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à Paris, peut considérer comme un de ses plus précieux objets d'art un tableau d'assez petite dimension représentant notre saint évêque de Genève sur son lit de mort. C'est bien là le sommeil du juste dans toute sa placidité. Philippe de Champagne est auteur de cet excellent morceau.

CHAPITRE V.

Mois de Février.

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Saint Ignace, évêque et martyr; Sainte Apolline, vierge et martyre; Vision de sainte Scolastique; Saint Mathias, apôtre.

Le mois de février s'ouvre par la fête de S. Ignace qui en l'an 107 fut livré aux lions qui le dévorèrent, dans la ville d'Antioche dont il était évêque. Il avait lui-même prédit son martyre, dans une lettre écrite aux Romains: « Je >> suis, leur dit-il, le froment de Jésus-Christ; je serai » moulu par la dent des bêtes, afin de devenir un pain exquis. » A cause de ce genre de martyre, on peint des lions autour de S. Ignace. Molanus dit qu'il a vu une peinture représentant S. Ignace tenant en main un cœur sur lequel est figuré le nom de Jésus, sous le type dont nous avons parlé, dans le chapitre ne de la seconde partie. Cette pensée tire peut-être son origine d'un passage de la légende dorée qui rapporte qu'au milieu de ses tourments S. Iguace ne cessait d'invoquer le nom de Jésus-Christ. Les bourreaux, continue cette legende, lui demandant pourquoi il répétait souvent ce nom, le martyr leur répondit : « Ce nom est >> inscrit dans mon cœur et je ne puis cesser de l'invoquer. »> Après sa mort on voulut s'assurer, continue la légende, si en effet son cœur portait cette empreinte. On le coupa par le milieu et l'on y trouva écrit, en lettres d'or, les deux mots Jesus Christus. Molanus ne semble pas ajouter grande foi à ce prodige, parce que les anciens auteurs qui ont recueilli fidèlement les paroles que S. Ignace adressait à ses bourreaux ne disent pas un seul mot de cette dernière circonstance. S'ils eussent connu ce fait ils n'auraient pas manqué de le mentionner.

Ce qui a pu faire naître cette opinion c'est que notre saint martyr avait pour prénom Théophore. Ce terme est formé de deux mots grecs qui signifient Porte-Dieu. Siméon

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Métaphraste raconte que Trajan interrogeant ce martyr lui dit: «Est-ce toi qu'on appelle Deifer (Porte-Dieu), que signifie ce nom de Deifer? » Ignace répondit : « Cela signifie celui qui porte le Christ dans son âme. » Trajan lui répliqua « Tu portes donc en toi le Christ. » : Ignace répondit : « Certainement je l'y porte, car il est écrit de lui : >> J'habiterai dans eux et j'y établirai ma demeure. » C'est pour cette raison que S. Ignace est surnommé Théophore, de même que Timothée porte le nom de Christophe ou Porte-Christ. C'est ce qui a fait dire par S. Cyrille de Jérusalem que nous serons tous des Christophes, parce que nous incorporerons le corps et le sang de Jésus-Christ à nos propres membres.

On sera sans nul doute dans l'étonnement de rencontrer dans le martyre de S. Ignace un emblême que l'on a assigné aux Jésuites fondés par un autre S. Ignace, à une distance de quatorze siècles. Nous indiquons dans le chapitre 1e précité l'origine du monogramme IHS. Il serait très-facile, à cause de cette singulière analogie, de confondre S. Ignace évêque d'Antioche et martyr, mort en 107, avec S. Ignace de Loyola prêtre, fondateur de la Société de Jésus, mort en 1556. En supposant que le célèbre monogramme soit peint sur la poitrine du dernier, comme sur celle du premier, celui-ci en sera distingué par les insignes de l'épiscopat et les lions dont on l'environne habituellement.

Le 9 février, fête de sainte Apolline, ou bien Apollonie vierge et martyre. On lui cassa les dents par la violence des coups qu'on déchargea sur son visage. Aussi est-elle spécialement invoquée contre les maux des dents. L'art, à cause de cette circonstance, l'a peinte portant à la main une tenaille qui enserre une dent. Ceci pourtant est erroné, car on vient de voir que les dents ne furent point arrachées à cette martyre. Toutefois une peinture de ce genre ne saurait être bien sérieusement répréhensible, car les moyens de l'art sont bornés, surtout quand on doit traduire d'une manière nullement problématique la confiance que les malades ont pour cette sainte et qui, trop souvent, puisqu'il

faut le dire, dégénère ici en superstition. On place la date de sa mort à l'an 49.

Le 10 février, l'on fait mémoire, principalement dans l'ordre de S. Benoît dont les ramifications sont très-nombreuses, de la vision de ce saint, relative à sa sœur sainte Scholastique. Notre célèbre peintre Lesueur a traité admirablement ce sujet pour l'illustre abbaye de Marmoutier, près de Tours. Voici l'exposition du fait. Un jour que S. Benoît était en prières, il vit sa sœur Scholastique abbesse d'un couvent voisin du Mont-Cassin portée dans le ciel par les anges. Deux jeunes vierges accompagnaient la bienheureuse, tandis que les apôtres S. Pierre et S. Paul indiquaient à S. Benoît la patrie céleste dont elle allait prendre possession. Le tableau de Lesueur se fait admirer par un grand sentiment d'onction et tout y respire une suavité surbumaine.

S. Mathias, apôtre, dont la fête tombe au 24 ou 25 février, selon que l'année est ou n'est pas bissextile, est caractérisé par une hache dont on croit qu'il fut frappé et qui consomma son martyre. Il n'existe aucun document bien certain à cet égard. Toutes fois plusieurs auteurs suivent ce sentiment et l'artiste chrétien peut s'en autoriser. Nous devons cependant exprimer quelque répugnance pour l'adoption de ce caractère dictinctif appliqué à S. Mathias. On a vu, dans le chapitre VIII de la première partie, que S. Jude, surnommé Thadée, est représenté avec la hache de son martyre, ce qui peut causer une confusion entre ces deux apôtres. Il y a ici une importante réflexion à consigner. C'est que S. Mathias ne peut point figurer dans le collége primitif des apôtres. Il ne fut point appelé à l'apostolat par JésusChrist lui-même, mais agrégé au collége apostolique, après l'Ascension du Sauveur. La répétition du caractère graphique dont nous parlons ne saurait donc être un grand inconvénient quand on représente les douze apôtres réunis. Mais cet inconvénient existe si l'on peint isolément S. Jude, ou S. Mathias. En ce cas, comment éviter l'incertitude? Selon les Ménologes grecs, S. Mathias évangélisa les côtes de la mer Caspienne. Il nous semble qu'il serait possible de

distinguer de S. Jude, auquel on donne la hache comme type distinctif, notre saint qu'on pourrait aussi faire porteur d'une hache, en le peignant, en même temps, sur le rivage de la mer, au moment où il évangélise ces contrées. Au mois d'octobre, en parlant de S. Jude, nous verrons que son apostolat n'eut pas lieu sur les côtes d'une mer.

La légende de S. Mathias aurait, dit-on, été écrite en hébreu et traduite par un auteur anonyme, au XIIe siècle, dans le couvent de ce nom à Trèves. Les Bollandistes suspectent beaucoup ce document. Il en est de même de Tillemont. Paquot a consigné cette note en appendice dans son édition de Molanus.

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