Sayfadaki görseller
PDF
ePub

La Purification de la mère de Jésus n'est pas un sujet différent de la Présentation de Notre-Seigneur au Temple. Ces deux actes sont simultanés et, dans la deuxième partie, il a été parlé de ce dernier mystère. Molé pense néanmoins qu'un tableau spécial de la Purification de Marie serait digne de l'art chrétien. Cela se conçoit, mais l'Eglise n'a jamais scindé la commémoration festivale de ce double événement. Selon la liturgie romaine, la solennité du 2 février que l'on nomme vulgairement La Chandeleur, porte le seul titre de Purification de la sainte Vierge. A Paris et dans plusieurs autres diocèses, ce titre est précédé de celui de Présentation de Notre-Seigneur, ce qui, comme on voit, ne constitue qu'une seule fête.

Nous passons d'un mystère joyeux de la sainte Vierge à un mystère douloureux. Nous voulons parler de la fête des sept douleurs de Marie. Ce titre de Fête semblerait ne pas pouvoir convenir à un anniversaire qui porte aussi le nom de Compassion. Mais la mère et maîtresse de toutes les Eglises ne fait point difficulté d'employer la première appellation. Cette fête qui cependant n'est pas universellement célébrée dans l'Eglise est fixée au vendredi de la semaine de la Passion qui précède le Vendredi-Saint. Pour représenter l'objet de cette fête, les peintres ont trois moyens : 10 Marie évanouie sur le chemin du Calvaire, à la rencontre de Jésus; 20 Marie tenant sur ses genoux le corps inanimé de son divin Fils; 30 Marie transpercée de sept glaives.

Il a été question du premier de ces sujets dans le chapitre 1x de la deuxième partie. On conçoit qu'un tableau de ce genre ne peut jamais être qu'un épisode de l'histoire douloureuse des souffrances de l'Homme-Dieu. On peut cependant l'en détacher, et, en ce cas, le peintre a une grande scène à retracer. C'est la quatrième station du Chemin de la croix. Le livre inspiré ne fournit aucun texte positif sur ce point, mais c'est une pieuse tradition que l'Eglise approuve.

Le second sujet ne peut être puisé non plus dans le récit évangélique de la Passion du Sauveur, mais il figure encore dans une des stations du Chemin de la croix. C'est la treizième. On peint la sainte Vierge au pied de l'instrument

du salut, recevant sur ses genoux maternels le corps de Jésus. Tel est le sujet du fameux groupe de Coustou, au maître-autel de Notre-Dame-de-Paris. On pourrait dire qu'un sujet de cette nature s'identifie avec une Déposition de croix, quoique, d'autre part, celle-ci pût fort bien être exécutée, sans cette circonstance particulière, qui, comme il vient d'être dit, est étrangère à la narration évangélique.

[ocr errors]

Le troisième sujet d'une Compassion est la Sainte Vierge transpercée de sept glaives de douleur. Ceci mérite un développement. Quand le saint vieillard Siméon tenant dans ses bras l'Enfant-Jésus dit à Marie : « Cet enfant est né pour » la ruine et la résurrection de plusieurs,» il ajouta : « Un glaive de douleur transpercera votre âme. » Il paraît que très-anciennement on avait traduit sur des images ces dernières paroles. Les Hussites, ou hérétiques sectateurs de Jean Hus, en Allemagne, détruisaient avec un acharnement fanatique ces sortes d'images. Un concile tenu à Cologne, en 1413, institua en l'honneur de la Compassion de la sainte Vierge une fête qui devait se célébrer, comme il a été déjà dit. C'était une protestation contre la fureur iconomaque de ces hérétiques. A l'unique glaive de douleur on substitua sept glaives. Pourquoi cette ampliation, et surtout pourquoi ce nombre déterminé? Saxius que cite Benoit XIV croit que c'est en l'honneur des sept fondateurs de l'Ordre des Servites dont les membres vaquaient à la contemplation des douleurs de la sainte Vierge dont ils se disaient serviteurs dévoués. Ces sept fondateurs étaient des marchands de la ville de Florence qui, en 1232, se retirèrent au mont Senere, près de cette ville, pour se dévouer à la vénération de Marie. La fête de la Compassion reçut, pour ce motif, le nom de Fête des Sept-Douleurs.

Un tableau figuratif de cette dévotion particulière représente donc Marie ayant les bras croisés sur la poitrine, assise au pied de la croix. Les pointes de quatre glaives d'un côté et de trois glaives de l'autre pénètrent dans sa poitrine. La figure de Marie exprime une douleur profonde, mais noble, calme et résignée. Ce doit être là le principal mérite d'un pareil tableau. Molanus, ni Paquot, ni Molé,

etc., ne font aucune mention de ce sujet. Nous avouons que la Compassion de la sainte Vierge peinte de cette manière, ou avec un seul glaive, nous semble préférable aux deux modes qui précèdent. Il y a ici du moins un texte évangélique à traduire.

