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fermé dans une auréole elliptique. C'est une des fresques du Campo Santo, à Pise, au XIVe siècle. Jésus en archevêque, à longue barbe et à longs cheveux, couronné d'un diadême impérial, à nimbe ou auréole crucifère, portant les lettres grecques O, (l'Etre). Ceci est le genre grec. C'est une fresque d'Athènes, au XVIe siècle. - Jésus à cheval, à nimbe crucifère, tenant une verge de fer à la main. C'est une fresque du XIIe siècle, dans la cathédrale d'Auxerre. — Jésus avec une grande barbe et nu, montrant ses plaies saignantes à son Père qui le bénit. C'est une miniature italienne du XIVe siècle. Le Christ à longue barbe, revenant de son pélerinage parmi les hommes qu'il a rachetés de son sang et béni par le Père et le Saint-Esprit. Un grand nombre d'autres représentations analogues sont signalées dans l'ouvrage indiqué. Elles nous semblent plus propres à une histoire de l'art qu'à servir de direction comme modèles, surtout au temps présent. Ce n'est pas encore ici le lieu de parler d'une infinité d'autres manières de retracer le Sauveur, dans diverses positions ou différents actes de sa vie mortelle. Il en sera traité quand le cycle festival se déroulera.

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Molanus rapporte plusieurs exemples de représentations de Jésus-Christ, dans les temps anciens. Nous citerons d'abord un portrait de l'Homme-Dieu qui appartenait à un chrétien de Beryte. Celui-ci prétendait le tenir de Nicodème par lequel le Sauveur aurait été peint. L'auteur cite pour garant S. Athanase, dans un de ses sermons. Or Paquot soutient que ce sermon n'existe pas et indique, pour cela, l'édition de ce père de l'Eglise parue à Paris en 1698. Ce portrait nous paraît mériter peu d'attention, car son existence n'est appuyée que sur une tradition incertaine, quoique pieuse.

Il est utile ou du moins curieux de rappeler une peinture de Jésus-Christ fort extraordinaire. Elle existe dans les catacombes de S. Zéphirin, à Rome. Le Christ est figuré en Orphée, au milieu d'animaux sauvages. On a émis des doutes sur cette attribution à la personne sacrée du Sauveur. Mais Clément d'Alexandrie n'hésite pas à

croire que sous cette figure d'Orphée on ait voulu peindre Jésus-Christ civilisant les peuples, de même que le demidieu de la mythologie apprivoisait les animaux. Très-certainement on ne saurait être aujourd'hui autorisé à reproduire une allusion aussi hardie. Ceci nous amène à quelques considérations importantes sur la nature humaine du Fils de Dieu. Nous n'osons employer le terme aujourd'hui usité de physiologie.

Les écrivains des trois premiers siècles de l'Eglise ont pris à la lettre plusieurs textes des livres saints qui attribuent au Sauveur une forme laide. Voici en effet ce que dit le prophète Isaïe en annonçant le Messie, le désiré des nations: « Il n'aura ni grâce ni beauté dans son extérieur, » parmi les hommes. » (Inglorius erit inter viros aspectus ejus; cap 52, v. 14). D'après ce texte, S. Clément d'Alexandrie, S. Cyrille, Origène, Tertullien s'accordent à reconnaître, dans l'Homme-Dieu, des traits vils, un extérieur abject. Puis ils s'attachent à faire contraster cette forme disgracieuse avec la beauté de son âme. Tertullien va jusqu'à dire que si le Sauveur eût été d'un extérieur imposant par de belles proportions corporelles, les juifs n'eussent point osé lui faire subir les ignominies de la passion. Selon le témoignage d'Origène, cette laideur corporelle du Sauveur fournissait aux incrédules de son temps un argument contre la divinité de Jésus-Christ. S. Augustin lui-même est explicite sur ce point: « comme homme, dit-il, il n'avait point de beauté... l'époux est beau, non point dans sa chair, mais dans sa vertu.» (Homélie sur le ps. 44). D'autre part, S. Jean Chrysostome fait un éloquent éloge de la beauté corporelle du Fils de Dieu incarné. S. Jérome dit que la splendeur du visage de l'Homme-Dieu, que les attraits divins de sa personne sacrée étaient incomparables et ravissaient, au premier aspect, les yeux assez heureux pour le contempler.

