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à l'homme, à l'égard des personnes pour qui il veut faire acte de déférence et d'amour. Il n'est done point étonnant qu'il l'ait surtout mise en pratique à l'égard de Dieu, qui est élevé au-dessus de tous les êtres, qui renferme en soi toutes les perfections.

Les offrandes en usage dans l'Eglise, celles mêmes qui paraissent les plus simples, n'en éveillent pas moins en nous quelquefois les idées les plus touchantes. Le pain bénit, par exemple, est un signe d'union entre les fidèles. Comment conserverau fond de son cœur de la haine contre ceux avec qui on vient de manger le même pain, sur lequel avaient été appelées les bénédictions célestes? En certains lieux, le pain bénit est donné pour les morts: c'est pour nous dire que nous ne cessons point d'être en communion avec eux, et que nous devons continuer de prier à leur intention, Ailleurs, les fidèles apportent du blé à l'offrande, le jour des trépassés, et aux obsèques de chaque mort en particulier : c'est un symbole, tiré de saint Paul (I Cor. xv, 26), de notre croyance à la résurrection future. L'argent paraît moins symbolique; mais comme il représente tout, principalement le pain, il doit avoir la même signification. La cire, qui brûle ou dont la nature est de brûler, nous rappelle que la vie ne s'éteint point à la mort, etc., etc.

Ne dites-vous pas que tout est à Dieu ? Objectez-vous; il est inutile de lui offrir ce qui lui appartient. Ne dites-vous pas que le saint sarilice de la Messe tient lieu de toute autre offrande? Il est donc inutile d'en faire d'autres, à moins que ce ne soit pour les prêtres.

Oui, nous disons que tout est à Dieu, et nous ne cessous même de le répéter, et c'est précisément pour cela que nous nous efforçons de lui faire hommage de toutes choses, et c'est pour cela que, ne pouvant tout lui offrir, nous lui offrons du moins ce qu'il y a de plus précieux dans la nature, ce que nous estimons le plus dans le monde.

Il est inutile de lui offrir ce qui lui appartient, observez-vous.

Pour lui, oui; pour nous, non. Non ! ce n'est point inutile pour nous, car c'est un besoin du cœur; non ce n'est point inutile pour nous, car c'est le devoir de la reconnaissance; nonlencore une fois, ce n'est point inutile pour nous, car c'est une prière, et la plus énergique de toutes, la prière en action. Ce ne sont donc point ces objets matériels, dont vous avez parlé, que nous offrons à Dieu, c'est notre amour, c'est notre reconnaissance, ce sont nos vœux, c'est tout notre cœur qu'ils représentent. Et c'est pour le dire aux plus simples que cet argent, ce pain, ces gåteaux, cette cire, sont souvent façonnés en forme de cœur.

Voyez l'enfant à la fête de son père et de sa mère, il ne manque guère d'offrir à ces êtres qui lui sont si chers, des fleurs, des gâteaux et autres présents. A qui tout cela appartient-il, à proprement parler? Aux parents. It le leur offre cependant; et cette of

frande, témoignage de son amour, de sa rcconnaissance et de ses vœux, réjouit la famille; et personne ne la blâme; et tous l'approuvent au contraire. L'homme est l'enfant de Dieu. Pourquoi n'agirait-il pas de même à l'égard de ce Père céleste?

Oui, encore, nous disons que le saint sacrifice de la Messe tient lieu de toute autre offrande; mais par là nous entendons qu'il est d'un prix infini, qu'aucune autre offrande ne peut ajouter à sa valeur, et que c'est de lui, au contraire que toutes les autres tirent celle qui leur est propre. Cela ne veut pas dire que l'homme ne doit ni ne peut faire à Dieu aucune autre offrande. Autrement il faudrait dire qu'il ne doit ni ne peut lui faire l'offrande de son cœur, qu'il ne doit ni ne peut le prier, qu'il ne doit ni ne peut faire aucune bonne œuvre, car toute prière, toute bonne œuvre en général est aussi une offrande.

