dans les arts.

CHAPITRE II.

Circoncision et Épiphanie du Sauveur.

Nous devions réunir en un seul chapitre ces deux traits, car le premier ne saurait longuement nous occuper.

La Circoncision qui ouvre maintenant l'année civile est un sujet très-difficile à traiter, pour un tableau d'église. La raison n'a pas besoin d'en être articulée. Cette cérémonie ou opération judaïque à laquelle le Sauveur ne dédaigna point de se soumettre ne saurait être peinte d'une manière littérale pour l'exposer aux yeux des fidèles dans le temple chrétien. Nous devons pourtant fournir quelques notions sur ce point.

Et d'abord S. Luc ne parle, en aucune manière, du temple de Jérusalem où ce fait se serait accompli, La Circoncision n'était pas un acte liturgique de l'ancienne loi. On n'allait donc pas au temple pour remplir cette prescription. C'est donc grandement à tort que les peintres figurent l'enfant Jésus recevant dans le temple la Circoncision. Les écrivains les plus judicieux s'accordent à reconnaître que le nouveau-né fut circoncis dans la grotte de sa naissance. C'étaient souvent les parents et même la mère de l'enfant qui accomplissaient, au bout de huit jours, l'acte exigé par la loi de Moïse. Mais il est infiniment préférable de ne point traiter un sujet de cette nature. La piété publique ne saurait y trouver un aliment.

L'Eglise unit à la fête de la Circoncision, celle de l'imposition du nom de JÉSUS au divin enfant. Ceci, sous un autre rapport, n'est point facile à traduire sur la toile. On se contente généralement de représenter, au milieu d'un cercle environné de rayons, les trois initiales I. H. S. qui expliquent l'étymologie du nom hébreu Jésus, c'est-à-dire Jesus hominum Salvator (Jésus sauveur des hommes).

On lit dans la vie de S. Bernardin surnommé de Sienne,

que dans ses prédications il avait coutume, étant en chaire, de montrer à ses auditeurs une image sur laquelle était inscrit, en lettres d'or, le saint nom de Jésus, dans une brillante auréole. Le peuple témoigna le désir de posséder de semblables images, mais l'abus ne tarda pas à s'introduire dans cette dévotion. Le pape Martin défendit à cet orateur sacré de produire désormais cette représentation et le pieux prédicateur se montra docile. Il faut dire que l'abus n'a jamais eu le privilége de condamner le légitime usage. Cela est si vrai que le Saint-Siége institua une fête en l'honneur du saint nom de Jésus. Elle fut, dans le principe, restreinte aux seuls ordres religieux nominativement désignés. Enfin, en 1721, le pape Innocent XIII l'étendit à tout le monde catholique.

Le monogramme dont il a été parlé est donc très-antérieur à l'institution de l'ordre célèbre connu sous le nom de Compagnie de Jésus ou Jésuites. Ceux-ci l'ont adopté. Qui oserait leur en faire un crime? Mais ils n'en sont point les créateurs. Rien de plus ordinaire cependant que d'entendre des hommes qui se croient ou que l'on croit érudits considérer ce monogramme comme le cachet exclusif des Jésuites!

Un peintre est donc parfaitement autorisé à figurer cet auguste monogramme, au milieu d'une éclatante gloire, et représenter des anges et des hommes dans une attitude d'adoration, devant ce signe sacré. « Qu'au nom de Jésus, dit l'Apôtre, tout fléchisse le genou, dans le ciel, sur la terre et dans les enfers. » L'antiquité chrétienne avait un signe analogue. C'est celui dont le grand Constantin voulut que l'on couronnât le Labarum. C'est le chrisme P où figurent le X et le P grecs entrelacés. Le peuple est aujourd'hui trop éclairé pour voir dans ces divers signes symboliques des sortes de talismans dont on puisse craindre qu'il ne fasse un usage superstitieux.

