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On explique d'une autre manière le fouet dont nous venons de parler. Ce serait pour désigner le zèle de ce grand pontife à combattre l'hérésie des Manichéens ou plutôt des Ariens. L'emblême, encore ici, ne brille point par son invention. Il en est qui pensent que les Milanais ont voulu immortaliser ainsi la protection de S. Ambroise à laquelle ils attribuent la victoire par eux remportée en l'an 1338, à Parabiagum. L'Eglise de Milan célèbre, le 21 février, la commémoration de cette victoire dont le Bréviaire fait mention dans la 3e leçon de l'Office.

Il est beaucoup plus ordinaire de caractériser ce saint et éloquent pontife par une ruche que l'on peint à côté de lui. Paulin son biographe nous apprend qu'à l'égard de S. Ambroise se réalisa ce qu'on raconte du philosophe Platon. Un jour qu'Ambroise encore enfant dormait, la bouche ouverte, un essaim d'abeilles vint voltiger autour de son berceau. Quelques-unes s'étant arrêtées sur son visage s'introduisaient dans sa bouche et en sortaient les unes après les autres. Elles s'envolèrent quelque temps après et s'élevèrent si haut qu'on les perdit entièrement de vue. Cet événement fut regardé comme un présage de la force et de la douceur qui devait, un jour, signaler l'éloquence du saint. C'est ainsi que le fait est raconté par Alban Butler, d'après Paulin, car Molanus se borne à citer la

source.

S. Ambroise est un des grands docteurs de l'Eglise et le livre qui est l'attribut du doctorat ne doit jamais être omis. Il mourut en 397, à l'âge de 58 ans. Rubens, dans le tableau déjà indiqué, l'a peint beaucoup plus vieux.

Sainte Luce ou Lucie et quelquefois Lucine, est honorée le 13 décembre. Cette vierge naquit et fut martyrisée à Syracuse. L'époque de ce martyre est placée en 304. Elle est invoquée contre le mal d'yeux. Le cardinal Frédéric Borromée, que cite Paquot, émet une opinion assez singulière sur cette confiance en notre sainte. Selon lui, comme les païens voyaient dans la déesse Lucine une divinité qui favorisait la vue, on donna à la martyre de Syracuse le nom de la déesse parce qu'on invoquait cette sainte pour

obtenir la guérison des yeux. Cela expliquerait pourquoi de Lucie ou Luce on a fait Lucine. Il parait bien certain que le seul nom de Lucie qui, très-évidemment dérive de lux (lumière) a pu et dû suffire pour faire croire que cette vierge pouvait être invoquée avec succès pour obtenir la guérison de l'organe de la vue. N'est-ce pas encore à cause de ce nom que les vitriers se sont placés sous ce patronage, de même que sous celui de S. Clair ?..

Paquot accuse d'erreur les peintres qui figurent sainte Luce tenant à la main sur un disque ses yeux arrachés par l'ordre du tyran. Il cite, pour cela, Théophile Raynaud qui prétend que la seule sainte qui puisse être ainsi représentée est une autre Lucie très-postérieure. Celle-ci, afin de dégoûter un jeune homme qui la poursuivait de ses instances s'arracha elle-même les yeux et les envoya à cet amant dont la recherche était si importune. Cette seconde Lucie était religieuse de l'Ordre de S. Dominique.

La vie de sainte Luce de Syracuse nous la montre aussi rebelle à l'amour d'un jeune homme qui la recherchait en mariage et qui, pour se venger, la dénonça aux persécuteurs de la foi, mais rien n'annonce qu'elle se soit mutilée comme la seconde.

Une troisième Lucie ou Luce vivait solitaire, près du village de Sampigny, sur la Meuse, dans le diocèse de Verdun. Celle-ci mourut en 1090. On croit qu'elle était fille d'un roi des Scots ou Ecossais.

La vierge martyre de Syracuse est célèbre dans l'Eglise universelle et le Canon de la Messe en fait mention, avec Agnès, Cécile etc. L'artiste chrétien doit donc éviter de la peindre avec l'attribut qui convient à la seconde. Mais l'une et l'autre étant invoquées pour la guérison des yeux, on est forcé d'avouer que la confusion est presque inévitable. La vierge de Syracuse mourut, dans sa prison, des coups qu'elle avait reçus pour se soustraire à l'infâmie de la prostitution à laquelle le juge l'avait condamnée.

CHAPITRE XXXII.

Deuxième continuation du mois de Décembre.

Saint Thomas, apôtre; Saint Etienne, diacre; Sainte Anastasie.

Le 21 décembre est consacré à l'apôtre S. Thomas. Molanus blâme les peintres qui, de leur propre autorité, placent cet apôtre au dernier rang. Or en S. Marc, il est nommé le huitième, en S. Mathieu, en S. Luc, le septième, dans les Actes, le sixième, ainsi que dans le Canon de la messe. Est-ce à cause de son incrédulité que les artistes relèguent cet apôtre au dernier rang? S. Grégoire le Grand leur répond dans sa 26e homélie que a l'incrédulité de » S. Thomas a été plus utile à la foi que la croyance des >> autres apôtres » S. Antonin reproche pareillement aux peintres de figurer S. Thomas orné de la ceinture de la sainte Vierge qui lui aurait été donnée par Marie, le jour de son Assomption. Cette croyance est, sinon tout-à-fait erronée, du moins très-suspecte. Quant au genre du martyre de cet apôtre, il fut, à ce qu'on croit, tué d'un coup de lance, en Perse ou sur la côte de Malabar qui reçurent de S. Thomas le bienfait de l'Evangile.

