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Le 3 mai est consacré à honorer la mémoire de l'Invention du bois sacré de la croix. Ce serait ici le lieu d'entrer dans d'importants développements sur la forme de la croix et sur tout ce qui s'y réfère; mais le chapitre XII de la deuxième partie offre tout ce que les artistes peuvent désirer sur cette question. L'instant où la vraie croix fut solennellement reconnue, est le fait que l'art chrétien peut reproduire et il faut, pour cela, que le peintre soit instruit des circonstances de cette découverte.

Sainte Hélène, la pieuse mère du grand Constantin, désirait depuis longtemps découvrir cette précieuse relique du salut du monde. Les Juifs étaient dans l'usage d'enfouir, après l'exécution, l'instrument du supplice, en sorte qu'il ne pût jamais servir à un second crucifiement. L'impératrice arriva à Jérusalem, en 326, et s'empressa de prendre des informations sur le lieu précis où Notre-Seigneur avait été crucifié. Les Romains idolâtres, après la prise de cette malheureuse ville, s'étaient appliqués à faire disparaître toutes les traces de la Passion du Sauveur et avaient érigé sur le sommet du Calvaire un temple à la déesse Vénus. L'impur édifice fut abattu par ordre de l'impératrice. L'idole fut détruite, le pavé enlevé. On creusa le sol profondément et on parvint à découvrir le saint tombeau. A une faible distance, on déterra trois croix de la même grandeur et d'une forme à peu près pareille. Quelle était la croix du Sauveur? On ne pouvait la distinguer des deux autres. La princesse réclama les avis de l'évêque S. Macaire. Ce pontife n'hésita point à demander au ciel un miracle. Une femme de qualité était affectée d'un mal incurable. On appliqua successivement sur elle deux de ces croix, pendant que tous les assistants étaient en prière. Aucun prodige ne se manifesta. A peine la troisième croix eut-elle été appliquée que la malade recouvra la santé. Il ne fut plus possible d'élever le moindre doute sur l'identité de celle qui avait été arrosée du sang du Sauveur. Hélène fit éclater une sainte joie. L'évêque de Jérusalem entonna un cantique d'action de grâces. Selon quelques auteurs chacune des croix fut appliquée sur un mort et celle qui opéra une merveil

leuse résurrection fut reconnue pour le bois sacré de la Rédemption. Théodoret et Sozomène racontent la guérison de la femme; S. Paulin, dans une lettre à Sévère, relate une résurrection. De l'un et l'autre récit un miracle ressort et cela nous suffit.

Tel est donc le sujet que l'art chrétien peut retracer, sous le titre d'Invention de la sainte Croix. Plusieurs peintres s'y sont exercés avec plus ou moins de succès. Le célèbre Bernardino dit Pinturicchio a représenté cette scène sur la voûte de l'abside de l'église de Sainte-Croix, à Rome. Paëlinck, peintre flamand, exécuta à Rome, en 1810, un tableau remarquable dont le Musée de Reveil a reproduit l'esquisse au trait. Cette toile orne l'église de Saint-Michel à Gand. Sainte Hélène, couronnée du diadème, fléchit le genou devant la croix. Son attitude est parfaitement sentie. A sa droite est S. Macaire coiffé de la mitre patriarcale d'Orient. Au pied du Et de la malade guérie est le mari et l'enfant. Tous les personnages secondaires sont groupés avec art et leurs sentiments de surprise mêlée de respect sont dignement exprimés.

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Guillaume Durand raconte, sur la foi d'autres écrivains, que celui qui, dans les fouilles ordonnées par l'impératrice Hélène, découvrit la croix, était un juif nommé Judas et que s'étant converti il devint par la suite évêque de Jérusalem, sous le nom de Quiriacus ou Cyriacus. Il dit que le diable fit sur ce Juif la prophétie suivante: « Judas livra le Christ à la mort, mais cet autre Judas a exalté » le Christ après sa mort et a découvert les artifices magi»ques. Cependant mon ami Julien sera bientôt roi et me » vengera.» En effet, Julien qui après avoir été lecteur dans l'Eglise devint empereur fit mettre à mort l'évêque de Jérusalem Quiriacus. On lit aussi, continue Durand, que ce fut un soldat nommé Quiriacus qui tua ce prince apostat. Mais ce récit légendaire ne saurait fournir à l'artiste de nouvelles lumières sur le fait principal.

CHAPITRE X.

Continuation du mois de Mai.

Saint Bernardin, prédicateur; Saint Urbain, pape.

A l'Invention de la sainte Croix, Molanus fait succéder S. Bernardin dont la fête est fixée au 20 mai. Il explique pourquoi les artistes le peignent tenant à la main une espèce de soleil au centre duquel est inscrit le nom de Jésus. Dans notre deuxième partie, au chapitre II, il a été question de S. Bernardin et du nom de Jésus qui fut imposé au Fils de Dieu fait homme, le jour de sa circoncision. Molanus insère une explication de ce genre de peinture, en citant les propres paroles de Surius sur S. Bernardin de Sienne. On ne sera peut-être pas fâché de trouver ici la traduction de ce passage:

