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FERDINAND VERBIEST

DIRECTEUR DE L'OBSERVATOIRE DE PEKING

(1623-1688)

C'est avec une certaine appréhension, j'allais dire un sentiment de regret, que j'imprime ces quelques pages. Verbiest, malgré sa célébrité, est mal connu. Missionnaire au sens propre du mot, il le fut fort peu. Directeur de l'observatoire impérial de Péking, voilà son grand titre de gloire ! Mais Verbiest, membre de la Compagnie de Jésus, fut aussi recteur de la maison. de Péking, et vice-provincial de la Chine. Comme supérieur religieux, il eut à résoudre les problèmes les plus graves, et dut surmonter des difficultés que seule sa Correspondance inédite mettra peut-être un jour en lumière. Or, ce Verbiest-là, on ne le connaît pas, et je suis néanmoins dans la nécessité de n'en pas parler aujourd'hui.

J'ai pour cela plusieurs raisons.

D'abord, tout en ayant déjà réuni sur mon héros un grand nombre de pièces importantes et inconnues, je suis loin cependant de les posséder toutes; des fonds d'archives entiers me restent encore à dépouiller. Puis, les querelles religieuses auxquelles il fut mêlé, impossibles à traiter en quelques pages, sortent du cadre d'une revue scientifique et doivent être réservées pour un journal d'histoire ecclésiastique. Enfin leur étude

suppose la publication de la Correspondance de Verbiest; travail long, difficile, qui est loin d'être prêt.

Pour parler de Verbiest, j'eusse préféré attendre. Mais les flamands de la West-Flandre se préparent à lui élever un monument dans son village natal. Comment refuser de leur dire, à cette occasion, un mot de leur illustre compatriote? De le suivre dans ses voyages? De le montrer à la tête de l'observatoire de Péking ? Même à ce point de vue restreint je possède cependant trop de pièces pour avoir la prétention de les épuiser. Aussi bien ai-je tout à gagner, en publiant quelques documents nouveaux en entier, plutôt qu'en cherchant à les résumer tous. Je laisserai parler Verbiest luimême le plus possible (1).

I

Moi, Ferdinand Verbiest, écrit-il, de sa main, dans l'Album des novices de la province Flandre-Belgique de la Compagnie de Jésus (2), je suis né à Pitthem, le 29 octobre 1623, de Josse Verbiest,bailli et receveur de Pitthem, Coolscamp, etc. et d'Anne Van Heeke, sa femme légitime. J'ai fait d'abord, chez les Pères de la Compagnie de Jésus à Bruges, un an d'humanités dans les figures; puis, j'ai achevé, en quatre ans, les quatre

(1) Dans les notes bibliographiques, nous désignons par :

AR, les Archives générales du Royaume, à Bruxelles. Toutes les pièces sont empruntées au fonds jésuitique, province Flandre-Belgique ;

BB, la Bibliothèque des Bollandistes ;

BR, la Bibliothèque Royale de Belgique;

P, les Archives de la Propagande, à Rome;

SJ, les documents en possession de la Compagnie de Jésus.

A moins d'indication contraire, toutes les pièces manuscrites citées sont en latin; nous n'en donnons qu'une traduction.

(2) La collection de ces manuscrits est à la Bibliothèque du noviciat de la Compagnie de Jésus, à Tronchiennes. Les notices y sont données par ordre des dates d'entrée au noviciat.

autres classes, à Courtrai, chez les Pères de la même Compagnie. Après, j'ai étudié, pendant un an, la philosophie, au collège du Lys, à Louvain. C'est alors, que brùlant du désir d'une vie meilleure, je me présentai au P. André Judoci, provincial de la province FlandreBelgique de la Compagnie de Jésus, qui m'y admit à Louvain, après l'examen requis, le 2 septembre 1611. J'entrai au noviciat de Malines, le 29 septembre 1641... « Fait à Malines, au noviciat de la Compagnie de Jésus, le 23 novembre 1641.

« C'est ainsi.

<< Ferdinand Verbiest. »

Josse Verbiest, père de Ferdinand, était régisseur d'une partie des biens de don Ferdinand de Zuniga et Fonseca, marquis de Carraçona, comte de Ayala, baron de Maldeghem, Guyse, Coutsy, etc., seigneur de Pitthem, Coolscamp, Ayshove. Josse gérait les propriétés du marquis, situées dans ces trois derniers villages.

