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Ce vase, tenant à juste titre le premier rang parmi les objets consacrés au culte, on ne serait pas excusable d'user pour lui d'une parcimonie qui ne serait pas digne d'indulgence, si on déployait pour tout le reste un luxe dont le calice mérite assurément la préférence. Sans doute le calice peut être fait de cuivre ou d'étain, moins la coupe qui doit être d'argent doré, mais cela ne saurait être permis qu'à des églises très-pauvres et qui sont dans l'impossibilité de se procurer ce vase entièrement en argent.

Nous n'avons point à parler ici des calices que l'on suspendait anciennement entre les colonnes de l'autel. C'est ainsi que le pape S. Pascal Ier fit présent à l'église de Saint-Jean-de-Latran de quarante-deux calices d'argent qui pesaient, en tout, deux-cent-quatre-vingt-une livres. Depuis longtemps, ce genre de décoration emblématique a disparu, mais nous le préférerions, du moins comme peinture, à tant d'insignifiants ornements en guirlandes, en arabesques, etc., dont on a quelquefois la prétention de décorer une abside.

La patène est l'accessoire obligé du calice. Pendant plusieurs siècles ce vase fut d'une dimension beaucoup plus grande que dans les derniers siècles et au temps présent. C'est qu'il contenait les espèces sacramentelles dont les fidèles étaient communiés. Dans les grandes églises, on usait aussi de patènes secondaires ou ministérielles pour administrer la sainte Eucharistie. Elles étaient munies d'anses par lesquelles les ministres de l'autel les portaient. Quelques-unes de ces dernières pesaient jusqu'à trente livres. La patène sert aujourd'hui rarement pour donner la communion. Son ampleur peut donc être proportionnée à la grandeur du calice. Le Rituel de Toulon exige que les patènes aient un diamètre de six à huit pouces. Au lieu d'être plate, comme l'indique son nom, elle doit être un peu concave. Souvent, depuis quelques siècles, au centre de la patène est pratiqué un bassin rond, à peu près de la grandeur de l'hostie, tandis que la concavité de l'ancienne patène en occupe toute la surface. L'Eglise n'a établi aucune règle fixe, à cet égard. De même que le calice, la

patène, si elle est d'argent, doit être au moins dorée dans son intérieur. Aucune ciselure ne peut être exécutée sur cette superficie concave, afin que les particules de l'hostie consacrée ne puissent y être retenues et qu'on puisse facilement la purifier. La partie extérieure, surtout au centre, peut recevoir des ciselures ou un médaillon.

En plusieurs lieux on use, pour le moment de la communion, d'une espèce de patène, connue dans le moyenâge, sous le nom de scutella ou écuelle, parce qu'elle est beaucoup plus profonde que la patène ordinaire. Elle est garnie d'une petite anse, en forme d'anneau, dans laquelle le prêtre met le doigt medium de la main gauche dont il tient le ciboire et il met cette scutella sous la bouche du communiant pour prévenir les accidents. On comprend que si la sainte hostic s'échappait de ses mains ou de la bouche du fidèle, la scutella la recevrait. Ce vase est en argent doré, mais on ne le connait point, ou très peu à Paris. On peut y voir un vestige de l'ancienne patène ministérielle. Ce vase est seulement bénit, tandis que le calice et la patène doivent être consacrées par l'évêque. Ce n'est point ici le cas de décrire ce cérémonial.

CHAPITRE XV.

Le Ciboire; l'Ostensoir; les Vases des saintes huiles.

Le ciboire est une espèce de calice couronné d'un couvercle que surmonte une croix. Ce vase, qui porte le même nom que l'ancien baldaquin dont l'autel était couvert, a une certaine analogie de forme avec le ciborium des premiers siècles. C'est bien, sans nul doute, ce qui lui a valu l'appellation sous lequel il est connu. Il est certain que dans les treize ou quatorze premiers siècles il n'existait rien de ce genre. Guillaume Durand qui, au XIIIe siècle, a décrit de la manière la plus minutieuse les meubles sacrés n'en dit pas un seul mot. Il ne faut pas confondre ce vase avec la colombe d'or ou d'argent dans laquelle étaient réservées, pour les infirmes, les hosties consacrées et que l'on suspendait, comme nous l'avons dit plus haut. En quelques endroits, la colombe était remplacée par un vase en forme de tour, turris eucharistica. Mais on n'usait, pour l'administration de l'Eucharistie, d'aucun de ces vases. La patène seule servait à cet usage. On ne saurait déterminer l'époque à laquelle le ciboire, tel que nous l'avons aujourd'hui, a été introduit. Bocquillot, auteur liturgiste du XVIIe siècle, dit que le ciboire était inconnu aux ancêtres de ses contemporains, ce qui en placerait l'origine au XVe siècle. Moins donc encore que pour le calice, l'orfèvre ne saurait interroger l'antiquité. La forme du ciboire est donc assez facultative, pourvu qu'elle s'accommode à la destination du vase. La coupe doit être au moins d'argent doré dans l'intérieur. Le couvercle, la tige et le pied peuvent donc être de toute sorte de métaux. Une croix surmonte le couvercle. Outre sa destination principale qui est de contenir les hosties pour les distribuer aux communiants, le ciboire sert encore à donner les bénédictions moins solennelles du Très-Saint-Sacrement. Dans cette intention, on donne à

ce vase une forme et une grandeur imposées par cet acte liturgique.

