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pas bien concluant. Il n'est pas certain qu'aux Ve et VIe siè cles il y eut aux environs de la chétive Lutèce des chatelains possesseurs de riches terres et de splendides maisons de campagne, comme sous le règne de Louis XIV dont notre censeur était le contemporain. Quand même Geneviève aurait été la fille d'un propriétaire aisé de l'endroit, pourrait-on s'étonner de la voir gardienne des troupeaux de ses parents? Pour ce qui est de la quenouille et du fuseau, Adrien de Valois n'ignorait pas que les reines ne dédaignaient point de les manier. La défense de S. Germain n'avait, non plus, rien de déplacé, dans aucune hypothèse. La bergère la plus pauvre pourrait en faire son profit, car le désir seul du luxe et de la parure peut aussi bien détourner une jeune fille de l'amour des vrais biens que la possession réelle de ces objets de vanité. Il n'y a donc pas lieu d'appliquer aux peintres le reproche de sottise que leur fait trop énergiquement Adrien de Valois. Enlever à sainte Geneviève sa modeste mise de bergère, sa quenouille, son fuseau, sa houlette c'est ravir au culte de cette bienheureuse vierge tout son charme et toute sa popularité. Il se rencontre encore, de temps en temps, des censeurs qui reproduisent les arguments de l'historiographe de France. Nous ne partageons pas leur sévère susceptibilité et nous disons que l'artiste qui voudrait faire de la Vierge de Nanterre une demoiselle de grande condition, en lui ravissant ses attributs de simple bergère ne ferait point preuve de tact et de sagacité. Nous ne connaissons aucune œuvre un peu remarquable où notre sainte figure telle que la voudrait le célèbre historien.

Le cinquième jour de Janvier, veille de l'Epiphanie, est consacré à la mémoire de S. Siméon Stylite. Les actes de sa vie rapportent, entre plusieurs autres pratiques de renoncement au monde et de mortification, le fait qui a valu à ce saint solitaire le surnom de Stylite formé d'un terme grec qui signifie colonne. En 423, Siméon fit faire une colonne de six coudées de hauteur, sur laquelle il vécut pendant quatre ans. Il en fit ensuite élever une de douze coudées, puis une troisième de vingt-deux. Sur ces deux

colonnes il passa treize années. Enfin sur une quatrième colonne haute de quarante coudées, Siméon passa les vingtdeux dernières années de sa vie. (Vie des Saints, par Alban Butler, traduction de Godescard, tome 1er). Il est à remarquer que la partie supérieure de chacune de ces colonnes n'avait que trois pieds de diamètre et était environnée d'une balustrade. De là, comme d'une chaire, il exhortait le peuple qui venait se grouper autour de la colonne. Il y termina sa vie, en 459, âgé de soixante-neuf ans. De la ville d'Antioche où S. Siméon fut inhumé, la renommée de ses vertus se répandit dans tout le monde. Pendant plusieurs siècles, l'image de ce solitaire sur sa colonne fut très-souvent reproduite en Orient. Il est très-rare aujourd'hui que cette image soit retracée.

Le huit janvier, fête de sainte Gudule. Cette vierge des Pays-Bas y mourut en 712. La principale église de Bruxelles est placée sous son invocation. Les peintres traduisent en la retraçant un fait raconté par la légende. On y dit que cette sainte avait pour mère sainte Amalberge, nièce de Pepin, maire du palais, et pour marraine sainte Gertrude sa parente; qu'elle allait tous les jours, de grand matin, à l'église de Saint-Sauveur de Morzelle qui était à une demie lieue du château de son père, accompagnée d'une femme portant une lanterne, et que la bougie s'étant un jour éteinte, Gudule la ralluma par ses prières. Les artistes flamands supposent que le diable éteignit la bougie et arment cet esprit impur d'un soufflet dont il dirige le vent contre le flambeau de la sainte. Ceci ressemble un peu trop à la carricature....

S. Hilaire, évêque de Poitiers, est fêté le 14 janvier. Il fut un des plus illustres prélats de la catholicité. Exilé en Phrygie, pour avoir combattu l'Arianisme, il partit de sa ville épiscopale, en 356. C'est le trait de sa vie qu'on reproduit habituellement. Le saint évêque, un bâton à la main, s'achemine vers son exil lointain et à quelques pas de la ville il se tourne pour la bénir. Il mourut, en 368, à Poitiers où il était revenu, et où il avait été accueilli avec les plus vifs transports d'allégresse.

CHAPITRE III.

Première continuation du mois de Janvier.

Saint Antoine, abbé; Saint Sébastien, martyr.

Le dix-septième jour de janvier ramène la fête du plus célèbre des anachorètes, S. Antoine. C'est le jour anniversaire de sa mort, qui eut lieu en 356. Il n'est peut-être pas de saint dont l'image ait été plus multipliée. On a quelquefois, et surtout anciennement, peint auprès de S. Antoine un grand feu. S. Thomas d'Aquin en donne pour raison qu'on invoque ce saint pour se préserver des flammes éternelles. Ce n'est point là le vrai motif. Il est beaucoup plus probable que c'est à cause d'une horrible maladie connue sous le nom de feu sacré et qui fit beaucoup de ravages, surtout dans les XIe et XIIe siècles. Pour se guérir de ce mal terrible, qui produisait sur le corps le même effet que le feu, on invoquait ce saint anachorète. A cette occasion fut institué l'ordre célèbre de S. Antoine, dans le Dauphiné. C'est dans le couvent de cet ordre que furent déposées les reliques de ce saint apportées de Constantinople par Joscelin, seigneur du pays. Ceci eat lieu vers la fin du XIe siè cle. Il est aujourd'hui assez rare de peindre S. Antoine avec ce feu symbolique. Le plus ordinairement on place près de lui un porc.

