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Puisse donc ce livre, fruit de nos consciencieuses veilles, atteindre son but capital, l'utilité. C'est là toute notre ambition, car nous ne faisons pas ici de la poésie artistique, mais un livre didactique où l'on cherche, avant tout, de solides enseignements.

De plus amples considérations seraient superflues et peut-être fastidieuses.

DE

L'ART CHRÉTIEN.

PREMIÈRE PARTIE.

CONSIDÉRATIONS GĖNĖRALES SUR L'ART CHRĖTIEN.

CHAPITRE PREMIER.

Origine des images ou figures dans le christianisme, et notions précises sur les Iconoclastes.

Dieu, sur le mont Sinaï, défendit à son peuple de faire aucune image, aucune statue pour lui rendre un culte. Il fallait une prohibition de ce genre à une nation dont le penchant à l'idolâtric était presque invincible. Le séjour des Hébreux, au milieu d'un peuple tel que les Egyptiens, avait été pour les premiers d'une funeste influence, sous ce rapport. La loi était donc parfaitement fondée dans son motif. Toutefois Moïse ne craignit pas de placer sur l'arche d'alliance deux figures de séraphins, et plus tard Salomon en fit peindre sur les murs du temple de Jérusalem et sur le voile du sanctuaire. La défense du Seigneur n'était donc pas absolue pour tous les temps, pour tous les lieux. Quand il n'y avait point danger d'idolâtrie, les images n'étaient point bannies du culte Judaïque. On pourrait donc absolument affirmer que l'Iconographie sacrée a été inaugurée dans l'ancienne loi.

Ce qui vient d'être dit nous explique pourquoi, dès l'origine du christianisme, durant les trois premiers siècles, les images étaient proscrites. Il ne fallait pas laisser croire

aux Gentils que les adorateurs du Christ tombaient dans les excès idolatriques que les premiers prédicateurs de l'Evangile reprochaient aux païens. Ce n'était donc point pour observer la défense du Seigneur, dans le premier commandement de la loi donnée à Moïse, que la peinture et la sculpture étaient bannies des temples chrétiens. Or, c'est l'erreur dans laquelle tombèrent les Iconoclastes ou briseurs d'images, en Orient, au VIIe siècle et les hérétiques non moins fanatiques du XVIe siècle. Il est aisé de prouver aux uns et aux autres que, même dans les trois premiers siècles, lorsqu'il n'y avait aucun danger à craindre pour la foi encore chancelante des païens nouvellement convertis, les images étaient assez multipliées, principalement dans les catacombes. C'est un fait dont il est aisé de se convaincre encore aujourd'hui. Ce n'est point, du reste, ici le lieu d'entamer une controverse sur ce point de la tradition. Il s'agit seulement de démontrer que la peinture catholique est née, pour ainsi parler, avec le christianisme.

En remontant aux siècles primitifs de l'Eglise, nous voyons que S. Paulin, Evêque de Nole, après avoir édifié la nouvelle église de S. Félix, la décora de grandes tapisseries portant des inscriptions explicatives des sujets qu'on y avait figurés. Généralement on y représentait les principaux traits de l'ancien Testament, et, de préférence, Moïse recevant les tables de la loi, Abraham prêt à sacrifier son fils Isaac, Daniel dans la fosse aux lions, David touchant la harpe, la translation de l'arche, les murs de Jéricho s'écroulant au bruit des trompettes, etc. Les sujets chrétiens étaient plus rarement traités. Eusèbe cependant nous atteste qu'il a vu des images représentant Jésus-Christ et les apôtres S. Pierre et S. Paul. Il ajoute que ces figures remontaient au premier siècle de l'ère chrétienne. Ceci ne prouve pas néanmoins, contre ce qui a été dit, que les images étaient communes dès les temps apostoliques, car une exception n'est pas la règle. Ainsi Tertullien parle de la figure du bon Pasteur gravée sur le pied des calices de son temps, sans qu'on puisse en induire que l'Iconographie entrait, comme partie importante dans l'ornementation des

édifices sacrés de cette époque. Ceci ressort invinciblement de ce que déclaraient les apologistes du christianisme dans leurs réponses aux païens. Ils affirmaient qu'il n'y avait, dans leurs oratoires ou lieux de réunion, aucun tableau ni simulacre, parce que, disaient-ils, les chrétiens adorent un Dieu qui ne saurait être représenté sous aucune forme. On a déjà vu dans quel sens devaient se prendre des protestations de cette nature, parmi les fidèles initiés au véritable esprit du Christianisme.

