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dont on se sert pour prendre l'encens. Le nom seul de Navette interdit, ce nous semble, tout autre forme capricieuse. Elle est connue, dans les anciens auteurs, sous le nom de acerra. Ce terme est quelquefois pris aussi dans le sens de cassolette fumante, mais dans le deuxième Ordre romain l'encensoir est nommé thuribulum. L'acerra des païens était un coffret carré en bronze supporté par quatre pieds à griffes.

CHAPITRE XVII.

Croix processionnelle; Lampes; Lustres.

Outre les croix d'autel soutenues par un pied, et dont l'ornementation artistique peut varier à l'infini, il y a encore des croix montées sur des hampes et qui sont portées en tête des marches religieuses. L'usage de porter des croix de ce genre remonte pour le moins au quatrième siècle. Cette croix processionnelle est une imitation de ces bannières militaires sur lesquelles le grand Constantin fit peindre l'image de cet instrument de salut. La croix ainsi portée est donc l'étendard sacré sous lequel marche une sainte miice. Pour que cette image de Jésus crucifié soit vue de tout le monde, elle est placée sur une longue hampe, ce qui lui est commun avec les bannières et drapeaux et fait ressortir le but que l'Eglise se propose. La croix doit donc être d'une assez grande dimension. Elle est ordinairement en cuivre argenté ou doré. Le moyen-âge se complaisait à orner ces croix processionnelles d'émaux et de pierres précieuses. C'est ici, en effet, la croix glorifiée par le rédempteur ressuscité, et cela est d'autant plus vrai que les processions ont pour but principal d'honorer la marche des disciples et des saintes femmes vers le tombeau, ou bien encore celle des apôtres accompagnant le Sauveur sur la montagne d'où il s'éleva triomphant dans les cieux. Jusqu'à ce moment les croix de procession, malgré le retour aux goûts du moyenâge, sont restées stationnaires dans les formes sévères et lourdement classiques des dix-septième et dix-huitième siècles. Les hampes, sur lesquelles ces croix sont entées, n'ont retenu de leurs devancières que les nœuds ou anneaux distribués également dans leur longueur. Ces nœuds ne sont donc, quoiqu'on semble ne pas s'en douter, qu'un vestige de l'ancienne hampe qui était faite de bois de sureau. C'est de là que dérive le nom de sambuca, sambuc,

vieux terme par lequel on désignait ce bois noueux et léger. Quelquefois c'est cambuta, altération du même terme. Ces croix durent être aussi légères que l'exigeaient les lointaines processions de ces siècles de foi. La hampe ne pouvait donc être ce long et fort tube de cuivre ou de bronze qui peut fort bien convenir aux paroisses de grande ville et surtout de Paris, mais dont les campagnes ne sauraient s'accommoder pour leurs processions des Rogations ou pour la levée des corps dans des villages ou hameaux éloignés de l'église.

En plusieurs provinces, et jamais du moins jusqu'à ce moment à Paris, le côté de la croix opposé au Christ est orné d'une statuette de la sainte Vierge fixée au bas de la tige au-dessus de la pomme. C'est un vestige des anciennes croix processionnelles et d'autel qui portaient à leur base les figures de Marie et de S. Jean, l'évangéliste, disposées horizontalement à droite et à gauche. Il convient que la croix processionnelle soit ornée de rayons, car c'est la croix de triomphe. Par la raison contraire, il semblerait que la croix d'autel devrait en être dénuée.

La pomme de la hampe, qui est le pied du crucifix, était autrefois garnie d'une robe de soie à franges, vestige trèsévident de la ressemblance de cette croix avec l'antique bannière ou labarum de Constantin. Cet usage s'est maintenu en plusieurs lieux. Ne serait-il pas à souhaiter qu'on le fit revivre ?

Selon les prescriptions liturgiques, une lampe doit être suspendue devant l'autel où l'on conserve la sainte eucharistie. Elle doit être constamment allumée comme un symbole du flambeau qui ne s'éteint jamais, lumen indeficiens. Cette règle remonte aux temps apostoliques. On lit dans les vies de plusieurs papes et de princes séculiers qu'ils ont gratifié les églises de lampes ou phares d'or et d'argent. Il est vrai que le nom de lampas est d'une assez grande élasticité, car tout ustensile destiné à soutenir un flambeau allumé est bien réellement un phare, une lampe. Néanmoins, la signification intrinsèque du mot distingue la lampe du candelabrum. Dans le sens présent, la lampe est ce vase