Les offrandes à Dieu vous étonnent, dans l'Eglise catholique principalement; mais la preuve que Jésus-Christ n'a pas voulu les faire cesser, c'est qu'il prescrit dans quelles dispositions du cœur il faut les accomplir:Si, en apportant votre offrande à l'autel, ditil, vous vous souvenez que votre frère a quelque sujet de mécontentement contre vous, allez d'abord vous réconcilier avec lui, et venez ensuite faire votre don à Dieu. (Matth. v, 23.) La preuve encore que Jésus-Christ n'a point aboli toute autre offrande par son propre sacrifice, c'est que saint Paul, quoique occupé des travaux de l'apostolat, portait à Jérusalem les aumônes qu'il avait recueillies, et y faisait ses oblations et ses vœux : « Post annos autem plures, eleemosynas facturus in gentem meam, veni, et oblationes, et vota » (Act. xxiv. 17); c'est qu'il décide qu'à l'exemple des prêtres de l'ancienne Loi, qui vivaient de ce qu'on offrait dans le temple, ceux qui servent à l'autel ont droit à une part des oblations de l'autel « Nescitis quoniam qui in sacrario operantur, quæ de sacrario sunt, edunt et qui altari deserviunt, cum altari participant. (Act. ix, 13.)

C'est ainsi, en effet, que vécurent d'abord les ministres de l'Eglise. Aucun fidèle ne participait au saint sacrifice sans faire une offrande, et le produit en fut bientôt abondant. On les partageait en trois portions, l'une pour l'entretien du culte divin, l'autre pour la subsistance des ministres de l'Eglise, la troisième pour le soulagement des pauvres. Ammien-Marcellin reproche au Pape et aux autres ministres de l'Eglise romaine de recevoir de riches oblations des dames romaines; mais cet auteur païen ignorait le saint usage auquel ces dons étaient destinés. Ce qui restait en sus des besoins du culte et du service des autels était employé, avec un soin religieux à nourrir et à soulager les pauvres, les veuves, les orphelins, les prisonniers, etc. C'est ce que représente si bien le saint diacre Laurent au préfet de Rome, quand celui-ci voulut le contraindre à lui livrer les trésors de l'Eglise dont il était dépositaire.

Ce n'est donc point pour les prêtres que

se font les offrandes dans l'Eglise: mais pour Dieu. Cela n'empêche pas qu'elles ne servent en partie aux besoins du culte qui est rendu à Dieu, en partie à l'entretien des ministrés de Dieu, et en partie encore au soulagement des pauvres, qui sont les amis de Dieu. Quoi de plus convenable? Quant à la part qui revient aux ministres des autels, pourquoi ne la prendraient-ils pas, puisqu'elle leur est destinée, et qu'ils en ont besoin pour vivre ?

Que signifient, avez-vous dit encore, ces ex-voto, en cire, et autres matières, imitant différentes parties du corps humain, la tête, les bras, les jambes, etc.? Tout cela est ridicule.

Cela signifie, de la part de ceux qui ont déposé ces offrandes, qu'ayant été soulagés

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P

PAPE.

Objections. Un Pourquoi le Pape? pontife suprême n'est pas plus nécessaire, pour diriger les autres pontifes, qu'un roi suprême, pour diriger les autres rois. C'est un homme comme un autre, et vous en faites un Dieu. Ce pontife, magnifiquement logé dans un palais, ayant sur la tête une triple couronne, est-ce bien le représentant de l'humble Jésus, qui eut le front couronné d'épines, le successeur de Pierre, qui fut si souvent chargé de chaînes, et ne se jugea pas digne d'être attaché en croix dans la même position que son divin maître? - N'y a-t-il pas incompatibilité entre la royauté et le sacerdoce? Combien de fois le Pape n'a-t-il pas abusé de son influence pour semer partout la dissension? I a frappé les rois d'anathème, délié les peuples du serment de fidélité, etc.

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Réponse. Jamais pouvoir ne fut aussi souvent, aussi violemment attaqué que le pouvoir dont jouit le Souverain Pontife. Il est le guide de la raison humaine dans ses rapports avec Dieu; il l'instruit, il la dirige. Dans ses écarts, il lui impose un frein, et lui dit: Tu n'iras pas plus loin. (Job xxxvii, 11.) L'orgueilleuse raison, qui fut indocile au joug de Dieu même, ne saurait supporter patiemment le joug de son délégué sur la terre. Elle ronge son frein, elle secoue ses chaînes; elle les brise... Heureux encore celui qui est chargé de la guider, quand elle ne se tourne point contre lui et qu'elle n'emploie point à l'attaquer, à l'abattre, toutes les forces qu'elle a puisées sous sa direction! Ecoutons ce qu'elle peut dire ici :

Pourquoi le Pape?

