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tien a épuisé toutes ses ressources d'imitation graphique à retracer S. Martin, évêque de Tours. Il n'est aucune partie du monde catholique où il ne soit honoré. Un nombre immense de paroisses sont placées sous son invocation.

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Sulpice Sévère raconte, ainsi qu'il suit, un trait de sa vie « Un jour que Martin n'avait sur lui autre chose » que ses armes et son costume militaire, dans un des hi» vers les plus rigoureux, où le froid avait fait périr plu» sieurs personnes, il rencontra, à la porte de la ville » d'Amiens, un pauvre tout nu. Vainement ce malheureux » avait sollicité la compassion de tous ceux qu'il avait vus >> entrer dans la ville. Tous l'avaient dédaigné. Martin, rempli de l'esprit de Dieu, comprit qu'à lui était réservé >> le mérite d'assister cet infortuné. Il n'avait que la chlamyde » dont il était couvert, le reste de ses vêtements avait » été employé en bonnes œuvres. Il saisit le glaive dont il » était ceint, partagea la chlamyde par le milieu et se » couvrit de l'autre moitié. Quelques-uns de ceux qui l'en>> touraient se mirent à rire de cette sorte de mutilation de » son vêtement militaire. Plusieurs autres, dont le cœur » était plus compatissant, gémirent tout haut de n'avoir jamais rien fait de semblable, quand ils le pouvaient facilement, sans être obligés de se réduire à un état de nudité. La nuit suivante, pendant que Martin se li>> vrait au sommeil, il vit en songe Jésus-Christ revêtu » d'une partie de la chlamyde dont, la veille, il avait » couvert l'infortuné. Il lui fut ordonné de contempler attentivement le Seigneur et de reconnaitre exactement que » c'était bien la moitié de la chlamyde. Martin entendit >> ensuite Jésus qui, se tournant vers les anges de son cortége, leur disait: Martin qui n'est encore que catéchumène » m'a couvert de cet habit. Le Seigneur rappelait, en ce » moment, les paroles qu'il avait dites déjà et qui se li

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>> sent dans l'Evangile de S. Mathieu : Quand vous avez

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fait du bien à l'un de ces bumbles du siècle, c'est à moi

» même que vous avez accordé un soulagement.

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Quelle était la couleur de cette chlamyde? Le peintre a

t-il la liberté du choix sur ce point? Il paraît, d'après Venance Fortunat qui a écrit une vie de S. Martin, en beaux vers latins, que cette liberté n'est pas laissée aux artistes. Hac se veste tamen tectum obtulit ipse creator, Martinique Chlamys texit velamine Christum Nulla Augustorum meruit hunc vestis honorem

Militis alma Chlamys plus est quam purpura regum.

« Le créateur lui-même s'offrit à Martin sous le vêtement » dont la générosité de celui-ci l'avait couvert. Jésus-Christ » était vêtu de la chlamyde du compâtissant guerrier, hon» neur que ne reçut point l'habit impérial des Césars. La » BLANCHE chlamyde du soldat jouit de plus belles préro»gatives que la pourpre des rois. » Cette dernière antithèse surtout ne laisse aucun doute sur la couleur blanche de la chlamyde de S. Martin. Ammien Marcellin, nomme candidati (vêtus de blanc) les soldats composant l'élite des troupes qui, dans les combats, entouraient l'empereur. Il est utile d'observer que le terme grec chlamys ne signifie manteau que par extension. Le sens véritable est celui d'habit militaire, de surtout, de casaque. D'après le récit de Sulpice Sévère, on est induit à penser que déjà Martin avait donné son manteau, lorsqu'il partagea sa chlamyde et cet acte de générosité en est d'autant plus méritoire. Il semble pourtant que le partage du manteau soit considéré comme un fait tellement exclusif qu'aucun artiste n'oserait prendre sur lui de figurer S. Martin divisant par le milieu sa chlamyde blanche.

Ce saint est souvent représenté en évêque et c'est là, sans contredit, son plus noble attribut, car c'est comme pontife que Martin fit éclater les plus éminentes vertus. Son élection épiscopale eut lieu vers l'an 376, et il fallut lui faire violence pour le faire sortir du monastère qu'il avait fondé et que l'on regarde comme le premier qui ait été institué dans les Gaules.

La vie de ce grand évêque de Tours présente une foule de traits que l'art chrétien peut reproduire. L'église paroissiale de S. Nicolas-des-Champs, à Paris, possède un tableau assez remarquable où ce saint est représenté gué

rissant un lépreux, au moment où il entre dans la ville de Paris qui se bornait alors à la Cité. On a aussi reproduit le célèbre trait où S. Martin recevant la coupe de l'empereur Maxime qui la lui présentait comme au plus digne du festin, le saint, au lieu de la remettre au prince afin qu'il but le premier, la présenta, à son tour, au prêtre dont il était accompagné. Loin de voir cela de mauvais œil, Maxime y applaudit ainsi que toute sa cour. Ce saint, né à Sabarie, en Pannonie, vers l'an 316, mourut à Candes, dans son diocèse de Tours, vers l'an 400. Molanus ne parle que du trait de la chlamyde partagée avec le pauvre

y

d'Amiens.

On figure aussi S. Martin célébrant le saint sacrifice de la Messe, tandis qu'un globe de lumière plane sur sa tête. Ce fait est rappelé dans une des oraisons de sa fête.

