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s'écrie, en jetant les yeux sur le Sauveur, avec une confusion mêlée de confiance et d'admiration : « Mon Seigneur, et » mon Dieu! »

Parmi les diverses apparitions du Sauveur ressuscité à ses apôtres celle d'Emmaüs est une des plus célèbres. Le récit en est trop long pour avoir ici sa place. On peut le lire dans le chapitre XXIV de S. Luc, depuis le verset 13 jusqu'au verset 35 inclusivement. Le moment retracé par les peintres est surtout celui où Jésus, à table, rompant le pain avec ses deux disciples qui l'avaient considéré jusqu'à ce moment comme un vulgaire voyageur, fut reconnu par eux comme leur bon maître. Cette scène est d'une grande simplicité, ainsi elle demande de l'artiste plus de sentiment que de génie pour la retracer. Franck, dit Le Vieux et Jean Bellin ont parfaitement senti leur sujet. Le second a peint cinq personnages au lieu de trois. Mais l'un de ces personnages est le peintre lui-même qui s'est représenté en état d'adoration, à droite; l'autre est un valet d'hôtellerie qui apporte des mets. L'expression des trois principales figures est naturelle et variée. Claude Lorrain a peint les deux disciples s'entretenant avec Jésus le long du chemin d'Emmaüs. Le sujet capital ne peut point se caractériser ainsi. La toile de Lorrain est, avant tout, un charmant paysage où l'artiste n'a pas oublié des ruines d'ordre corinthien qui trèscertainement n'existèrent jamais dans le voisinage de ce bourg de la Galilée.

CHAPITRE XV.

La Tradition des clefs; l'Ascension de J.-C.

Un des faits les plus remarquables de la vie du Sauveur est bien, sans contredit, celui par lequel s'ouvre le présent chapitre. Jésus-Christ, après l'accomplissement des prophéties devait remonter au ciel, mais son œuvre n'était point passagère. Elle devait se perpétuer jusqu'à la fin des siècles. Il désigne celui des apôtres qui devait continuer son ministère évangélique et régir l'Eglise visible. C'est ce qu'on a coutume d'appeler la Tradition des Clefs. Ce fait mérite un développement précis.

L'Evangéliste S. Matthieu raconte que le Sauveur interrogea, un jour, ses apôtres sur ce qu'on pensait de lui. Ils répondirent qu'on le prenait pour S. Jean-Baptiste, ou pour Elie, ou pour Jérémie, ou enfin pour quelqu'un des prophètes. Alors Jésus dit à ses apôtres : « Et vous, quel est, » à cet égard, votre sentiment ?» Simon Pierre se hâta de répondre « Vous êtes le Christ Fils du Dieu vivant. Le Sauveur lui dit alors : « Simon Barjona, tu es heureux. La >> chair et le sang ne t'ont point fait cette révélation; tu » l'as reçue de mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te dis, que tu es Pierre et que sur cette pierre je bâtirai >> mon Eglise contre laquelle ne pourront prévaloir les por»tes (les puissances) de l'enfer. Et je te donnerai les clefs royaume des cieux, et tout ce que tu lieras sur la » terre sera lié dans le ciel et tout ce que délieras sur la » terre sera délié dans le ciel. » Ces paroles du Sauveur sont une promesse solennelle faite à Simon Barjona. Elle s'accomplira, car Dieu ne promet pas en vain.

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Après sa résurrection et avant de monter au ciel, Jésus dit à Simon, selon le récit de S. Jean: « Fils de Jean (Barjona) m'aimes-tu plus que ceux-ci?» Simon lui répondit: Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime.

>>

Jésus lui dit « Pais mes agneaux. » Il dit ensuite à Simon : M'aimes-tu?» Et Simon répond encore : Oui, Seigneur, Vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : « Pais mes agneaux. »> Jésus, pour la troisième fois, dit à Simon : « M'aimes-tu ? » Simon Pierre fut attristé de ce que Jésus lui avait dit une troisième fois : M'aimes-tu? Et il lui répondit: Seigneur, tout vous est connu, vous savez bien que je vous aime. Jésus lui dit : « Pais mes brebis. »

En rapprochant ces deux circonstances, l'une avant la résurrection, l'autre après son accomplissement, c'est-à-dire la promesse et la concession, et en traduisant sur la toile. l'allégorie des clefs du ciel et celle des agneaux et des brebis, l'art chrétien a conçu une belle et sublime scène, connue sous le nom de tradition des clefs. Les deux allégories pouvaient être séparément traitées, comme on l'a fait quelquefois, mais Raphaël les a unies avec le plus rare bonheur. Le Sauveur ressuscité est environné de ses apôtres. Il livre à Pierre les clefs mystiques et lui montre en même temps les brebis et les agneaux dont il l'établit pasteur suprême. On sait que symboliquement les brebis sont les évêques et que les fidèles sont figurés par les agneaux. En ce moment donc Pierre est choisi pour gouverner l'Eglise, en qualité de chef visible, puisque Jésus-Christ se dispose à monter au ciel où il sera toujours le chef invisible de la société chrétienne. Pierre ne succède donc pas à Jésus-Christ, mais il devient son vicaire. Les papes successeurs de Pierre jouiront de la même prérogative d'honneur et de juridiction, exerceront la même autorité.

