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» à tour à l'anatomie savante du paganisme, ou à la coquet»terie débauchée du temps de Louis XV. Accusons les princes » et les grands seigneurs des trois derniers siècles, qui n'ont » eu que trop d'encouragements pour ces sacriléges, et trop » de galeries pour y déposer leurs produits. Nous n'oublie>> rons jamais un tableau que nous avons vu à la galerie » des anciens électeurs de Bavière à Schleissheim, près Munich, que nous citerons comme le type de ce que nous appelons le genre profanateur; c'est une Madeleine peinte par je ne sais plus quel peintre français du dix-huitième siècle; cette Madeleine est nue et sans autre parure » que ses cheveux, lesquels sont poudrés. Le guide vous dit d'un ton sentimental que l'artiste a eu sa femme pour » modèle. Aujourd'hui on ne met plus de poudre aux Vier» ges et aux Madeleines, parce que ce n'est plus la mode; >> mais on leur met des féronières et des bandeaux, parce que l'on en voit aux femmes du monde, au dessus desquelles la pensée du peintre n'a jamais su s'élever. On ne déshabille pas une sainte, parce qu'après tout on veut qu'un tableau puisse être acheté par le gouvernement, » pour telle ou telle église; mais l'accoutrement qu'on lui donne, la tenue et le regard qu'on lui prête, ne sont guère plus décents ni plus édifiants que la nudité complète de la Madeleine de Schleissheim.

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L'antiquité payenne, que nous admirons volontiers chez » elle et dans certaines limites, mais dont nous repoussons » avec horreur l'influence sur nos mœurs et notre société » chrétienne, l'antiquité était au moins conséquente dans » les symboles qu'elle nous a laissés de ses dieux et de ses croyances. Les symboles sont tout-à-fait d'accord avec les » récits de ses prêtres et de ses poètes. Jamais elle n'a imaginé de faire de son Jupiter une victime, de son Bacchus un dieu mélancolique, de sa Vénus une vierge pudique et pieuse. Est-ce à dire qu'il était réservé aux chrétiens, aux catholiques de trouver le secret de la profanation dans l'inconséquence, d'emprunter aux doctrines pulvérisées et » flétries à jamais par le christianisme les types de leurs » constructions et de leurs images religieuses, d'édifier l'é

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glise du Crucifié sur le plan du temple de Thésée ou du Panthéon, de métamorphoser Dieu le père en Jupiter, la » sainte Vierge en Junon ou en Vénus habillée, les martyrs » en gladiateurs, les saintes en nymphes, et les anges en

>> amours!

Voilà une critique aussi vraie qu'éloquente. M. de Montalembert écrivait ces blâmes aussi mérités que vigoureux, il y a maintenant seize ans. Hélas! le mal n'a point encore disparu totalement, mais cependant il s'est manifesté quelque amélioration. On a étudié avec un peu plus de soin les modèles que nous a légués l'art chrétien du moyen-âge, on a même fait disparaître de quelques églises ces malheureuses pastiches que notre auteur frappe d'une sévère réprobation. Faisons des vœux pour que le retour aux saines traditions s'opère dans notre patrie, comme déjà on en voit de nombreux exemples en Allemagne. Les critiques trop bien fondées de notre illustre écrivain ne seront pas tombées sur un terrain pierreux.

CHAPITRE X.

Notice sur le bienheureux frère Angélique de Fiesole.

Enfin nous couronnous tout ce qui a été dit sur la manière et l'esprit, dont on doit suivre les inspirations pour peindre, sculpter ou graver convenablement les mystères de Notre-Seigneur et de la sainte Vierge, par une biographie de l'artiste le plus chrétien que l'Italie ait produit. On y verra que le talent guidé par une sincère et tendre piété peut s'élever au sublime de l'art graphique dans les sujets religieux comme cela s'est vu dans le moine dont M. de Montalembert a retracé l'admirable existence.

Cette notice est empruntée à l'Histoire de sainte Elisabeth de Hongrie que M. de Montalembert, alors pair de France, a publié en 1838 et 39. Ce morceau est reproduit à la fin du livre du même auteur qui a pour titre : Du Vendalisme et du Catholicisme dans l'art, auquel nous avons déja fait de piquants emprunts.

Nous espérons que l'illustre membre de l'Académie française voudra bien ne pas trouver mauvais que nous reproduisions ici intégralement son œuvre qui ne saurait être trop connue. Nous la transcrivons fidèlement et sans y ajouter la moindre réflexion, ce qui nous dispense d'employer les signes typographiques ordinairement usités pour les citations accidentelles.