Sainte Elisabeth, fille du roi de Hongrie, est honorée le 19 novembre. Selon Molanus, cette pieuse et charitable princesse est figurée avec trois couronnes. Elles sont l'emblême de la sainteté de sa vie dans les trois états de virginité, de mariage et de veuvage. On a reproduit un grand nombre de traits de cette vie si courte en années et si pleine d'admirables vertus. On doit lire l'histoire de sainte Elisabeth écrite par M. de Montalembert. Jamais, jusqu'à ce moment, sainte Elisabeth n'avait eu un aussi babile et si judicieux agiographe. Une église paroissiale de Paris est sous le vocable de cette sainte. Née en 1207, elle mourut en 1231.

Le miracle des roses a été souvent reproduit par l'art. Sainte Elisabeth portait dans le pan de sa robe des provisions aux pauvres. Henri son époux veut absolument connaître ce que la sainte voulait par humilité dérober à ses regards. Le pan déployé laisse tomber des roses. Henri voit en même temps rayonner sur la tête d'Elisabeth une croix.

La conque absidale de l'église de Sainte-Elisabeth, à Paris, représente l'apothéose de la sainte patrone par M. Alaux qui la termina en 1846. Le célèbre Murillo a peint cette sainte avec un merveilleux talent.

CHAPITRE XXIX.

Troisième continuation du mois de Novembre.

Sainte Cécile, martyre; Sainte Catherine, martyre; Saint André, apôtre.

La fête de sainte Cécile est fixée au 22 novembre. Cette vierge souffrit le martyre en 230. Rien, dans ses actes authentiques, n'explique pourquoi les musiciens la considèrent comme leur patronne. Surius a écrit une vie de sainte Cécile et son œuvre est sévèrement jugée par les critiques. C'est dans cette vie que se trouve un passage qui a pu faire considérer sainte Cécile chantant les louanges du Seigneur avec un orgue qu'elle touche. Mais cela peut-il se déduire du passage de Surius? On va en juger, car voici le texte fidèlement traduit : « Le jour vint où Cécile devait s'engager » dans les liens du mariage, et pendant que les orgues ou » instruments se faisaient entendre, elle chantait seule au » fond de son cœur, en disant : Que mon cœur et mon corps >> restent immaculés, afin que je ne sois pas confondue ; » et pendant les deux et les trois jours entiers passés dans » le jeûne, elle suppliait le Seigneur de détourner d'elle » ce qu'elle redoutait. Elle adressait ces prières aux anges, » etc. » Les paroles: Cantantibus organis, Cæcilia in corde suo soli Domino decantabat, signifient-elles que la sainte touchait simultanément ces orgues ou jouait de ces instruments? Le terme Organa peut vouloir dire l'un et l'autre. Il nous semble bien plus naturel de croire que, pendant cette musique, à laquelle Cécile ne prenait aucune part active, elle priait tacitement le Seigneur. Il est vrai que, dans le Bréviaire romain, on trouve une antienne qui est la reproduction du passage précité : Cantantibus organis Cecilia Domino decantabat dicens: Fiat cor meum immaculatum, ut non confundar. Mais cela ne saurait jeter une nouvelle lumière sur le sens du texte. Il est bien certain qu'il ne suffit pas de prier, au moment où l'orgue fait

entendre son harmonie, pour être considéré soi-même comme musicien....... Paquot invite donc ceux qui cultivent et pratiquent cette belle partie des arts libéraux à sc placer sous un autre patronage que celui de sainte Cécile. Il leur propose le roi David, S. Grégoire-le-Grand qui institua le chant sacré, S. Germain de Paris dont Venance Fortunat exalte le zèle pour la musique religieuse, S. Odon de Cluny qui, pendant toute sa vie, travailla sur la musique, S. Aldric, évêque du Mans, etc. Mais, ce n'est point ici notre principale question. Les peintres sont-ils en droit, d'après ce qui vient d'être dit, de figurer sainte Cécile mariant sa voix aux sons de l'orgue ou bien à ceux d'une harpe qu'elle touche? Certes, l'Eglise ne leur en fera point un crime. Néanmoins la vérité ne sera pas deshéritée du droit de se faire respecter.

Mignard a suivi l'opinion vulgaire, et son tableau de sainte Cécile représente une pianiste ayant auprès d'elle un ange qui chante sur un cahier de musique. A côté de la sainte est placé un violoncelle et plus bas sont figurés d'autres instruments. Le grand Raphaël, a peint notre sainte entourée de S. Paul, de la Madeleine, de S. Jean et de S. Augustin. Elle tient dans ses mains une sorte d'orgue. A ses pieds sout peints plusieurs instruments de musique. Ces deux habiles maîtres ont donc traduit le sentiment vul gaire.

Il n'en est pas ainsi des suivants. Jules Romain a peint le martyre de sainte Cécile frappée du glaive, dans une salle souterraine de bains abandonnés à Rome. Zampieri (le Dominiquin) a figuré la mort de la sainte, à la suite des tortures qu'elle a subies. Le pape S. Urbain Ier vient bénir cette agonie de la généreuse martyre à laquelle un ange porte la palme de la victoire. Plusieurs témoins sont groupés autour de l'héroïne chrétienne. Le même artiste, dans un autre tableau, a peint notre sainte distribuant ses biens aux pauvres. Enfin, un troisième tableau du même, retrace l'apothéose de sainte Cécile. L'église de Saint-Louis-des-Français, à Rome, possède ces trois chefs-d'œuvre. Rien n'y fait allusion au talent musical que Mignard et Raphaël prêtent gra

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