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S'il existait un art chrétien auquel l'antiquité sacrée aurait décerné ce glorieux caractère, ce serait sans nul doute. l'art inauguré dans les premiers siècles du christianisme; ce serait la forme indiquée par les constitutions apostoliques. Il en subsiste à Rome un modèle un peu altéré par des restaurations sans intelligence, mais qui n'en est pas moins un précieux vestige de l'art primitif. C'est l'église de Saint-Clément. Elle se compose de trois nefs séparées par des colonnes d'ordre dorique. La voûte est un lambris de bois immédiatement recouvert par des tuiles. L'abside seule a une voûte en pierre. Le style de cet édifice n'offre point la moindre analogie avec la Sainte-Chapelle de Paris. A celle-ci pourtant se prodiguent les qualifications exclusives d'art chrétien. Faudra-t-il donc flétrir de l'injure d'art païen un édifice qui remonte au quatrième ou au moins au cinquième siècle? Un édifice élevé au sein de cette ville de Rome arrosée du sang des premiers martyrs de la foi chrétienne? Il faudra donc aussi adresser la même injure à la première basilique du monde, Saint-Jean-de-Latran, la cathédrale des cathédrales, ou bien à Saint-Pierre-du-Vatican, siége habituel des solennités papales !! Qu'on exalte tant qu'on voudra les Notre-Dame de Paris, de Chartres, de Reims, et tant d'autres monuments surgis au soufle de l'inspiration ogivale du moyen-âge trop longtemps méconnu, nous partageons une admiration si légitime. Mais qu'on se garde bien d'imposer des limites à ce qui n'en a pas, nous voulons dire l'épanouissement de l'esthétique sacrée. Qu'on se garde d'assigner à celle-ci l'uniforme et invariable sévérité de la croyance, ce ne serait ni catholique ni rationel. Nous faisons toutefois nos réserves, car nous n'entendons pas légitimer tout ce que pourrait enfanter une imagination déréglée et inharmonique avec la pensée chrétienne.

CHAPITRE II.

Notions pratiques et historiques sur les anciens édifices religieux.

Il est utile d'observer que le temple chrétien ne se lie au culte extérieur que dans la position pacifique et normale de l'établissement religieux. La discipline de l'Eglise, dans cet état que nous appèlerons légal, exige que l'auguste sacrifice soit exclusivement offert, en ce qui touche le service public, dans des édifices spéciaux que nous nommons églises ou chapelles. Ce n'est point sans dessein que nous venons d'employer les termes de service public, car la discipline accorde aux prélats le privilége ou droit dit de chapelle, en vertu duquel ils peuvent célébrer la messe et conférer tous les sacrements dans leur propre demeure. L'autorité ecclésiastique concède même quelquefois ce privilége à de simples prêtres, avec cette différence que les prélats peuvent célébrer partout où ils se trouvent, tandis que le prêtre autorisé ne le peut que dans le lieu pour lequel il a obtenu cette faculté. Ceci est la simple chapelle dont le privilége est assez souvent accordé aux maisons ou châteaux de seigneurs, aux communautés religieuses, etc. La disposition de ces lieux est assujettie à diverses règles qui ne peuvent être ici exposées, parce qu'elles ne sauraient entrer dans notre plan.

Il ne peut donc s'agir, en ce moment, que des édifices sacrés auxquels on donne le nom d'églises, parce qu'en effet l'Eglise ou assemblée des fidèles s'y réunit pour rendre à Dieu le culte de latrie. Le terme de temple appartient à l'ancienne théurgie payenne et le christianisme après avoir repoussé cette appellation pendant les quatre premiers siècles, en use aujourd'hui assez fréquemment, sans avoir à redouter la fausse application de l'idolâtrie. Les secles séparées du catholicisme affectent au contraire de donner exclusivement aux lieux consacrés à leurs réunions pieuses la

dénomination de Temples, avec la prétention de se rattacher ainsi à ce qu'elles nomment, par excellence, les siècles purs du christianisme. Or, on ne peut mentir plus ouvertement à l'antiquité, comme on vient de le voir.

Les chrétiens des premiers siècles avaient, outre le nom d'église qu'on lit dans S. Paul, plusieurs autres termes pour désigner l'édifice liturgique. C'était, chez les Grecs, le Kyriacon, et chez les Latins le Dominicum, deux mots qui signifient la maison du Seigneur. Cet édifice prenait le nom de Martyrium ou témoignage, quand il était construit sur le tombeau d'un martyr; les noms d'Apostolium, de Prophetæum, selon la qualité des personnages qui y étaient spécialement honorés. Nulle part et jamais, s'il faut le redire, le temple Templum ne fut reconnu comme le lieu de l'adoration chrétienne. Le nom d'église absorbait toutes les autres dénominations et a gardé jusqu'à nos jours toute sa prérogative. Ce n'est, pour ainsi parler, que d'une manière poétique que le sanctuaire du vrai Dieu, dans le sein du christianisme, prend le nom de temple.

