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ment peinte comme une jeune personne de quinze ou vingt ans.... Elle qui, en ce moment, était mère d'un fils de trente-trois ans !! Dans des tableaux d'Assomption, il n'est pas rare de voir figurer la Vierge, dans toute la fraîcheur de la jeunesse. De tels anachronismes sont-ils excusables? Que l'artiste ne peigne point Marie, au moment de cette éclatante glorification, comme une personne affaissée sous le poids de ses longues années, rien de plus intelligent. S'il la figurait dans cet état de vieillesse, il mentirait à l'idée que la foi nous suggère sur les corps ressuscités dont l'impassibilité est un attribut. Mais il y a loin de ceci encore aux fleurs de l'adolescence virginale. Est-il rationnel de donner absolument les mêmes traits à Marie dans une scène d'Annonciation et dans une scène d'Assomption? MichelAnge lui-même, comme il a été dit dans le chapitre vi de la première partie, a été accusé d'une anomalie de cette nature, pour un tableau de déposition de la croix.

Ce n'est point mal à propos, dit Molanus, que l'on environne Marie d'un cortège d'anges qui la portent au dessus des nuées. Il est bien croyable que cette reine des esprits célestes fut entourée de ces légions angéliques, elle qui devait être exaltée au dessus des chœurs de ces esprits immortels. S. Anselme croit que tous les citoyens des éternelles demeures assistèrent au triomphe de Marie, dans sa glorieuse Assomption. lei, le pinceau de l'artiste peut, sans crainte, déployer toutes ces magnificences.

On voit souvent, en Italie et en Allemagne, des tableaux d'Assomption dans lesquels Jésus-Christ vient lui-même au devant de sa mère pour la recevoir, et la placer sur le trône qui lui est réservé. C'est une traduction de ces paroles du prophète Habacuc: « Le vainqueur me conduira sur » le trône de ma gloire, tandis que je le célèbrerai par » mes chants. » S. Jérôme, dans son traité de l'Assomption, s'exprime ainsi : « On croit que le Sauveur, autant qu'il » est possible de le déduire des livres saints, alla lui-même » avec un grand empressement au-devant de sa mère et, » avec une grande jubilation, la fit asseoir auprès de lui » sur son trône. » Un autre auteur désigné sous le nom

de Conrad Brunus, par Molanus, approuve les peintres qui figurent la sainte Vierge enlevée par les anges, couronnée par la très-sainte Trinité, en qualité de reine des cieux.

Plusieurs grands maîtres ont traité ce sujet qui est susceptible de divers systèmes de composition artistique. Jean Schoerel, peintre flamand du XVIe siècle, a représenté la Vierge, au moment de sa mort. Marie tenant à la main un cierge allumé écoute l'apôtre S. Jean dont elle était la mère par adoption et dans la maison duquel on croit qu'elle mourut à Ephèse. Les apôtres entourent Marie. L'un d'eux tient d'une main une croix montée sur sa hampe, de l'autre un goupillon. Il est revêtu d'une chappe. Cette composition est assurément fort originale. Mais si l'histoire a le droit de la censurer, du moins le piété n'en est point offensée. Rubens a tracé l'Assomption proprement dite. Les a pôtres groupés autour d'un tombeau vide contemplent Marie s'élevant dans les airs portée par les anges. La pensée d'Annibal Carrache est identique. Vélasquez a traité spécialement le couronnement de Marie, par la très-sainte Trinité, au moment où les anges la soutiennent sur les nuées. Si l'artiste se borne à la seule Assomption, il n'aura qu'à figurer la sainte Vierge portée aux cieux par la milice céleste. Un tableau de ce genre réunira la simplicité à l'unité, si le pinceau de l'artiste est assez heureux pour allier ce que la piété a de plus suave et de plus touchant à l'expansion de la joie et du triomphe.

Voulant suivre exactement le système que nous nous sommes fait de ne point détourner l'attention par des notes, ainsi que nous le pratiquons dans la deuxième et troisième parties du présent travail, nous insérons ici, à la suite, quelques fragments d'une légende ancienne sur la mort de Marie. Il est peut-être inutile d'ajouter que ce qu'on va lire n'est appuyé sur aucun monument solide de la tradition ecclésiastique. Les artistes pourront peut-être en tirer quelque profit.

Ce fragment est la reproduction des chapitres 36, 37, 38, de la vieille légende.

« Comment en ung moment tous les apostres se trouvè» rent devant la porte de la Vierge Marie. »

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« Les apostres se trouvèrent en ung moment devant la porte de la Vierge Marie où se firent grant feste; et cependant sainct Jehan saillant hors les trouva tous ensem» ble devant l'huys, dont il fust joyeulx et dict: Benoist soit Dieu, mes frères, de ce que vous estes ici venus. Et se » firent grant feste. Tantost les apostres lui demandèrent » comme il estoit venu céans? Et il leur dict: Ainsi que je preschoye à l'heure de none, je ne sceus riens que je fus céans où j'ai trouvé les Maries avec la Mère de Dieu, lesquelles ploroyent tendrement et disoyent qu'elle devait » aller de ce monde-cy en l'aultre et que l'ange du ciel avoit apporté la palme. Et quand je ouys ces parolles, je ne >> fus pas joyeulx, mais moult dolent et ay ploré amére>> ment. Et pour ce, mes frères, je vous prie que quant » viendrez devant elle, que vous ne plorez point, ne quant >> nous irons l'ensepvelir, pour la cause du peuple, non » enim oportet nos flere.

