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prêtres qui élèvent quelques réclamations, ou qui n'abandonnent pas leurs familles sur le champ. Les simples soldats de l'armée sacerdotale ne conçoivent pas l'importance politique de cette mesure, ils se soumettent en murmurant; les chefs applaudissent.

Dès lors plus de clergé espagnol; plus de clergé français; il n'y eut qu'un clergé ultramontain; un esprit de corps redoutable par son unité anima les diverses masses des prêtres catholiques toujours ardens à se déclarer contre leurs souverains particuliers, en faveur du Pape leur chef commun.

» Le décret apostolique, qui rend obligatoire le célibat ecclésiastique, révèle seul le génie dominateur d'HILDebrand; c'est le coup d'Etat qui a frappé et frappe encore au coeur l'indépendance des couronnes.

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Créé cardinal, le moine de Cluny pense qu'il ne peut élever trop haut cette dignité. Dès le troisième siècle de l'Eglise, ce mot cardinal était déjà connu, mais seulement comme un vain titre, dont se paraient les curés des paroisses de Rome. Des curés, cette distinction descendit aux diacres desservant des chapelles ou oratoires dans la ville sainte; puis elle remonta aux évéques des sept diocèses du territoire. Jusqu'au onzième siècle, le mot cardinal n'avait été qu'une épithète: HILDEBRAND en fait un substantif qu'il place à la tête de la hiérarchie ecclésiastique, immédiatement aux-dessous du St. Père.... C'est aux cardinaux réunis en assemblée électorale, sous le titre de sacré collège, que HILDEBRAND attribue le privilège exclusif de nommer les Papes; et non content de dépouiller le peuple et le clergé d'un droit exercé depuis mille années, il frustre encore l'empereur de la prérogative de confirmer l'élection du pontife, ou du moins il la rend illusoire. C'était faire marcher la papauté à pas de géant dans la carrière de la domination absolue.

» Le moine de Cluny se saisit de la tiare à la mort D'ALEXANDRE II, en 1073, et adopta le nom de GRÉGOIRE VII. - Le complément de la foi catholique est contenu dans son exposé de vingt-sept maximes sur la souveraineté spirituelle et temporelle du pontife; les voici:

1. » L'église romaine est la seule que Dieu ait fondée.

2. » Le titre d'universel n'appartient qu'au pontife romain, qui seul doit s'intituler le Pape.

3. Lui seul peut déposer et absoudre les évêques.

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4. »Son légat préside les évêques dans tous les conciles et peut les déposer,

5. » Le Pape peut déposer les absens.

6. D On ne doit point habiter avec ceux qu'il a excommuniés. 7. »Il peut faire de nouvelles lois, créer de nouvelles églises, partager un évêché en deux, ou réunir deux évêchés en un. 8. Lui seul peut se revêtir des attributs, et prendre les insignes de l'empire.

9. Tous les princes lui baisent les pieds.

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10. Son nom est le seul à prononcer dans les églises.

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11. » C'est l'unique nom dans le monde.

12. Il lui est facultatif de déposer les empereurs.

13. Il transfère à son gré les évêques d'un siège à un autre. 14. »Il peut dans toute église ordonner un clerc.

15. Celui qu'il a ordonné peut gouverner une autre église,

et ne peut recevoir un grade supérieur d'aucun évêque. 16. » Aucun concile ne peut se qualifier général sans l'ordre du Pape.

17. Aucun chapitre, aucun livre, n'est réputé canonique sans son autorité.

18. » Personne ne peut infirmer ses sentences; il peut abroger celles de tout le monde.

19, »Il ne doit et ne peut être jugé par personne.

20. » Défense à qui que ce soit d'oser condamner celui qui

en appelle au siége apostolique.

21. A ce siége doivent être déférées les causes majeures de toutes les églises.

22. L'église romaine ne s'est jamais trompée et ne se trompera jamais.

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23. Tout pontife romain canoniquement ordonné devient Saint.

24. Il est permis d'accuser quand il le permet ou l'ordonne.

25. »Il peut sans synode déposer ou absoudre les évêques. 26. »N'est pas catholique, qui n'est pas uni à l'église romaine. 27. » Le Pape peut dégager les sujets des mauvais princes de tout serment de fidélité.

»Après cette déclaration officielle d'un fanatisme saus limute,

et de la plus éclatante révolte contre les enseignemens de JÉSUS-CHRIST, comment ne pas s'étonner que GRÉGOIRE VII, non-seulement, ne donne aucune sanction à la croyance alors nouvelle de la présence de JÉSUS-CHRIST dans l'Eucharistie, mais incline vers les opinions de BERENGER, contraires à cette doctrine? Deux auteurs s'accordent sur ce fait important: l'historien SIGONIUS et le cardinal BENO. Le premier, dans son neuvième livre sur l'Italie de 1080 affirme que les évêques d'Allemagne qualifiaient GRÉGOIRE VII de vieux disciple de l'hérétique BéRENGER. Le second, qui a écrit la vie de GRÉGOIRE VII, dont il fut l'intime ami, rapporte que ce Pape, désirant obtenir de Dieu une réponse qui éclarcît ses doutes sur la présence réelle, jeta, devant plusieurs cardinaux, le Saint-Sacrement dans le feu. S'il avait ajouté foi à ce nouveau dogme, qui est devenu le pivot de la croyance catholique, n'aurait-il pas cherché à l'enraciner dans les esprits par l'autorité de ses paroles et son caractère? Ne l'aurait-il pas inséré dans l'exposé de ses maximes sur la puissance spirituelle du Pape?