Entre des sentiments aussi opposés que fera l'artiste ? Puisqu'il paraît certain, d'après le témoignage de S. Augustin, dans son traité de la Trinité (Lib. 4.) que de son temps, on ne possédait aucun portrait du Sauyeur, il sera

préférable, d'adopter le type consacré par la tradition qui donne à l'homme-Dieu une physionomie noble, et celte tradition a pour elle les plus graves autorités dont quelques-unes viennent d'être citées. Une coutume qui a pour elle la sanction de plus de douze siècles mérite assurément d'être respectée. Cela s'accorde d'ailleurs admirablement avec l'idée qu'on se fait de la sainte humanité du Fils de Dieu. D'ailleurs ne peut-on pas appliquer les paroles précitées du prophète Isaïe à Jésus souffrant et humilié jusqu'à la mort de la croix? Tel est incontestablement le sens de ce passage du même prophète, dans le chapitre 63: « Nous » l'avons vu exposé au mépris, comme le dernier des hom» mes, comme un homme de douleurs, (virum dolorum) sujet aux infirmités... nous l'avons considéré comme un lépreux frappé de Dieu et humilié. »

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Nous passons maintenant à une très-importante citation de Nicéphore que le cardinal Frédéric Borromée a jugée digne de figurer dans son excellent traité de la peinture sacrée (de picturâ sacrâ). Les artistes nous sauront gré de leur en présenter la traduction aussi littérale qu'il nous est possible. Nicéphore trace ainsi qu'il suit la physionomie du Sauveur :

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• Le divin rédempteur des hommes avait une physionomie animée et pleine de beauté. Sa taille était de sept palmes, ni plus, ni moins (c'est-à-dire cinq pieds, quatre » pouces, huit lignes, de notre ancien système métrique). »Sa chevelure tirait sur le blond et n'était pas épaisse. » Elle se terminait en légères frisures. Ses sourcils étaient >> noirs et un peu relevés. De ses yeux un peu blonds s'épanouissait une merveilleuse grâce. Ils étaient bien » fendus. Son nez était long. Le poil de sa barbe médio>> crement longue était blond ou châtain. Ses cheveux » étaient proportionnellement plus longs que celle-ci. Le >> rasoir n'avait point touché sa tête, si ce n'est quand il » était dans un âge tendre, et que sa mère le soignait. >> Son cou était un peu penché, en sorte que son attitude »> n'avait aucune raideur. Son coloris était celui du fro» ment. Sa figure n'était ni ronde ni allongée, et avait un

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grand air de ressemblance avec celle de sa mère. Elle » était légèrement rubiconde et tenant comme de la rose » sur son déclin. On y voyait la gravité unie à la prudence » et à la douceur, une sérénité que ne pouvait altérer la « colère. Enfin, il fut aussi semblable qu'il est possible à » sa divine mère. » (1)

Le savant cardinal finit en recommandant aux peintres de se conformer à l'opinion de toute l'antiquité qui nous représente Jésus-Christ comme ayant une très-grande ressemblance avec Marie sa mère. Un admirable peintre en poésie, Le Dante, dans le chant XXXIIe de son Paradis a consacré cette pensée de ressemblance de Jésus-Christ avec Marie. D'après ce qui vient d'être dit, l'artiste qui veut figurer l'Homme-Dieu ne saurait être dans l'idécision. Il nous semble que la difficulté est dirimée. Ajoutons-y un dernier fait qui nous est attesté par les explorateurs des catacombes de Rome. La plus ancienne image qui soit sortie d'un pinceau chrétien est celle du Christ qui se voit dans le cimetière de S. Calixte. Jésus y a le visage de forme ovale, légèrement allongé, la physionomie douce, grave et

