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CHAPITRE XXVI.

Mois de Novembre.

La Toussaint; La Commémoration des défunts.

La fête solennelle de tous les saints qui, pour la France remonte au IXe siècle, ouvre le mois de novembre. Nos deux principaux auteurs ne la mentionnent même pas. Il est vrai que, pour l'art, un tableau de la Toussaint ne peut représenter que le ciel, séjour des élus. Très peu de peintres ont tenté de donner une forme, des couleurs à ce que S. Paul déclare, avec tant de raison, placé au-dessus de toute intelligence humaine. Quelques gravures ont cherché à retracer ce sujet et y ont réussi d'une manière plus ou moins heureuse. Ces essais n'ont rien de blåmable et peuvent même édifier, quand l'artiste y déploie les ressources de la foi et de l'amour divin. Mais, au fait, quelle palette est assez riche pour peindre cette ineffable gloire du ciel, ces transports des élus qui nagent au sein des plus chastes délices! L'Esprit-Saint a pu seul inspirer les écrivains sacrés dont les magnifiques paroles sont absolument intraduisibles par l'art. Malgré ces immenses difficultés, MichelAnge a peint un paradis. Le cardinal Frédéric Borromée lui reproche avec raison les nudités dont il a souillé son travail. Il a fallu même qu'un autre pinceau corrigeât ces indécences. C'est en vain que l'illustre artiste a voulu s'excuser en disant qu'Adam et Eve, dans leur état d'innocence, étaient nus. Mais ceux pour lesquels cette peinture était faite ne sont plus possesseurs de cette innocence primitive. Nous l'avons dit ailleurs.

L'église métropolitaine d'Albi a sa voûte ornée d'une ancienne et immense fresque où le paradis a été figuré, avec assez de succès, par des artistes italiens. Nous répétons qu'un pareil sujet est inabordable et qu'un chef-d'œuvre, en ce genre, est impossible. Il est cependant une sorte

de type consacré, soit par la tradition, soit par l'usage et auquel l'artiste chrétien se conforme ordinairement. Au milieu d'une brillante auréole qui remplit la partie supérieure du tableau siége la Très-Sainte-Trinité. Le Père, en vieillard plein de force et de majesté, tient d'une main un sceptre et de l'autre un globe surmonté d'une croix. A sa droite, le Fils porte comme un trophée la croix sur laquelle il triompha de la mort et du péché. Ses pieds, ses mains, son flanc droit, présentent les stigmates de la Pas

sion.

Patri monstrat assiduè.

Quæ dura tulit vulnera.

<«< Jésus montre constamment à son Père les cruelles » blessures dont il a souffert les atteintes. » Entre le Père et le Fils plane, sous la forme de colombe, le Saint-Esprit. Autour de la Trinité est figurée la hiérarchie céleste qui se compose de neuf chœurs d'anges. A droite du Fils, sur un plan inférieur, est placée la sainte Vierge, reine des anges et des saints. Vis-à-vis d'elle et à gauche du Père, figure le plus grand des enfants des hommes, Jean-Baptiste. Sur des trônes sont assis les apôtres jugeant les douze tribus d'Israël. Chacun d'eux est peint avec ses attributs conventionnels. Les patriarches, les prophètes, la nuće innombrable des témoins dont parle l'apôtre S. Paul achèvent de remplir le tableau. Les saints de tous les temps, de toutes les conditions s'y groupent avec une ineffable harmonie. Tous, pour employer un langage que l'homme ne saurait parler mais qui est celui des livres sacrés : « Tous » s'énivrent de l'abondance de la maison du Seigneur. Ils » s'abreuvent du torrent de la divine volupté. L'Agneau qui » est au milieu d'eux, sur son trône, guide ces prédesti>> nés aux sources des eaux de la vie. » De cette multitude innombrable s'élève un immense concert dont le secret ne saurait être connu des humains : « Salut à notre Dieu qui » siége sur son trône et à l'Agneau.

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Quel pinceau assez délicat pour dessiner ces formes aériennes, impalpables, impassibles, ces êtres glorifiés, transformés! Nous en avons dit quelques mots dans notre

chapitre sur le jugement général. Michel-Ange avait-il saisi avec son génie si éminemment artistique cette spiritualité céleste? Evidemment, non, car il n'aurait pas produit ces carnations opaques dont nous venons de parler.