L'époque de son invention, au surplus, prouve que ce dogme ne vient pas de JÉSUS-CHRIST, puisque avant le concile qui l'impose il n'était pas un article de foi. —

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» Ce Pape fait tonner son artillerie sacrée sur tous les rois de l'Europe. Il leur notifie ses arrêts d'une manière brève et impérative.

»A BOLESLAS roi de Pologne: »Je vous déclare déchu; la Pologne ne sera plus un royaume.'

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» A salomon roi de Hongrie: » apprenez des vieillards hongrois que leur pays appartient à l'église romaine."

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Aux princes espagnols: » sachez que Saint-Pierre est votre seigneur suzerain et domanial, et qu'il serait préférable pour l'Espagne d'être ravagée par les Sarrasins, que de refuser hommage au vicaire de JÉSUS-CHRIST."

» Au prince russe DÉMETRIUS: » nous avons donné votre couronne à votre fils, qui va nous prêter serment de fidélité,"

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Aux évêques de France: » votre roi PHILIPPE I, est un oppresseur plongé dans le crime et l'infamie; séparez-vous de sa communion, et délivrez-en le royaume avec l'aide de Dieu,"

» C'est toujours la menace d'anathême à la bouche qu' HILDEBRAND exige les tributs et les redevances imposés aux divers états européens, qui ne sont à ses yeux que des fiefs relevant de la tiare; le moindre retard est puni de l'excommunication.

La grande ombre de l'empereur HENRI III, semblait planer sur la ville de Rome, et revendiquer pour son fils le respect et la dépendance des Romains; ces souvenirs d'humiliation tourmentaient l'orgueil du vicaire de JÉSUS-CHRIST, et pesaient sur son âme pontificale! Il ne dormira plus qu'il n'ait brisé, pulvérisé ce joug impérial qu'ont porté ses faibles prédécesseurs; il punira le fils de la puissance du père; il abaissera HENRI IV, plus au-dessous de la chaire apostolique, que HENRI III, ne s'est élevé au-dessus. Pour réussir dans ce dessein, HILDEBRAND ligue sa haine avec la haine de la comtesse MATHILDE à qui sa mère, duchesse de Toscane, soeur de HENRI III, avait légué son fier ressentiment contre la cour impériale, dont elle avait reçu de graves affronts: pour être implacables, les animosités de famille n'ont besoin que d'être un peu entretenues, GRÉGOIRE VII les attise: il s'insinue habilement dans l'esprit de MATHILDE, il le façonne aux superstitions. Devenu son directeur spirituel, il lui souffle les terreurs de l'autre monde; MATHILDE épouvantée lui abandonne tous ses biens dans celui-ci par donation, et ensuite par testament; elle possédait la Toscane, Mantque, Parme, Reggio, Plaisance, Ferrare, Modène, l'Ombrie, Orviette et une partie de la Marche d'Ancône; fier de ce succès, et certain du dévouement illimité de cette princesse, GRÉGOIRE excommunie tous les évêques et abbés d'Allemagne nommés par l'empereur, et qui n'avaient pas exécuté le décret papal sur les investitures, décret subversif de toutes les lois de l'empire: et il somme HENRI IV, de venir se disculper à son tribunal sous peine d'excommunication. Pour toute réponse,

l'empereur, alors vainqueur des Saxons, convoque un concile qui dépose le Pape; celui-ci, sans s'émouvoir, réplique par ce décret :

(1076) » De la part du Dieu tout-puissant et de ma pleine autorité, je défends à HENRI, fils de HENRI, de gouverner le royaume teutonique et l'Italie. J'absous tous les chrétiens des sermens qu'ils lui ont faits ou lui feront. Il est défendu à toute personne de lui rendre aucun service comme à un roi".

» Cette bulle, lancée au milieu de l'anarchie féodale, nourrit la révolte des princes allemands qui, jaloux de la puissance de l'empereur, lui déclarent, la sentence dépositoire à la main, que ses fonctions de souverain ont cessé jusqu'à ce qu'il plaise au Pape de lever l'interdit. HENRI prend alors une soudaine résolution qui a couvert sa mémoire d'un opprobre ineffaçable; il se rend à Canosse près de Reggio, forteresse réputée imprenable, où GRÉGOIRE était enfermé avec la comtesse MATHILDE sa pénitente. HENRI IV, encore brillant de l'éclat de ses victoires, demande d'un ton repentant l'absolution du Pape, et la faveur de lui baiser les pieds! (c'était au mois de Janvier) On le dépouille de ses habits, on le revêt d'un cilice, et, nu-pied, en chemise, il attend, au milieu de la cour, la réponse du Saint-Père. GRÉGOIRE lui ordonne un jeûne de trois jours avant le l'admettre en sa présence: enfin il lui permet de se prosterner devant lui, de lui baiser les pieds, et il l'absout sous la condition de se soumettre au jugement ultérieur que, lui Pape rendra à Augsbourg. Si cet avilissement inoui indigna les Italiens, l'orgueil du pontife les révolta. La Lombardie se soulève en faveur de HENKI IV; celui-ci, profitant de ce retour de fortune, livre une bataille à RODOLPHE élu empereur à sa place, le défait, marche sur Rome, la prend d'assaut, et assiège GRÉGOIRE dans le château Saint-Ange.

» Le Pape, dont rien n'abat l'opiniatreté, loin d'être touché des voeux du peuple qui le supplie de fléchir sous l'empereur et de mettre un terme aux calamités de la guerre, s'écrie: > si HENRI veut obtenir son pardon, qu'il renouvelle sa pénitence!"

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