Sayfadaki görseller
PDF
ePub
[graphic][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][merged small][merged small]

Appareil en bois construit par le P. Gabriel de Magalhaens pour servir à la seconde expérience de la mesure de la longueur de l'ombre méridienne. Le gnomon avait 2 pieds, 2 doigts ou pouces. La table reposait sur trois vis calantes destinées à obtenir l'horizontalité.

était divisée en pieds, doigts et décimales. Autour régnait un canal d'un demi-doigt de profondeur, creusé dans l'airain. En le remplissant d'eau, on s'assurait que la table était bien horizontale. Originairement cette colonne était destinée à mesurer chaque jour l'ombre méridienne; mais avec le temps, elle s'était sensiblement inclinée (FIG. 2).

On prépara un style de 8 pieds 4 doigts 9 dixièmes. Verbiest prit une planche, qu'il plaça bien horizontalement au sommet de la colonne, à la hauteur imposée. Il indiqua exactement, sur la table, le pied de la projection orthogonale de la planche, à partir duquel l'ombre devait être comptée, puis fit rapidement ses calculs, sans se laisser distraire par le bruit des conversations, ni émouvoir par les critiques. Quand il les eut achevés, il annonça que l'ombre aurait 16 pieds 6 doigts et 65 centièmes. L'observation confirma la justesse du calcul.

« Nous avons un grand maître », se répétaient avec admiration les spectateurs.

Seuls Yam Quam Siem et Uming Huen firent des réserves. Ils contestèrent l'exactitude du résultat, ergotant sur l'indécision du bord de la pénombre.

Le lendemain, fête des Innocents, l'empereur fit répéter l'expérience dans un des corridors du palais, mais avec quelques modifications. On donna au père un style de 2 pieds 2 doigts; on lui demanda de calculer la longueur de l'ombre, qu'il trouva égale à 4 pieds 3,45 doigts; puis on lui imposa de mettre le style en place de manière à réaliser l'expérience.

Pour construire l'appareil, Verbiest recourut à l'adresse du P. Magalhaens. Aidé d'un charpentier celui-ci passa la nuit à fabriquer une table assez grande pour recevoir l'ombre entière, la munit de trois vis de réglage, d'un niveau et d'un fil à plomb; puis y adapta le style (FIG. 3). Verbiest avait au plus haut degré l'art

d'imaginer des expériences propres à impressionner le public. La table était légèrement élevée au-dessus du sol et l'ombre, qui tombait à côté, paraissait excéder de beaucoup la longueur calculée. Yam Quam Siem, Uming Huen et le colao chinois, leur ami, triomphaient bruyamment. Verbiest laissait dire. Le soleil approchant du méridien, l'ombre monta sur la table, se raccourcit et passa au point marqué.

La foule des spectateurs éclata en applaudissements et trépigna de joie. Mahum, le président tartare du tribunal des mathématiques, ne put retenir une exclamation prouvant à la fois son ignorance et sa surprise.

<< Votre Seigneurie a-t-elle quelque objection à faire?» s'écria-t-il, en s'adressant au colao chinois.

<< Non », répondit-il, de mauvaise grâce. « Pouvait-il contredire tout le monde, dit Magalhaens, y compris le Soleil lui-même ? » Le colao ajouta même d'un ton pincé : « C'est fort bien réussi et exécuté avec beaucoup de précision.

[ocr errors]

On ne se fit pas faute de houspiller Yam Quam Siem et Uming Huen. Ils convinrent qu'ils étaient battus.

Cependant, pour ne rien décider au hasard, Kang Hi commanda de recommencer une troisième fois l'épreuve. Elle eut lieu le lendemain, 28 décembre. On revint à la table d'airain, on y plaça un style de 8 pieds 0,55 doigts et l'ombre devait avoir 15 pieds 8,3 doigts. Le succès fut le même que les deux fois précédentes.

Pendant ces expériences, dit un bon juge, Delambre (1), Verbiest ne devait pas être tout à fait tranquille.

