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que l'ont conçu les artistes qui viennent d'être nommés blesse la vérité historique, il n'offense pas du moins la piété et c'est toujours beaucoup.

Il nous semble que d'après ce qui vient d'être exposé un tableau vrai de cette présentation n'est pas inexécutable. Une très-jeune vierge est conduite au Temple par ses parents dont l'âge décrépit ne fasse pas présumer le miracle de fécondité que nous avons déjà repoussé. Quelques prétres juifs accueillent la jeune vierge, sans aucun appareil de cérémonie, devant le portique du Temple. Quelque heureuse allégorie peut venir en aide à l'intelligence du sujet, telle, par exemple, qu'un groupe d'anges tenant en main des lis, des roses blanches ou d'autres fleurs emblématiques. Une Présentation de Marie ainsi conçue et exécutée serait digne de l'art chrétien.

CHAPITRE III.

Le Mariage de Marie avec Joseph et l'Annonciation de la sainte Vierge.

L'Eglise Romaine a consacré le vingt-troisième jour de janvier à honorer les noces de Marie avec Joseph, sous le titre de Festum desponsationis B. Mariæ virginis cum sancto Joseph. Mais cette fête d'un rit inférieur n'est pas comprise dans le cycle des solennités que célèbre l'église universelle, en l'honneur de la sainte Vierge. Elle est particulière à certaines localités. Dès lors que la croyance catholique ne répudie pas ce fait qui a été cependant contesté, l'artiste chrétien est en droit de le reproduire. Il est certain qu'en plusieurs endroits de l'Evangile il est parlé de Marie comme épouse de Joseph. Le terme latin desponsatio semblerait annoncer de simples fiançailles, mais ceux de uxor, conjux, employés pour Marie et de vir pour Joseph prouvent qu'il y eut un véritable mariage. Suarez va même jusqu'à considérer comme hérétique celui qui nierait ce mariage réel entre Marie et Joseph. Ceci, comme on le pense bien, ne peut ravir à la Mère de Jésus la gloire de la virginité qui est du dogme catholique. Deux époux vivant comme frère et sœur n'en sont pas moins unis par les liens du mariage.

A quelle époque, en quel lieu, avec quel cérémonial cette alliance matrimoniale fut-elle contractée? C'est sur quoi ni le texte sacré ni une tradition authentique ne peuvent nous édifier. Le cérémonial est la seule chose qui puisse être retracée par l'art. C'est donc ce que doit étudier l'artiste. Il importe d'abord de bien savoir que chez les Israëlites le mariage n'était pas un acte religieux. C'est ce qu'ignorent beaucoup de personnes qui ne sont point versées dans la législation sacrée des hébreux. On peut donc affirmer, en toute assurance, que le mariage de Joseph avec Marie n'eut pas lieu dans le Temple. Chaque fois cependant que l'art

graphique a abordé ce sujet, il en a placé la scène dans le Temple de Jérusalem. Ici vient s'offrir une autre difficulté. C'est que les femmes ne pouvaient entrer ni dans le Temple ni même dans le parvis. L'accès de l'un et de l'autre leur était interdit. Si le mariage a été célébré avec une sorte de cérémonial religieux, cela n'a pu avoir lieu que dans un des appartements contigus au Temple, où l'on a vu que Marie avait été placée pour y recevoir une éducation pieuse. Il est beaucoup plus probable que ce mariage a été célébré dans la maison même de Marie, à Nazareth, et que le Temple, le Grand-prêtre et les lévites y ont été complètement étrangers.

Raphaël a placé ce mariage à Jérusalem, dans l'aire qui précède le parvis du Temple. Mais c'est le Grand-prêtre qui y préside, contrairement à ce qui vient d'être dit. Du côté de l'époux sont des Juifs qui tiennent en main une tige sèche, tandis que celle de Joseph est fleurie. C'est ainsi qu'est représenté, en relief sur bois de chêne, dans le chœur de Notre-Dame-de-Paris, le mariage de la Vierge. Un des témoins brise sa tige sèche, en jetant un regard de dépit sur les deux époux. L'art a voulu reproduire la fabuleuse histoire dont voici le fond.

Le pseudo-évangile de S. Jacques raconte que les prêtres voulant marier la sainte Vierge mandèrent les jeunes gens et les veufs pour qu'ils eussent à se présenter au Temple, munis d'une verge de bois sec et annoncèrent que Marie serait donnée comme épouse à celui dont le bâton pousserait des fleurs et sur la tête duquel viendrait se reposer le Saint-Esprit, en forme de colombe. Quand tous les prétendants furent arrivés, la verge de Joseph produisit instantanément des fleurs et le Saint-Esprit se reposa sur la verge fleuric, puis sur la tête de l'époux privilégié. Ce miracle est totalement étranger à la foi catholique. Sans doute, en cela, il n'est rien de foncièrement mauvais, mais il ne nous semble pas opportun de retracer dans un tableau d'église des faits qu'elle n'a pas approuvés. Quel est l'orateur chrétien qui oserait raconter sur la chaire de vérité un trait de ce genre? La peinture sacrée n'a pas non plus à sa disposition un aussi étrange apostolat.