(1) L'histoire ecclésiastique parle d'un roi d'Edesse nommé Abgare qui, ayant entendu raconter des merveilles de Jésus-Christ, pendant que le Messie évangélisait la Judée lui envoya un député nommé Ananic chargé de remettre une lettre au Sauveur. Une réponse fut faite au roi et comme, dans sa missive, Abgare demandait à Jésus d'être délivré d'une maladie, le Sauveur lui octroya cette insigne faveur. On ajoute qu'Abgare voulut avoir le portrait de son divin bienfaiteur et qu'il envoya pour le peindre un artiste qui y travailla vainement. La raison en est que la figure du Sauveur était environnée d'un éclat éblouissant. Plein d'une indulgente bonté pour le peintre, Jésus prit la toile, la trempa dans l'eau et l'ayant appliquée sur sa figure, les traits s'y fixèrent miraculeusement. Ce merveilleux portrait conservé à Edesse, jusqu'à l'an 944, en aurait été transporté à Constantinople en la même année... Ces faits ne paraissent pas d'une incontestable authenticité. Dans le cas contraire, ce serait bien, sans nul doute, le portrait le plus précieux qui jamais ait existé au monde.

Nous parlons ailleurs de la Véronique, c'est-à-dire de la vraie image. Mais nous ne devons pas omettre qu'on vénère à Rome une très-ancienne image du Sauveur, qui, selon la tradition, fut commencée par S. Luc et achevée par les anges. C'est pourquoi on lui a imposé le nom de Achiropæta, c'est-à-dire non faite par les mains. On dit que, ayant été jetée dans la mer afin de la soustraire à l'impiété de Léon l'Isaurien, elle arriva d'elle même, par miracle, à Rome.

mélancolique, les cheveux séparés sur le milieu du front et retombant en deux longues masses sur les épaules. Ceci s'harmonise assez exactement avec le passage précité de Nicéphore.

Pour ceux qui désireraient avoir des notions plus étendues sur l'histoire de l'art proprement dit, et qu'on pourrait peut-être nommer la philosophie de la forme chrétienne, nous les renvoyons au livre excellent de M. Rio qui a pour titre : De la poésie chrétienne dans son principe, dans sa matière et dans sa forme. (Peinture) Nous rentrons dans notre plan.

S'il est assez rare de voir la personne du Père et celle du Fils peintes isolément (excepté pour le Fils, dans les divers mystères ou actes de son humanité) il est encore moins ordinaire de voir le Saint-Esprit représenté en particulier. La troisième personne de la Trinité est très-habituellement figurée sous la forme d'une colombe, parce que le Saint-Esprit s'est ainsi manifesté sur le Jourdain, pendant le baptême du Messie. C'est pourquoi lorsqu'on veut figurer une inspiration céleste, comme, par exemple, pour le pape S. Grégoire, pour S. Jérome, pour les autres docteurs, et surtout pour les saints évangélistes, on peint une colombe à l'oreille du personnage, ou bien, mais plus rarement on figure la colombe planant au dessus de lui. Pour caractériser la colombe emblématique, on entoure sa tête d'un nimbe, mais cela n'est pas de rigueur absolue. Ce n'est pas, du reste, pour figurer autant qu'il est possible, ainsi qu'on l'a dit faussement, l'agilité, l'immatérialité que l'art dessine une colombe. On veut, par dessus tout, se conformer à la tradition évangélique. Nous lisons, en effet, dans le chapitre II, v. 16, de l'évangile selon S. Mathieu, que Jésus vit, après son baptême, l'Esprit de Dieu descendant comme une colombe et venant se reposer sur lui. S. Jean répète les mêmes paroles. Il n'était donc point loisible à l'artiste de représenter, par exemple, l'Esprit-Saint sous la forme d'un aigle, quoique cet oiseau ait ailleurs, dans l'Ecriture inspirée, une place comme symbole. Puis encore, c'est parce que la colombe est l'em

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