Sayfadaki görseller
PDF
ePub

un anachronisme, car à cette époque, on ne faisait point encore usage de l'eau bénite. On attribue au pape S. Alexandre Ier cette institution, ce qui la recule jusqu'aux premières années du Ile siècle. Clichtoue (Clichtoveus), savant docteur de Sorbonne, mort chanoine de Chartres, en 1543, raconte le trait miraculeux qui a motivé ce caractère iconographique de sainte Marthe. Nous traduisons, d'après le texte latin qu'a transcrit Molanus: « Lorsque sainte Marthe » vivait en Provence, il y avait sur les bords du Rhône, » entre Avignon et Arles, un dragon d'une grandeur énorme qui se cachait de temps en temps sous les eaux » du fleuve et rampait aussi sur ses rives. Quelquefois il » occasionnait des naufrages et faisait périr des voyageurs. » On implora le secours de Marthe et celle-ci ayant montré » à cet affreux reptile la croix et puis l'ayant aspergé d'eau bénite parvint à l'apprivoiser et à le rendre très-doux. » Le peuple néanmoins attaqua le monstre à coups de » lance et de pierres et le tua. » Ce miracle est représenté par l'attitude que l'on donne à sainte Marthe. (Effigiationem).

[ocr errors]

"

[ocr errors]

La quatrième leçon de l'Office de la sainte, dans le Bréviaire d'Avignon, corrigé sur celui de Rome, inauguré par le pape S. Pie V, raconte le même prodige, à peu près comme on vient de le lire : « L'église de Tarascon a honoré >> très-anciennement et a transmis à nos temps modernes la » mémoire des prodiges par lesquels Dieu voulut illustrer la vie et la mort de la bienheureuse Marthe. Parmi ces prodiges, on cite le suivant qui est le plus célèbre. Un monstrueux dragon qui causait beaucoup de ravages sur » terre et sur eau avait fait son repaire dans une sombre » forêt qui avoisinait le Rhône. Il s'y tenait en embuscade et s'élançait tantôt sur les voyageurs qui parcouraient la contrée, tantôt plongeant dans le fleuve il submergeait les navires et faisait sa proie des passagers. La terreur causée par ce dragon était telle qu'elle inspirait une sorte de superstitieuse vénération et personne n'aurait osé l'attaquer. » Mais lorsque Marthe fut arrivée dans ces lieux, pleine de » confiance dans le secours divin, elle attaqua le monstre,

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

» et après l'avoir aspergé d'eau bénite, ce dragon devint si » docile que, l'ayant attaché avec sa ceinture de femme, Marthe le livra au peuple étonné qui en fit son jouet et » le sacrifia à sa juste vengeance. »

La fête de sainte Marthe a inspiré une très-belle hymne latine, pour les premières vêpres de la solennité. Paquot en a orné son annotation supplémentaire, et cependant il n'y est pas, du tout, question du prodige. L'hymne de Laudes en dit un mot :

Tu monstra nostris exigis
Terris....

» Marthe, vous expulsez de nos contrées les monstres » qui les désolaient. »>

Dans un ouvrage, en deux forts volumes grand in-80, publié à Paris, en 1848, l'auteur anonyme a reproduit les anciens monuments relatifs à l'apostolat des SS. Lazare, Marthe, Marie, Maximin, etc., en Provence. Nous y remarquons plusieurs représentations de sainte Marthe copiées sur des reliefs en pierre, etc. Un de ces dessins reproduit la sculpture que l'on voyait autrefois sur le portail de l'église collégiale de Tarascon. La sainte couverte d'un voile et d'un manteau tient de la main droite un goupillon. De la gauche elle soutient un bénitier et une courroie ou espèce de rêne avec laquelle elle conduit en laisse le dragon. Ce monstre a un figure presque humaine, avec des oreilles de lion, et le reste du corps est en forme de gros reptile muni d'une longue et forte queue garnie d'écailles. Il tient à la gueule un homme dont il a englouti la moitié du corps, dont on ne voit que les cuisses et les jambes pendantes. De la même main gauche la sainte tient une petite croix à double branche. L'érudit auteur ajoute, sur cette dernière particularité, que l'ancienne croix du Saint-Esprit avait la même forme, plus tard modifiée en croix à huit pointes.

Dans le même ouvrage, nous trouvons sainte Marthe représentée sur un sceau antique de la ville de Tarascon. Ici elle est assise dans une chaire à quatre pieds. Elle bénit de la main droite et porte de la gauche une longue croix. Cette figure retrace l'apostolat de cette sainte, sur les rives

du Rhône. Enfin sur un tombeau gothique reproduit, dans le même livre, on voit sainte Marthe, enlevée au ciel par quatre anges. A gauche, la même sainte est figurée dans un encadrement, telle qu'on la dépeint avec le goupillon. A droite, dans un encadrement pareil, est figuré en évêque, mitre en tête et la crosse en main, S. Lazare.

Tous les ans, il se fait, dans la ville de Tarascon, une sorte de procession dramatique où l'on porte une immense machine de bois façonnée en dragon. C'est ce qu'on nomme la Tarasque. Le monstre est peint en rouge avec des écailles vertes. Ses yeux lancent des éclairs, ses narines des jets de flamme. Sa longue queue s'agite à droite et à gauche et malheur aux spectateurs qui forment la haie s'ils s'en approchent de trop près! Les tambours, la musique. les farandoles, les vivat d'une population innombrable qui est venue s'adjoindre aux habitants de la ville impriment à cette procession un caractère assez bizarre de profane et de sacré tout-à-fait inexprimable.

