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Mais il résulte de ces passages un fait positif. C'est que l'antiquité a été unanime à figurer Pierre sous les traits d'un homme chauve, ou plutôt d'un homme dont la tête est seulement garnie d'une couronne de cheveux. Paquot cite plusieurs autres autorités, à l'appui de cette tradition constante. Ainsi il y aurait, ce nous semble, beaucoup de témérité à s'écarter de ce type consacré par tous les siècles. On donne à S. Paul une épaisse chevelure et une barbe longue, tandis que la barbe de S. Pierre a moins de longueur ou même on ne lui en donne aucune. Serait-ce, à cause de ceci, que les papes, selon l'assertion de Ciaconius, ne portaient point la barbe avant Jules II qui laissa croître la sienne, afin d'imprimer à sa personne plus de respect et de dignité? Urbain VIII et quelques-uns de ses successeurs laissèrent seulement croître les moustaches et un petit flocon au-dessous de la lèvre. Enfin, après la mort de Clément XI, tous les papes jusqu'à nos jours ont totalement rasé la barbe. Ces notions incidentes peuvent guider les artistes en plusieurs circonstances.

Dans la deuxième partie, nous avons parlé de la tradition des clefs à S. Pierre. Il nous reste à considérer ici son martyre qui est le principal objet de la solennité du 29 juin. La tradition nous apprend que ce prince des apôtres subit le supplice de la croix. Certains peintres l'ont représenté attaché à ce bois infâme, non par des clous, mais avec des cordes. Ils se sont fondés sur ce passage du dernier chapipitre de S. Jean où le Sauveur dit à Pierre : « Quand tu >> auras vieilli tu étendras tes bras, un autre te ceindra et >> te conduira où tu ne veux pas aller. Le Sauveur, con»tinue S. Jean, lui dit cela pour marquer le genre de » mort que cet apôtre devait subir. » Nous remarquerons, en passant, combien est grande l'erreur des peintres qui représentent S. Pierre sous les traits d'un vieillard, à l'époque où il accompagnait son divin maître. Le Sauveur aurait-il pu raisonnablement dire à S. Pierre : « Quand tu >> auras vieilli... » Si en effet, dès ce moment, Pierre eût été un vieillard?... Nous revenons à la conséquence qu'on a voulu tirer des paroles adressées par le Sauveur, au

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prince des apôtres. De ce qu'il a été dit à Pierre « >> autre le ceindrait » est-il raisonnable de conclure qu'il dût être attaché par des cordes à l'instrument de son supplice? Nous croyons qu'il y a là, très-évidemment, une interprétation fausse et contraire au simple bon sens. Il nous paraît incontestable que la crucifixion de Pierre eut lieu conformément aux usages reçus pour ce genre de supplice. S. Jean Chrysostome en était parfaitement convaincu lorsqu'il adressait à S. Pierre cette exclamation : « O saint » Apôtre, heureux les clous qui ont percé tes membres ! »> S. Augustin était bien de ce sentiment quand il a écrit ces paroles : : « Pierre a été crucifié ; Pierre a été percé de clous, » il a éprouvé les tortures de la croix. » Une foule d'autres passages prouveraient, au besoin, que l'on a toujours cru à une véritable crucifixion de Pierre, et le terme est ici employé à dessein comme opposé à celui de Cruci-ligation qui peut rendre l'opinion traduite par les peintres dont il a été parlé. En adoptant cette dernière on se mettrait donc en opposition avec la saine antiquité.

Le crucifiement de Pierre différa néanmoins de celui du Sauveur, en ce que ce prince des apôtres voulut être cloué à l'instrumeut de son supplice, la tête en bas. Il se regarda indigne, dit Hégésippe, de mourir dans la même position que son divin maître. S. Ambroise rend de S. Pierre un semblable témoignage et dit que cet apôtre voulut ainsi endurer un supplice plus cruel que celui de Jésus-Christ. Cette posture présente de graves difficultés aux artistes. Thomas Guidi, plus connu sous le nom de Masaccio a réussi néanmoins dans une crucifixion de cette nature. Ce tableau peint, en 1440, dans la chapelle de l'église des Carmes de Florence, qui est sous le vocable de S. Pierre, est considéré comme un des meilleurs de cet artiste. L'apôtre est représenté ayant déjà les mains clouées à la croix, tandis que ses pieds sont ramenés sur la pièce perpendiculaire par une corde qui s'enroule à une poulic fixée au sommet. A droite est assis sur son trône Néron qui préside à l'exécution.

Il est rare que la sculpture s'exerce sur ce sujet. Une fi

gure isolée de S. Pierre crucifié ne saurait guère ressembler qu'à un crucifix renversé et cette image déplairait singulièrement à l'œil.