La famille Verbiest semble avoir été fort attachée à ses maîtres. Le 18 octobre 1639, la marquise de Carraçona mettait au monde, à Madrid, une fille. Le jeune Ferdinand, alors élève de rhétorique à Courtrai, manifesta sa joie dans une série de petites pièces de vers latins. On en fut si satisfait, qu'on les imprima. L'Université de Louvain en a encore un exemplaire (1). Le

(1) Arm. VII, Ray. III, 147. En voici le titre :

Illustrissimis Conivgibvs Don Ferdinando, & Elisabethæ De Zvniga Et Fonseca Marchionibus de Tarragona Comitibvs de Ayala Baronibus de Maldeghem, Gryse, Covtsy, &c. Dominis Civitatum de Coca, Alaeros, Castrexon, Valdefuentes, Villoria, Doncos, Arienega, Vallivm, de Lodio Orosco, Arestana, &c. Toparchis de Pitthem, Coolscamp, Ayshove, Vytkercke, Assenbroeck, Barseye, &c. In Filiæ Amantissimæ Natali Gratulatio. Cortraci, Apud Viduam Ioannis van Ghemmert, Anno M.DC.XXXX.

Sans nom d'auteur au titre, mais à la dernière page. Ita accinebat Ferdinandys Verbiest Pitthemiensis, Rhetor Collegii Cortraceni Societatis lesv. Anno M.DC.XXXX.

In-4° de de 24 pages.

rhétoricien possède bien la langue latine, son vers est facile et correct, mais surchargé de souvenirs classiques, d'assez mauvais goût. Verbiest eut quelque mal à se corriger complètement de ce défaut. Témoin, sa lettre écrite de Gênes, bien des années plus tard, à Ignace Melgaert.

Au bout de deux ans le jeune novice fit les premiers voeux. Les supérieurs l'envoyèrent alors de Malines à Louvain, où il répéta, au collège de la Compagnie, la philosophie, en 1613, et suivit le cours de physique en 1641. La chaire de physique y était occupée par André Tacquet. Verbiest conserva toujours le meilleur souvenir de cet excellent maître.

En 1645, on trouve avec quelque surprise Ferdinand à Courtrai, mis pendant un an à la disposition de Sidronius Hosschius, pour se perfectionner dans la poésie latine. Singulière préparation à un apostolat en Chine et à une direction d'observatoire! Verbiest ne faisait pas prévoir, semble-t-il, ce qu'il serait un jour. Depuis quelque temps, il insistait cependant pour être envoyé aux missions, mais aux Indes Espagnoles et non pas en Chine. Charles Sangrius, vicaire général de la Compagnie, à la mort de Vitelleschi (1), refusa :

« A Ferdinand Verbiest, à Louvain.

Votre ardent désir d'aller aux Indes travailler pour le Christ jusqu'au bout du monde, exprimé dans votre lettre du 5 janvier, nous est fort agréable; mais le temps n'est pas à de pareilles missions. Au moment opportun, on se souviendra de vous. En attendant, croissez en vertu et acquérez tout ce qui est nécessaire à ce ministère difficile. Je me recommande à Dieu, dans vos prières.

<< (De Rome), le 11 février 1645. »

(1) SJ, Registres des lettres des généraux aux PP. de la province FlandreBelgique. Les lettres sont enregistrées d'après l'ordre des dates.

Verbiest resta donc à Courtrai et, en 1616, il y enseigna les « figures ». Le cours complet des humanités était alors, on le sait, de cinq ans, et la classe inférieure portait le nom de « figures ».

Mais, en cette même année 1646, les supérieurs de la Compagnie organisaient le voyage d'un nombreux groupe de missionnaires flamands destinés à la mission mexicaine de la Nouvelle-Biscaye. Verbiest demanda à en faire partie. Une première fois ses offres de service furent encore refusées. « Dieu nous demande souvent le sacrifice de notre volonté de préférence à celui de nos oeuvres, lui écrit à la date du 29 février 1617, le P. Vincent Caraffa (1), général en charge. Témoins Abraham et Daniel. Relativement à votre demande des Indes, il semble vouloir s'en contenter pour le moment chez vous. En d'autres circonstances, peut-être inspirera-t-il aux supérieurs l'idée de vous y envoyer. Cette fois-ci, le nombre est complet nombre ne resta pas complet longtemps, car bientôt Verbiest obtint l'autorisation de partir.

Ce

La mission belge comprenait huit noms : les PP. Henri Van der Stock, Camargo, Smet, Simon De la Court, Duchâteau, Camille Beudin dit Godinez, Philippe Couplet et Ferdinand Verbiest (2). Je reviendrai dans un instant à Couplet, ce fidèle compagnon de Verbiest! Le 2 mai 1647, tous les missionnaires étaient réunis à Cadix, d'où ils s'apprêtaient à partir pour Séville, en attendant le départ d'un vaisseau qui appareillåt vers le Mexique. Mais l'Espagne prit ombrage de tous ces belges! « Elle les chassa de chez elle, plutôt qu'elle ne les remercia», dit le rédacteur de l'histoire

(1) SJ. Reg. des lett. des gén. à la prov. Fl.-Belg.

(2) AR. Liasse, 1437. Lettre de Beudin, à Jean Aurelius. Cadix 2 mai 1647. Autographe. Elle a été éditée par C. J. N(uyts) dans : Philippe Nutius a la Cour de Suède, Bruxelles, J. Vander Reydt, 1856, p. 25.

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