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A une époque comme la nôtre, l'artiste s'occupe beaucoup moins de la science historique de sa noble profession que de la théorie ou de la pratique du dessin et du coloris. L'acquisition de la première exigerait de très-longs labeurs. On n'a ni le temps ni la possibilité de s'y livrer avec fruit. Il en naît, convenons-en, de très-fâcheux résultats. La peinture, la sculpture chrétiennes se livrent à de très-regrettables écarts. Les compositions les plus estimables, sous le rapport du dessin, de la touche, du coloris, fourmillent trop souvent d'erreurs historiques. Le dogme lui-même n'y est pas quelquefois respecté. Ces œuvres inexactes l'altèrent, et la religion peut en souffrir les plus graves atteintes.

Un livre destiné à diriger l'artiste animé d'un vrai désir de produire une œuvre irréprochable ne se rencontrait, croyons-nous, jusqu'ici nulle part. Le meilleur, en ce genre, celui de Molanus annoté par Paquot est d'une effrayante prolixité, chargé d'érudition et assez rare. Il est donc, pour toutes ces raisons ou pour quelqu'une d'elles, inaccessible au plus grand nombre de nos artistes chrétiens. Avons-nous trop présumé en croyant qu'il n'était pas impossible d'obvier à tous les inconvénients précités? Notre œuvre répondra. Nous avons voulu offrir à l'art religieux un volume qui, dans un cadre méthodique et précis, présentât les notions les plus indispensables, car notre dessein ne pouvait être d'épuiser une matière qui est en elle-même inépuisable.

Ainsi donc :

1° Nous fournissons quelques détails historiques

sur l'hérésie des Iconoclastes ou briseurs d'images. Nous faisons connaître l'esprit de l'art chrétien dans les premiers siècles et dans le moyen-âge. Nous envisageons les sujets principaux que l'art traite le plus fréquemment, tels que la sainte Trinité, la mère de Dieu, les patriarches etc. Une foule de notions trèscurieuses et peu connues enrichissent cette partie et lui impriment un piquant intérêt. Les erreurs contraires à l'histoire et à la tradition devaient y être signalées, car l'autorité des noms doit toujours s'incliner devant celle de la vérité. Cette division prend le titre de Considérations générales sur l'art chrétien, et notions spéciales sur les règles qui lui sont tracées.

2o Le cycle festival de Notre-Seigneur est envisagé sous toutes ses faces. Mais on ne s'y borne point aux fêtes proprement dites. On y entre dans le détail des actes éclatants du Sauveur, dans sa vie mortelle. Les tableaux les plus remarquables des grands maîtres y sont mentionnés avec l'éloge ou le blâme qu'ils méritent, au point de vue où nous nous plaçons. La naissance du Verbe incarné ouvre ce cycle que ferme la grande scène du jugement général.

3o La Reine des anges et des saints, l'auguste mère de Dieu occupe dans notre livre, une grande place. Non seulement le cycle de ses festivités s'y déroule, mais encore plusieurs traits recueillis ou mentionnés par la tradition viennent y prendre place, sous le rapport de l'art qui veut les reproduire ou qui les a déjà retracés.

4o La quatrième partie n'est pas la moins importante. Là vient se classer, mois par mois, toute l'a

giographie qui a été, jusqu'à ce moment, en possession du privilége d'exercer le pinceau ou le ciseau de l'artiste chrétien. Les légendes y sont nombreuses avec le cachet d'originalité qui leur est propre, mais avec une sage économie que prescrit une critique éclairée, sans vouloir néanmoins enlever à ces pieuses traditions les charmes qu'elles tirent de la foi qui les inspira.

5o L'art chrétien ne se borne pas à la peinture et à la sculpture. Une large place appartient à l'architecture sacrée, à l'ornementation et à l'ameublement liturgiques. Les règles depuis trop longtemps méconnues et dont, surtout en ce siècle, on semblerait ne tenir aucun compte, y sont tracées d'après les plus incontestables autorités. C'est le sujet d'un traité spécial.