Vous demandez pourquoi le Pape? Mais pour régir l'Eglise de Dieu. Pourquoi le Pape, dites-vous? Demandez-le donc à Notre-Seigneur Jé sus-Christ lui-même? N'a-t-il pas dit à celui qu'il établissait chef de son Eglise

Vous

étes Pierre, et sur vous, Pierre, je bátirai mon Eglise, et les puissances de l'enfer ne prévaudront point contre elle. (Matth. xvi, 18.) Et encore: Je vous donnerai les clefs du royaume des cieux, et tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. (Ibid., 19.) Et ailleurs : J'ai prié pour vous, afin que votre foi ne défaille point; et quand vous serez une fois converti, confirmez vos frères. (Luc, xx, 32.) Et ailleurs: Paissez mes agneaux, paissez mes brebis. (Joan. XXI, 15.) Ainsi, le Pape est le fondement même de l'Eglise; il est chargé d'exercer en elle le pouvoir suprême, d'y maintenir les vérités de la foi, de paître les agneaux et les brebis, c'est-à-dire le troupeau entier.

Et ne nous objectez point que ces paroles ont été dites à Pierre seulement? Oui, à Pierre seulement, mais à Pierre, pour lui et pour ses successeurs; autrement, JésusChrist laissait périr presque aussitôt ce qu'il venait établir par tant de sacrifices, et même au prix de son sang. Il est évident, en effet, que si l'Eglise de Jésus-Christ avait besoin d'un chef lorsqu'elle n'était composée que d'un petit nombre de membres et qu'elle était encore peu répandue sur la terre, lorsque le souvenir des paroles et des bienfaits du Sauveur était présent à la mémoire de tous et que la terre était encore, en quelque sorte, rougie de son sang, à plus forte raison devait-elle en avoir besoin lorsqu'elle serait composée d'un nombre infini de membres répandus par toute la terre, lorsque le souvenir de Jésus-Christ, de ses bienfaits et de son immolation serait tellement affaibli paro les; hommes, que quelques-uns ne craindraient pas de nier sa divinité, et jusqu'a son existence.

Pourquoi le Pape? Ne savez-vous pas qu'il faut un chef à toute société, et que ce chef est d'autant plus nécessaire que la société qu'il doit rêgir est plus importante et

plus étendue. Or, quel peut être le chef de l'Eglise, si ce n'est le Pape? Quel autre que lui ose seulement revendiquer ce glorieux titre? Je n'en vois point, quant à moi.

Pourquoi le Pape, avez-vous demandé ? Est-ce que vous voulez savoir les raisons de son existence? Ne les voyez-vous pas, pour la plupart? Ne frappent-elles pas les yeux de tous? Rappelons-nous ici pourtant les principales. C'est un pouvoir si utile, si nécessaire que celui du Pape, et néanmoins c'est un pouvoir si souvent et si audacieusement contesté qu'on ne saurait trop se rappeler la base sur laquelle il repose.

Le Pape a deux grandes fonctions à remplir dans le monde : étendre indéfiniment l'Eglise de Jésus, et la maintenir dans une indestructible unité.

Rappens-nous les paroles de NotreSeigneur à ses apôtres, quand il leur commande de continuer la mission qu'il a luimême commencée, en prêchant son Evangile Allez donc instruire toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai ordonné, et voilà que je suis arec vous tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles. (Matth. xxvi, 19, 19.)

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A qui donc Jésus-Christ envoie-t-il precher cet Evangile pour lequel il est mort? A son peuple de prédilection? Aux Juifs dispersés par toute la terre? A d'autres encore. Aux Grecs, aux Romains, qui ont conquis le monde? A d'autres encore, à tous les peuples sans exception : Docete omnes gentes. Et quoi donc ces envoyés de Jésus-Christ leur enseigneront-ils à ces peuples? Toute sa doctrine sans exception: Omnia quæcunque mandavi vobis. Et quand l'Evangile aura été ainsi prêché par toute la terre, la mission de l'Eglise sera-t-elle terminée? Non, car les habitants de la terre se renouvellent à chaque instant, souvent même ils perdent la foi avant de périr; d'où il suit qu'il faut toujours une nouvelle prédication. Aussi, JésusChrist ajoute-t-il : Ecce ego vobiscum sum omnibus diebus, usque ad consummationem sæculi. Ainsi propagation indéfinie de la doctrine chrétienne dans toute son étendue, sans aucune restriction de temps ni de lieu, telle est la mission de l'Eglise. Pour une telle mission, il faut nécessairement un foyer d'où jaillisse à chaque instant cette divine lumière, un point central d'où partent et où viennent sans cesse aboutir les envoyés célestes chargés de la porter à tous les peuples. Or, ce foyer de lumière, ce point central, c'est évidemment le SaintSiége.

