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« Nous demanderez-vous si le sujet du Jugement dernier, tout-à-fait en dehors ou au dessus des choses sensibles, sujet inconnu, immense, innombrable, infini, au-delà » de toute expression, de toute imagination, nous deman>> derez-vous si un tel sujet est de nature à être traité par >> toute espèce d'imitation graphique? Nous répondrons har» diment : NoN. »

DE

L'ART CHRÉTIEN.

TROISIÈME PARTIE.

CYCLE FESTIVAL ET HISTORIQUE DE LA SAINTE-VIERGE.

CHAPITRE PREMIER.

L'Immaculée Conception de Marie.

La méthode que nous nous sommes tracée pour la partie qui précède doit nous guider dans celle-ci. Ce n'est donc pas rigoureusement le cycle festival de la Sainté Vierge, selon l'ordre liturgique, qui est suivi, mais bien plutôt le cycle chronologique de la Mère de Dieu. Toutefois, en ce qui regarde la Conception Immaculée qui est l'objet de ce premier chapitre, l'un et l'autre des deux cycles est régulièrement observé, puisque, dans la distribution de l'année ecclésiastique, l'Avent est placé en tête et que cette solennité est célébrée dans les premiers jours de ce saint temps, c'est-à-dire le huit décembre.

Dans la fête de la Conception, l'Eglise honore le privilége dont Marie fut gratifiée dès le sein de sa mère et en vertu duquel elle fut préservée de la souillure originelle. Ce n'est pas ici le lieu de tracer l'histoire de l'établissement de cette fête.

Une peinture qui voudrait reproduire intimement le sujet de la Conception Immaculée, est impossible. Il n'est pas be soin d'en dire la raison. L'art est donc forcé de recourir à une allégorie qui ne soit pas pourtant une énigme. Molé observe avec un très-grand sens qu'il ne s'agit nullement

de peindre la Conception mais bien l'immaculation. Pour y parvenir, il est des peintres qui ont figuré la Vierge dans une auréole de splendeur céleste. Une légion d'anges armés de boucliers l'entoure. Plusieurs démons lancent des flèches contre Marie, mais ses dards vont s'émousser contre les boucliers des satellites ailés. Cette idée n'est pas médiocrement ingénieuse, mais la poésie p ut beaucoup mieux s'en accommoder que la peinture sa sœur. Sur une toile, ce combat d'anges et de démons détournerait du sujet principal et serait trop peu éloigné du grotesque.

Marie, dans une gloire rayonnante et environnée d'anges qui portent des emblêmes de pureté, tels que des lis, des roses, une étoile, une porte fermée, un miroir de justice etc., serait mieux allégorisée dans son Immaculée Conception. Molé improuve le miroir, parce que, dit-il, « l'usage » des glaces n'est pas fort ancien..... » C'est une raison trop puérile. L'église ne fait pas difficulté d'appeler Marie, un miroir de justice, speculum justitiæ.

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Le peintre Lafosse a placé, à côté de la Vierge, un ange zrmé d'une épée flamboyante, et précipitant dans l'abîme le dragon infernal. Cette pensée est digne d'éloge, mais cela ressemble trop au combat de S. Michel contre Lucifer. Il serait préférable de peindre un dragon abattu aux pieds de Maric qui le foulerait dédaigneusement. Ce serait, autant qu'il est possible, traduire les paroles de la Génèse : Ipsa conteret caput tuum. « La femme, ô serpent séducteur, t'écrasera la tête. » L'église entend ce texte de Marie de laquelle devait naître le Rédempteur par qui la puissance du démon devait être terrassée. Mais ceci n'est-il point encore une énigme trop peu transparente pour le commun des fidèles.

L'art chrétien qui aspire à des œuvres sérieuses et entièrement irréprochables doit se garder d'emprunter des documents à certains évangiles apocryphes et surtout à celui qu'on attribue à l'apôtre S. Jacques. On lit dans ce dernier ce qui suit « Anne se tenait à la porte, quand elle vit » Joachim arrivant avec ses troupeaux. Elle accourut vers » son mari, et l'embrassant elle lui dit: Je connais mainte

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»nant que le Seigneur m'a comblée d'une abondante béné» diction, car étant précédemment stérile, je sens remuer » dans mon sein un enfant. » Se fondant sur cette historiette, quelques peintres anciens représentaient Anne et Joachim qui, au milieu du tableau, s'embrassaient. Une inscription placée au dessous portait cette indication : « C'est » ainsi qu'a été conçue la bienheureuse Marie. » Dans l'inscription, quelle idée cette accolade conjugale pouvait-elle suggérer d'une Conception Immaculéc? Avec l'inscription n'était-ce pas encore une énigme?

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Le cardinal Frédéric Borromée nous fournit une précieuse indication sur la manière de peindre ce sujet : « Nous pen« sons qu'on peut peindre une jeune fille couverte de son voile, assise dans un lieu resplendissant de clarté et en» vironnée d'anges qui volent autour d'elle. Nous ferions la figure de la Vierge et celle des anges légèrement dessi»> nés dans une ombre qui s'illuminerait par une clarté » descendue du ciel, et nous peindrions, au milieu de cette clarté, mais avec des traits peu marqués et presque aériens, » les trois personnes divines. »>

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Paquot approuve une Conception d'Antoine Coypel que le burin a souvent reproduite. Une Vierge occupe le centre du tableau. A ses pieds est un énorme dragon qui cherche vainement à la mordre et à la dévorer. Du haut du ciel, le Père éternel porté sur un éclatant nuage étend sa main protectrice sur la tête de Marie. Celle-ci, les bras croisés sur la poitrine et la tête baissée, semble recueillir l'infusion de la grâce céleste.

Molé reproche avec raison à Lebrun d'avoir représenté la Vierge couverte d'une gaze légère et transparente qui laisse apercevoir son corps. Cette licence est impardonnable dans un tableau de Conception immaculée. Le même auteur préférerait, d'autre part, aux riches habits dont on couvre Marie, une simple robe blanche qui est l'emblême de la pureté virginale.

Une manière plus biblique de peindre ce mystère consiste à figurer la Vierge dans une auréole, à la couronner d'un diadème de douze étoiles, à placer ses pieds dans un crois

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