Co ne sera pas néanmoins peut-être sans utilité que nous ferons connaître la forme originaire du monogramme si usité dans la symbolique chrétienne, IHS. Tel qu'il est conçu en lettres latines ou romaines on ne peut qu'y voir les trois mots Jesus hominum Salvator. Mais, dans le principe,

ce fat en caractères grecs IHΣ dont la prononciation normale en caractères latins est IES, racine du nom sacré IESUS. La première lettre du monogramme antique est commune aux grecs et aux latins. Pour ces derniers, la seconde est la consonne H qui dans l'alphabet grec est la voyelle longue E. Enfin, la troisième lettre est exclusivement grecque. En figurant le vénérable monogramme en caractères romains, ce n'est plus qu'une espèce d'emblême hybride. L'habitude est comme passée en loi et la simple racine du nom si expressif qui fut imposé au Verbe incarné, le jour de la Circoncision s'est traduite, pour les latins, en ces trois mots qui indiquent par leur éloquente briéveté la sublime mission du Fils de Dieu sur la terre Jesus hominum Salvator. Un pieux usage fait surmonter la lettre H d'une petite croix, ci IHS. Ces explications détaillées plairont, nous l'espérons, aux personnes qui ne sont point familiarisées avec la langue grecque.

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L'Epiphanie ou manifestation est plus connue dans l'art chrétien sous le nom d'Adoration des rois ou des Mages. En quel lieu cette manifestation si miraculeuse s'accomplit-elle ? La question est importante, car elle a été vivement controversée. Consultons d'abord le texte évangélique : « Les ma» ges entrant dans la maison (Domum) trouvèrent l'enfant « avec Marie sa mère, et se prosternant ils l'adorèrent. Il semble bien que l'évangéliste en employant le terme de maison n'a pas voulu désigner la grotte de Bethléem. S. Epiphane a dit très-explicitement : « Les Mages étant entrés

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dans la maison, trouvèrent l'enfant avec Marie, non plus » dans la crèche, non plus dans la grotte, mais dans la >> maison. >>>

Ce même Père ne fait pas adorer Jésus par les Mages, treize jours, mais deux ans après la Nativité. Une foule d'autorités se réunissent à cette opinion. Ayala blâme les artistes de placer la scène de cette adoration dans la grotte de Bethleem. Molanus et son annotateur Paquot s'occupent exclusivement des Mages et ne disent pas un seul mot sur la question présente. Si le Sauveur fut adoré dans une mai

son, quelle est cette maison? Ce ne peut être la demeure de Marie à Nazareth, car le texte indique Bethléem. Un grand nombre d'auteurs, parmi lesquels nous nommons avec confiance Benoît XIV, placent l'adoration des Mages dans la grotte natale. Mais pourquoi l'évangéliste donne-t-il à celleci le nom de maison? Parce que cette grotte était une dépendance du Diversorium, ou parce qu'enfin Marie et son nouveau-né avaient pu trouver une place dans ce Diversorium ou hôtellerie. Cette dernière hypothèse est soutenue comme un fait réel par le savant Dom Calmet. Le grand pape précité se rallie au sentiment de S. Jérôme qui avait vécu sur les lieux et qui place l'adoration des Mages dans la sainte grotte de Bethléem.

Les Mages sont très-communément considérés comme des rois et la solennité de l'Epiphanie a reçu, parmi le vulgaire le nom de fête des Rois. On comprend qu'il importe aux artistes de pouvoir se fixer sur la qualité de ces adorateurs venus de l'Orient, afin de les costumer avec exactitude. Luther a nié la qualité royale aux Mages. Il faut convenir que l'Evangile ne dit rien qui la fasse présumer. C'est pourquoi, plusieurs écrivains catholiques, avant l'hérésiarque allemand, avaient soutenu que ces Mages étaient des savants très-versés dans la connaissance des astres, et qui, loin de partager les idées idolatriques de leurs contrées, observaient fidèlement la loi naturelle, et n'adoraient qu'un seul Dieu. Si les Mages eussent été des rois, disent plusieurs autres, le jaloux souverain de la Judée Hérode les aurait punis de leur audace, pour être entrés dans ses domaines, ou bien encore, s'il avait écouté des inspirations hospitalières, il les aurait accueillis avec distinction, au lieu de leur dire, comme à de vulgaires voyageurs: a Allez, prenez des informations sur les faits et vous reviendrez m'en donner des nouvelles. » Il serait fatigant d'exposer avec quelques détails les raisons qui militent pour ou contre la royauté de ces Mages. Ainsi pour fixer l'hésitation des artistes sur ce point, il suffira de reproduire le texte de Benoit XIV, dans son traité des Fêtes. C'est le paragraphe qui est inscrit sous le chiffre XXXVI. Magi reges fuere, id

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