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CHAPITRE IX.

Parement d'autel; Balustrade ou Chancel; Ambons et Jubé.

L'autel construit en forme de tombeau n'a besoin, selon les règles liturgiques, d'aucun parement qui en recouvre la face antérieure. Mais ces mêmes règles exigent que le devant d'un autel fait en forme de coffre soit paré d'une pièce de soie que l'on change, selon la couleur affectée à l'Office du jour. I arrive pourtant quelquefois que cette face est ornée d'un relief ou d'une peinture. En ce cas, le parement mobile n'est pas exigé.

Dans les anciennes églises, l'autel était enfermé dans une balustrade. On a vu que cela est ainsi dans l'ancienne église de Saint-Clément, à Rome. Cette enceinte intérieure était exclusivement réservée aux ministres qui assistaient le célébrant. On connait mieux cette balustrade sous le nom de cancel ou chancel, cancelli. Plus tard, elle fut reportée à l'entrée du sanctuaire et c'est enfin ce qu'on a nommé la table de communion. Ce cancel existe surtout pour établir une séparation entre le sanctuaire et la nef, quand l'autel est isolé et interposé entre le clergé et les fidèles. Dans les grandes églises, où l'autel est placé au fond de l'abside, le cancel n'est plus la table de communion. Il devient une haute grille de fer ou de bois fixée entre le chœur et la nef centrale. Les côtés du chœur sont séparés des nefs collatérales du pourtour par d'autres grilles ou plus ordinairement par les stalles réservées au clergé. En ce cas, le sanctuaire élevé sur quelques marches, n'est distingué du chœur que par celles-ci et rarement fermé par une balustrade destinée à servir de table eucharistique. Dans ce plus grand nombre de cas, les fidèles entrent par les diverses portes du chœur et communient sur les marches du sanctuaire. Une disposition de ce genre, quoiqu'elle soit commune à Paris, n'est pas fort heureuse. Elle est pourtant imposée par la position qu'occupe l'autel. Si une balustrade à hauteur d'appui remplace la haute grille et sert de table

de communion, le prêtre est obligé de parcourir toute la longueur du chœur pour venir y communier les fidèles, et cela présente un nouvel inconvénient. Avec l'autel isolé, l'administration de la sainte eucharistie est beaucoup plus facile et s'écarte moins des antiques usages. On y retrouve l'esprit de la discipline primitive, ce qui n'est pas un avantage à dédaigner.

Nos cathédrales de France, car ce sont les églises principales qui doivent être prises pour modèle, ne peuvent, en ce qui vient d'être dit, nous fournir un exemple uniforme. Ainsi à Lyon, à Bordeaux, à Blois, à Mende, etc., l'autel majeur étant isolé au milieu du sanctuaire, la balustrade qui sépare celui-ci de la grande nef n'est autre que la table de communion, ainsi qu'on le voit, à Paris, dans les églises de Saint-Sulpice, de Saint-Germain-des-Prés, de la Madelaine. D'autre part, les cathédrales de Paris, d'Orléans, de Tours, etc., ayant leur maître-autel au fond de l'abside, voient s'élever à l'entrée du chœur des balustrades ou grilles de fer et ne possèdent aucune table eucharistique. Les églises de Saint-Merri, de Saint-Nicolas-desChamps, de Saint-Eustache, à Paris, sont, par la même raison, privées de cette table (1). Nous devons en conclure qu'il n'y a, sous ce rapport, aucune règle fixe de discipline, tout en ne dissimulant pas notre sympathie pour les autels isolés, dits à la romaine.

Comme cet ouvrage est plutôt un guide qu'un traité complet sur l'antique discipline liturgique, nous devons omettre, surtout en ce qui concerne l'autel, une foule de détails que nous avons présentés dans notre travail publié depuis quelques années, sous le titre de Origines et Raison de la liturgie catholique, en un fort volume, in-40. Nous devons donc y renvoyer pour obtenir de plus amples développements. Il nous reste maintenant à poursuivre notre but en décrivant tout ce qui se réfère aux accessoires de l'autel, dans le chœur dont il est l'ameublement principal.

On a vu que dans les anciennes églises, les deux extré

1) Les deux dernières églises ont récemment changé leur balustrade en table de communion.

mités du cancel étaient occupées par des ambons. Ils s'élevaient à droite et à gauche du sanctuaire. Leur destination est connue. Comme la prédication a toujours été une partie importante du culte public, l'évêque ou celui qui présidait à sa place montait, après le chant de l'évangile, sur l'ambon et l'expliquait aux fidèles. Ces prédications portaient le nom d'homélies. Dans ces derniers temps, quelques archéologues laïques ont voulu nier cette destination des ambons. Or, la tradition dément leurs imprudentes assertions. Ce point sera débattu avec plus de détail, lorsque nous aurons à parler de la chaire. L'ambon subsista, dans sa forme primitive, jusques vers le douzième ou treizième siècle. C'est alors qu'à la place du cancel qui séparait la nef du chœur, s'élevèrent ces jubés dont quelques-uns ont survécu à la réprobation dont ils furent frappés dans ces derniers temps. Le jubé résultait de la jonction des deux ambons de l'épitre et de l'évangile, et cette jonction en avait fait une tribune continue qui dérobait presque totalement la vue de l'autel aux fidèles. Ce nom de jubé indique, d'une manière évidente, la destination de cette tribune. Le lecteur y demandait au célébrant sa bénédiction avant les lecons, par la formule habituelle: Jube, domne, benedicere. On y chantait l'épître et l'évangile et cela devait être, puisque ce jubé était le successeur des ambons. Pour un motif analogue, le jubé devint la tribune sacrée d'où la parole divine descendait sur les fidèles. Les archéologues dont nous avons parlé, jaloux du respect qui est dû à la sainte eucharistie, ont rejeté cette dernière destination du jubé. Ils se fondent sur ce que l'orateur, dans cette position, tourne le dos à l'autel. Or, dans un grand nombe de cas, l'évêque et le prêtre se rendraient coupables de cette irrévérence. Ce n'en est pas une quand l'eucharistie n'est pas exposée solennellement à l'adoration des fidèles, mais est renfermée dans le tabernacle. Si cette posture était irrespectueuse, dans ce dernier cas, ce serait la rubrique ellemême qu'il faudrait accuser. Čela ne mérite pas une réfutation sérieuse.

