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mais une apparition qu'il a été loisible à l'artiste de supposer poétiquement, pour mieux rendre le texte sacré.

Dans l'ordre successif des événements de la Passion du Sauveur se déroulent plusieurs scènes secondaires telles que le baiser de Judas, Jésus devant les tribunaux de Caïphe et de Pilate, Jésus devant le roi Hérode, le reniement de Pierre etc., d'autres traits encore plus secondaires. Il suffit de lire avec attention, pour ne pas se fourvoyer, en les retraçant. Chacun de ces divers sujets a été traité sans produire des œuvres véritablement remarquables. Nous pourrions cependant citer la scène de Judas recevant le prix de sa trahison que Jean de Fiesole a traduite avec bonheur. L'œuvre de ce pieux moine existe chez les servites de Florence.

CHAPITRE IX.

La Flagellation du Sauveur; le Couronnement d'épines; Eccè Homo; le Portement de croix.

Après la barbare préférence donnée par le peuple à Barrabas qui fut délivré, au lieu de Jésus, Pilate ordonna que la victime subît le supplice de la flagellation. S. Jérôme dit, qu'en cette circonstance, le gouverneur suivit la législation romaine. Celle-ci prescrivait que l'homme condamné à la croix fut préalablement flagellé. Lipse cité par Molanus prouve que les citoyens étaient fouettés avec des verges et les esclaves avec des courroies. Ces dernières furent donc employées pour la flagellation du Sauveur, car, nous dit l'apôtre, Jésus voulut, en tout, revêtir la forme d'esclave. Au premier abord, le choix paraît assez indifférent en lui-même, pour l'artiste. Cependant, comme il vient d'être dit, les courroies sont une ignominie de plus, et il paraît certain qu'elles furent employées pour cette sacrilége flagellation. Les Juifs, pour infliger ce supplice, étendaient sur la terre la victime. Les Romains attachaient le patient à une colonne. S. Jérôme dit que l'on montra à Ste Paule la colonne encore teinte du sang de Jésus, celle-là même à laquelle une tradition constante nous apprend que le Sauveur fut attaché et flagellé. Cette colonne est encore aujourd'hui conservée à Rome, comme un précieux monument. Toutes ces particularités ne ressortent pas du texte évangélique. On y lit uniquement que le Sauveur y fut flagellé. Mais la tradition fut toujours une autorité de grand poids et l'art s'y est constamment soumis.

Le Sueur fait attacher le Sauveur à la colonne par deux bourreaux, tandis qu'un troisième prépare des verges. Ce dernier trait contredit formellement l'érudit juste Lipse. Faut-il en faire un crime capital à cet excellent artiste ? Nous ne le pensons pas. Très peu de personnes verraient dans les courroies un plus profond abaissement de l'Homme.

Dieu. Cette circonstance est plus directement du domaine de la prédication orale, ou des livres ascétiques. La page de Le Sueur n'en est pas moins un chef-d'œuvre.

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A la flagellation succède le couronnement d'épines. On a agité une question assez curieuse sur la nature du bois dont cette couronne était faite. Paquot dit que si les artistes le consultaient, il répondrait que cette couronne était formée de nerprun ou bouc-épine, en latin rhamnus. Il s'appuie sur le récit de Pierre Belon voyageur dans la Palestine. Il relate un passage de cet écrivain et nous pensons qu'on sera satisfait de le voir transcrit ici : « Cherchant les plantes entournoyant les murs de Jérusalem, avons veu » d'une espèce d'hyosciame qui ne croît pas en Europe; et » en les examinant diligemment, pour ce que désirions sçavoir quelles espines trouverions, pour entendre de quelle espèce estoit celle dont fust faicte la couronne de » Nostre Seigneur et n'y ayantz trouvé rien d'espineux plus fréquent que le rahmnus dont nous a semblé que sa cou>> ronne fust d'un tel arbre. Car nous n'y avons veu croistre >> nulles ronces ou autre chose espineuse. Parquoy voyantz » que les Italiens appellent vulgairement le rhamnus spina » santa (et principalement entour Macerata et à Pezaro) auquel lieu avons trouvé les hayes n'estre faictes d'autres >> arbres comme aussi en Jérusalem, l'avons bien voulu » mettre en ce passage; joinct que les anciens arabes nom»ment l'arbre duquel fust faicte la couronne Alkensegi, » que les interprètes tournent en latin corona spinea. » (Observations de plusieurs singularitez, édition de Plantin, 1555).

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Ce passage peut être agréable aux artistes qui se piquent d'une scrupuleuse exactitude dans leurs œuvres.

Pour ce qui regarde l'acte même de ce cruel et dérisoire hommage, toute faculté est laissée à l'artiste. Le Titien fait poser la couronne par des bourreaux qui employent de longs bâtons de roseau. Van-Dyck la fait imposer par la main d'un soldat romain. Ce dernier tableau ne répond pas à la réputation de son auteur. Il est dans la galerie du roi de Prusse.

