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Du chapitre vie du second livre nous extrayons ce que notre auteur nous fournit de plus intéressant sur les emblêmes sacrés. (Emblemata sacra.)

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« Assez fréquemment nos pères des premiers temps, ces >> anciens dont la piété était si fervente, ont employé des » emblêmes sacrés pour exprimer une sentence ou un corps quelconque. Loin de craindre de marcher sur leurs traces, >> il faut au contraire s'empresser de les imiter. Nous savons » que les évangélistes sont figurés par des animaux symboliques et plusieurs graves écrivains ont vu dans ces quatre >> animaux d'Ezéchiel les quatre auteurs inspirés des Evangiles. On trouve figurés par des signes matériels les mys» tères de la très-sainte Vierge, et quelques-unes des qua>>lifications par lesquelles on la désigne. Dans les catacombes » de Rome une colombe peinte indique la simplicité des premiers chrétiens. Elle tient en son bec un rameau, et

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>> actes de foi, d'espérance et d'amour; pour que sa tâche ne fût pas indi>> gne de celui en vue duquel il l'entreprenait, jamais il ne mettait la main >> à l'œuvre sans avoir imploré la bénédiction du ciel, et quand sa voix inté>> rieure lui disait que sa prière avait été exaucée, il ne se croyait plus en >> droit de rien changer au produit de l'inspiration qui lui était venue d'en >> haut, persuadé qu'en cela, comme dans tout le reste, il n'était que l'ins>>trument de la volonté de Dieu. >>

M. de Montalembert parle, à son tour, en ces termes, de l'artiste que M. Rio vient d'exalter si poétiquement : « Tout catholique doit éprouver >> un ineffable bonheur en contemplant ces œuvres merveilleuses où Dieu >> a permis que la perfection de l'expression vint répondre à la sainteté de >> l'intention, et qui sont, on peut le dire hardiment, le nec plus ultrà de » l'art chrétien. Ce qui le prouve mieux que tout, c'est le sentiment de » piété, de composition qui saisit tout d'abord, à la vue d'un des tableaux » du Beato: on reconnaît la religion, avec toute sa force, qui nous parle » sous le voile de la plus pure beauté...... Nous ne pensons pas que la vue » d'aucun des chefs-d'œuvre de l'école classique, ni même des prétendus >> tableaux de piété dont on tapisse nos églises inspire jamais de pareils sen>> timents.... C'était lui (le même moine) qui se mettait en prières chaque » jour, avant de commencer à peindre, car il ne travaillait que pour expri» mer à Dieu sa foi, son espérance et son amour. >> Ailleurs le même écrivain avec le style incisif qui lui est propre s'adresse aux peintres : << Croyez-vous au symbole que vous allez représenter, au fait que vous allez >> reproduire? Où, si vous n'y croyez pas, avez-vous du moins étudié la >> vaste tradition de l'art chrétien ?.... Voulez-vous travailler non pour un >> vain lucre, mais pour l'édification de vos frères et l'ornement de la mai>> son de Dieu et des pauvres? S'il en est ainsi, mettez-vous à l'œuvre ; >> sinon, non. >>

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» ceci n'est pas assurément sans une signification. C'était peut-être pour exprimer qu'un jour enfin la cruauté des tyrans contre l'Eglise s'adoucirait. On remarque surtout >> cette colombe dans le cimetière de la voie Salaria. On » peignait aussi un paon, afin que les mortels enseignés par » cet emblème fussent portés à envisager la fin de leur des>> tinée avec des soupirs et des gémissements. Dans ledit >> cimetière de la voie Salaria se fait remarquer cette figure >> du paon, ainsi que celle de Jonas sortant du ventre de la » baleine. Ceci était un symbole des calamités de ce siècle. » Pour ce qui est de la figure de Jonas, nous avons observé, » à l'époque où s'ouvrirent les cimetières de Rome, que » Jonas était représenté non sous un lierre, mais sous la » courge. Car on voyait çà et là peinte ou sculptée la plante >> cucurbitacée sous laquelle ce prophète s'était abrité. Les >> anciens peignaient aussi le feu, pour signifier la vie éter» nelle, ou bien la charité, ou bien encore l'immortalité » de l'âme. Une nacelle était l'emblème de l'Eglise, elle » était ballotée par des flots agités pour désigner les persé»cutions que les fidèles essuyaient en ces temps-là, ces tempêtes religieuses si atroces et si fréquentes. Ce vase, » où croissait la vivace joubarbe, Vasculum SEMPERVIVO » consitum, était, dans leur pensée, une image de l'espé»rance des biens éternels et surtout de la résurrection. Quand ils figuraient Noé dans l'arche, Daniel nu dans la >> fosse aux lions, ils voulaient indiquer les chrétiens expo» sés aux bêtes, et le déluge de malheurs qui submergeait, » en ce moment, l'Eglise. L'obéissance et la foi étaient » symbolisées par Abraham immolant son fils, par les enfants » de Babylone plongés dans un four embrasé, par Moïse qui frappait le rocher dans le désert, pour en faire cou» ler un eau vive. Toutes ces images peintes dans les cime» tières avertissaient qu'il fallait placer son espoir en Dieu » seul. Si les peintres usent avec prudence et piété de ces » symboles, de ces mystères, de ces emblêmes, ils y trou>> veront un moyen assuré de donner à leurs œuvres une grande beauté, à cause de la variété qui en résulte. On place aussi à l'entrée des temples, des lions peints ou