Pour chacune des divisions de notre livre, ces autorités sont constamment invoquées. Telles sont: l'Ecriture sainte, la Tradition, les Pères de l'Eglise, les décrets des papes, les conciles généraux et provinciaux, les auteurs les plus recommandables, dont les écrits renferment des notions spéciales sur la matière traitée.

Nous allons en présenter un tableau qui doit néanmoins, comme on le comprend bien, se borner aux auteurs dont il vient d'être fait mention.

II.

En tête des ouvrages consultés, pour nos Institutions de l'art chrétien, doit être mentionné l'excellent

livre qui a pour titre: De historia sacrarum imaginum et picturarum... libri quatuor. Ce beau travail qui, comme on voit, est une histoire des saintes images a été fait pour en signaler le véritable usage et en corriger les abus. Son auteur est Jean Ver-Meulen. Cet écrivain qui, selon l'usage de son temps, a latinisé son nom, en Molanus, naquit à Lille, en Flandre, en l'an 1533, de parents originaires de Louvain et qui retournèrent, quelque temps après la naissance de Jean, dans leur patrie. Molanus y devint doyen de la faculté de Théologie et censeur royal. Il composa plusieurs ouvrages d'érudition qu'il est inutile de désigner ici. Le livre sur les saintes images et peintures parut à Anvers, en 1570, et mérita dans très-peu de temps, plusieurs éditions. Jean Ver-Meulen mourut prématurément à Anvers, en 1585, âgé de 52 ans. Son œuvre jouissait d'une grande autorité et presque tous les auteurs qui ont écrit sur l'art chrétien le citaient avec estime, lorsque Jean Noël Pa. quot entreprit d'en donner une nouvelle édition, il y ajouta un tel nombre de notes et de suppléments que le principal fut presque éclipsé par l'accessoire.

Paquot naquit en 1722, à Florennes, petite ville de la principauté de Liége. Après avoir fait son cours de philosophie et de théologie à Louvain et avoir obtenu le grade de licencié dans cette dernière faculté. il devint professeur d'hébreu, bibliothécaire de l'Université, puis enfin président du collège d'Honterley. L'impératrice Marie-Thérèse le nomma son conseiller historiographe, en 1762. Chargé de compulser plusieurs caisses d'archives et de chartes, afin d'y trou

ver des preuves à l'appui des prétentions de la maison d'Autriche sur quelques villages de la principauté de Liége, Paquot ne craignit pas de déclarer que l'impératrice n'y avait aucun droit. Cet avis qui était moins celui d'un courtisan que d'un ami de la justice et de la vérité ne pouvait lui concilier les royales faveurs de Marie-Thérèse. Paquot fut disgracié! Un généreux ami qu'il avait à Liége le recueillit dans ses foyers. C'est là qu'il mourut en 1803, âgé de 81 ans. La pseudo-philosophie du XVIIIe siècle ne pardonna point à Paquot son attachement inviolable à la foi catholique et l'aversion qu'il professa toujours pour les doctrines subversives préconisées par les novateurs. Les œuvres de cet homme érudit et consciencieux devaient dissiper les nuages d'obscurité que ses ennemis avaient pris soin d'épaissir autour de lui. Cette tâche a été glorieusement remplie par son propre ouvrage qui a pour titre Mémoire pour servir à l'histoire littéraire des dix-sept provinces des Pays-Bas, de la principauté de Liége et de quelques contrées voisines. Il fut publié à Louvain de 1765 à 1779, en trois volumes in-folio et en dix-huit volumes in-12. Pour ce qui nous concerne, nous ne saurions témoigner à Paquot trop de reconnaissance pour son édition revue, corrigée, augmentée de l'œuvre de Molanus. Elle parut à Louvain en 1771 en un volume in-4o de 700 pages. C'est celle que nous avons sous les yeux.

Dans la préface très-remarquable de cette édition, Paquot fait connaître d'abord le soin extrême qu'il a eu de reproduire, avec la dernière exactitude, le texte authentique de Molanus. Il parle ensuite des études

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