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CHAPITRE VII.

Continuation et fin du mois de Mars.

Sainte Gertrude, abbesse; Saint-Joseph; Saint Benoit, patriarche des moines d'Occident.

Nous passons d'Angleterre en Belgique où nous trouvons une très-célèbre abbaye, fondée à Nivelle par sainte Gertrude, morte en 652, et que l'Eglise honore le 17 mars, le même jour que S. Patrice. Gertrude était fille du bienbeureux Pépin de Landen, maire du palais des rois d'Austrasie. On peint cette sainte avec des souris. Quelle peut être l'origine d'un attribut aussi singulier? Les opinions varient sur ce point. Selon une légende, on placerait autour d'elle des loirs, des belettes, des souris pour indiquer que par son exemple, en embrassant la pauvreté monastique, elle a retiré beaucoup de personnes du sein des ténèbres dont ces petits animaux qui ont soin de se tapir dans des lieux obscurs sont l'emblême. Cela ne nous semblerait pas une invention très-ingénieuse, il faut l'avouer. Molanus nous apprend qu'il demanda aux Chanoinesses de Nivelle l'explication de ce symbolisme et qu'on lui répondit qu'il y avait jadis dans cette maison un puits, aujourd'hui situé dans la crypte de l'église, dont les eaux possédaient la vertu particulière de chasser des maisons et des champs les souris. On ajouta que la foi étant aujourd'hui refroidie, on ne voyait plus s'opérer des miracles de cette nature. Cette raison toute littérale est mieux fondée que l'allégorie des ténèbres. Cette dernière pourrait convenir à tous les prédicateurs de la morale évangélique, sans qu'il fut possible d'en absoudre la trivialité.

Langlois, dans son excellent Essai de la peinture sur verre, rapporte que dans un vitrail de la cathédrale de Strasbourg, on voyait Widelrode, évêque de cette ville, environné de rats et de souris. Ce prélat mourut en 999. La

légende fabuleuse de S. Attale rapporte que cet évêque fut dévoré par des rats, pour avoir voulu faire enlever de l'église de Saint-Etienne les reliques de sainte Gertrude. Les vieux chroniqueurs allemands ont fait, plus d'une fois, les souris et les rats agents de la vindicte céleste, par exemple, contre Popial, duc de Pologne, Hatton, archevêque de Mayence, etc.

Il est à présumer que par l'intercession de sainte Gertrude le pays ayant été délivré du fléau des souris et autres. animaux nuisibles, comme l'histoire le raconte de quelques autres contrées, les peintres ont voulu, par un attribut de ce genre, signaler le bienfait obtenu par la puissante médiation de cette sainte abbesse. L'abbé de Rycquel explique, en ce sens, les loirs qui courent autour de sainte Gertrude ou qui grimpent le long de sa crosse abbatiale. Selon ce dernier auteur, on voyait aussi auprès de la sainte un démon, et puis encore une fontaine dont les eaux étaient salutaires.

Ajoutons qu'on a aussi attribué à S. Udalric, religieux de Cluny, mort en 1093, une vertu pareille à celle de sainte Gertrude. On prétendait que ses reliques mettaient en fuite des légions de souris et même que ces animaux, portés dans le voisinage de son tombeau, y trouvaient une mort prompte.

Au 19 de mars est fixée la fête de S. Joseph époux de la sainte Vierge. Nous avons déjà parlé plusieurs fois de ce saint patriarche dans les deux parties qui précèdent celleci. Maintenant nous ne voulons parler que des peintures ou S. Joseph est représenté isolément. Molanus improuve les artistes qui figurent ce saint comme un petit homme fort simple et à peine capable de compter jusqu'à cinq.... Ce sont les expressions de notre auteur: Qui vix quinque numerare possit. Paquot nous apprend qu'il a vu un S. Joseph ainsi peint dans la maison d'un médecin de Bruxelles, nommé Fonson. Richard Simon a semblé vouloir autoriser cette malicieuse intention des peintres en interprétant par la signification de simple ces paroles de S. Matthieu : Joseph autem vir ejus cum esset justus. (Mais comme Joseph son

époux était un homme juste). L'interprête nous dit que l'évangéliste a voulu marquer par cette épithète que Joseph était un mari bon et accommodant. Il faut être travaillé d'une grande envie d'ajuster un texte sacré à sa manière de voir pour traduire ainsi l'épithète de justus. Il est bien certain que jamais juste n'a été synonyme de niais.

Quelques graves auteurs font de S. Joseph un homme vénérable par son âge. Plusieurs le représentent comme un homme décrépit. Mais quel service la sainte Vierge cut-elle pu tirer d'un vieillard faible et infirme, dans son voyage à Bethleem, dans sa fuite en Egypte? Quelle sorte de tutelle pouvait en attendre Jésus enfant ? D'ailleurs l'Evangile peut résoudre péremptoirement la question si elle était indécise. N'est-il pas vrai que les Juifs considéraient Jésus comme le fils de Joseph et de Marie? Nonnè hic est filius Joseph cujus nos novimus patrem et matrem ? S. Joseph ne pourrait donc raisonnablement être peint en vieillard décrépit, quoiqu'en disent certains livres apocryphes qui lui donnent quatre-vingts ans, quand il épousa Marie. Ce n'est point dans ces fallacieuses traditions qu'un artiste consciencieux va puiser des renseignements.