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« Les sermons de Bernardin étaient de feu, et sa vie retraçait toutes les vertus. C'est pour y faire une juste al>> lusion qu'on le peint tenant un soleil à la main. Un jour qu'il prêchait dans une grande ville (Bologne) avec un grand zèle, on vit le peuple si pénétré de componction » qu'on apportait de toutes parts des tables de jeu et des » dés, pour les briser et les brûler en sa présence. Un ou» vrier qui fabriquait ces objets s'approcha du saint orateur » et lui fit observer que son zèle allait le réduire à la » mendicité. Bernardin lui demanda s'il ne pourrait pas >> embrasser un autre état. Celui-ci répondit négativement. » Alors Bernardin se met à tracer un cercle sur une plan» che, y peint un soleil et représente au milieu le saint » nom de Jésus, pour lequel il professait un culte spécial. » On affirme même que Bernardin, prêchant à Rome sur » ce sujet d'une manière très-sublime, fut suspecté d'hérésie >> par des auditeurs qui ne le comprenaient pas. Le lende» main, pendant qu'il prêchait, Dieu voulut confirmer >> l'orthodoxie du discours de la veille par un prodige. On

» vit le nom de Jésus apparaître sur la tête du saint, sous » la même forme qu'il en avait tracée. Bernardin enjoignit » à l'ouvrier de fabriquer dorénavant des images pareilles » à celles dont il lui avait formé le modèle. L'ouvrier suivit » ce conseil et s'enrichit. »

S. Bernardin a fait un sermon, qui est son quaranteneuvième sur les douze rayons du nom de Jésus. Nous n'avons point à rapporter ici ce que dit Paquot sur une erreur du moine Joachim, mort en 1212, dans les écrits duquel Bernardin avait puisé le principal sujet de ce sermon. Ce moine prétendait, en outre, que la loi de Moïse était celle du Père, la loi chrétienne celle du Fils à laquelle l'année 1260 devait mettre fin, et que la troisième loi serait celle du Saint-Esprit, laquelle durerait jusqu'à la fin du monde. Il faudrait se garder de reconnaître dans cet emblême timbré du nom de Jésus la moindre analogie avec un système absurde et impie qui n'a voulu voir dans la religion chrétienne, que l'ancien culte du Dieu soleil ou Apollon.

S. Bernardin mourut en 1444, âgé de 64 ans.

Le 25 mai, fête de S. Urbain, pape, qui monta sur la chaire de S. Pierre, en 223 et souffrit le martyre en 230. Une erreur qui provient de la ressemblance des noms aurait fait confondre ce saint pape avec S. Urbain, évêque de Langres, dont le corps était gardé dans un monastère de Dijon. Les vignerons se sont placés sous le patronage d'un S. Urbain. Or il arrive assez souvent que les artistes, confondant l'un avec l'autre, figurent le pape S. Urbain près duquel ils peignent une vigne et des raisins. Ces attributs ne sauraient convenir au successeur de S. Pierre, décapité pour la foi, en la susdite année 230. A S. Urbain, évêque de Langres, appartiennent ces attributs, parce qu'on lit dans la vie de ce saint qu'il mit un grand zèle à maintenir la propriété de quelques vignes données à son Eglise. On ne lit absolument rien dans la vie du pape S. Urbain qui puisse justifier le choix que les vignerons auraient fait de lui comme patron. C'est ainsi que les meuniers de Louvain s'étaient mis sous la protection de S. Victor, dont la fête a lieu le 10 octobre, au lieu de S. Victor de Marseille qui

fut broyé sous une meule de moulin. La fête de ce martyr a lieu le 20 juillet.

Pourtant, en ce qui est du pape S. Urbain, à défaut de monuments écrits, il existe, selon Molanus, une tradition populaire d'après laquelle ce pape se serait caché, pendant les persécutions, dans les vignes. Il n'en faudrait pas davantage pour légitimer le culte des vignerons. Mais encore ici la tradition ne peut se baser sur quelque incident, car Tillemont qui a soigneusement compulsé toutes les légendes relatives à ce pape, avoue qu'il n'a absolument rencontré rien qui eût le moindre trait à une tradition pareille. Le savant annotateur de Molanus ajoute que les vignerons feraient aussi bien de prendre pour patron S. Antonin qui, au IXe siècle, était abbé de Sorrente, dans la terre de Labour, au royaume de Naples. Ce saint abbé, dont la fête est célébrée le 14 février, inaugura la vigne dans cette contrée avant lui stérile et inféconde. Les vins exquis qui proviennent de ce territoire portent encore aujourd'hui le nom de vins de S. Antonin.

En Allemagne, les vignerons désirent la sérénité pour deux jours de l'année. Ce sont le 25 janvier, fête de la conversion de S. Paul et le 1er jour de l'été qui est consacré à S. Urbain. Il existait même en Franconic une coutume assez bizarre, pour ne pas dire sacrilége. En la fête de S. Urbain, les vignerons paraient de fleurs une table, la plaçaient sous un berceau de rameaux verts et y exposaient avec pompe la statue de S. Urbain. Cet autel était érigé sur une place publique. Si le jour était beau, la statue était arrosée de copieuses libations de vin et on lui rendait les plus grands honneurs. Si, au contraire, le temps était pluvieux, les vignerons jetaient de la boue sur la statue et l'inondaient d'un déluge d'eau. Cette supertitieuse pratique est rapportée par Jean Albanus, dans son livre des Maurs des Nations. Un autre auteur, Scheneck, raconte à son tour que les images de S. Paul et de S. Urbain étaient jetées à l'eau, quand le jour de leur fête n'était pas serein. L'Eglise n'est point parvenue, sans beaucoup de peine, à déraciner ces usages séculaires que l'on dirait im

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