Sayfadaki görseller
PDF
ePub

nes il ne serait point possible de le tenter avec quelque espoir de succès. Le cardinal Frédéric Borromée signale une grave erreur qui a été quelquefois commise, au sujet de S. Bernard: « On peint, dit-il, S. Bernard enchaînant » un démon. Les peintres se trompent en attribuant ce fait » à l'abbé de Clairvaux. Le premier de ce nom était un cha»> noine régulier qui habitait la haute montagne qu'on nomme, » à cause de lui, Le mont Saint-Bernard et qui y construisit » un célèbre monastère. On raconte de ce S. Bernard, >> anachorète, qu'il réprima l'audace des démons par lesquels » étaient désolées ces contrées. Cela donna lieu de penser >> que les démons avaient été enchaînés par ce pieux céno>> bite. »

[ocr errors]

Gaufride, biographe de S. Bernard, abbé de Clairvaux, nous en trace le portrait suivant : « Son corps était d'une charpente extrêmement grêle et presque dénué de chair. » sa peau était d'une très-mince épaisseur et un peu colorée >> aux joues. Sa chevelure était d'une couleur blonde et ti>> rant sur le blanc. Sa barbe était presque rousse, et sur » la fin de sa vie elle avait blanchi. Il était d'une taille un >> peu au-dessus de l'ordinaire. » Dans le tome iv des Bollandistes, pour le mois d'août, on voit son portrait copié sur une statue de bronze de ce saint et l'on s'accorde à y reconnaître la ressemblance. S. Bernard mourut âgé de 64 ans, en 1153. Cette date doit être connue des artistes, afin qu'ils ne donnent point à ce saint une physionomie de vicillard décrépit, comme on peut le remarquer dans quelques tableaux. A Spire et à Afflighem, S. Bernard est représenté recevant une salutation dont le gratifie une image de la sainte Vierge. Ce fait est dénué d'authenticité. On doit en dire autant des peintures où l'on figure la Vierge remettant son divin fils à S. Bernard, et présentant à celuici ses mamelles pour l'abreuver de son lait. L'auteur de la remarque, par nous précédemment analysée a soin toutefois de faire observer que cela ne peut s'entendre que dans un sens moral et allégorique. Or celui-ci nous parait trop grossier pour être avoué par le bon goût. Ce dernier fait miraculeux aurait eu lieu à Châtillon-sur-Seine.

CHAPITRE XX.

Première continuation du mois d'Août.

Saint-Barthélemi, apôtre; Saint Louis, roi; Saint Augustin, évêque; La Décollation de S. Jean-Baptiste.

Le 24 août, fete de S. Barthélemi, l'un des apôtres élus par le Sauveur. Molanus improuve les peintres qui, dans la Cène Dominicale, donnent à cet apôtre le brillant costume d'un gentilhomme vêtu de pourpre et orné de diamants. On a été jusqu'à prétendre qu'après la descente du Saint-Esprit cet apôtre ne voulut pas se dépouiller de ce luxe mondain et qu'en punition de son coupable refus la peau lui fut enlevée, quand il souffrit le martyre. Une aussi menteuse et impudente tradition ne se rencontre que dans des livres condamnés par le Saint-Siége. Nous pensons qu'aujourd'hui il est fort inutile de relever une anomalie aussi absurde, mais qui a pu être commise par certains artistes du XVIe siècle.

Le martyre de cet apôtre a inspiré, dit encore Molanus, des peintures très-inconvenantes où l'on voit ce saint figuré comme une sorte de monstre ou de sauvage, écorché par les bourreaux et portant sa propre peau sur un bâton, en guise de trophée. Notre auteur reproche à Michel-Ange un abus de cette nature. Paquot ne voit, au contraire, en cela, rien de repréhensible. Il veut qu'on représente S. Barthélemi tenant en main le couteau dont on se servit pour l'écorcher tout vivant. Le célèbre Ribéra, dit l'Espagnolet, a excellé dans la peinture de cette affreuse exécution. Sa toile qui orne le musée de Dresde, après avoir appartenu au duc de Modène, fait frissonner d'horreur. La statue de cet apôtre est la plus estimée de toutes celles qui, en trèsgrand nombre, décorent la cathédrale de Milan. C'est ce même apôtre qui est appelé Nathanaël dans l'évangile de S. Jean.

Le 25 aout vit mourir, en 1270, sur une plage lointaine le glorieux S. Louis, roi de France. C'est ce même jour que l'Eglise a consacré à sa mémoire. L'art a reproduit, sous mille formes, les traits de ce saint monarque et les hauts faits qui l'ont illustré. Notre peintre français, Simon Vouet, est l'auteur d'un tableau très-estimé qui enrichit, en ce moment le Musée de Dresde. S. Louis y est représenté porté sur des nuées et couronné par les anges. Les trois églises de Paris qui l'honorent comme leur patron (Saint-Louis-en-l'Ile, Saint-Louis des Invalides et SaintPaul-Saint-Louis) possèdent quelques monuments d'art inspirés par la vénération due à un si saint et si grand monarque. Dans la première, un tableau de Vouet représente S. Louis descendant de son lit de mort pour recevoir le saint Viatique, mais l'attitude des assistants n'est point irréprochable. Un tableau de Vauthier figurant S. Louis faisant enterrer les morts après la prise de Sidon fut placé dans la même église, en 1822. Trop souvent les artistes qui ont reproduit S. Louis se sont mis peu en peine de faire une étude sérieuse du type de sa figure, du costume de l'époque, et surtout, en ce qui concerne plusieurs actes religieux dans lesquels figure ce saint, de la coupe des vêtements sacerdotaux, de la forme des ustensiles et des vases sacrés du XIIIe siècle. Nous aurions à répéter cette observation presque dans tous les sujets religieux traités par nos artistes modernes. Ainsi, pour ne citer qu'un exemple, dans le tableau qui reproduit la communion de S. Louis mourant, le prêtre tient à la main le ciboire contenant les saintes espèces. Or il est très-constant qu'au XIIIe siècle ce vase eucharistique n'existait pas. Les saintes hosties étaient sur la patène et c'est avec ce vase sacré que le célébrant administrait la sainte communion. (Notre cinquième partie traite amplement de cet objet).