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sculptés, afin que les mortels en apprennent cette respec>> tueuse frayeur qui doit les accompagner dans ces parois » sacrés. Horus Apollo a écrit que les dents du lion étaient l'emblême de la terreur, et que l'on plaçait le lion aux portes du temple, comme pour en garder l'entrée, car » ces animaux sont doués d'une grande vigilance et ne sau» raient pactiser avec ceux qui ont intention de violer ces respectables sanctuaires. Pausanias dit qu'on avait sculpté » un lion sur le bouclier d'Agamemnon, afin d'inspirer aux ennemis un sentiment de terreur. Les poètes Virgile et » Ovide ont chanté les fureurs du lion, et, chez les Egyptiens, comme l'observent Macrobe et Horus Appollo, la partie antérieure de cet animal était l'image d'une grande robusticité. Les saintes Ecritures ont donné au Sauveur le nom de lion, parce que la figure de cet animal symbolisait, non seulement la dignité royale et la force du » corps, mais encore la magnanimité. C'est pourquoi l'antiquité fabuleuse attela des lions au char du soleil, à » cause d'un certain rapport de cet animal avec l'astre du jour. L'origine des emblêmes se trouve dans les livres saints, puisque Dieu ordonna de sculpter, sur les portes du temple de Jérusalem, des palmes, des grenades, des séraphins. Sans nul doute, sous ces images étaient voilées » de mystérieuses significations. »

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Quelques-unes des explications des figures des catacombes ne concordent pas avec ce qu'en disent certains autres écrivains. Nous n'avons pas, ici ni ailleurs l'intention de dirimer le débat.

CHAPITRE VIII.

Eclaircissements sur divers points du domaine de l'art chrétien, d'après Molanus, Paquot et autres autorités.

Il entre nécessairement dans notre plan d'épuiser, pour ainsi dire, dans cette première partie, tout ce qu'il nous a été possible de recueillir dans les divers auteurs par nous consultés, sur la théorie et même la pratique du noble art qui est, comme on l'a dit, une sorte d'apostolat. On a, sans doute, goûté les excellentes prescriptions du cardinal Borromée. Celles que nous reproduisons, en ce moment, ne sont pas moins dignes de l'attention des artistes consciencieux. Elles entrent d'une manière encore plus intime dans le domaine de l'érudition artistique.

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Le savant auteur qui est notre principal guide, Molanus combat les artistes qui peignent Moïse avec des cornes. Il cite, à ce sujet, Louis Lipoman qui s'exprime ainsi qu'il suit « Le texte hébraïque ne dit pas que la figure de » Moïse ait paru munie de cornes', mais qu'on la vit envi» ronnée de rayons (fuisse cornutam sed radiantem). On peut donc corriger ainsi la mauvaise coutume des pein>> tres qui donnent à Moïse deux cornes. Ces cornes ne lui sortaient pas du front, mais ce front, le nez, la bouche, » le menton étaient rayonnants. Aussi les Juifs se moquent » de nous et nous ont en horreur quand ils voient, dans » nos églises, Moïse représenté avec une figure cornue (cornuta facie), comme si nous avions l'intention qu'ils >> nous reprochent d'en faire une sorte de diable. L'apôtre » S. Paul fait allusion à cette gloire dont la figure de >> Moïse brillait et dont l'éclat était si grand que les Israëlites ne pouvaient fixer leurs regards sur ce législa

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>> teur. >>

Paquot, dans une note très-importante, fait connaître l'origine de l'erreur des peintres, sur ce point. Il cite le XXXIVe chapitre de l'Exode où se lit ce passage:

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Lorsque Moise descendait de la montagne de Sion, il tenait les deux tables du témoignage. Il ignorait que sa figure fût cornue. (Quod cornuta esset facies sua), à >> cause de la communication qu'il venait d'avoir avec le Seigneur qui lui avait parlé. » Le terme de la traduction latine cornuta facies, ne parait pas à cet auteur rendre avec fidélité le terme hébreu. Keren, dans cette langue, il est vrai, signifie cornu, mais Karan signifie rayonner. (Radiare). On aurait donc lu Keren au lieu de Karan, ce qui est d'autant plus facile que les deux mots se ressemblent beaucoup dans le caractère hébraïque. En supposant, d'autre part, qu'il faille dire de la figure de Moïse qu'elle était cornue, selon la version consacrée, il n'en saura résulter qu'il faille entendre cette expression au pied de la lettre. Les mots cornu et cornua sont employés quelquefois dans les livres saints comme synonimes de rayons lumineux. Les auteurs profanes usent d'une expression analogue. Nonnus, dans ses dionysiaques, donne au soleil le nom de Kerasphoron, porte-corne. Ces cornes ne peuvent être que les rayons de cet astre. Il serait superflu d'entrer dans d'autres développements.

Un auteur cité par le même Paquot prétend que ces cornes de Moïse ne sont autre chose que ses cheveux relevés en pointe et semés de poudre d'or. Cette interprétation est inadmissible et absurde. Il est plus que puéril de représenter Moïse en toilette de gentilhomme de la cour de Louis XV.

Encore un mot sur les cornes de Moïse. Raban Maur a bien voulu y voir l'ancien et le nouveau testament... Cela prouve, du moins, qu'au moyen-âge, on armait la tête de ce législateur de ces deux cornes et que le passage de l'Exode était littéralement interprété.

Pour ce qui est des tables de la loi, les peintres observent la tradition selon laquelle on inscrit sur une table les trois premiers préceptes du décalogue et sur l'autre les sept derniers. Néanmoins l'historien Josephe en met cinq sur l'unc et cinq sur l'autre. Selon quelques interprêtes, quatre de ces préceptes étaient sur une table et six sur la

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