Avant de terminer, nous ne pouvons négliger ce qu'observe Molanus. C'est que certaines peintures à Rome et ailleurs figurent S. Pierre attaché à la croix avec des cordes. On a expliqué cela par un sentiment de respect pour le mystère de la Rédemption. On aurait cru y faillir en représentant cet apôtre attaché à la croix, absolument de la même manière que le divin Sauveur. C'est un sentiment pareil qui faisait attacher les larrons à leur croix avec des cordes. Ici d'ailleurs, c'était pour ne pas confondre Jésus avec les voleurs. Dans l'enfance de l'art, ce motif a pu être excusable et même digne d'éloge, quoique la vérité historique fut blessée. Il ne saurait en être de même aujourd'hui. L'art chrétien doit certainement s'imposer la règle de traiter avec respect les sujets qu'il aborde, mais il possède assez de ressources pour le concilier avec les exigences légitimes des traditions authentiques.

CHAPITRE XIV.

Troisième continuation du mois de Juin.

Martyre de saint Paul.

L'héroïque compagnon de S. Pierre, ce digne coopérateur que l'Eglise surnommé l'apôtre des nations, termina sa vie par le glaive. Les lois ne permettaient pas que les citoyens romains subissent le supplice de la croix. Or S. Paul jouissait du privilége requis. Eusèbe, le père de l'histoire ecclésiastique, et plusieurs autres écrivains des premiers siècles sont unanimes sur le genre du martyre de cet apôtre. On objecterait vainement que S. Grégoire de Nysse, dans son huitième discours sur les Béatitudes a émis un autre sentiment, car il dit : « Paul expire sur la croix, Jacques » meurt par le glaive, Etienne par la lapidation, Pierre » par la croix sur laquelle il est cloué, la tête en bas... » Ce Père est à peu près seul de cette opinion. Il n'y a donc pas lieu de recourir à des preuves péremptoires, pour combattre l'assertion de S. Grégoire de Nyssc. Elles seraient innombrables.

Nous ne devons point passer sous silence une particularité du martyre de S. Paul par le glaive. Certains écrivains ont prétendu que du coup dont S. Paul fut frappé il découla une liqueur blanche comme du lait, au lieu de sang. Il n'est point possible de tirer ce fait d'une apostrophe éloquente adressée à S. Paul par S. Jean Chrysostome dont Molanus reproduit les termes : « Quel est le lieu, o grand

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apôtre, qui s'abreuva de ton sang dont les flots rougirent » le vêtement du barbare qui t'attacha au poteau, mais qui » blanchirent d'une manière inénarrable la robe noire de >> son âme! » Il est aisé de comprendre que la blancheur dont il est ici parlé est simplement allégorique. Toutefois, Molanus cite un passage du même Père beaucoup plus

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explicite, et qui se lit dans l'Office de l'Octave des saints apôtres. C'est l'apostrophe déjà citée, avec une variante: Quel est le lieu, ô saint apôtre, qui fut arrosé de ton » sang, sous la forme de lait, lactis specie, dont la tuni» que de ton bourreau prit la visible empreinte ! Ce sang (couleur de lait) qui imprimant dans l'âme de ce barbare » une ineffable douceur, le convertit à la foi chrétienne, » ainsi que ses compagnons!! » Quoique en ce dernier passage il y ait moins d'obscurité, il ne nous semble guère possible d'y voir autre chose qu'une figure de style et qu'on soit autorisé à en déduire la réalité d'un lait qui aurait coulé du coup porté par le glaive. Paquot tranche la difficulté, en déclarant que ces paroles ne sont point de S. Jean Chrysostome et que ce fait est reconnu par les érudits. It cite le P. Tillemont dans sa note première sur S. Paul. Le peintre qui, au lieu de sang, ferait jaillir du lait, ne pourrait justifier facilement ce prodige qui n'ajoute rien à l'héroïsme du martyre du grand apôtre.

On croit aussi que lorsque la tête de S. Paul fut tombée elle fit trois bonds, et que du sol touché par cette tête jaillirent trois fontaines que l'on montre encore à Rome et qui sont l'objet d'une vénération particulière, sous le nom de Tre fontane di S. Paolo. Nous n'avons point à rechercher ici jusqu'à quel point ce miracle est authentique, mais le peintre qui le reproduirait ne saurait mériter un blâme, car il pourrait invoquer de très-nombreuses autorités et notamment l'église dite des Trois-Fontaines qui existe à Rome. Chacune de ces trois sources est ornée d'un autel décoré d'un bas-relief qui représente la tête de S. Paul. Les fidèles boivent l'eau de ces sources avec une pieuse confiance.

Le martyre de S. Paul a été reproduit sous toutes les formes de l'art chrétien. Rome possède en ce genre beaucoup de monuments qu'il nous serait impossible de décrire. Un grand nombre de traits de cette vie si féconde en labeurs apostoliques, tels que nous les racontent les Actes des Apôtres et diverses Epitres de S. Paul ont été, pour les artistes chrétiens, une mine en quelque sorte inépuisable.

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