S. Augustin, évêque d'Hippone, docteur de l'Eglise, est fêté le 28 août. Comme les insignes de l'épiscopat ne pourraient facilement le caractériser, on le représente, tenant à la main, un cœur enflammé. Cela convient, par excellence, au grand docteur de l'amour divin. Assez souvent ce cœur

est transpercé d'une flèche. C'est une traduction graphique de ces paroles du saint docteur, dans son admirable livre des Confessions: « Vous aviez percé de vos flèches notre » cœur, ô mon Dieu! et nous portions ces blessures de votre » amour au fond de nos entrailles. >>

[ocr errors]

Quelquefois, on place auprès de S. Augustin, un enfant qui semble essayer de verser l'eau de la mer dans une cavité qu'il vient de creuser. Diverses opinions ont été émises sur le fait qui aurait donné lieu à ce caractère distinctif. On a cru d'abord qu'il était tiré d'une lettre écrite par S. Augustin à S. Cyrille de Jérusalem et dans laquelle il lui fait part d'une apparition de S. Jérome, au jour et à l'heure où ce dernier passe de ce monde à une vie meilleure. En ce moment, Augustin, renfermé dans sa cellule, à Hippone, méditait profondément sur le degré de gloire dont les saints jouissent dans le ciel. S. Jérome s'offrit tout à coup à ses regards et lui parla de la sorte: « Augustin, Augustin, à quelles recherches te livres-tu? Crois-tu pouvoir renfer mer dans un petit vase toute la mer? Eh bien, tu se>> rais plutôt parvenu à réunir toutes les eaux de l'Océan dans un vase de la plus exiguë capacité que tu ne réussi» rais à comprendre, même le plus superficiellement, le bonheur et la joie dont le Seigneur inonde ses élus dans » le séjour de la gloire, à moins que je ne prisse moi-même » soin de t'en instruire. » Il est encore dit dans cette lettre, que S. Jérome communiqua à S. Augustin, dans la même vision qui se prolongea pendant plusieurs heures, les notions les plus sublimes sur la très-sainte Trinité, la génération du Fils, la procession du Saint-Esprit, la hiérarchie céleste, les délices dont jouissent les saints etc. Malheureusement cette lettre est considérée comme apocryphe et comme émanée d'un imposteur.

[ocr errors]
[ocr errors]

On a eu recours à d'autres autorités pour justifier cette scène de l'enfant qui, dans plusieurs tableaux de ce grand saint, paraît tenté d'épuiser l'eau de la mer. Ce serait l'Enfant-Jésus qui lui serait apparu pendant qu'il méditait les profonds traités dont il nous a dotés sur le mystère des trois personnes divines. On a prétendu que cela avait eu

lieu à Cemtumcelles, aujourd'hui Civitta-Vecchia. Torelli cite une inscription qui relate ce prodige. D'autres placent le fait à Livourne. Tout cela est dénué de preuves suffisantes. Cependant l'Eglise ne proscrit point les tableaux où cette apparition miraculeuse est reproduite. Un peintre italien, Garofolo, a représenté ainsi S. Augustin. On voit dans les airs la sainte Vierge et S. Joseph environnés d'anges. A côté de S. Augustin est sainte Catherine (on ne sait pour quel motif) et un enfant accourt vers le saint docteur avec une espèce de grande cueiller pleine d'eau. A côté de l'enfant est une cavité pratiquée dans le sable du rivage. Cet enfant dont la tête rayonne de gloire ne peut être, dans la pensée de l'artiste, que Jésus-Christ, d'après la légende précitée. Celle-ci a été consacrée par les religieux Augustins de Civitta-Vecchia dans l'inscription de Torelli. Au surplus, on attribue au moine Alain de l'ordre de Citeaux, célèbre docteur du XIIIe siècle, une vision complètement identique à celle de S. Augustin. Paquot rapporte celle-ci, dans toute son étendue, d'après Buzelin, écrivain flamand. Aurait-on confondu les deux époques et les deux personnages? Ce n'en serait point l'unique exemple.

Il serait fastidieux de raconter ici avec autant de détail que Molanus l'interminable dispute des ermites de S. Augustin avec les chanoines réguliers qui reconnaissent ce saint comme leur fondateur, au sujet de la robe ou coule noire dont les premiers revêtent leur instituteur, ou du costume de chanoine sous lequel les derniers peignent S. Augustin. Il est plus que probable que S. Augustin n'a porté, de son vivant, ni la coule monachale des ermites, ni l'habit canonial. La dispute en vint à un tel degré d'irritation, dans le XVe siècle, que le pape Sixte IV, en 1484, se vit obligé de défendre aux uns et aux autres, sous peine d'excommunication ipso facto, de discuter sur le costune dont il fallait revêtir ce saint docteur. On dirait qu'un artiste français a voulu ranimer la dispute à jamais éteinte, en exposant, il y a peu d'années, un tableau de S. Augustin vêtu de la coule noire des ermites de ce nom. Il est vrai qu'il n'y a plus de danger à craindre sous ce rapport, du

« ÖncekiDevam »