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vertis à l'évangile, on crut devoir s'accommoder jusqu'à un certain point à quelques-uns de leurs anciens usages. En se tournant vers l'Orient, pour honorer le véritable Dieu, le vrai soleil de justice qui venait dissiper les ténèbres morales dans lesquelles le monde était plongé, et substituer au culte de la créature celui du créateur, on faisait trèsheureusement prendre le change à ces nouveaux prosélytes de la croix. Les constitutions apostoliques, pour se plier à ces antécédents, voulurent que le prêtre de la loi nouvelle offrit le sacrifice non sanglant, la face tournée vers l'orient. On avait d'ailleurs soin d'instruire ces nouveaux disciples du Christ de l'idée mystique que le christianisme attachait à cette direction privilégiée. D'ailleurs c'était de l'orient que la lumière évangélique avait jailli pour illuminer l'occident. C'était là qu'était né, mort et ressuscité le véritable Orient, prédit par les prophètes, la Splendeur de la lumière éternelle. Ecoutons S. Germain, patriarche, de Constantinople : « C'est une tradition reçue des apôtres qui nous fait tourner vers l'orient pour prier, parce » que le soleil spirituel de justice, Notre-Seigneur J.-C., » se manifesta dans ces contrées sensibles du soleil levant. >> Parce que encore nous attendons de nouveau notre pa» radis reconquis, dans Eden, et que nous l'envisageons » dans cette partie du ciel; enfin, parce que nous fixons >> ainsi nos regards vers le levant de cette lumière qui ap» paraîtra au second avénement du Christ par lequel nous » serons régénérés. >> Il nous serait aisé d'accumuler un grand nombre de citations de ce genre, qui s'accordent admirablement avec ce que nous lisons dans l'ancien et le nouveau testament, où le Messie promis est représenté sous l'emblème de l'Orient. C'est ainsi que le prophète royal nous dit «A vous qui craignez, mon nom brillera, à son lever, » le soleil de justice. » Et dans le même nous lisons : « La » lumière s'est levée pour les justes, la joie pour ceux qui » ont le cœur droit. »>

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Au commencement du quatrième siècle, lorsque Constantin édifia à Rome les deux basiliques du Sauveur et de Saint-Pierre, ainsi que celle de Saint-Paul extrà muros, il

voulut que l'axe de ces églises courut d'orient en occident, c'est-à-dire en sens inverse du plus grand nombre de nos églises. Cette disposition s'y est maintenue. Mais le célébrant avait alors comme aujourd'hui la figure tournée vers la principale porte, c'est-à-dire vers l'orient. Le motif de condescendance aux anciennes habitudes et surtout le symbolisme chrétien que nous venons de faire connaître étaient fidèlement observés de la part du célébrant. Mais puisque l'assemblée avait au contraire la figure tournée vers le sacrificateur, il est bien constant qu'elle regardait l'occident et que, sous ce rapport, c'était une dérogation complète à la vieille coutume des payens. Cet usage s'est maintenu à Rome jusqu'au temps présent et certainement on est fort éloigné d'y renoncer. On voit d'autre part que la règle de Vitruve fut totalement méconnue par Constantin, en ce qui regarde la direction de l'édifice vers l'orient. Nous ne voyons point ici un argument en faveur de certains archéologues qui ont présenté cette orientation comme une règle invariable et absolue. Nous redisons qu'à Rome, dans ces basiliques Constantiniennes, le pontife, en célébrant sur l'autel dit papal qui lui est exclusivement réservé, a constamment la face tournée vers ce mystérieux orient, mais il n'en est pas moins certain que le peuple qui occupe la nef prie en se tournant vers le point cardinal diamétralement opposé.

En France, en Allemagne, en Angleterre, la très-majeure partie des grands monuments religieux affecte une direction tout-à-fait opposée à celle des basiliques dont nous venons de parler. Là le célébrant et les fidèles ont la face tournée vers l'orient. Mais parce que la prescription antique se trouve plus régulièrement observée dans ces églises, faut-il conclure qu'une église tournée vers tout autre point de l'horizon est, par ce seul fait, passible des censures ecclésiastiques? Pour répondre affirmativement il faudrait qu'il restât démontré que la discipline ecclésiastique consignée dans les canons des conciles en a fait une loi obligatoire. Or, cela n'est pas. Vaiuement on objecterait que Guillaume Durand, évêque de Mende, au treizième siècle, a formulé dans son Rationale cette règle: Eccle

