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iconographiques sur sainte Marie-Madelaine dont la fête tombe au 22 de ce mois. Il y a lieu de s'étonner que certains peintres la représentent vêtue avec beaucoup de luxe. Dès l'instant qu'elle est envisagée comme sainte, il parait fort conséquent de la peindre avec les habits de la pénitence. Ce qu'il y a d'extraordinaire assurément c'est que dans certains tableaux Madelaine soit figurée dans cette parure mondaine au moment où elle est prosternée, fondant en larmes, aux pieds du divin Sauveur. Par un excès contraire, auquel le premier serait même préférable, si dans les abus il y avait quelque chose à préférer, cette illustre pénitente a été figurée dans un état complet de nudité. Un milieu raisonnable et surtout chrétien présente-t-il tant de difficultés qu'il ne soit point possible de s'y contenir? On a dit bien souvent avec raison qu'il n'y avait rien de moins saint que sainte Madelaine... De ce que Madelaine a renoncé totalement à la mondanité, on ne peut s'autoriser à la représenter n'ayant d'autre voile que sa longue chevelure. Il n'y a pas dans toute la tradition un seul mot qui justifie cet état de nudité. D'autre part, l'Eglise Romaine chante en l'honneur de cette sainte un répons que nous traduisons et dans lequel on la fait ainsi parler : « J'ai méprisé la gloire humaine et toute la pompe du siècle, par » amour pour mon divin maître, Notre-Seigneur-Jésus>> Christ. » La simple lecture de ce texte liturgique fait disparaître toute pensée de luxe dans le vêtement. Mais, nous ne saurions trop le redire, car cet abandon de la parure ne laisse aucune justification possible à l'artiste qui tombe dans l'abus stigmatisé plus haut.

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La peinture, la sculpture, tous les arts qui tiennent à la science graphique ont multiplié à l'infini l'image de Madelaine. La très-grande majorité de ces œuvres ne répond nullement à l'idée que nous donne de cette sainte l'histoire évangélique. L'art sérieusement chrétien est étranger à la plupart de ces fantastiques productions. Le célèbre Murillo a produit cependant un tableau fort remarquable par la chaste sévérité qui y domine. Madelaine est figurée dans la grotte nommée la Sainte-Baume, en Provence, où l'on croit

qu'elle se retira et finit sa vie. La sainte est à genoux aux pieds d'une croix à côté de laquelle est une tête de mort. Son attitude exprime un vif repentir de ses désordres. Sa robe est bien celle de la pénitence et de la vie cénobitique.

Notre peintre français, Charles Lebrun, a peint une Madelaine, par ordre de madame de la Vallière devenue sœur de la Miséricorde, au couvent de la Visitation, à Paris. La sainte est environnée de tout le luxe mondain, mais l'artiste l'a représentée au moment où elle foule aux pieds tous ces objets de folle vanité et se décide énergiquement à entrer dans les voies réparatrices de la pénitence. On a prétendu très-mal à propos que l'artiste avait voulu peindre ainsi madame de la Vallière elle-même, fuyant la cour et se consacrant au cloître. La figure n'a aucune espèce de rapport avec les portraits bien connus de cette autre Madelaine repentante. Mais il n'en est pas moins vrai que cette précieuse toile retrace la résolution de la duchesse abandonnant la cour de Louis XIV, pour se dévouer sans retour au service de son Dieu.

Un grave débat a été soulevé sur cette illustre pénitente. Etait-elle sœur de Lazare et de Marthe, ou bien était-ce la pécheresse dont il est parlé au chapitre vii de S. Luc, ou bien encore celle qui suivait Notre-Seigneur dans ses courses en Galilée? Le procès ne nous semble pas encore jugé, quoique les contendants aient fait preuve d'une grande science critique. Il importe néanmoins aux artistes d'être fixés sur ce point, selon les circonstances qui, à la vérité, se présentent fort rarement. Nous avouons qu'il nous est impossible de dirimer ce débat épineux. Paquot censure le peintres qui, en représentant l'apparition du Sauveur ressuscité, font de Jésus-Christ un jardinier dont la tête est coiffée d'un large chapeau et qui tient en main unc pelle et une pioche. Le texte de S. Jean ne dit pas que Madelaine voyait dans le Sauveur un jardinier, et rien n'y annonce qu'il en eût précisément l'extérieur. Les paroles de l'évangéliste peuvent seulement signifier que celui qui semblait être le jardinier pouvait avoir enlevé le corps de Notre

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Seigneur du tombeau. Voici le texte traduit: <«< Jésus dit » à Madelaine Femme pourquoi pleurez-vous? Qui cherchez-vous? Elle, pensant que ce fut le jardinier, lui dit; Seigneur, si c'est vous qui l'avez enlevé, dites-moi où >> vous l'avez mis, et je l'emporterai. Jésus lui dit : Marie ! » Aussitôt elle se retourna et lui dit: Rabboni, ce qui » signifie Maître. » (S. Jean chap. xx). Il suffisait à Madelaine qu'elle prit le Sauveur ressuscité pour le jardinier, à cause de sa présence en ce lieu, sans qu'il fut indispensable que le Sauveur fût vêtu en homme de cette profession. C'est sur quoi, en général, les artistes n'ont pas suffisamment réfléchi. On sera bien forcé d'avouer que ce travestissement du Sauveur en jardinier, surtout après la Résurrection, est quelque chose de burlesque.