Selon le récit de S. Luc, le Sauveur comparut devant Hérode. Comme il ne voulut point répondre à la futile curiosité de ce prince, les soldats le revêtirent d'une robe blanche, pour en faire leur jouet. Ce sujet n'a rien de complexe, il suffit de lire le texte. Mais il faut bien se garder de confondre cet épisode de la Passion avec la scène de l'Ecce homo. Ici le Sauveur après sa flagellation est revêtu d'un manteau de pourpre sur lequel Pilate le produit aux yeux du peuple. S. Jean nous apprend cette circonstance en ces termes : « Jésus sortit du prétoire (de Pilate) >> portant la couronne d'épines et un vêtement de pourpre, >> et Pilate dit aux Juifs: Voilà l'homme. » Ceci est parfaitement explicite, et il serait dans l'erreur, l'artiste qui, pour traduire, les paroles précitées, revêtirait le Sauveur de la robe blanche dont il a été parlé. Or la confusion contre laquelle nous voulons prémunir l'art chrétien a été commise. La robe blanche fut l'insigne de l'imbécillité dont Hérode voulait flétrir le Sauveur auquel il ne put faire prononcer un seul mot. Le manteau de pourpre fut le simulacre dérisoire de la royauté, le symbole de l'accusation que les Juifs portaient contre le Sauveur d'avoir déclaré qu'il était roi.

L'Evangile ne marque nulle part le lieu dans lequel Pilate exposa ainsi le Sauveur aux regards du peuple juif. On a seulement présumé que cela se passa sur une galerie du palais du prétoire. Les Hébreux pour ne pas contracter une souillure légale qui les eut exclus de la Pâque se gardaient de pénétrer dans le prétoire de ce gouverneur païen. Pilate devait donc condescendre à ce scrupule judaïque et pour offrir aux regards du peuple l'Homme-Dieu, il dût choisir un lieu assez élevé, tel qu'un perron exhaussé sur quelques marches, comme le pense Lamy, dans ses Harmonies évangéliques, ou bien sur la galerie traditionnelle. C'est à ce dernier sentiment que s'est rallié le Titien dans sa magnifique toile dont s'énorgueillit le musée de Vienne, en Autriche. Encore un mot sur le vêtement du Sauveur en cette douloureuse circonstance de sa Passion. Nous le puisons dans le susdit ouvrage de Lamy : « Ce n'est point sans

» un dessein providenticl que Jésus-Christ fut couvert d'un » manteau rouge, lui qui s'était fait péché factus peccatum, » c'est-à-dire, une victime pour le péché. » C'est dans une intention prophétique, selon l'observation de Benoit XIV, que la vache rousse, immolée pour les péchés du peuple, était brulée avec un feu alimenté par le bois de cèdre deux fois teint de coccus. La couleur rouge était l'emblême du péché.

Le Sauveur portant sa croix est un sujet digne de toute l'attention d'un peintre chrétien. L'usage voulait, partout où le supplice de la croix était légalement établi, que le patient portât lui-même l'instrument de mort jusqu'au lieu désigné. Ceci prouve que la croix devait être d'une grandeur moyenne, comme il sera ultérieurement démontré. L'Evangile nous dit que Jésus extrêmement affaibli par les tortures ne put suffire à cette rude tâche et que Simon de Cyrène fut forcé par les satellites de s'adjoindre à la sainte victime, afin d'alléger ce fardeau. Le Sauveur, dès ce moment, porta-t-il la croix conjointement avec Simon? Cajétan interprète, en ce sens, les paroles de S. Luc : « Ils imposè>> rent la croix à Simon, afin qu'il la portât après Jésus. » Selon notre auteur, Jésus-Christ soutenait la partie supérieure et le Cyrénéen l'extrémité. Il marchait ainsi après le Sauveur. Ces expressions: après Jésus, post Jesum, sont un peu amphibologiques dans les deux langues. Elles peuvent signifier que Simon aidait, par derrière, à porter la croix, comme il est permis de croire que le Cyrénéen remplaça totalement le Sauveur et fut seul chargé de la croix jusqu'au calvaire. S. Jérome et S. Augustin professent cette dernière opinion. Gretser qui partage le même avis observe que les peintres ont l'habitude de figurer le Sauveur portant lui-même sa croix, avec l'aide de Simon. Mignard, dans son beau tableau qui est au musée de Paris, a fait porter la croix par le Cyrénéen, tandis que Jésus, éloigné de quelques pas et se traînant de faiblesse, parle aux femmes de Jérusalem qui le suivent dans la voie douloureuse. Raphaël semble avoir voulu prendre un milieu. Il a peint le Sauveur affaissé sous le poids de la croix que le Cyrénéen

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