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CHAPITRE XX.

La Chasuble; l'Etole; le Manipule.

Jusqu'à ce moment nous avons traité de ce qui appartient à l'édifice religieux et à son mobilier. Il est temps d'arriver aux habits des ministres qui y remplissent les saintes fonctions du culte. Nous n'avons point, comme on le pense bien, à nous occuper des vêtements usuels des membres du clergé, hors de ces fonctions. Nous devons nous borner aux habits sacrés ou ornements dont ils sont revêtus dans l'exercice de leur ministère.

Les habits liturgiques qui tiennent le premier rang sont ceux dont le célébrant doit être revêtu à l'autel, quelle que soit la position hiérarchique du prêtre, qu'il soit pape, cardinal, archevêque, évêque ou simplement revêtu de la prétrise. Ces habits qu'on nomme aussi ornements se réduisent à la Chasuble, à l'Etole et au Manipule. Nous n'avons point à parler, pour le moment, de ce qui appartient à la catégorie du linge, tel que l'amict et l'aube. Cela viendra en son lieu.

La Chasuble a une étymologie qui en indique assez bien la coupe. Ce terme dérive manifestement du latin Casula qui, littéralement, signifie une petite case ou demeure, parce que, dans le principe, cet habit sacré couvrait totalement le ministre qui en était revêtu. C'était donc une longue robe sans manches et sans autre ouverture que celle par où le prêtre avait la tête seule dégagée. Lorsqu'il devait faire usage des mains, dans la célébration du saint sacrifice, il en repliait la partie antérieure jusqu'à la jointure des bras. Vers le XIle ou XIIIe siècle, la chasuble méritait encore son nom. Insensiblement elle fut échancrée par les côtés, raccourcie sur le devant et sur le derrière et arriva jusqu'à ne plus consister qu'en deux plaques raidies par une doublure empesée, telle qu'on la voit aujourd'hui et depuis quelques siècles. En un sens, la chasuble est devenue ainsi plus commode. Mais, s'il est permis de regret

ter son ancienne forme majestueuse, il ne pourrait l'être de la comparer à l'étui d'un violoncelle, comme on l'a imprimé, un peu légèrement. On conviendra forcément que cette altération n'a pu s'exécuter sans le consentement tacite ou exprimé de l'Eglise. Ce n'est pas seulement en France par un triste effet de l'influence d'un mauvais goût, que cette modification ou altération s'est effectuée. La chasuble romaine, même celle du chef de l'Eglise, est aussi échancrée, réduite à des formes qu'on a dites étriquées que celle de Paris et de toute la France. Les archéologues nous disent qu'en Angleterre on vient de restituer à la chasuble sa noble ampleur primitive et qu'elle s'y drape avec un goût exquis sur les épaules du célébrant. Sous ce dernier rapport, nous conviendrons que la chasuble est trop souvent doublée d'un bougran raide qui la rend incommode et d'un aspect peu flatteur. Il serait possible de rémédier à cet inconvénient. Nous ne voudrions pas d'autre part que cet ornement sacré eût la moindre ressemblance avec un costume théatral et nous craignons fort que cette large et coquette draperie de la chasuble, telle qu'on l'a réhabilitée au-delà du détroit, ne ressemble un peu trop à ce que nous redoutons. Un peu plus d'ampleur et moins de raideur à cet ornement sacré, le tout dans de justes limites, moins d'aprêté dans la censure de la chasuble de notre siècle, un retour progressif à des formes plus graves, c'est là ce que nous souhaitons. Devrons-nous répéter que le pape, les cardinaux, les premiers pasteurs ont accepté la chasuble moderne et que nous ne pouvons lui infliger un blâme, sans accuser nos maîtres dans la foi? Nous ne voyons pas d'ailleurs que les yeux des fidèles soient grandement choqués et surtout dangereusement affectés de la forme actuelle de cet habit sacré. Nous maintenons toutefois les améliorations indiquées. Nous croyons aussi que le clergé ne doit pas accepter trop facilement les nouvelles coupes que les chasubliers laïques font subir à ce vêtement liturgique.

En France, la chasuble est ornée, dans sa partie postérieure, d'une grande croix dessinée par les galons. Elle est quelquefois formée par une étoffe plus riche que celle des

côtés. En Italie, cette croix est, au contraire, sur la partie antérieure de la chasuble. Sur ce point, la discipline n'est pas uniforme, mais ceci n'est que d'une importance

mineure.

Pendant longtemps, les chasubles à double face furent exclusivement réservées aux évêques, ainsi que celles brodées richement. Le prêtre pouvait seulement user de la chasuble simple ornée de galons. Quelques prêtres placés à la tête des paroisses considérables des grandes villes ont adopté la chasuble épiscopale, sans aucune réclamation de l'autorité diocésaine. Aujourd'hui, nulle différence semble n'exister, sous ce rapport, entre l'évêque et le simple prêtre.

La chasuble est ordinairement en soic. Sa couleur doit être conforme à l'office du jour, c'est-à-dire rouge, ou blanche, ou verte, ou violette ou noire. Le drap d'or remplace toutes ces couleurs. On juge de la couleur d'un ornement par celle du fond. La croix de la chasuble est exceptée de cette règle. Ainsi la chasuble noire peut recevoir une croix blanche.