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>> Comment les apostres entrèrent en l'hostel de la glo» rieuse Vierge Marie et la saluèrent humblement.

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« Post haec autem ingressi apostoli salutaverunt Ma» riam. Et après les apostres entrèrent en l'hostel de la Vierge Marie et humblement la saluèrent; et la benoiste Vierge les salua semblablement et rendist grâces à Dieu » de ce qu'ils estoient venus à elle et s'assist au milieu » d'eulx et estoient les lampes allumées. Sainct Pierre dict >> aux apostres : Chers frères, veillons tous ensemble. Adonc » la glorieuse Vierge Marie se mist en oroyson et quant >> elle eust fini son oroyson elle se mist dessus son lict, et >> sainct Jehan et sainct Pierre se mirent aux costés de son >> chevet. Tantost qu'ils eurent un peu veillé, ils s'endor» myrent tous, excepté les troys Maries qui veilloient toujours. Et Jhesu-Crist vint en grant compaignie d'anges » entre lesquels estoit sainct Michel et quant la Vierge le » veist, elle dict: Benoist soit Jhesu-Crist; car il ne m'a » pas oubliée. Quant elle eust ce dict, elle rendit l'esperit, lequel sainct Michel print.

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» Comment les apostres trouvèrent la Vierge Marie tres» passée.

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» Lors Jhesu-Crist dict à sainct Pierre Tu Petre, ac

cipe corpus, toy Pierre, prent le corps de Marie et le porte ensepvelir. Alors Jhesu-Crist monta là sus au. royaulme du paradis avec l'âme de sa glorieuse Mère. Et » tantost après les apostres s'esveillèrent et trouvèrent la Vierge Marie trespassée, puis la mirent dans le suaire qu'elle avoit donné à sainct Jehan. Et ce faict, S. Pierre print la palme et la mist devant et leur dict que nul ne plorast et ne fist semblant de riens. Adonc les apostres prindrent le corps de la glorieuse Marie et le portèrent ensepvelir et sainct Pierre se print à chanter le psalme: » In exitu Israël de Ægypto, domûs Jacob de populo barbaro..... Quant les apostres portoyent le corps de » la Vierge Marie ensepvelir, les anges et les archan» ges chantoyent par dessus un chant mélodieux telle>>ment que ceux de Hiérusalem l'ouyrent........... Cepen»dant les apostres vindrent mettre le corps de la Vierge Marie au monument, puis ils s'asseirent entour. Et tan>> tost vint Jhesu-Crist à grant compaignie d'anges et dict » à sainct Michel et à sainct Gabriel qu'ils prinssent le corps » de sa Mère en chantant...................... .... Et lors les apos

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» tres retournèrent tout courant au sépulchre de Nostre» Dame et regardèrent dedans et n'y trouvèrent riens, et ne >> trouvèrent pas le corps de Marie, car il s'en estoit monté » au ciel après l'Ascension de Nostre Saulveur et Rédemp»teur, Jhesu-Crist. Et le lieu où Nostre-Dame avoit esté ensepvelie.... est situé en la vallée de Josaphat qui est » entre le mont de Sinay et le mont d'Olives. »>

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Cette légende est prise dans l'ouvrage qui a pour titre Predicatoriana, par G. P. Philomneste dont le nom véritable est Peignot, connu par ses recherches curieuses. La légende entière est à la page 319 et suivantes, sous le titre de la Vie de Nostre-Dame.

CHAPITRE VI.

Autres sujets relatifs à la mère de Dieu, en dehors de son grand cycle festival.

La tendre dévotion que l'Eglise professe pour Marie a donné lieu à l'établissement de plusieurs fêtes particulières et locales, en l'honneur de cette reine des anges et des saints. L'art chrétien a voulu encore en reproduire l'objet et a dû s'enquérir des origines. Nous devons, à notre tour, renseigner l'art chrétien, puisque c'est là notre but capital. Nous choisissons parmi les fêtes secondaires de Marie celles qui sont les plus universellement célébrées.

La plus importante est celle qui porte le nom de NotreDame-du-Rosaire. Elle est fixée au premier dimanche du mois d'octobre. La grande victoire remportée par les chrétiens sur les Turcs, au golfe de Lépante, le 7 octobre 1571, engagea le pape S. Pie V à l'instituer. On sait que cette bataille navale fut gagnée par la flotte combinée de ce pape, de Philippe roi d'Espagne, et des Vénitiens et que l'on prit à l'ennemi cent-quatre-vingt vaisseaux. Mais comment représenter sur la toile le sujet de cette festivité ? Quel rapport entre ce beau fait d'armes et Notre-Dame-du-Rosaire? Le pape Grégoire XIII ayant jugé qu'on pouvait attribuer ce succès inespéré à l'intercession de la sainte Vierge honorée spécialement, en ce même jour, par les confréries placées sous le vocable du Rosaire de Notre-Dame, adopta pour la commémoration de la victoire ce même jour. Il faut donc remonter encore à l'institution du Rosaire. Or c'est à S. Dominique que l'on attribue l'établissement de cette pieuse pratique. L'artiste figure donc la sainte Vierge tenant dans ses bras l'Enfant-Jésus qui remet à S. Dominique un rosaire. Cette composition est d'une grande simplicité, mais elle exige beaucoup de tact et de sentiment de la part de l'artiste. Ordinairement, vis-à-vis de S. Do

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