L'église est donc l'édifice destiné à l'assemblée du peuple qui y est présidé par l'évêque ou par le prêtre. Dans le premier cas, c'est la cathédrale ou église de la chaire épiscopale, du latin Cathedra, chaire. Dans le second, c'est la paroissiale ou la paroisse. Dans les premiers siècles, l'église cathédrale fut la seule où les habitants d'une circonscription spirituelle se réunissaient, pour assister au saint sacrifice, y communier, y entendre la parole de Dieu, y remplir enfin tous les devoirs prescrits. Elle seule possédait les fonts baptismaux, c'est de là qu'elle tirait son nom d'église-mère parce qu'elle enfantait spirituellement des enfants au christianisme. Ce ne fut qu'au Ve siècle qu'on créa des églises subsidiaires ou secondaires placées sous la direction des chorévêques ou de simples prêtres qui en prirent les titres de plebani, parochi, curati, curés. L'ordre monastique s'établit aussi à peu près vers le même temps et se dilata avec une assez grande rapidité. Alors surgirent les églises conventuelles monasteria que le moyen-âge appela moutiers. Voici donc la dénomination d'église appliquée à la cathé

drale, à la paroissiale, à l'abbatiale ou conventuelle. Plus tard, naquirent les appellations de basilique, de collégiale, de primatiale. La première n'est qu'un terme générique qui, dans le principe, ne fut qu'une indication de la forme ou de l'origine, comme nous aurons occasion de le dire plus loin et qui ne s'applique aujourd'hui qu'à certaines églises de Rome ou par extension à quelques grands édifices religieux.

On conçoit qu'au temps des persécutions, l'édifice sacré ne pouvait se dessiner sur le sol avec une forme nettement prononcée. Mais quand survenaient des temps calmes, au sein de la tempête qui était, pour ainsi dire, l'état normal il est constant que l'église matérielle se distinguait des habitations particulières. Ainsi, selon le témoignage de Lactance, qui pourtant ne voulait pas qu'on adorát Dieu dans des Temples, mais dans le cœur (De irâ Dei, lib. 1) nous savons qu'un édifice religieux s'élevait dans la ville de Nicomédie, que cet édifice était placé sur une hauteur, à la vue du palais et que cette destination bien connue le fit remarquer par Dioclétien qui ordonna d'en briser les portes, le pilla et le rasa, après avoir renoncé à son premier projet de le brûler, par la crainte d'incendier la ville. (De morte persecutorum, No 12).

Il faudrait maintenant pour décrire ces anciennes églises rencontrer des notions suffisantes dans les auteurs contemporains. Il existe cependant une voie assez sûre, c'est l'induction. Lorsque la paix fut rendue à l'Eglise par le grand Constantin et que, pour répondre à la noble impulsion qu'il donnait lui-même, on construisit un grand nombre d'églises, dans plusieurs villes, il ne dût pas être assurément question de rompre la chaîne traditionnelle et on peut affirmer qu'au lieu d'innover on suivit la forme précédemment inaugurée. Eusèbe se contente de dire qu'on reconstruisit les églises ruinées et qu'on y déploya une somptuosité inusitée. (Hist. lib. 10. Cap. 2). Sozomène nous apprend qu'on répara les églises qui étaient susceptibles d'agrandissement et qu'on en édifia de nouvelles, aux frais de l'empereur. Les nouvelles églises devaient donc retracer fidèlement les anciennes. Ceci nous semble démontré.

Entrons maintenant dans les détails descriptifs. Nous u'avons qu'à interroger les documents historiques les plus irrécusables.

Une enceinte de murailles enfermait le lieu saint. La porte principale était haute, large, aussi magnifique qu'il était possible et regardait l'Orient. Une cour carrée qu'environnaient quatre galeries couvertes, portées par des colonnes, précédait l'église proprement dite. C'était l'Atrium. Là se donnaient les instructions préliminaires aux catéchumènes. Au centre de ce préau étaient des fontaines, du moins il y avait toujours un bassin d'eau. Trois portes donnaient accès dans le temple, mais celle du milieu était plus élevée et plus large que les deux latérales. La grande introduisait dans la nef du milieu, les autres dans les nefs secondaires. Un nombre plus ou moins grand de colonnes très-hautes supportait le lambris fait de bois de cèdre. Le marbre en compartiments formait le pavé. Au fond, visà-vis de la grande porte était le trône épiscopal. Autour, à droite et à gauche, en hémicycle, existaient des siéges pour les prêtres. Un autel unique était placé au centre de cette abside, et le clergé était ainsi séparé des simples fidèles. L'évêque et les prêtres avaient donc la face tournée vers le peuple et l'autel, c'est-à-dire vers l'Orient. Une balustrade ornée de délicates sculptures fermait au peuple le sanctuaire. Aux deux extrémités des collatéraux, en face des petites portes, étaient des édicules servant de vestiaire ou de sacristie et de baptistère. Telle était l'église antique dans tout l'Orient. Nous devions d'abord envisager ces contrées auxquelles Dieu daigna accorder la primogéniture 'évangélique, quoique, dans les conseils de sa providence, l'Occident dut posséder la chaire principale de l'unité. L'ordre chronologique nous imposait cette obligation, puisque le chef visible de l'Eglise universelle daigna privilégier ces contrées du berceau de la foi chrétienne.

Quand l'Occident eut reçu la lumière évangélique, la maison de Dieu dut se formuler sur le type oriental préexistant et importé par les prédicateurs de la croyance révélée. Néanmoins comme l'esthétique chrétienne ne pouvait s'as

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