On s'est livré à beaucoup de conjectures sur cette singu larité. Les uns ont pensé que le porc était l'emblême du démon qui suscita beaucoup de tentations à ce saint abbé. D'autres disent que les villageois se plaisaient à placer sous la protection de S. Antoine les animaux domestiques représentés par le porc. On a cru, avec plus de raison, que par cet animal on voulait rappeler la coutume des moines. de S. Antoine qui nourrissaient une grande quantité de porcs dont la chair était distribuée par eux aux indigents.

C'est à cause de cela que ces moines jouissaient du privilége de laisser errer partout, sans qu'on eût droit de s'y opposer, les porcs qui appartenaient à la communauté. Le vol d'un de ces animaux était même regardé comme un sacrilége que Dieu ne laissait pas impuni dès ici bas. Telle est l'origine du proverbe italien, en parlant d'une personne qui vient d'éprouver un malheur: Ha forse rubato un porco di san-Antonio. (Il a peut-être dérobé un porc de S. Antoine). Les frères quêteurs de cet ordre étaient presque toujours accompagnés d'un porc dressé à les suivre comme un chien.

On place dans les mains de S. Antoine un livre pour indiquer que ce moine égyptien, sans avoir fait des études, était parvenu à entendre et à interprêter parfaitement les divines écritures. On raconte que certains philosophes vains de leur savoir, l'ayant un jour rencontré, et s'amusant à ses dépens comme d'un homme qui n'avait aucune connaissance des lettres, S. Antoine leur adressa cette question Laquelle des deux choses, l'esprit et la littérature, : « » a précédé l'autre? Laquelle des deux est la cause ou » origine de l'autre?» Les philosophes donnèrent la priorité à l'esprit. « En ce cas, reprit S. Antoine, à quiconque » est doué d'un esprit sain et droit, la littérature n'est point nécessaire. »

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Il est un autre type caractéristique dont il est besoin d'expliquer le sens. C'est le Tau ou la lettre T qui est figurée sur l'habit monacal de ce saint. La coule des chanoines réguliers de S. Antoine en est pareillement timbrée. Ce n'est autre chose que la figure de la croix pour laquelle cet anachorète professait une grande confiance. S. Athanase nous apprend que ce saint disait aux démons dont il avait à souffrir de perpétuels assauts: Pourquoi faites-vous de vains efforts? Nous avons contre vous un rempart inexpugnable. C'est le signe de la croix et notre foi au Seigneur. » Le même docteur nous dit encore que S. Antoine parlait ainsi à ses disciples: «Quand vous verrez » les ruses du démon, armez du signe de la croix vos » fronts et vos demeures. Ces esprits infernaux sont terri

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» fiés par ce trophée de la victoire que le Sauveur a remportée sur eux. » Est-il besoin de répéter ici que la croix, surtout en Orient, était figurée sous la forme du Tau?

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Très-souvent les peintres se sont exercés à tracer les diverses tentations de S. Antoine et ont donné un libre essor à leur imagination. La carrière qui s'ouvre devant eux est en effet très-vaste. Mais qui oserait attester qu'on n'a point abusé de cette liberté? Ne faut-il pas convenir que certaines peintures de ce genre, loin d'être une prédication morale par l'éloquence qui est propre à l'art, sont au contraire un sujet de scandale ? C'est donc uniquement à des artistes dignes de ce nom, sous le point de vue catholique, que nous présentons ce passage de S. Athanase cité par Paquot: « L'intrépide anachorète avait triomphé de plusieurs moyens de séduction employés contre lui par l'esprit infernal, lorsqu'une nuit pendant le sommeil de » S. Antoine, le lieu de son repos fut violemment ébranlé. » Les quatre parois de sa cellule s'écroulèrent, et à tra>> vers des ruines pénétrèrent des démons sous la forme de bêtes. Le lieu parut subitement rempli de spectres de lions, d'ours, de léopards, de taureaux, de serpents, d'aspics, de scorpions, de loups. Chacun de ces animaux » se mouvait à sa manière. Le lion rugissait prêt à fondre » sur sa proie, le taureau agitait ses cornes menaçantes, » le serpent se repliait en sifflant, le loup prenait son » essor; en un mot, tous ces monstres poussaient des mugissements formidables et semblaient animés d'une hor>> rible fureur. » Il n'en fallait pas même autant aux peintres pour se livrer à mille fantaisies de cette nature. Breugl l'ancien, David Teniers, Raphaël Sadeler, et surtout l'inimitable Callot, ont très-largement usé de la liberté d'enchérir sur le récit de l'illustre biographe de S. Antoine. Il ne faudrait pas cependant tomber dans un excès opposé en se persuadant que toutes ces apparitions sataniques n'étant que des jeux de style ou des amplifications emblématiques dont les circonstances et les détails sont imaginaires, le peintre ami de la vérité doit s'abstenir de les réaliser. On ne peut, sans témérité, supposer que le grand

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