L'Eglise emploie pour porter la sainte Eucharistie aux malades un autre ciboire nommé custode. Il ne diffère du premier que par ses proportions beaucoup plus exiguës. La custode est à peu près ce que les anciens nommaient pixis sacra ou capsa ou bien encore conditorium. On pourrait dire que notre ciboire actuel n'est que le développement de ce vase antique qui, au lieu d'être exclusivement employé pour la communion des malades, a fini par remplacer la patène pour la communion des fidèles. Le ciboire et la custode sont simplement bénits et ne reçoivent aucune consécration épiscopale.

L'Ostensoir est encore une sorte d'extension de l'ancienne pixis, ou turris. Le nom dérivé du latin qui est donné à се vase en fait connaître l'usage. C'est pour montrer, ostendere la sainte hostie et l'exposer à l'adoration des fidèles. C'est pour celà qu'on le nomme aussi monstrantia, montre ou monstrance. L'ostensoir remonte à ce siècle trop fameux où l'hérésie contraire à la présence réelle fit de si grands ravages. Les expositions du Saint-Sacrement devinrent alors assez fréquentes, pour protester contre les blasphèmes de Luther et de Calvin. Le Concile de Cologne, en 1452, avait ordonné que la sainte hostie ne serait exposée qu'en la Fête-Dieu et son Octave, dans des monstrances, in quibusque monstrantiis. Ces premières monstrances furent uniquement, dans le principe, la boîte ronde dont il a été parlé que l'on munit d'une fermeture en cristal et qui fut placée dans un cercle entouré de rayons et porté sur un pied ovale. Cette couronne rayonnante posée verticalement sur ce pied en prit fort naturellement le nom de soleil. Ces premiers ostensoirs eurent d'abord huit ou neuf pouces de hauteur. Cette appellation de soleil qui est encore souvent appliquée à l'ostensoir a fourni des rapprochements parfaitement absurdes à quelques impies de nos temps modernes. Ils ont trouvé dans ce soleil une preuve que le Christianisme n'est qu'une copie de l'ancienne mythologie qui divinisait l'astre du jour. Or, on vient de le

voir, l'ostensoir-soleil ne remonte pas plus haut que le XVe siècle. Cette réminiscence ou imitation idolâtrique aurait donc mis quinze-cents ans à s'installer!... Aucun anteur ancien, pas même Guillaume Durand n'en fait mention. Avis, en passant, à plusieurs néo-sophistes qui parlent si haut et avec tant d'assurance de ce qu'ils ignorent complétement.

L'ostensoir n'est donc que le support ou, si l'on veut, le trône d'exposition de la sainte hostie qui y est placée dans une boîte ou quelquefois fixée dans la rainure d'un croissant. Le premier mode est préférable. Considéré sous ce véritable point de vue l'ostensoir qui n'a point d'antécédent dans la liturgie antique, ne saurait être sujet à une forme déterminée. L'Eglise n'a rien réglé sur ce point. Elle a voulu pourtant que la boîte ou le croissant fussent en argent doré. En quelques diocèses, on exige que l'ostensoir en entier soit au moins en argent. Les plus petits ostensoirs doivent avoir au moins neuf pouces de hauteur et le sommet doit être orné d'une croix. Celle-ci est de rigucur, quoiqu'on ait prétendu le contraire.

Dans les premières années du XVIIIe siècle l'ostensoir était arrivé à des proportions considérables. En 1708 un orfèvre fit pour la cathédrale de Paris un ostensoir qui avait cinq pieds de hauteur. Quatre vieillards adorateurs en ornaient le pied. Il nous semble qu'ici, pas plus qu'ailleurs, l'exagération n'est pas le vrai goût. Un ostensoir de trois pieds offre, ce nous semble, un aspect suffisamment riche et imposant. Depuis quelque temps il s'est fabriqué des ostensoirs qui revêtent des formes gothiques et paraissent vouloir reproduire avec un plus grand éclat les anciennes tours eucharistiques. Certes, l'Eglise a bien le droit d'accorder à cette forme nouvelle son approbation, mais nous croyons qu'il n'entre pas beaucoup dans son esprit que la configuration de ses vases s'assujétisse aisément à ce besoin. de nouveautés qui est le caractère de notre nation et qui croyons-nous, est, par dessus tout, une spéculation commerciale. Il ne saurait en ressortir un progrès de respect pour le dogme religieux.

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