Le lendemain de la grande solennité de Noël, 26 décembre, est consacré à honorer la mémoire du premier martyr de la foi chrétienne. S. Etienne, diacre de l'Eglise de Jérusalem, porte un nom qui lui sied parfaitement, car le mot grec Stephanos latinisé en Stephanus signifie couronne. Or ce glorieux athlète de Jésus-Christ mérita la couronne de la victoire sur le démon, par sa glorieuse mort. En hébreu, le nom de ce saint diacre est Cheliel qui a le même sens. Etienne est ordinairement considéré comme un des soixante et douze disciples du Sauveur qui furent, au jour de la Pentecôte, éclairés de l'Esprit-Saint, en même temps que les apôtres. Aussi les Actes nous le représentent prêchant

l'Evangile aux Juifs, en même temps que les membres du Sénat apostolique. Son zèle le fit traduire devant Caïphe qui lui ordonna de se défendre. Etienne prenant la parole montra la concordance des prophéties avec les faits trèsrécemment accomplis et prêcha Jésus-Christ à ses bourreaux. Il s'écria dans un mouvement de saint enthousiasme : « Je >> vois les cieux ouverts et le Fils de l'Homme qui est à la » droite de Dieu. » La vérité ne pouvait plaire à ces aveugles volontaires qui, loin d'ouvrir les yeux à la lumière de la foi, se livrèrent à une fureur frénétique, traitèrent Etienne de Blasphémateur et l'ayant conduit hors de la ville, avant même qu'une sentence eût été prononcée, l'accablèrent de pierres, jusqu'à ce qu'il eut rendu le dernier soupir. Au moment où ils le lapidaient, Etienne levant les yeux au ciel, s'écria : Seigneur Jésus, recevez mon esprit. » Et puis ayant encore assez de force pour se mettre à genoux, il dit : « Seigneur ne leur imputez point ce péché. Enfin, disent les Actes, Etienne s'endormit dans le Seigneur. Paroles empreintes d'une admirable suavité et que le Christianisme seul était capable de faire entendre !

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Les traits relatifs à S. Etienne ont été mille fois retracés par l'art chrétien. Aucune de ces formes ne lui a fait défaut. Il a été déjà fait mention de ce saint martyr, dans le chapitre Iv de notre première partie. Ici doit être signalé le beau tableau de Jean Massip surnommé Juan, peintre espagnol. Il a représenté S. Etienne au moment où comparaissant devant le Sanhedrin juif, il montre les cieux ouverts et prononce les paroles plus haut reproduites. S. Etienne est en dalmatique diaconale, quoique, très-certainement, dans l'Eglise encore au berceau ce vêtement liturgique ne distinguât point ces ministres sacrés. On ne saurait cependant en faire un reproche au peintre, car il avait besoin de caractériser nettement le principal personnage de son œuvre. Les membres du Sanhedrin se bouchent les oreilles et profèrent des imprécations contre le prédicateur importun. Le musée de Madrid possède ce chef-d'œuvre.

Le Sueur a représenté, non point le martyre de S. Etienne, comme on le dit sans raison, mais bien S. Etienne mort

après sa lapidation. Il est environné de plusieurs chrétiens qui se livrent à la plus vive douleur. Le martyr est étendu sans vie, mais sur sa figure brille la sérénité de ce sommeil dans le Seigneur dont parle S. Luc, dans les Actes. Il est à regretter que ce tableau soit sorti de France pour aller décorer un musée russe.

Séroux d'Agincourt parle d'un vitrail exécuté par J. Cousin, représentant le martyre de notre saint. Il orne l'église de Saint-Louis-des-Français, à Rome. M. de Montalembert désigne comme un chef-d'œuvre un S. Etienne peint par Carpaccio, que l'on admire dans une église de Milan.

Trop fréquemment on représente S. Etienne mourant, les yeux fixés au ciel, pour traduire les paroles : « Je vois >> les cieux ouverts etc. » L'artiste figure en effet le Fils de l'Homme assis à la droite de son Père et place cette scène dans les cieux qui sont entr'ouverts. C'est ici un faux-sens. On a vu que S. Etienne proféra ces paroles, au moment où il comparut devant le Sanhédrin. C'est donc dans un tableau figurant la prédication de ce saint diacre que la scène des cieux ouverts pourrait être retracée, mais non au moment où le martyr expire.

Deux églises de Paris étaient placées sous le vocable du saint diacre. La première, Saint-Etienne-des-Grés ou des Dégrés, n'existe plus. La seconde, Saint-Etienne-du-Mont est située auprès de Sainte-Geneviève et ses vitraux retracent quelques scènes de la vie du patron. On ne doit pas ignorer que le premier temple chrétien qui s'éleva dans Paris cut pour patron le saint premier martyr. C'est sur les fondements de cette première église que fut édifiée la métropole actuelle de Notre-Dame. Plusieurs cathédrales de France et d'autres contrées, notamment celle de Vienne, en Autriche, ainsi qu'un très-grand nombre d'autres monuments religieux ont été placés sous le patronage du glorieux martyr. Pour la France, nous devons principale ment citer les cathédrales de Bourges, de Sens, de Metz et de Toulouse.

Nous croyons devoir placer ici quelques notions sur sainte Anastasie, dont l'Eglise fait mémoire à la messe de

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