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CHAPITRE IX.

Nouvelles annotations sur les images de Marie.

Bernardin Bustius sur la figure de Marie au côté gauche de la croix. — Réfutation par S. Thomas. - Méprises sur des figures de femmes dans certains tableaux. Citations de plusieurs passages du livre de M. Montalembert Du Vendalisme et du Catholicisme dans l'art.

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Nous puisons d'abord dans Molanus (Lib. IV. Cap. VIII) ce qu'on va lire et que nous traduisons fidèlement : « La » remarque consignée par Bernardin Bustius dans son livre. » sur la sainte Vierge, au sujet de la posture où elle était au pied de la croix, doit être réléguée parmi les opinions, » bien mieux que sur une histoire authentique. Il rapporte » dans la troisième partie de son livre que le peintre doit représenter Marie au côté gauche de la croix, car, selon lui, la Vierge était tournée vers le Septentrion, priant » pour les pécheurs. Il cite à l'appui Alexandre de Halès qui écrivant sur les psaumes et expliquant en particulier » ces paroles: Considerabam ad dexteram et videbam, et non erat qui cognosceret me; c'est-à-dire, je regardais » à droite et je n'y voyais personne qui me connût, y >> trouve la preuve que Maric ne se tenait pas de ce côté. » Il y a contre ce sentiment une remarque de S. Thomasd'Aquin laquelle n'a pas été suffisamment aperçue, car » ce saint docteur a écrit en certains endroits, que l'on peint à droite de Notre-Seigneur attaché sur la croix une » fille (puellam) dont le visage est joyeux, la physionomie » très belle et la tête ceinte d'une couronne, laquelle fille représente l'Eglise qui reçoit dans un calice le sang de Jésus-Christ, avec beaucoup de respect. Cela est ainsi, >> parce que l'âme fidèle, appliquant son cœur pur aux plaies du Sauveur, reçoit avec une profonde piété, ce sang de l'Homme-Dieu d'une manière spirituelle. C'est » par ce moyen que l'âme acquiert la lumière, la joie du

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>> cœur et la couronne du salut éternel. A gauche, on peint » la synagogue ayant les yeux bandés, le visage triste, la >> tête baissée d'où tombe une couronne.... Par cette pein>>ture on veut faire entendre que la synagogue, ainsi que » toute âme qui pêche, subit la perte de trois biens qui sont » la lumière de la grâce, la joie de la conscience et la couronne de la gloire. C'est à cause de cela qu'on lit dans » la cinquième lamentation du prophète Jérémie : Malheur » à nous qui avons péché, et c'est pourquoi nos yeux se sont obscurcis, notre cœur a été plongé dans la tristesse, la >> couronne est tombée de nos fronts. >>

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On ne doit pas, d'après ce que vient de nous dire Molanus, attacher un grand prix à la raison que donne Bustius pour engager les artistes à peindre Marie au côté gauche de la croix, préférablement au côté droit. Il cite un auteur allemand qui a vu dans la ville de Worms, sur les portes extérieures de la principale église, un type d'une rare antiquité. C'est une figure de reine triomphante, assise sur un cheval à quatre têtes, le visage animé de joie et vivement. dessinée pour imprimer la terreur à ses ennemis. « On ne peut s'empêcher de croire, dit-il, que c'est l'Eglise catholique triomphante, car ces quatre têtes et ces quatre pieds correspondants expriment les quatre évangélistes, >> selon un type connu dans tout le monde et autrefois tracé » par le prophète Ezéchiel. » Encore une fois, cette figure n'est pas celle de Marie, mais bien celle de l'Eglise. Le même Molanus en cite plusieurs autres exemples, notamment à Fulde où l'on voyait sur une antique tapisserie l'Eglise assise parmi les prophètes et les apôtres, sous la forme d'une reine vêtue de brocard d'or, portant sur la poitrine un riche diamant. Au bas de cette figure on lisait : Ego dilecto meo, et dilectus meus mihi. C'est-à-dire, j'appartiens à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi.

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Assurément, de prime-abord, on pourrait prendre cette figure pour celle de Marie à laquelle on applique les paroles précitées, et pourtant c'est la personnification de l'Eglise.

Quant à ce qui regarde le sentiment chrétien qui doit guider le pinceau ou le ciseau de l'artiste, lorsqu'il s'agit de représenter la sainte Mère de Dieu, nous sommes heureux de faire des emprunts à un noble écrivain de nos jours, digne et éloquent défenseur des bonnes traditions et du vrai goût dans les arts. Nous les puisons dans le livre qui a pour titre Du Vendalisme et du Catholicisme dans l'art, par M. le comte de Montalembert dont le nom a été déja cité par nous avec éloge. C'est avec une juste indignation que cet écrivain distingué stigmatise les abus de tout genre qui affligent tout cœur véritablement chrétien, à la vue de certaines images peintes, sculptées ou gravées.