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sia debet quoque sic fundari ut caput recte inspiciat versùs Orientem. « L'église doit être bâtie de telle manière qu'elle ait son chevet tourné vers l'Orient » Ce texte ne saurait être regardé comme une ordonnance épiscopale, mais simplement comme un de ces symbolismes auxquels. l'auteur attachait avec tant d'amour des significations dont toutes ne sont pas également acceptables et plausibles. Nous ne prétendons pas ranger celle-ci au nombre des dernières, il est vrai, mais nous remarquerons que déjà dans le quatrième siècle on n'attachait pas à cette direction des églises vers l'Orient une importance excessive. L'église bâtie par S. Paulin, à Nole, en l'honneur de S. Félix, n'était point du tout orientée, selon ce principe. Au huitième siècle, Walafride Strabon, après avoir parlé du symbolisme des églises tournées vers l'Orient, et de l'usage de prier en face de ce point de l'horizon, ne fait pas difficulté de dire: >> Maintenant nous prions en nous tournant vers toutes les parties du monde, parce que Dieu est partout, quia Deus ubiquè est.

Nous devons à présent reconnaître que s'il n'est point possible d'articuler une prescription formelle et strictement obligatoire, en ce qui touche la direction du chevet d'une église vers l'Orient, il est certain qu'en général telle fut la coutume observée dans tous les siècles, principalement pour les églises cathédrales et paroissiales. Quant à ce qui est des églises conventuelles, nous pouvons citer les jésuites qui avaient pris, au contraire, pour règle de diriger l'axe de leurs oratoires vers le midi. Les autres corps religieux déviaient aussi presque toujours de la règle de l'orientation équinoctiale. Pour peu qu'on étudie les monuments sacrés élevés par les congrégations religieuses à Paris et ailleurs, on se convaincra que la très-immense majorité de ces édifices s'écarte comme à dessein de la coutume observée ailleurs. Rome, parmi ses innombrables églises, compte autant de directions diverses qu'il y a, pour ainsi parler, de points à l'horizon.

Restera toujours néanmoins digne de respect l'usage de tourner le chevet ou abside des églises destinées au service

public, comme les cathédrales et les paroissiales, vers l'orient équinoctial. Nous n'hésitons pas même à dire que si l'architecte a la liberté du choix, c'est presque un devoir pour lui de se conformer à cette direction. Si pourtant la disposition du sol était telle qu'en orientant exactement l'église, la porte principale dût se trouver du côté directement opposé au chemin qui y conduit, une anomalie de cette nature justifierait l'abandon de ce que nous avons nommé une véritable coutume, mais qu'il ne nous est pas possible de présenter comme une règle canonique et liturgique. Nous croyons avoir clairement démontré ceci.

CHAPITRE VI.

Dispositions intérieure des églises. L'AUTEL.

Après avoir parlé de l'extérieur des temples chrétiens, nous avons à nous occuper de tout ce qui concerne leur intérieur et c'est ici la plus noble partie de notre tâche. On conviendra en effet que tout ce qui se réfère au dehors est susceptible, en réalité, de variations presque infinies et que la discipline ecclésiastique n'a établi que peu de règles sur ce point. Encore même il n'y en a jamais eu de bien déterminées et qui fussent strictement obligatoires.

Le premier et le plus auguste objet de l'intérieur d'un temple catholique est l'aute!. Il en est l'âme, parce que sans le sacrifice il n'y a point de véritable liturgie, c'està-dire d'action publique de la prière. Un édifice dans lequel on se réunira pour chanter des psaumes et des cantiques en l'honneur de l'Eternel sera une salle d'assemblée pieuse, mais loin de mériter le nom d'église, ce lieu ne sera pas même digne du nom de temple, car les temples du paganisme aussi bien que le temple de Salomon furent des lieux de sacrifice. Sous ce rapport comme sous l'aspect historique, ainsi qu'on l'a vu plus haut, le local destiné aux assemblées protestantes ne saurait être un temple.

L'autel est tellement l'objet capital que l'édifice lui-même n'a été construit et façonné que pour lui servir d'abri. La liturgie sacrée peut s'exercer, nous l'avons déjà dit, sans temple, mais elle est impossible sans autel. Au temps des persécutions, il est vrai, les mains et quelquefois la poitrine des martyrs tinrent lieu d'autel dans les prisons, mais ce n'est qu'une de ces exceptions dont l'histoire de l'antagonisme des ces premiers siècles nous offre des exemples.

S'il fallait prendre au pied de la lettre ce que nous lisons dans quelques écrivains de cette époque, on serait amené

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