Le peintre flamand, Van Eyck, a représenté dans un tableau digne de l'estime qu'on lui accorde, l'Agneau de l'Apocalypse. Je vis, dit S. Jean, une multitude que per» sonne ne pouvait compter, de toute tribu, de tout peuple » et de toute langue. Ils étaient debout devant le trône et » devant l'Agneau, vêtus de robes blanches, avec des pal» mes à la main et ils disaient à haute voix : Salut et gloire » à notre Dieu qui est sur le trône et à l'Agneau, et tous » les anges étaient debout autour du trône et des vieillards » et des quatre animaux, et s'étant prosternés sur le vi»sage, devant le trône, ils adorèrent Dieu en disant : » Amen, bénédiction, gloire, sagesse, actions de grâces, >> honneur, puissance et fortitude à notre Dieu, dans les >> siècles des siècles. Amen. »

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Cette vision du chap. iv de l'Apocalypse est ordinairement considérée comme une révélation de la gloire des saints dans le ciel. On y voit aussi une description de la liturgie des premiers siècles, peut-être avec plus de raison. Mais, quoiqu'il en soit, la toile de Van-Eyck qui retrace cette vision comme une image du Paradis est un des plus excellents tableaux qui reproduisent la solennité du premier jour de novembre.

Le deuxième jour de ce mois ramène la pieuse et touchante Commémoration des fidèles trépassés. La foi et la raison proclament l'existence d'un lieu d'expiation où les ames qui, après avoir été délivrées des liens de la chair n'étaient pas encore complétement purifiés, se dégagent des restes de ces souillures. Le nom est indifférent à la chose. Mais ce lieu a reçu l'appellation significative de Purgatoire. Le 2 novembre est donc consacré à prier pour les âmes qui sont temporairement détenues dans ce lieu d'expiation. Ecoutons le cardinal Frédéric Borromée qui est cité par Paquot: « Le peintre devra figurer le purgatoire de telle » sorte qu'on y voic une heureuse association de la dou

» leur et de la douceur (dolor et suavitas), des âmes qui » y sont tourmentées, mais qui savent qu'un jour elles doi» vent en sortir...... On pourra figurer au milieu de ces >> tortures quelques anges qui consolent ces âmes, ou qui >> les conduisent dans ce lieu d'expiation, ou bien encore qui les en délivrent. Mais, selon les meilleurs avis, il est préférable de n'y jamais peindre aucune figure de dé» mon, puisqu'il y a assez de tourments, sans aggraver » ceux-ci par la cruauté ou l'horrible laideur de ces impurs esprits.

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L'artiste qui peint les âmes du purgatoire dans des tourbillons de flammes croit traduire un dogme de la foi catholique. Il se trompe. L'Eglise n'a jamais défini à quel genre de tortures ces âmes sont, pour un temps plus ou moins long, condamnées. Il n'est pas cependant blåmable, puisqu'en agissant ainsi, il se conforme à l'opinion commune, mais rien ne s'oppose à ce qu'il donne un libre essor à son imagination. On peut aussi bien croire que ces âmes sont détenues dans une ténébreuse prison et qu'elles s'y purifient par tout autre supplice que celui du feu. Le Concile de Trente s'est contenté de définir dans sa vingt-cinquième session: « Qu'il y a un purgatoire et que les âmes qui y » sont détenues peuvent recevoir un soulagement des suf» frages des fidèles et principalement du sacrifice propitia»toire de nos autels. »

CHAPITRE XXVII.

Première continuation du mois de Novembre.

Saint Hubert, confesseur; Saint Marcel, évêque; Saint Charles-Borromée.

Paquot supplée Molanus relativement à S. Hubert, dont la fête est placée au 3 novembre. Hubert, originaire de l'Aquitaine, province méridionale des Gaules, employa ses jeunes ans au service du roi Thierri ou Théodoric III et passa à celui de Pépin d'Héristal, maire du palais d'Austrasie, en 681. On dit qu'il était passionné pour la chasse et les vanités mondaines, mais qu'enfin, touché par la grâce, il résolut de se vouer à la pratique des vertus chrétiennes. Devenu disciple de S. Lambert, il fut plus tard appelé à succéder à celui-ci sur le siége de Maëstricht qui fut tranféré, après la mort fatale de S. Lambert, dans le lieu où, plus tard, a été bâtie la ville de Liége. Hubert mourut, en 727, après avoir évangélisé, avec un grand zèle, les contrées barbares et payennes de l'immense forêt des Ardennes. Il n'y a jusqu'ici presque rien qui fasse présumer le fait miraculeux dont les peintres se sont emparés pour caractériser S. Hubert.

On a vu qu'avant sa conversion Hubert était un infatigable chasseur. Quelques écrivains postérieurs au VIIIe siècle ont raconté le fait que nous allons transcrire, mais ils ont pris soin d'user d'une restriction qui laisse des doutes sur son authenticité. Fertur, disent-ils... on rapporte. Nous traduisons la légende: «On rapporte qu'en un certain » jour de fête, pendant que les autres chrétiens ses voisins » se rendaient à l'église, Hubert, adonné aux vanités du » monde partait pour la chasse, tout-à-coup, un cerf lui apparut. L'animal portait entre ses cornes un signe de croix signum crucis. En même temps, Hubert entendit une >> voix qui lui disait : Si tu ne te convertis au Seigneur par » un ferme propos de mener une vie meilleure, tu tombe

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