(1) Histoire de l'Astronomie du moyen âge. ... Paris, Courcier, 1819, p. 215. Dans le narré de l'expérience, Delambre fait un contre-sens, provenant de ce que les figures des chapitres III et XII de l'Astronomia Europaea font défaut. « Verbiest plaça une planche, dit Delambre, en avant de la colonne », comme si cette planche devait indiquer l'extrémité de l'ombre. Or, Verbiest dit dans le texte : « ego ad caput praefatae columnae tabellam ligneam trans

C'est vrai et il nous avoue ingénument ses inquiétudes. « J'avais tenté plusieurs fois en particulier des épreuves pareilles, dit-il; rarement, même avec des gnomons plus courts, l'ombre s'était si bien accordée avec le calcul. Il y avait presque toujours de l'erreur. » Aussi attribue-t-il un succès si complet à une protection manifeste de la divine Providence.

Après pareil triomphe, la science de Verbiest n'était plus contestable. Kang Hi, très désireux de se débarrasser du reste de tutelle des deux régents du royaume, crut que les scènes précédentes lui en fournissaient la meilleure occasion. Les régents avaient poussé et protégé de toute manière Yam Quam Siem et Uming Huen, contre Schall et son école. Kang Hi résolut de donner aux erreurs des deux ignorants le plus de retentissement possible. Tant pis pour leurs protec

teurs !

Le calendrier de 1669 comprenait deux volumes.

Le premier donnait les mois lunaires. On y trouvait, par jours et par heures, les conjonctions, oppositions et quadratures de la Lune et du Soleil; en outre, l'entrée du Soleil dans chacune des 24 constellations du zodiaque chinois. Le second volume ressemblait aux Éphémérides d'Argoli (1); c'est Verbiest lui-même qui fait ce rapprochement. Il indiquait la position des planètes pour chaque jour de l'année.

Les calendriers calculés par Yam Quam Siem mani

versam, cujus supremum latus erat exacte parallelum horizonti, juxta dati styli altitudinem affixi, (p. 7). » Le sens est tout autre. Verbiest donne au gnomon la hauteur imposée en lui attachant au haut, « ad caput », une planche de bois bien horizontale. Les figures 1 et 3 du Compendium observationum (Liber observationum) ne laissent pas de doute à ce sujet. Cette interprétation est d'ailleurs la seule possible; car, l'expérience se fait avec la même table à colonne d'airain, et la colonne y a deux hauteurs différentes. (1) L'ouvrage eut plusieurs éditions. Je connais, dans les bibliothèques belges, celles de Venise, 1623 (Univ. de Louv.); Venise, 1638 (Bibl. Roy.); Padoue, 1648 (Univ. de Louv.); Lyon, 1659 (Univ. de Louv.); Lyon, 1677 (Univ. de Liége).

festement tous fourmillaient d'erreurs. Mais, pour le calendrier de 1669, l'« Adversaire », déprimé par son attaque d'apoplexie, avait recouru davantage à l'aide d'Uming Huen que pour les précédents. Assez mal au courant de l'astronomie arabe, le maure l'était encore beaucoup moins de l'astronomie chinoise. En s'efforçant de concilier les deux méthodes, il avait multiplié les maladresses.

Kang Hi demanda à Verbiest un rapport sur le sujet. Celui-ci se contenta de relever cinq fautes très grossières, faciles à contrôler par l'observation. C'étaient : l'heure de l'entrée du Soleil dans le 15 degré du Verseau, moment où commencent tout à la fois le printemps et l'année chinoise; l'heure de l'entrée du Soleil dans les Poissons, d'où s'inférait que, contrairement au calcul d'Uming Huen, l'année ne devait pas avoir de mois intercalaire; enfin trois positions de planètes une de Mars, une de Jupiter, une de la Lune.

Avec le plus d'éclat possible, Kang Hi rassembla le conseil des grands personnages de sa cour et leur exposa la situation. Malgré l'importance que la confection et la promulgation du calendrier ont toujours eue en Chine, jamais, dit Verbiest, affaire relative au calendrier ne s'était traitée avec pareille solennité.

Le conseil décida que la chose était de conséquence et devait être tranchée par l'observation.

Verbiest et Uming Huen eurent l'ordre de régler leurs instruments de contrôle d'après leurs calculs, plusieurs jours à l'avance. On leur enjoignit d'en immobiliser ensuite tous les organes par des bandes de papier collées, munies de leur sceau. Puis défense expresse leur fut faite d'encore y toucher. Une vingtaine de personnages reçurent la mission de suivre les expériences.

La première observation eut lieu le jour où le Soleil entrait dans le 15 degré du Verseau. Verbiest avait

« ÖncekiDevam »