Vanloo a reproduit cette tradition apocryphe et de son autorité y a ajouté un Saint-Esprit qui plane sur toute l'assemblée. Ce n'est qu'un mensonge de plus. Dans tous ces tableaux, le Grand-prêtre remet un anneau à la Vierge, en signe de l'union conjugale. On croit posséder cet anneau à Pérouse et on l'y considère comme une précieuse relique. L'Eglise n'a voulu rien prononcer sur l'authenticité de ce monument. Il serait absurde de l'accuser d'établir une croyance qu'elle laisse, au contraire, parfaitement libre. Il est vrai aussi qu'elle n'a point frappé de son improbation la présence pseudo-historique du Grand-prêtre de la loi de Moïse aux noces de Joseph et de Marie.

On considère ordinairement comme erroné le système des artistes qui représentent Joseph comme un vieillard décrépit. La Providence qui le destinait à accompagner et à protéger l'Enfant Jésus et la Mère dans leur fuite en Egypte ne choisit pas, sans doute, un vieillard caduc, incapable de remplir la tâche qui lui était imposée. Un air de virilité convient beaucoup mieux à cette figure.

Il est aisé de conclure qu'un mariage de la Vierge n'est pas si aisé qu'on semble le croire. Ce fait ne peut rien ajouter à la gloire et aux grandeurs de la Mère de Dieu. Il serait peut-être préférable de s'abstenir !

Autant il y a d'obscurité dans le sujet précédent, autant les lumières abondent dans celui qui est connu sous le titre d'Annonciation de la sainte Vierge, solennité qui est célébrée le vingt-cinquième jour de mars. S. Luc, dans son chapitre 1er, raconte toutes les circonstances du message de l'archange Gabriel à Marie, pour lui annoncer qu'elle sera la mère du Verbe incarné. Pourtant, dans cette narration si détaillée qu'il est superflu de transcrire ici en son entier, l'artiste ne peut recueillir toutes les notions qui doivent le guider. Pour lui, ce long récit se borne aux faits suivants : Dicu envoya Gabriel dans une ville nommée Nazareth vers une Vierge mariée à un homme appelé Joseph et le nom de la Vierge était Maric. L'ange étant entré dans l'habitation de cette Vierge lui dit: Je vous salue pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre les fem

mes. Marie fut troublée en entendant l'ange lui parler ainsi. Mais Gabriel lui dit: Ne craignez point Marie car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Vous mettrez au monde un Fils à qui vous donnerez le nom de Jésus. Le Saint-Esprit descendra sur vous et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre.

Tel est l'auguste mystère que l'artiste va retracer. Ce qui a été retranché dans le récit ne saurait lui fournir de détails plus précis. Cette fois, il est appelé à déployer son art pour reproduire un fait fondamental du dogme catholique et même de toutes les sectes dissidentes qui professent la foi au Verbe divin fait homme. Il n'y a plus ici de vagues conjectures comme dans le sujet du mariage de la Vierge. Le génie de l'artiste doit donc se livrer à une étude sérieuse sur ce fait capital pour rendre saisissable la narration si simple et si noble tout ensemble de l'écrivain inspiré.

Pour un tableau de ce genre il est un type à peu près uniforme et traditionel. L'ange et Marie en sont les seuls personnages. Le Saint-Esprit que le texte annonce comme devant descendre, (superveniet) est figuré comme descendu. Cette légère torture donnée au texte est légitimée par un long usage. L'Eglise n'a jamais fait entendre une improbation. Quant au lieu, l'Evangile insinue que Marie était alors dans sa maison et non point en plein air comme le supposent quelques peintres, en faisant du lieu de cette scène un paysage orné d'ombrages et d'accidents de terrain. Le texte est fort clair: Ingressus ad eam.

Autre observation; la demeure de Marie ne pouvait être riche, meublée avec luxe. Tout dans ce mystère doit rappeler l'humilité. C'est ici comme le prélude de la pauvre crêche de Bethleem. Les belles colonnes, les somptueuses draperies sont, on en conviendra, très-déplacées dans l'appartement visité par l'ange Gabriel. Pourquoi l'artiste chrétien dédaignerait-il de s'instruire sur la véritable forme de cette maison de Nazareth en étudiant le merveilleux monument de Notre-Dame-de-Lorette? La Santa Casa, selon une tradition qu'il serait téméraire de répudier, est matériellement la maison de l'Annonciation.

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