On nous saura gré de citer enfin un trait relatif à la forme de cet habit sacré. Le cardinal Bona parle d'une mosaïque que l'on voyait autrefois dans la basilique de Saint-Jean-de-Latran. La gravure en existe encore, selon l'auteur, au musée Barberin. Le pape Jean XII y est revêtu par ses ministres d'une chasuble complètement ouverte par les côtés. Les deux parties du devant et du derrière se terminent en pointe. Cette mosaïque est de l'an 960. Il ne faut pourtant pas omettre que cette antique chasuble descend des épaules jusqu'au coude et qu'elle diffère en cela de nos chasubles modernes dont l'échancrure latérale ne dépasse pas les épaules. Ceci nous prouve que, du moins à Rome, dans le Xe siècle, la chasuble avait déjà perdu une bonne partie de sa forme primitiye.

L'étole, comme l'indique son nom en grec et en latin, fut une robe. Elle passa, dès les premiers siècles du christianisme, de l'usage profane à l'ordre religieux. Elle avait été réservée aux personnes distinguées de l'état séculier.

Mais, dans le concile de Laodicée, il fut réglé que les diacres, les prêtres et les évêques en seraient seuls revêtus. Cette robe était distinguée de la tunique et de tout autre habillement en ce qu'elle était ouverte sur le devant et que les deux bords antérieurs en étaient ornés d'une bordure plus ou moins riche. En certaines circonstances, on ne faisait point usage de la robe, mais seulement de la bordure qui en était détachée. La robe disparut insensiblement et le bord orarium resta seul. De là tire son origine cet ornement qu'on a continué de nommer étole et qui ne consiste plus qu'en deux bandes. A la messe, le diacre porte l'étole transversalement de l'épaule gauche sous le bras droit, le simple prêtre la croise sur la poitrine, l'évêque laisse tomber parallèlement les deux bandes. Hors de la messe, le prêtre la porte comme l'évêque. Ce qui concerne la question liturgique, sous le point de vue de l'origine et de l'usage de cet ornement, doit ici ce borner à ce peu de

mots.

Le fabricant qui confectionne l'étole doit suivre les règles qui lui sont tracées. Le milieu, c'est-à-dire la partie qui s'arrondit autour du cou doit être orné d'une croix brodée ou en galon. Les deux extrémités qui s'élargissent en une espèce de triangle doivent être pareillement ornés d'une croix. Les chasubliers altèrent trop souvent celle-ci par des dessins qui en éclipsent totalement la forme. Ceci arrive surtout dans la confection des étoles dites pastorales. Ces dernières sont formées trop fréquemment encore de bandes d'une largeur démesurée qui les font trop ressembler à des baudriers. La doublure de bougran ne contribue pas à leur donner un aspect gracieux. Mais on a censuré mal à propos les broderies dont ces étoles sont couvertes. Dans la haute antiquité, nous voyons des étoles chargées de riches dessins d'or et d'argent. Il paraît même, d'après ce qu'on lit dans Surius, auteur de la vie de S. Meinwerck, qu'il y avait, en ce temps-là, de très-riches étoles dont la partie inférieure portait des grelots d'or ou d'argent, en guise de franges. On y voit une imitation de la robe du Grand-prêtre de la loi judaïque dont les rebords inférieurs étaient

ainsi garnis. Ce n'est pas pourtant à ce genre d'étoles que nous conseillons de remonter, pour faire revivre les temps anciens. Moins encore à la robe dont l'étole actuelle reproduit la bordure.

Le manipule fut dans son origine un linge que le prêtre attachait au bras gauche, afin de s'en essuyer, dit Alcuin, les yeux et les oreilles. Plus tard ce linge qui, comme on voit, n'était qu'un mouchoir, fut orné de dentelles et tenu dans une propreté telle qu'il ne fut plus possible de s'en servir dans le but indiqué. Vers le Xe siècle, selon le sentiment du cardinal Bona, le manipule fut fait de la même étoffe que la chasuble. On l'orua de galons et de franges. C'étaient deux bandes étroites et peu longues dont les extrémités n'étaient pas plus larges que la partie la plus rapprochée du bras. On sait que depuis très-longtemps le manipule ne diffère de l'étole qu'en ce qu'il est beaucoup plus

court.

S'il fallait en croire le Manuel de M. Schmit le manipule ne serait qu'une création récente et de mauvais goût. L'auteur laïque de cet opuscule va même jusqu'à donner au manipule le nom de pendeloque et l'attribue au siècle de Louis XV.... Nous ne suspectons pas la bonne foi de l'auteur, mais nous disons encore ici que les laïques, même bien intentionnés, sont exposés à se fourvoyer, en voulant parler de ce qui sort de leur sphère.

Le manipule est l'insigne de l'ordre sacré du sous-diaconat. Tout clerc inférieur à cet ordre ne peut le porter. Il est donc réservé exclusivement au sous-diacre, au diacre, au prêtre, à l'évêque, au pape. C'est à dessein que nous y joignons le Souverain Pontife lui-même, car dans le Manuel précité nous lisons que le pape Pie VII, venu à Paris pour le sacre de Napoléon, fut obligé de se faire expliquer l'usage de ce qu'on a affublé du nom de pendeloque anormale, lui qui portait aussi au bras un manipule !!

Pour réformer le manipule et le ramener à sa forme antique, faudra-t-il en faire encore un simple linge destiné à l'usage qu'indique Alcuin? Nous ne le pensons pas. Il n'y a en cela aucune urgence et l'autorité ecclésiastique n'entrera pas dans cette voie.

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