Très-anciennement, on a représenté Jésus-Christ remettant à S. Pierre deux clefs dont l'une est d'or, l'autre d'argent. Molanus prétend que la première est l'emblême du droit d'absolution, et la seconde du droit d'excommunication. D'autres écrivains ont voulu voir, dans la clef d'or le symbole de la puissance et dans celle d'argent, celui de la science. On a aussi fréquemment représenté S. Pierre recevant trois clefs. Nicolas Alemanni, dans sa description des fresques de S. Jean de Latran, rapporte, d'après un manuscrit du Vatican, qu'on y voyait S. Pierre avec trois

clefs. Ici on a voulu voir la science, le pouvoir et la juridiction. I importe assez peu que l'on figure le prince des apôtres, avec plus ou moins de clefs, pourvu qu'on traduise le nombre pluriel du texte évangélique : Tibi dabo claves. La nature du métal est, en elle-même, sans importance pour l'art. On pourrait sans encourir aucun blâme figurer l'une de ces clefs en or et l'autre en argent ou bien trois clefs, puisqu'on aurait pour soi l'autorité traditionnelle, comme il a été dit. Mais il serait imprudent de substituer à l'allégorie biblique des clefs ou des brebis et des agneaux, toute autre pensée emblématique.

Dans la quatrième partie, nous aurons occasion de revenir à S. Pierre et d'entrer dans d'autres détails artistiques. sur ce chef de l'apostolat.

Quarante jours se sont écoulés depuis la glorieuse résurrection du Sauveur. Il va remonter au ciel. L'Eglise célèbre ce grand mystère par la solennité de l'Ascension. Au moment où Jésus s'éleva dans les cieux par sa propre vertu, il bénit ses disciples. Laissons parler S. Luc : « Jésus con» duisit ses disciples dans un lieu ouvert, foràs, en Bétha» nie, et ayant élevé les mains il les bénit, et il arriva » que pendant qu'il les bénissait, il s'éloigna d'eux et il était » porté vers le ciel. On a souvent blåmé, dit Benoît XIV, les peintres qui figurent Jésus-Christ bénissant, en ce moment, les disciples par un geste qui exprime le signe de la croix. Ayala, non-seulement les disculpe, mais les loue et il soutient que le peintre doit représenter le Sauveur donnent cette bénédiction comme la donnent les évêques. JésusChrist doit donc lever les deux mains pour bénir. Suarez soutient qu'il est beaucoup mieux de figurer Jésus croisant les mains, pour exprimer le signe du salut. Le grand pape que nous venons de citer donne la préférence à l'extension des mains. Selon lui, ce geste a beaucoup plus d'analogie avec les bénédictions patriarcales. Aaron bénissait ainsi les Israélites.

Dans le moyen-âge, on a peint le Sauveur faisant son ascension avec l'aide d'une échelle. Molanus trouve une grande rudesse dans cette métaphore. Les admirateurs exclu

sifs de l'art chrétien de cette époque s'extasieront-ils devant cette échelle?... Il nous semble qu'elle contraste un peu trop avec l'idée que le christianisme se forme de l'impassibilité des corps glorifiés et surtout avec l'Evangile luimême qui ne laisse présumer rien qui ressemble à un moyen matériel. La doctrine chrétienne nous apprend que le Sauveur s'éleva dans les cieux par sa propre vertu. Sans dépriser le moyen-âge, ne professons pas pour lui un amour aveugle et irréfléchi. Nous pourrons ainsi d'autant mieux accueillir les excellentes traditions qu'il nous a léguées.

Il est sans doute permis à l'artiste de peindre autour de Jésus-Christ montant aux cieux une cohorte d'anges qui forment son cortége, mais il serait beaucoup mieux de figurer autour de lui les anciens justes qui, dans les limbes, soupiraient après sa venue. C'est ce que la liturgie parisienne exprime parfaitement dans une des hymnes de la fête. Jam nube vectus fulgida Terras jacentes despicis Educta longo carcere

D

Regem sequuntur agmina.

« Porté sur une éclatante nuée, ô Jésus! vous laissez la « terre sous vos pieds. Une multitude de captifs délivrés a d'une longue détention escortent leur monarque triomphant. »

La montagne qui fut témoin de cette merveilleuse ascension est celle d'Olivet, à peu de distance de Jérusalem. Elle est séparée de cette ville par le torrent de Cédron si célèbre dans l'histoire de la passion du Sauveur. Notre plan nous interdit de plus longs détails sur cette montagne.

Lorenzo Costa et Benvenuto Garofolo qui ont cultivé l'art chrétien, avec succès, à l'aurore de la renaissance, out saisi avec bonheur ce sujet capital. On ne peut citer, pour les temps postérieurs, aucun véritable chef-d'œuvre dans ce genre.

Nous n'avons point à entamer ici une discussion sur les vestiges dont le sommet de la montagne aurait conservé l'empreinte. Les pieds du Sauveur, au moment où il s'éleva dans les cieux, y seraient encore tracés. On a pareillement

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