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le Temple et de grouper autour de lui des docteurs. Mais alors la figure principale ne sera pas un enfant de douze ans. Cette scène sera donc tout autre que celle en ce moment envisagée.

Combien de tableaux, de reliefs et même de vitraux du moyen-âge (car il eût aussi ses erreurs artistiques) ont consacré le faux sens que nous combattons! Dans combien d'églises une pensée aussi contraire au texte de l'Evangile et au sentiment de ses éloquents interprètes n'a-t-elle point été exposée aux yeux des fidèles? La ville qui est considérée. comme le principal foyer de toutes les lumières peut-elle se proclamer innocente d'une semblable anomalie? Elle est justement stigmatisée dans tous les auteurs qui traitent de l'art chrétien et Molé ne pouvait manquer de lui donner rang parmi les erreurs dont il accuse les peintres chrétiens.

Pour achever d'altérer la vérité, certains artistes ont représenté Marie et Joseph se prosternant devant le divin enfant qu'ils viennent de retrouver. Ni le récit évangélique, ni la tradition, ni le simple bon sens, ni l'autorité d'un grand maître ne sauraient autoriser de pareilles excentricités. Elles n'ont rien, à coup-sûr, de mal édifiant, mais il est certain que d'autre part l'édification chrétienne n'a nul besoin de tels auxiliaires.

CHAPITRE V.

Le Baptême de Notre-Seigneur; sa Tentation au désert; les Noces de Cana; la Vocation des apôtres.

Il ne saurait entrer dans notre plan d'épuiser tout ce que l'art chrétien pourrait reproduire de la vie de Jésus enfant. Nous avons dû nous borner aux faits bien caractérisés du. texte des Evangiles. Tout ce qu'on pourrait extraire de l'histoire de cette sainte enfance, au-delà de ce qui en a été exposé, ne saurait être du domaine traditionnel de notre cycle festival et historique. Nous devons donc passer à la deuxième période.

10 Le baptême. Le Sauveur commence sa mission évangélique. Il est arrivé à l'âge de trente ans. S. Jean, le précurseur, va lui conférer le baptême de pénitence, comme au plus vulgaire des habitants de la Judée. On sait que le terme baptiser dérivant, presque sans altération, du grec et du latin, signifie laver. Les anciens n'ont jamais cru que pour accomplir ce qui est annoncé par cette expression, il suffisait de répandre une légère ondée d'eau sur la tête. Pour eux le baptême a été constamment une immersion. C'est ainsi que l'entendent encore, de nos jours, les chrétiens orientaux qui, pour administrer le sacrement de baptême, ne se contentent pas de répandre sur la tête quelques gouttes d'eau, mais plongent le néophyte dans la piscine baptismale. Il est vrai que le baptême de Notre-Seigneur n'est point du tout ce que nous nommons ainsi dans le christianisme, un véritable sacrement de régénération. Mais peu importe. Cet acte de S. Jean doit répondre à son appellation. Le baptême de Notre-Seigneur ne fut pas une simple infusion, mais une immersion réelle. S. Mathieu l'annonce très-clairement : « Jésus étant baptisé, remonta » de l'eau, Confestim ascendit de aquâ. Certes, s'il n'eut fallu que quelques gouttes versées sur la tête, il n'était pas besoin de se rapprocher d'un fleuve. S. Marc tient le

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même langage que S. Mathieu « Jésus fut baptisé par » Jean dans le Jourdain, et aussitôt montant ou sortant de l'eau, etc.,» Et statim ascendens de aquâ. L'Eglise latine a fait pour le sacrement de baptême, jusqu'au XIIIe siècle, ce qui se pratiqua par S. Jean pour le baptême de pénitence. On a baptisé par immersion, et c'est au siècle indiqué que prévalut le baptême par infusion.

L'artiste jaloux de rester fidèle à l'histoire n'ira donc point copier un baptême de Notre-Seigneur, par infusion, quand même le peintre s'appellerait Raphaël. Ce grand maître a figuré le Sauveur pieusement incliné devant Jean-Baptiste qui verse sur la tête de Jésus quelques gouttes de l'eau du Jourdain. Notre célèbre Lebrun a suivi ce modèle trompeur et n'en est pas plus excusable pour cela. Nous admirons le talent d'exécution et nous censurons l'inexactitude historique. C'est notre droit et notre devoir.