CHAPITRE V.

L'Assomption de la sainte Vierge.

Aucune espèce de document sur la mort de Maric ne nous est fourni par l'histoire évangélique. Il faut donc puiser dans d'autres sources et la plus respectable, sans nul doute, est bien la tradition reçue par l'Eglise catholique. C'est elle qui a institué la fête de l'Assomption qui est fixée au 15 août. Mais d'après ce que nous venons de dire, il se présente ici un double sujet : 10 La mort de Marie; 20 Son enlèvement au ciel, en corps et en âme, ce que l'Eglise nomme Assomption.

Et d'abord en quel lieu faut-il placer la mort de la sainte Vierge? Les opinions sont très-partagées sur ce point. Jérusalem et Ephèse en sont considérées comme le théâtre, selon les raisons alléguées de part et d'autre. On doit bien penser que nous ne venons pas ici discuter la question. Ceci ne peut intéresser l'art que dans le cas où il voudrait figurer l'une ou l'autre de ces villes, dans une scène de mort de la Vierge, et puis encore ce ne serait que d'une importance minime, car il n'est guère possible de dessiner avec exactitude l'une ou l'autre de ces villes, telles qu'elles existaient, à cette époque. Un tableau figurant simplement la mort de Marie n'est pas facile à exécuter, à moins d'appeler des allégories, telles que des anges groupés autour de ce lit de mort, le Fils de Dieu lui-même venant recueillir l'âme de sa Sainte-Mère, Joachim et Anne descendant des cieux pour assister à cette agonie qui n'est qu'un triomphe, une délivrance fortunée. Il est rare que l'art traduise exclusivement la mort de la sainte Vierge. Celleci est toujours inséparable de l'Assomption.

Ainsi on représente un tombeau autour duquel sont réunis les apôtres qui y cherchent les précieux restes de Marie, tandis que le corps de cette reine des vierges est enlevé au ciel par les anges. C'est de cette manière que Simon Vouet

a retracé l'Assomption dans l'église de S. Nicolas-des-Champs, à Paris. Avouons cependant qu'ici l'histoire ni la vraisemblance ne sont point respectées. A l'âge où l'on croit que la Vierge mourut, il est bien certain que les apôtres n'étaient pas réunis à Jérusalem, moins encore à Ephèse. Molanus nous dit que, de son temps, dans des tableaux de la mort de Marie, on plaçait les apôtres, à l'exception de S. Thomas. C'est probablement parce que cet apôtre ayant prêché l'Evangile dans des régions très-éloignées de la Palestine, on a pu présumer qu'il n'avait point assisté à cette mort. Toutes fois, si cette adjonction des apôtres n'est pas historique, du moins est-il certain qu'elle ne saurait mal édifier les fidèles. L'Eglise d'ailleurs ne l'a point condamnée.

Très-ordinairement on isole de la mort de Marie sa glorieuse Assomption. Ce dernier terme exprime l'enlèvement miraculeux de cette bienheureuse mère au ciel. L'Eglise croit que Marie mourut, mais que par un privilége dont cette auguste Vierge était bien digne, son corps fut préservé de la corruption du sépulcre et n'attendit point, pour ressusciter, le jour suprême du jugement général. C'est pourquoi l'Eglise grecque donne à cette mort le nom de sommeil et fait profession de croire que ce corps virginal fut enlevé par les anges dans les célestes demeures. Le peintre chrétien pourra donc reproduire sur la toile cet événement triomphal, mais il devra sobrement user de son droit de suivre toutes les inspirations de son génie.

L'âge de Marie, au moment de son Assomption, est un point assez important à examiner. Selon quelques auteurs, elle mourut à cinquante ans. Selon d'autres, son âge était plus avancé. Le pape Benoît XIII, dans un sermon sur la sainte Vierge, déclare qu'après avoir bien pesé toutes les opinions, il adopte, sans vouloir en faire une décision de foi, le sentiment qui donne à la sainte Vierge l'âge de soixante et douze ans. L'artiste peut donc, avec sécurité, adopter l'opinion de ce vénérable pape. Trop d'artistes, puisqu'il faut ne pas le taire, ne tiennent aucun compte de l'âge de Marie, dans les tableaux où ils la figurent. Au pied de la croix, par exemple, la Vierge est trop fréquem

« ÖncekiDevam »