Le nom du moine Jean de Fiesole, peintre de l'école catholique de Florence (Fra Giovanni Angelico da Fiesole surnommé l'Angélique, et communément appelé en Italie il Beato, ne se trouve presque dans aucun des ouvrages qui ont traité de l'art pendant les trois derniers siècles. On ne saurait ni s'en étonner, ni s'en plaindre. La gloire de

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celui qui a atteint l'idéal de l'art chrétien méritait de n'être pas confondue avec celle qu'on a décernée à des artistes comme Jules Romain, le Dominiquin, les Carraches et autres de ce genre: mieux valait pour lui être totalement oublié que d'être placé sur la même ligne qu'eux. Peu de temps après sa mort, le paganisme fit irruption dans toutes les branches de la société chrétienne en politique, par l'établissement des monarchies absolues; en littérature, par l'étude exclusive des auteurs classiques; dans l'art, par le culte de la mythologie, de la nudité et du naturalisme qui signale l'époque de la renaissance. Devenu rapidement vainqueur et maître, il eut soin de discréditer et les hommes et les choses qui portaient l'empreinte ineffable du génic chrétien Fra Angelico eut l'honneur d'être confondu dans la proscription qui enveloppa à la foi et les constitutions sociales du moyen-âge, et cette poésie pieuse et chevaleresque dont l'Europe avait été si longtemps charmée, et enfin cet art si glorieusement et si heureusement inspiré par les mystères et les traditions de la foi catholique. Tout cela fut déclaré barbare, digne d'oubli et de mépris; et pendant trois siècles on l'a oublié et méprisé, conformément au décret des maîtres. Aujourd'hui que l'esprit humain, arrivé peut-être au terme de ses longs égarements, s'arrête incertain, et semble jeter un regard d'envie et d'admiration vers les âges catholiques, on recommence à étudier l'art qui était la parure de cette époque si complète; et le peintre béatifié a repris peu à peu la place que lui avait assignée le jugement de ses contemporains. Encore étrangement méconnu en Italie, il est admité avec enthousiasme en Allemagne, et la France, qui possède un de ces chefs-d'œuvre, s'habitue à son tour à le voir compter parmi les grands maîtres. Comme il occupe par sa vie, aussi bien que par ses œuvres, le premier rang entre les peintres vraiment dignes du nom de catholiques, des lecteurs catholiques nous

pardonneront à coup sûr quelques courts détails sur cette

vie.

Né en 1387 à Mugello, petit village des environs de Florence, à vingt et un ans il prit à Fiesole l'habit de l'ordre des Frères prêcheurs, fondé par S. Dominique ; il porta désormais le nom de l'endroit où il s'était consacré à Dieu. On dit qu'auparavant dans le monde il s'appelait Guido ou Santi Tosini. Il vint peu après à Florence, où il entra au couvent de Saint-Marc, dans cette illustre maison qui devait produire plus tard le grand Savonarole et fra Bartolommeo, mais dont notre bienheureux peintre devait être la première et la plus pure illustration Ce fut là qu'il commença à se livrer à la pratique de la peinture. On ne connaît pas son maître; quel que soit celui dont il a reçu les premières leçons, il faut bien admettre que Dieu scul a pu inspirer un génie comme le sien, et admirer cette vitalité puissante, fruit du silence et de la paix du cloître. La peinture n'a été évidemment pour lui qu'un moyen de réu nion avec Dieu; c'était sa manière de gagner le ciel, son humble et fervente offrande à celui qu'il aimait par dessus tout; c'était la forme du culte spécial et intime qu'il rendait à son Rédempteur. Jamais il ne prenait ses pinceaux sans s'être livré à l'oraison, en guise de préparation. Il restait à genoux pendant tout le temps qu'il employait à peindre les figures de Jésus et de Marie; et chaque fois qu'il lui fallait retracer la crucifixion, ses joues étaient baignées de larmes. Son art était si bien à ses yeux une chose sacrée, qu'il en respectait les produits comme les fruits d'une inspiration plus haute que son intention; il ne retouchait ni ne perfectionnait jamais ses travaux, et se bornait au premier jet, croyant, à ce qu'il disait sans détour, que c'était ainsi que Dieu le voulait. Il ne faut rien moins que le témoignage précis de son biographe sur ce fait pour y croire, quand on examine l'incroyable perfec

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