Sayfadaki görseller
PDF
ePub

ceci comme de plusieurs autres usages qui ont été insensiblement négligés ou abandonnés par les prêtres. Au bout de quelques siècles, les évêques plus soigneux de conserver les anciennes coutumes que leurs inférieurs ont dû à leur louable persévérance ce privilége. Il est vrai que certains auteurs ont attribué l'usage de la croix pectorale pour les évêques à l'envie d'une croix d'or que le patriarche de Constantinople, en 811, aurait envoyée au pape Léon III. Cette croix était enrichie d'un morceau de bois sacré du Calvaire et le pontife par un sentiment de vénération voulut, dit-on, la porter habituellement sur sa poitrine. De là le nom grec d'Encolpion donné à cette croix, c'est-à-dire objet porté sur le sein. Mais comment cet usage se serait-il étendu du pape aux évêques? Le précieux envoi était fait uniquement au pape Léon III. Il est constant d'ailleurs qu'une croix brillait sur la poitrine des évêques et des prêtres longtemps avant ce pontificat. La croix que portent encore les femmes assez généralement n'est qu'un vestige de cet ancien empressement de tous les chrétiens à se décorer du signe du salut. Il nous semble évident que cette dernière origine est la plus naturelle.

La croix pectorale, (que certaines éditions des articles organiques de 1802 nomment très-mal à propos pastorale), est d'une dimension d'environ trois pouces. On la fait toujours en or, ou en argent doré. Quelquefois elle est creuse et dans sa cavité elle est enrichie de reliques. L'art y exécute des ciselures, y incruste des pierres précieuses et il ne peut guère s'égarer sur ce point. Sa forme est constamment celle de la croix latine. Le pape et les cardinaux ont toujours cette croix cachée sous leur cappa ou mozette. Les abbés conventuels, comme nous l'avons dit, portent aussi cette croix.

L'anneau, signe de l'union d'un évêque avec son Eglise est, sous cet aspect, d'une haute antiquité. On peut démontrer que dès le IVe siècle du christianisme il fut donné aux évêques, dans la cérémonie de leur sacre ou ordination. Ils le portèrent d'abord au doigt index de la main droite, puis au quatrième doigt de la même main. Le Pon

tifical veut que cet anneau soit d'or et orné d'une pierre précieuse unie et sans aucune gravure. L'abbé porte aussi l'anneau. Cet objet ne saurait exiger des notions ultérieures, en faveur de l'art chrétien que, dans tout ce qui a été dit, nous avons eu l'intention principale de renseigner utilement.

CHAPITRE XXV.

Mission comme sacerdotale de l'art chrétien.

Dans un ouvrage qui a pour but la construction, l'ornementation et l'ameublement du temple chrétien on ne saurait trouver déplacées les citations que nous allons transcrire. Elles sont empruntées au livre par excellence et la liturgie de Paris en a formé l'épître de la fête de S. Eloi. On sait que ce grand évêque de Noyon est aussi connu par son habileté dans l'orfèvrerie que par ses éminentes qualités épiscopales.

Ainsi donc nous voyons dans le chapitre XXXI du livre de l'Exode le Seigneur qui parle en ces termes à Moïse : « J'ai appelé par son nom Béséléel, fils d'Uri, fils de Hur, de la tribu de Juda.

[ocr errors]
[ocr errors]

» Et je l'ai rempli de l'esprit de Dieu, de sagesse, et d'intelligence, et de science, dans tout ouvrage,

>> Pour exercer son industrie sur tout ce qui peut se fabriquer en or, et en argent, et en airain,

» En marbre, et en pierres précieuses, et en toute sorte >> de bois,

» Et je lui ai donné pour associé Oliab, fils d'Achisamech, » de la tribu de Dan. Et j'ai placé dans le cœur de tout » artiste éclairé la sagesse, afin qu'ils exécutent tout ce » que je t'ai ordonné, savoir :

[ocr errors]

Le tabernacle de l'arche d'alliance, l'arche du témoi» gnage, et le propitiatoire qui est sur elle, et tous les >> vases du tabernacle,

[ocr errors]

» Et la table et ses vases, le chandelier d'or très-pur

avec ses vases et les autels des parfums,

» Et d'holocauste et tous leurs vases, le bassin avec sa

>> base.