multiforme suspendu par des chaînes devant l'autel et portant une fiole de verre garnie d'huile qui brûle sans interruption. Toutefois, si la forme qu'on peut donner à la lampe n'est fixée par aucune règle, il ne nous parait pas convenable de prendre pour modèles les lampes usitées dans les temples païens, sous prétexte du bon goût classique. L'époque, si excellemment chrétienne du moyen-âge, nous présente de très-bons modèles. Si l'on veut remonter à des temps plus anciens, nous pouvons proposer une lampe conservée à Rome et qui a été extraite des catacombes. Eile a la figure d'une barque, symbole cher aux chrétiens primitifs. Elle est en bronze. S. Pierre est assis au timon, S. Paul à la proue, dans l'attitude d'un prédicateur. Sur d'autres lampes ou phares de la même époque, on voit des figures d'animaux de toute espèce et plus fréquemment des colombes, des agneaux, des poissons, quelquefois des palmes, des couronnes, des monogrammes du Christ.

Au moyen-âge, la lampe est toujours ronde, mais beaucoup moins allongée que nos lampes des deux derniers siècles. Tous les métaux peuvent être employés à la confection de la lampe. On voit peu de lampes en argent et cependant quoique ce ne soit point un vase du premier ordre i occupe devant l'autel une place qui le rend digne d'entrer dans la catégorie des principaux ustensiles du temple chrétien. Les siècles de foi ont vu de très-riches lampes suspendues devant le Saint des Saints. En plusieurs églises subsiste encore la coutume de faire brûler trois lampes rangées sur une même ligne, comme emblème de la très-sainte Trinité. Les Grecs en placent treize devant leur Iconostase ou autel. C'est ici Jésus-Christ au milieu des ses apôtres, et pour mieux faire comprendre le symbolisme de ce nombre, celle du milieu est toujours plus grande.

Aux lampes qui sont exigées par la discipline de l'Eglise on a joint très-anciennement des phares secondaires auxquels nous donnons maintenant le nom de lustres. Ce dernier terme, dans son étymologie latine, a la même signification que celui de phare en grec. L'un et l'autre impliquent l'idée de fanal. Le phare ne fut pas, à beaucoup près,

toujours suspendu. Il était bien plutôt ce que nous nommons aujourd'hui candelabre. C'est un phare de ce genre que le pape Adrien fit placer, en 772, dans la basilique du Vatican. Il était d'argent et fait en forme de croix. On pouvait y fixer sans confusion treize-cent-soixante-et-dix cierges. Ce polycandelum était allumé, dans les grandes solennités de Noël, de Pâques et de S. Pierre, quand le pape officiait. Un large pied le soutenait et il ne faut pas le confondre avec la croix lumineuse suspendue au-dessous. du dôme de la basilique de Saint-Pierre-du-Vatican, le Vendredi-Saint. Les phares ou lustres qui pendaient des voûtes portaient le nom de couronnes. C'étaient, en effet, des cercles garnis de pointes destinécs à recevoir les bougies et qui plus tard sont devenus nos lustres actuels de bronze ou de cuivre, surchargés d'une multitude de cristaux à facettes. Ces derniers lustres sont une imitation perfectionnée de certains phares qui ressemblaient à des arbres chargés de feuilles et de fruits, garnis de plusieurs gondoles ou soucoupes, propres à soutenir des cierges ou des vases d'huile. On reproche, de nos jours, aux églises d'admettre des lustres qui ne diffèrent en rien de ceux des théâtres, des cafés, des salons. Le fait est réel. Mais il n'en est pas moins vrai que les lustres anciens que l'on voit encore en bon nombre de nos églises de Paris et ailleurs étaient, dans les deux derniers siècles, des lustres aussi profanes que ceux qui sont l'objet de ce blâme. Pour revenir à la véritable antiquité, il faudrait donc réinstaller dans nos églises les couronnes flamboyantes du treizième et quatorzième siè cle. Or est-il bien certain que les lieux profanes de cette époque n'étaient pas décorés de pareils lustres? Il faut bien convenir qu'il en est de ceci comme du style ogival auquel on donne exclusivement la palme de l'art chrétien. Les palais, les hôtels, les maisons particulières furent de ce style, aussi bien que les églises.

Nous admettons toutefois que la décoration d'un temple chrétien doit, autant qu'il est possible, offrir un caractère qui la distingue de l'art mondain et nous sommes porté à croire que dans ces temps d'ardente foi l'art civil avait son

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