Plusieurs écrivains ont sévèrement blâmé les peintres qui figurent S. Joseph en vieillard. Mais il ne faudrait pas se fier à d'autres écrivains tels que Gerson, (pour ne citer que celui-là), qui, pour prouver que S. Joseph était un jeune homme vient nous citer le texte d'Isaïe, chapitre 42: Habitabit juvenis cum Virgine et gaudebit sponsus super sponsam. « Le jeune homme habitera avec la Vierge et l'époux se livrera à l'allégresse avec son épouse. » Ces paroles ne peuvent s'entendre de Joseph et de Marie que par une allusion facultative et arbitraire. Il s'agit réellement en cet endroit du bonheur des Juifs, quand ils seront revenus du douloureux exil de Babylone. L'âge mur est le plus convenable pour figurer S. Joseph et c'est la règle que s'imposent les peintres instruits, soucieux de leur gloire et fidèles aux inspirations de la vérité.

On figure qelquefois S. Joseph conduisant par la main son divin nourrisson. C'est admirablement retracer la tutelle

de ce père putatif et l'obéissance de Jésus enfant. Si le saint patriarche est représenté seul on lui met à la main une baguette fleurie. On a déjà vu dans la troisième partie, au mariage de la Vierge, ce que raconte l'Evangile apocryphe sur le bâton fleuri de Joseph. La fleur que l'on met à la main de ce saint est ordinairement un lis, emblème de sa parfaite pureté. On a parlé encore ailleurs de la profession de S. Joseph. Plusieurs Pères se sont livrés à de subtiles comparaisons sur le métier de ce saint patriarche. Paquot se complait à en rappeler quelques-unes qui ne peuvent fournir aux artistes de nouvelles lumières sur ce point. Nous ajouterons seulement que dans le moyen-âge on figurait assez souvent S. Joseph armé d'une hache, pour symboliser sa profession de charpentier. Aujourd'hui, très-ordinairement on lui met en main la tige de lis dont il a été parlé. Nous croyons que c'est, pour S. Joseph, celui des emblêmes qui lui convient le mieux et qu'il est préférable au fabuleux bâton fleuri.

S. Benoît patriarche des moines de l'Eglise Occidentale est solennisé le 21 mars. Personne n'ignore que c'est un des plus illustres saints du catholicisme et qu'il est le fondateur d'un Ordre célèbre dont les ramifications sont trèsnombreuses. Sa vie a fourni à l'art chrétien une immense quantité d'œuvres dans tous les genres. Le Missel des Bénédictins que nous avons sous les yeux représente ce saint patron revêtu de la longue et large coûle de son Ordre, debout et en extase devant un globe lumineux environné d'anges. Devant lui est une petite table sur laquelle sont une croix, une tête de mort et une clepsydre. A cette table est appuyée sa crosse abbatiale. S. Benoît mourut en 543, et quelques-unes de ses reliques furent portées du Mont-Cassin, situé dans le reyaume de Naples, à l'abbaye de Fleury-sur-Loire, qui en a pris le nom de Saint-Benoît, dans le diocèse d'Orléans.

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CHAPITRE VIII.

Mois d'Avril.

Sainte Marie, Egyptienne; Saint Georges, martyr; Saint Marc, évangéliste.

Le 9 avril, l'Eglise honore la mémoire de l'illustre pénitente d'Egypte, sainte Marie. Elle est célèbre dans les deux églises d'Orient et d'Occcident. C'est la Madelaine du Ve siècle. D'abord grande pécheresse d'Alexandrie, touchée enfin par la grâce elle se retira dans le fond d'un désert pour s'y li vrer à une longue et rude macération. Le saint abbé Zozime l'y découvrit, et c'est lui qui lui administra la sainte Eucharistie, le jeudi-saint, sur le bord du Jourdain que cette pénitente traversa miraculeusement à pied sec. L'année d'après, Zozime étant revenu la trouva morte et lui rendit les honneurs de la sépulture. Il la plaça dans une fosse creusée providentiellement par un lion. La vie de sainte Marie n'est connue que par le récit de S. Zozime. L'art chrétien peut traiter les deux sujets de la communion et des funérailles de notre sainte solitaire. Une église s'élevait autrefois, en son honneur, dans la ville de Paris. Elle existait dans la rue de la Jussienne qui en a pris le nom, par une de ces corruptions si fréquentes du langage en changeant Egyptienne en Jussienne. L'Espagnolet a représenté admirablement cette sainte priant dans sa cellule. Il est utile pour l'art qui voudrait reproduire les deux scènes de la communion et des funérailles, de faire observer que, dans ces deux circonstances, le saint abbé Zozime était accompagné de quelques-uns de ses frères anachorètes.

Au 23 avril, dans l'Eglise universelle est célébrée la fête de S. Georges martyr. Comme ce généreux confesseur de la foi subit la mort vers l'an 305, il existe de très-anciennes images qui le représentent. Son culte, dès cette époque, était fort répandu dans tout l'Orient. Au VIe siècle, selon le témoignage de S. Grégoire de Tours, la mé

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