Laissons maintenant parler l'auteur précité qui a été témoin oculaire de cette solennité : « D'après une coutume » immémoriale, le jour de la fête de sainte Marthe, on » porte à la tête de la procession et devant la croix un » énorme simulacre de la Tarasque, qu'une jeune fille » vêtue de satin et couverte d'un voile rose précède. Celle» ci a un bénitier à la main et un aspersoir et représente » sainte Marthe triomphant de ce monstre. Pour rendre » la figure plus frappante, le simulacre ambulant dé» tourne de temps en temps sa masse sur les groupes qui bordent son passage et ouvre sa large gueule, comme » pour les dévorer. La jeune fille fait alors aspersion sur » lui, et incontinent le monstre s'apaise et semble oublier sa » férocité naturelle. Devant et derrière l'animal, des hom» mes armés de vieilles piques ou de masses d'armes, et >> revêtus d'habits légers qui imitent, par leur forme singulière, les armures de fer du moyen-âge, désignent le peuple de Tarascon qui mit en pièces la Tarasque. » On promène encore ce monstre par la ville, le lundi de » la Pentecôte, pour servir aux jeux publics institués par le roi Réné. »

D

})

CHAPITRE XVIII.

Mois d'Août.

Saint Pierre-aux-liens; Saint Dominique, fondateur d'ordre; Saint Laurent, diacre, martyr.

La fête de S. Pierre-aux-liens ouvre ce mois. Elle a été fixée au 1er août, parce que ce jour est l'anniversaire de la Dédicace de l'église construite à Rome, sous ce titre, par Eudoxie, épouse de l'empereur Valentinien III, qui y plaça une des deux chaînes de fer dont ce grand apôtre avait été attaché dans la prison de Jérusalem. Cette relique fut apportée, en 439, de Jérusalem à Constantinople par Eudoxie, épouse de Théodose le jeune, mère de cette impératrice.

Paquot engage les peintres qui veulent reproduire cette captivité du prince des apôtres à respecter les traditions historiques. Or il était d'usage que le prisonnier fut attaché par la main droite à la main gauche du soldat préposé à sa garde. Le captif ne pouvait ainsi prendre la fuite, si ce n'est en compagnie de son gardien. C'est ainsi que l'a entendu S. Jean-Chrysostome, dans sa 9e homélie sur le chapitre de S. Mathieu. Il fait aussi allusion à cette coutume dans son livre qui a pour titre : De la tranquillité de l'âme « Nous sommes tous enchaînés avec la fortune. » La chaîne des uns est en or et ne serre pas étroitement ; » celle des autres est au contraire fort serrée et d'un vil métal, mais qu'importe? Tous les hommes sont également captifs et ceux-là même qui ont la charge d'enchaîner les » autres sont aussi enchaînés à leur tour. » Remarquons, en passant, combien sous ces paroles si simples se cache une profonde philosophie telle que la religion chrétienne peut seule l'inspirer.

[ocr errors]
[ocr errors]

:

Josèphe, dans le chapitre xvu de son histoire, fait mention de la même coutume. S. Augustin dit, à son tour:

[ocr errors]

«Deux personnes sont liées ensemble par des chaînes et comparaissent ensemble devant le juge, savoir le voleur » et celui auquel il est enchaîné et il y a cependant entre >> eux une grande différence.

Rarement les peintres observent cette tradition juive dans les tableaux où ils figurent S. Pierre-aux-liens. Raphaël s'y est montré fidèle dans sa fresque du Vatican. A travers les barreaux, on voit le prince des apôtres enchaîné avec deux soldats, car Hérode avait eu soin de doubler la précaution ordinaire. Un ange brise les liens de l'apôtre. A droite, Pierre est figuré conduit hors de la prison par un ange, pendant le sommeil des gardes extérieurs. A gauche ces gardes du dehors introduisent Pierre dans la prison. C'est donc comme un récit peint de l'emprisonnement de l'apôtre et l'éminent artiste y a procédé comme dans une page écrite. Il faut dire aussi que la disposition du lieu l'exigeait, car cette belle fresque orne le dessus et les montants latéraux d'une fenêtre.

.

Au 4 août tombe la festivité de S. Dominique, fondateur de l'ordre des frères prêcheurs, autrement nommés Dominicains. Auprès du saint, on place toujours un chien qui tient à la gueule une torche ardente. La légende de S. Dominique rapporte en effet que sa mère étant enceinte de lui eut une vision dans laquelle elle crut porter dans son sein un chien qui tenait entre ses dents un flambeau allumé. Elle y vit une sorte de présage et d'horoscope de la destinée de cet enfant qui devait, un jour, illuminer le monde de ses prédications. Les écrivains ignorants et passionnés qui attribuent à cet illustre fondateur l'établissement de l'Inquisition voient dans cet emblême les autodafés de ce tribunal. Malheureusement pour leur érudition, le Saint-Office de l'Inquisition ne fut décrété qu'en l'an 1480, et la mort de S. Dominique eut lieu en 1221. La vision qui a donné lieu à l'emblême dont nous parlons n'est point considérée comme authentique, et n'est citée dans la vie du saint que comme une tradition populaire. Le peintre peut donc facilement caractériser S. Dominique par son habit religieux, et dans l'attitude d'un prédicateur. Toutefois on ne serait

« ÖncekiDevam »