Concluons qu'on ne peut, sans mentir à l'histoire, affirmer que l'art chrétien de la peinture ne remonte pas aux siècles apostoliques. Personne n'ignore d'ailleurs qu'on a toujours attribué à S. Luc évangéliste un portrait de la sainte Vierge, et que la même attribution a été faite à Nicodème pour un tableau représentant Notre-Seigneur. Nous aurons lieu de revenir sur ces deux faits.

On a vu que S. Paulin, fait évêque de Nole en 406, orna de tapisseries peintes, la nouvelle église de S. Félix. Il n'innovait rien en cela, quoiqu'en disent les protestants, car on n'aurait pas manqué de se récrier, si pour la première fois on avait vu s'installer des peintures dans une église. Au VIIe siècle, la secte de Mahomet s'associa au judaïsme dans son horreur outrée pour les images. Au VIIIe, Léon l'Isaurien, soldat heureux parvenu à l'empire, partagea les préjugés du peuple juif et des Musulmans. Il rendit un décret qui proscrivait les images des temples chrétiens (1). Une horrible persécution fut suscitée contre les défenseurs de la tradition et de la discipline sur ce point. L'empire fut divisé entre les Iconomaques (ennemis des images) ou Iconoclastes (briseurs d'images), et les or

(1) Léon, après avoir consulté le sénat, et sans attendre sa réponse, ordonna d'abattre la figure du Sauveur que le grand Constantin avait érigée sur le fronton du palais. On se mit en mesure d'exécuter cet ordre. Le peuple se souleva, et un officier nommé Jovinus ayant dressé une échelle pour parvenir jusqu'à la figure sacrée, afin de la renverser, le peuple, à son tour, renversa l'échelle. Jovinus précipité sur le pavé fut achevé par la foule qui le perça de coups. C'est à dater de ce moment que commença une atroce persécution contre les catholiques qui vénéraient les images. (Ce trait est raconté par Cedrenus, moine grec du onzième siècle).

thodoxes auxquels leurs adversaires donnaient le nom d'Iconolâtres ou Iconodules (adorateurs d'images). Dans cette barbare lutte périt à peu près tout ce que l'art de peindre ou de sculpter pouvait avoir produit dans les temples, et l'on ne peut trop déplorer, sous ce rapport, ce sacrilége vandalisme. Nous n'avons point à raconter ici les affreuses péripéties de cette persécution contre les personnes. Aujourd'hui ne serions-nous pas fort heureux de posséder au moins quelques monuments d'une époque qui continuait, sans doute, parmi les Grecs, les bonnes traditions de cette patrie des Beaux-Arts.

La haine héréditaire et fanatique de Copronyme, fils de Léon l'Isaurien, pour les images, fut secondée par un concile de Constantinople, tenu en 726. Plus de trois cents évêques s'y déclarèrent Iconomaques pour plaire à l'empereur qui les avait convoqués. Empressons-nous de rappeler que cette assemblée tenue contre toutes les formes usitées et sans aucune participation du Saint-Siége, ne mérita jamais le titre de concile général que les Iconomaques lui reconnurent. Les orthodoxes, de concert avec l'Eglise romaine, s'élevèrent contre la doctrine impie de ce faux concile, et vengèrent hautement et victorieusement la tradition catholique. Saint Jean Damascène écrivit à ce sujet, trois discours remarquables. Léon IV, en montant sur le trône grec, parut vouloir favoriser les catholiques. Mais bientôt les Iconomaques le comptèrent encore comme leur principal appui. Léon mourut d'une mort prématurée et eut pour successeur son fils Constantin, âgé de dix ans, sous la tutelle de l'impératrice Irène. Alors enfin la cause des images put se flatter d'un triomphe durable. En 787, s'ouvrit à Nicée, sous l'autorité du pape Adrien et sur la demande de la mère de l'empereur, un concile général composé de 377 évêques. C'est le septième œcuménique. L'hérésie des Iconoclastes y fut anathematisée. On y décida que les images pouvaient être non point adorées mais honorées d'un culte qui se rapporte à l'objet représenté. De ce décret résulte nécessairement la légitimité de l'usage d'orner les églises de peintures et de sta

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