En attribuant à une seule et même Madelaine tout ce que l'Evangile rapporte, cette sainte peut bien figurer dans plusieurs sujets, comme au festin du Pharisien, ou bien chez Simon, en Béthanie. Paquot blâme les artistes qui figurent Madelaine à genoux, aux pieds du Sauveur qu'elle arrose de ses larmes et essuie de ses longs cheveux. Pour bien peindre ce trait, il suffit, selon lui, de représenter Notre-Seigneur placé au plus haut bout de la table, appuyé sur le coude droit, tournant le dos au spectateur et regardant la femme qui, sans se prosterner, peut sans difficulté atteindre aux pieds du Sauveur lesquels, selon la disposition des tables à manger de cette époque, devaient être au moins à trois pieds du sol. Il serait impossible de citer les tableaux remarquables qui reproduisent Madelaine dans les diverses circonstances de sa vie, en attribuant à une seule et même personne ces diverses narrations.

CHAPITRE V.

Première continuation du mois de Juillet.

Saint Jacques le Majcur, apôtre; Saint Christophe; Sainte Anne, mère de la Sainte-Vierge.

Le 25 juillet est consacré au culte de S. Jacques-le-Majeur, autrement nommé Zébédée. On ne manque jamais de le peindre avec son bourdon et ses coquilles. Ces emblèmes n'ont aucun rapport direct au saint, mais uniquement au pélerinage si fameux de S. Jacques-de-Compostelle, en Espagne, où cet apôtre est l'objet d'une dévotion particulière. Qu'il nous soit permis de noter, en passant, que ce nom de S. Jacques-de-Compostelle est un singulier pléonasme. Le terme Compostelle n'est autre chose que la simple contraction de Giacomo apostolo. En supprimant les trois premières lettres de Giacomo, on obtient Como apostolo d'où l'on a formé l'appellation de Compostelle.

Il est utile de savoir que rien, dans les actes des apôtres, ne fait présumer la réalité du voyage de S. Jacques en Espagne. La tradition des premiers siècles n'est pas non plus favorable à ce sentiment. En 1215, au concile de Latran qui était composé de quatre-cent-quatre-vingt-trois évêques, l'archevêque de Compostelle voulut soutenir cette opinion. Rodéric Ximenès, archevêque de Tolède, la réfuta : « J'ai lu seulement, dit-il, que le pouvoir d'aller prêcher la foi en Espagne avait été donné à S. Jacques,

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mais j'ai lu aussi que pendant qu'il évangélisait la Judée

» et la Samarie, il fut emprisonné par Hérode dans la ville » de Jérusalem et qu'il y fut décapité. Comment donc S. Jacques a-t-il pu prêcher en Espagne, avant d'y avoir pé»> nétré ? » L'argument n'admet point de réplique. Le pape S. Innocent I n'est pas plus favorable à ce sentiment quand il écrit à Décentius que personne n'a fondé des églises en Italie, dans les Gaules, en Espagne, si ce n'est ceux qui

ont été envoyés par S. Pierre. Enfin on lit, dans l'épitre de S. Paul aux Romains, chap. xv, qu'il se propose d'aller en Espagne pour aller prêcher l'Evangile dans une contrée. où le nom de Jésus-Christ n'a pas encore pénétré. Cela résulte clairement des versets XIX et XXIV. Or quand S. Paul s'exprimait ainsi, il y avait déjà longtemps que S. Jacques avait souffert le martyre. Le peintre qui caractérise S. Jacques par le bourdon et les coquilles se conforme sans doute à un usage sanctionné par une longue habitude; il mérite beaucoup des Espagnols, en flattant leur prétention dont le fond au surplus n'a rien de répréhensible, mais il ne respecte pas la saine tradition. Il serait donc préférable de distinguer cet apôtre par un glaive qui exprime le genre de son martyre. Nous prévoyons bien cependant que, malgré ce qui vient d'être dit, S. Jacques-le-Majeur restera en possession de son bourdon et de ses coquilles, tant ce caractère iconographique s'est profondément inoculé dans les traditions de l'art chrétien. Du moins, ici, rien n'est hostile à la foi et il reste toujours vrai que le sanctuaire de cei apôtre, en Espagne, est visité par de nombreux pélerins porteurs des coquilles et du bourdon.

En ce même jour, l'Eglise honore la mémoire de S. Christophe, martyr. On sait qu'au moyen-âge on donnait à ce saint une taille gigantesque. Etait-ce une circonstance de la vie de ce saint qui lui faisait attribuer une colossale stature? Nullement. Le peuple se figurait que la seule vue de l'effigie de ce saint préservait d'une mort funeste. En certains lieux, on inscrivait les vers suivants, au bas de sa statue :

«

Christophori sancti speciem quicumque tuetur

Ista nempe die non morte mala morietur.

Quiconque voit l'image de S. Christophe ne meurt point » en ce jour d'une mauvaise mort. »>

C'est surtout en Allemagne que la statue de ce saint se voit à l'entrée des églises, ou du moins, selon Molanus, se voyait encore dans le XVIe siècle. Un auteur pense que cet usage a pris naissance en Carinthie où un illustre guerrier, Sigismond Dietrichstein, établit une confrérie sous le

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