Pourquoi maintenant cette transformation des deux am

bons en une tribune continue que nous nommons jubé? Nous avons à en déduire les motifs, et les archéologues, dont l'enthousiasme pour le moyen-âge n'est pas toujours inspiré par l'étude des traditions, ne nous applaudiront point. Mais la vérité seule doit nous dicter ses lois. Quiconque a étudié l'histoire ecclésiastique n'ignore pas que vers le onzième siècle les fondations pieuses se multiplièrent et que les siècles suivants ne les virent pas diminuer. Ces fondations acceptées imposèrent, aux bénéficiers des chapitres, de très-longs offices. Un séjour prolongé dans le saint temple les força de se garantir du froid. Ce fut alors que disparurent les simples cancels ou balustrades qui entouraient le chœur. Elles furent remplacées par d'épaisses clòtures de pierre ou de bois. Ce fut principalement dans le Nord que cette partie de l'édifice sacré fut ceinte de ces massives constructions. La raison en est manifeste. Cela explique pourquoi, en Espagne, en Italie, les chœurs des églises n'ont jamais été ainsi cloturés et pourquoi les jubés y sont inconnus. Telle est l'origine incontestable des jubés. Cette tribune continue n'a d'ailleurs jamais cessé de porter en latin le nom d'ambon, puisqu'elle tient la place de ceJui-ci.

Quand, surtout au dix-huitième siècle, il se fit dans les idées une révolution qui, il faut bien le dirè, fit rétrograder l'art au lieu de lui imprimer un progrès, la discipline liturgique fut, à son tour, entraînée par ce mouvement des esprits. Le goût païen s'installa mieux que jamais dans l'esthétique religieuse. Les hymnes sacrées avaient déjà imité, dans le siècle précédent, le style et le rythme du siècle d'Auguste. L'engouement se propagea. Le Bréviaire de l'Eglise-mère fut jugé trop arriéré. On en composa plusieurs autres élaborés dans un goût qu'on estimait très-supérieur. Comment le temple matériel aurait-il pu se préserver de cet entraînement universel? Alors disparurent, en grande partie, ces belles verrières que nous avait léguées le moyen-âge. On se croyait arrivé au siècle des lumières, et la sombre et pieuse horreur du sanctuaire ne pouvait trouver gràco devant ces néo-romains ou grecs. Le

jubé ne devait pas être plus heureux dans ce revirement général. Il fut sacrifié. Le chœur, le sanctuaire furent exposés au grand jour. La mystique chrétienne avait fait son temps, disait-on, et l'évangile, au lieu d'être désormais chanté sur le lieu élevé dont parle le prophète, fut ramené au niveau des marches inférieures de l'abside. Cependant, en quelques églises on réserva, de chaque côté du cancel remis en honneur, une espèce d'ambon élevé sur un ou deux degrés, pâle souvenir de l'ambon antique. Or, la tradition de cet ambon des premiers siècles s'est-elle reproduite dans les nouveaux ? Nous avons à prouver que cela n'est pas. Selon les prescriptions liturgiques, le diacre, chantant l'évangile, doit avoir la figure tournée vers le nord, quelle que soit l'orientation de l'église. Prenons pour exemple celle de Saint-Sulpice à Paris. Il y existe, en effet, deux ambons pour l'épître et l'évangile, si l'on peut donner ce nom à deux petites estrades. Le diacre, monté à son ambon évangélique chante le texte sacré ayant, il est vrai, la figure tournée vers le nord, mais en même temps appliquée au pilastre auquel est fixé le pupitre qui soutient le livre. Est-ce là un retour à ce qui se pratiquait sur les ambons anciens? Non, et c'est absolument tout le contraire. Veut-on un exemple normal? Nous sommes heureux de T'emprunter à l'église métropolitaine de Paris. Là, le diacre monte à l'ambon, qui est placé du côté de l'épitre, et chante l'évangile, ayant simultanément le visage tourné vers le nord et vers le peuple. Notre intention est donc ici. de censurer les pupitres fixés aux pilastres ou colonnes du chœur, destinés à supporter le livre des évangiles, quand le diacre remplit son ministère. Ces pupitres, de bronze doré ou d'autre matière plus ou moins riche, sont des anomalies. Toute estrade élevée, pour le chant de l'épitre ou de l'évangile, doit être munie d'un pupitre disposé de telle sorte que le ministre ait, surtout pour l'évangile, la figure tournée complétement vers le peuple qui l'écoute. Dans une église orientée, contrairement à Notre-Dame et à SaintSulpice de Paris, comme Saint-Jacques-du-Haut-Pas, Sainte-Elisabeth, le diacre peut monter sur l'ambon qui cor.

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