« On a lieu de s'étonner, dit Molanus, que tous les pein» tres semblent s'être donné le mot pour représenter S. JeanBaptiste versant, d'une conque, ou de la main nue, un » peu d'eau sur la tête du Sauveur. »>

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Un peintre craindrait-il d'encourir un reproche de hardiesse s'il essayait de retracer, dans toute sa vérité historique, cette touchante scène de la vie de l'Homme-Dieu ? Qu'il le tente, et il aura pour lui les suffrages de la science ecclésiastique. L'Evangile à la main il défiera ses aristarques, esclaves d'un préjugé inintelligent. Raphaël, Lebrun et une foule d'autres ont passé et la vérité demeure. Dans les sujets sculptés au pourtour extérieur du chœur de NotreDame-de-Paris on voit Jésus-Christ plongé jusqu'à la ceinture dans le fleuve du Jourdain dont les ondes sont figurées avec autant d'art que pouvait en posséder le XIVe siècle. Mais du moins le sculpteur a voulu représenter une véritable immersion, c'est-à-dire un baptême réel et non point une simple infusion. En terminant ce qui concerne ce sujet nous croyons pourtant devoir citer un auteur qui mérite toute confiance, c'est Catalani, dans son commentaire sur le rit romain. Cet auteur nous apprend qu'on voit à Rome, à l'entrée de la basilique de Saint-Laurens in Agro Verano,

un tableau qui représente Romain dans un bassin, et S. Laurent qui le baptise, le bénissant de la main droite et versant sur sa tête, de la main gauche, un vase plein d'eau. On montre encore dans la sacristie ce vase qui est d'airain. Nous sommes enclin à penser que ce baptême de NotreSeigneur Jésus-Christ, par infusion, n'étant pas sans précédent dans l'art antique, à des époques rapprochées du berceau de la foi chrétienne, pourrait peut-être servir à justifier les peintres.

D'après ce que dit D. Mabillon dans son voyage d'Italic (Iter italicum, page 73) on voit sur un tombeau près de Naples une image de baptême conféré tout à la fois par immersion et par infusion. Il serait donc possible de supposer que S. Jean-Baptiste agit de la sorte quand il baptisa Jésus-Christ. Nous croyons définitivement que la meilleure manière de représenter un baptême de Notre-Seigneur est l'alliance de l'immersion avec l'infusion.

Nous ne pouvons répéter ici ce qui a été dit sur la colombe planant au-dessus du Sauveur, au moment de son baptême. (Voir la première partie.) Quelques accessoires tels que des anges qui tiennent la tunique du Sauveur ne sont point déplacés dans une scène de ce genre, quoique l'Evangile n'en dise pas un mot.

Le Poussin a joint à cette scène une multitude de Juifs dont les uns venant de recevoir ce baptême de pénitence reprennent leurs vêtements, et les autres considèrent la colombe miraculeuse. Mais encore ici le Sauveur, au lieu d'être dans le Jourdain, in Jordane, est sur les bords du fleuve à genoux devant le saint précurseur. Il reçoit sur la tête une légère ondée qui s'échappe d'une coquille. Puis les nouveaux baptisés se recouvrent de leurs habits dont assurément il n'était pas besoin qu'ils se dépouillassent, si quelques gouttes d'eau devaient uniquement leur arroser la tête.

Certains écrivains de l'antiquité parlent d'une grande Jumière qui projeta d'immenses rayons sur le Jourdain, après ce baptême. C'est la gloire ou auréole du sein de laquelle s'élança sur la tête de Jésus la colombe mystérieuse. Le pinceau peut la reproduire et répandre sur cette

auguste scène une nouvelle beauté. Les anges dont parle S. Luc, qui descendaient sur la tête du Sauveur, en ce même instant y ajoutent un nouveau charme. Il est inutile de dire que ce sujet est un de ceux qu'affectionne le plus l'art chrétien.

20 Après son baptême, Jésus se retira dans le désert pour y passer quarante jours dans un jeûne absolu. C'est là qu'il fut tenté par le démon. Ce n'est pas ici le lieu de réfuter quelques incroyants qui n'ont voulu voir, dans cette tentation, qu'une sorte d'allégorie ou de parabole. Jésus fut réellement tenté par le diable. Les saints interprètes ont toujours pris ce fait au pied de la lettre. L'art s'est emparé de cette circonstance de la vie du Sauveur et a essayé de la retracer. Mais il y a triplicité dans ce sujet unique. 10 Le diable montre au Sauveur quelques pierres et lui dit de les changer en pain. 20 Le tentateur transporte JésusChrist sur le pinacle du Temple et lui conseille de se jeter en bas, en lui observant que s'il est le Fils de Dicu, les anges le recevront dans leurs bras, selon ce qui est écrit. 30 Le démon porte Jésus-Christ sur une haute montagne et lui promet la possession des royaumes du monde qu'il lui montre, s'il veut condescendre à se prosterner devant cet esprit impur.

Le premier sujet n'offre guère de difficultés que pour représenter le tentateur. Quelle forme donner à cet esprit de mensonge? On ne peut, qu'on le remarque bien, le figurer, en ce moment, avec les attributs conventionnels ou allégoriques dont il a été parlé dans la première partie. Le démon doit nécessairement se déguiser sous un aspect décevant, pour mieux réussir dans son dessein. En effet, les commentateurs s'accordent à penser que le démon se montra aux regards du Sauveur, sous une forme gracieuse et prévenante.

Henri Agrippa ayant vu, quelque part, à ce qu'il prétend, le diable représenté en ermite ou en moine tentant le Sauveur, en a conclu ce que lui seul pouvait imaginer... que le diable était l'inventeur du froc monacal. Quelques pieux écrivains ont soupçonné qu'en effet le démon se pré

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