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« Citons un exemple borné, mais significatif, de cette déplorable absence du sentiment de l'art chrétien. On a » moulé depuis plusieurs années quelques-unes des plus » belles Madones de nos belles églises gothiques, entre au>> tres celle de Saint-Denis, qui a été transportée à Saint» Germain-des-Prés (1). Ces modèles exquis de la beauté » chrétienne se trouvent chez la plupart des marchands où » le clergé et la plupart des maisons religieuses, les frères » des écoles chrétiennes, etc., se fournissent des images qui leur sont nécessaires. Il semble que leur choix pour>> rait se fixer sur ces monuments de l'antique foi, que le » zèle de quelques jeunes artistes a mis à leur portée. Eh » bien! il n'en est rien Ils sont unanimes pour préférer » cette horrible Vierge du dernier siècle, de Bouchardon, » que l'on retrouve dans toutes les écoles, dans tous les >> couvents, dans tous les presbytères, cette Vierge au front

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(1) « Puisque nous nommons cette statue célèbre, il nous est impossible >> de ne pas signaler le vandalisme qui a fait réléguer dans une obscure sa>> cristie ce chef-d'œuvre de la sculpture chrétienne, tandis que dans la même » église, à la chapelle de la sainte Vierge, l'on a intronisé un pitoyable >> marbre moderne que l'on doit au ciseau de feu Dupaty, de l'Académie » des Beaux-Arts, digne au reste du fronton classique qui l'encadre en >> contradiction avec tout le reste de l'église, digne encore des affreuses >> fresques en grisaille qui la flanquent des deux côtés. >>

Depuis longtemps cette statue est placée convenablement au fond du collatéral droit, à côté de la porte principale et elle y est l'objet de la pieuse vénération des fidèles. (J. B. E. P.)

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étroit, à l'air insignifiant et commun, aux mains niaise>>ment étendues, figure sans grâce et sans dignité, qu'on >> dirait inventée à dessein pour discréditer le plus admira» ble sujet que la religion offre à l'art. »

Dans un autre endroit, le même écrivain s'exprime ainsi qu'il suit sur le même sujet : « Quoi! enfin, cette matrone » payenne, cette Junon ressuscitée, cette Vénus habillée,

cette image trop fidèle d'un impur modèle, ce serait là, » pour comble de profanation, la très-sainte Vierge, la » Mère du divin amour et de la céleste pureté, l'emblême » adorable qui suffit à lui seul pour creuser un abîme in» frachissable entre le Christianisme et toutes les religions » du monde, l'idéal qui évoque sans cesse l'artiste vraiment >> chrétien à une hauteur à laquelle nul autre ne saurait » le suivre? Quoi, vraiment, c'est là Marie ! Mais, ditesmoi, je vous en supplic, quels sont donc les profanes qui ont envahi tous nos sanctuaires, et qui, consommant » le sacrilége sous la forme de la dérision et du ridicule, » pour mieux flétrir la vieille religion de la France, ont >> intronisé le matériel, le grotesque et l'impur, sur les » autels de l'Esprit-Saint, des martyrs et de la sainte Vierge?

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» Et que l'on ne croie pas que ces profanateurs, quels qu'ils soient, ont borné leurs envahissements aux églises » des grandes villes. Nous l'avons déjà dit, il n'y a point » de paroisse de campagne où ils n'aient pénétré, et où ils n'aient tout souillé. Il n'est point d'église de village où, après avoir détruit les saintes images d'autrefois, défoncé » ou bouché les vestiges de l'architecture symbolique, badigeonné le temple tout entier, ils n'aient exposé aux regards de la foule désorientée une masse d'images qui ne sauraient être qu'un objet de profonde ignorance pour les simples, de mépris pour les incrédules, de scandale pour » les fidèles instruits. Trop heureuse encore la pauvre paroisse, si, dans la ferveur d'un zèle plus funeste mille fois » que celui des iconoclastes, on n'a pas fait disparaître la » vieille madone de bois brun, ou de cire, habillée de ro» bes empesées en mousseline rose ou blanche, avec une

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couronne de fer-blanc sur la tête, mais que le peuple préfère avec raison, parce que malgré la simplicité grossière » de l'image, il n'y a là du moins aucune insulte à la mo» rale et au sentiment chrétien. On sait que dernièrement (vers 1837) le curé de Notre-Dame-de-Cléry (près d'Orléans), ayant voulu enlever la madone séculaire qui se » vénère à ce lieu de pélerinage, pour la remplacer par quelque chose de plus frais, le peuple s'est révolté contre » cette exécution, et il s'en est suivi un procès correction» nel où l'on a vu l'étrange spectacle d'une population qua» lifiée d'ignorante et de fanatique, obligée de défendre les » vieux objets de son amour et de son culte contre le goût moderne de son pasteur.

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>> C'est que, dans ce système de profanation méthodique >> tout se tient avec une impitoyable logique; le laid a tout envahi; il a souillé jusqu'aux derniers recoins où pouvait » encore se cacher le symbolisme catholique. Il règne par>> tout en maître, depuis les énormes croûtes qui viennent chaque année, après l'exposition, déshonorer les murs de nos églises, masquer et défigurer leurs lignes architectu» rales (1), jusqu'aux petites images que l'on vend aux prê» tres pour en garnir leurs Bréviaires modernisés aussi comme » tout le reste.

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Mais, dit un peu plus bas notre auteur, n'accusons pas » même le clergé en général, si ce n'est du tort d'avoir subi trop servilement le joug des artistes dégénérés qui ont brisé » le fil de la tradition chrétienne; et pendant longtemps il » n'y en a point eu d'autres. Accusons surtout ces artistes >> et leurs successeurs, obligés par état d'étudier les diffé>> rentes phases de l'art religieux, d'avoir volontairement » répudié la beauté et la pureté des anciens modèles, pour » affubler les sujets chrétiens d'un vêtement emprunté tour

(1) « Qu'on entre pour un instant seulement à Saint-Germain-des-Prés ou >> à Saint-Etienne-du- Mont, et l'on verra quel genre de services la peinture >> moderne sait rendre à l'architecture chrétienne, et cependant on assure » que le clergé de Saint-Germain-des-Prés est jaloux de ce que son église >> n'est pas encore tout-à-fait aussi déguisée par cette mascarade en peinture >> que l'est Saint-Etienne-du-Mont. >>

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