Les saints vêtements pour le ministère d'Aaron, grand» prêtre et de ses fils, afin qu'ils remplissent leur office dans » les fonctions sacrées.

Ils (Béséléel et Oliab) feront (les vases) d'huile d'onc

» tion et les cassolettes de parfum dans le sanctuaire, tout » ce que le seigneur a ordonné. »

Ces paroles du Seigneur à Moïse prouvent combien pour l'ameublement d'un sanctuaire, qui encore même n'était que mobile et provisoire, le Dieu d'Israël attachait d'importance à sa confection. Béséléel, Oliab et leurs aides recevaient du Très-Haut l'inspiration qui devait les guider. Dicu ne voulait point laisser à leur intelligence naturelle le soin exclusif de cette fabrication. Il met dans leur génie sa propre intelligence, sa science, son esprit, sa sagesse. Ne voulait-il pas nous faire ainsi comprendre que surtout dans ce qui tient à son service, l'esprit de l'homme doit, pour ainsi dire, s'effacer pour n'interroger et ne suivre que des inspirations puisées à l'éternelle source de ce qui est véritablement beau?

On vit, aux siècles de foi, les artistes dans tous les gen. res, lorsqu'ils travaillaient à l'édification des temples chrétiens, à la confection de ce qui devait servir au culte sacré, consulter les saintes règles de la discipline, les étudier avec amour pour les traduire dans leurs œuvres et faire comme abnégation de leur génie individuel pour le soumettre à ces enseignements surhumains. Aussi cette condescendance reçoit en ce moment, sur la terre même, la glorification dont elle est si digne. Qui oserait assurer les mêmes honneurs aux artistes qui, pour orner le temple du vrai Dieu, ont emprunté au paganisme ses traditions esthétiques?

L'art véritablement chrétien est donc une sorte de sacerdoce. Or, de même que le prêtre, pour obtenir une riche moisson, ne sème point sa propre parole, mais bien celle qui procède de la bouche de Dieu, l'artiste qui travaille pour l'Eglise doit se tenir en garde contre ses conceptions dont l'amour-propre ne manquera pas de lui exagérer le mérite et ne pas oublier que son labeur est destiné à devenir aussi une prédication quoique muette. On a dit ceci des peintres, des sculpteurs et pourquoi ne l'appliquerait-on pas à ceux qui, pour le service de l'Eglise, mettent en œuvre l'or, l'argent, les autres métaux, la pierre, le bois, les étoffes ?

18

CHAPITRE XXVI.

Dernières observations sur l'art chrétien.

Si au lieu de nous borner aux renseignements utiles don! nous venons de parler, nous voulions continuer d'exposer tout ce qui se réfère à l'ornementation et à l'ameublement des églises, il nous resterait encore à faire d'autres excursions dans le champ de l'esthétique des deux Eglises d'occident et d'orient. Pour cela, il nous suffirait presque de traduire ce que dit l'illustre cardinal Bona, dans son traité De rebus liturgicis. Nous pourrions parler du chalumeau ou syphon d'or ou d'argent dont on usait anciennement et dont on se sert encore dans la messe papale; du colatorium ou passoir destiné à clarifier le vin du Saint-Sacrifice, etc. Sur ces divers ustensiles, surtout pour le dernier, tout ce qu'on en pourrait dire rentre dans le domaine de l'érudition. Nous en parlons dans nos Origines et Raison de la liturgie catholique.

Il est enfin temps, nous nous plaisons à le répéter, de revenir aux saines traditions de l'art chrétien. Il faut aussi se garder de donner le nom de progrès à ce qui n'est en réalité qu'une déplorable dégénération de l'art. Tout dans ce monde a une borne, l'infini seul appartient à Dieu. Lors donc qu'on dépasse cette limite, on ne peut que rétrograder vers les premiers rudiments. Ceci s'applique généralement à toutes choses et le progrès indéfini, que certains esprits malades préconisent, n'est qu'une déplorable aberration. Les bons esprits souscriront volontiers à ce qui vient d'être dit.

Il ne faudrait pas cependant conclure de ceci qu'on doit absolument renoncer à certaines modifications ou améliorations. Le moyen-âge n'avait pas à sa disposition plusieurs de nos applications modernes de la matière à l'esthétique de l'art. Ainsi, par exemple, la fonte de fer et le fer lui

« ÖncekiDevam »