«Est-il une contrée si reculée qui n'ait ressenti son influence salutaire?» avonsnous dit nous-même, dans un autre ouvrage. (Bienfaits du catholicisme.)« Une nation està peine découverte, des récits bien propres à faire impression sur une âme sainte sont parvenus aux oreilles du Souverain Pontife: il

s'inquiète aussitôt en lui-même; il médite, il élève les yeux au ciel. Je ne sais

quel rayon divin, descendu d'en haut, vient illuminer son front. Sa détermination est prise; il appelle à lui quelques-uns de ces ministres de la religion occupés à prier dans le sanctuaire, ou à méditer dans la solitude du cloître : « Mes frères, leur dit-il, « il s'a«git d'arracher aux ténèbres de l'erreur des « ames créées à l'image de Dieu.» A ces mots, le rayon divin qui illuminait le front du Pontife s'est reflété sur le visage de ceux qui l'écoutent. Le vicaire de Jésus-Christ continue: Comme mon Père, qui est vivant, m'a envoyé, et moi aussi je vous envoie... (Joan. xx, 21.) Allez donc enseigner les peuples, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que notre divin maître nous a enseigné. Allez, ne craignez rien, car il est avec vous, tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles. (Matth. xxvi, 18-20.) Ils n'ont prononcé aucune parole; ils ne se sont perinis aucune réflexion. Quelque chose de divin a remué leur âme, et ils se sont dévoués. Je les vois se prosterner aux pieds du représentant de Jésus-Christ, et, emportant la bénédiction du Père commun des fidèles, ils vont appeler de nouveaux frères dans la grande famille chrétienne. Comme il est aisé de le comprendre d'après ce que nous venons de dire, aucun obstacle ne pourra s'opposer à leur zèle. Ils braveront tout, jusqu'à la mort; et, quand leur langue épuisée sera sur le point d'être enchaînée pour toujours par la glace de la mort, elle redira encore le nom tout puissant de Jésus à ces contrées jusqu'ici malheureuses sur lesquelles leurs yeux mourants commenceront à voir briller l'aurore d'un beau jour. »

Voilà ce qu'a toujours fait le Souverain. Pontife, successeur de Pierre, vicaire de Jésus-Christ sur la terre, pour tous les peuples qui, depuis le commencement du christianisme, ont été appelés à jouir des bienfaits de la foi; voilà ce qu'il fait encore chaque jour, et ce qu'il fera jusqu'à la fin, suivant les promesses de celui qui est la vérité même. En doutez-vous pour le temps même déjà écoulé? Regardez-vous ce que nous verons de dire comme un tableau d'imagination plutôt que comme le résumé fidèle de tous les faits de la propagation de la foi ? Consultez l'histoire de l'Eglise, considérez ce qui se passe aujourd'hui sous nos yeux.

D'où sont partis les ouvriers évangéliques qui ont christianisé les Gaules? de Rome. D'où, ceux qui ont évangelisé l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Pologne, la Russie, toutes les contrées de l'Europe? de Rome. Par qui sont envoyés les missionnaires qui vont prêcher l'Evangile en Asie, en Afrique, en Amérique, dans les îles innombrables de l'Océanie? par le Souverain Pontife. Que que soit le lieu qui les a vus naître, sur quelque rivage qu'ils s'embarquent, c'est au nom du Souverain Pontife, avec ses instructions, et comme ses délégués, qu'ils se rendent sur les lieux qu'ils doivent conquérir à Jésus-Christ. Et, quand ils sont à leur poste, oublient-ils celui qui les a envoyés ?

but avec sagesse et puissance, et vous aurez le chaos.

« Si l'homme veut donner à ses œuvres quelque beauté, il doit faire tous ses efforts pour imiter cette unité qui existe dans les œuvres de Dieu.

Non, ce serait fermer les yeux à la lumière : ils le consultent dans leurs doutes, ils ont recours à lui dans tous leurs besoins, ils ne manquent pas de lui demander les nouveaux pouvoirs qui leur deviennent nécessaires, ou la continuation de ceux qu'ils ont déjà, mais qui ne leur ont été donnés que pour un temps. Quand néanmoins les peuples, ainsi évangélisés, se séparent de celui à qui ils sont redevables du bienfait de la foi, qu'arrive-t-il? Ils retombent plus ou moins profondément dans les ténèbres d'où ils avaient été tirés; ils deviennent schismatiques, hérétiques, païens même quelquefois. Voyez la Grèce, une partie de l'Allemagne, la Turquie, l'Afrique, où le clergé français a tant de peines à rallumer le flambeau de la foi qui y jetait autrefois de si vives lumières.

J'ai donc eu raison de dire que le Souverain Pontife est nécessaire pour la propagation indéfinie de la foi dans toute son étendue, sans aucune restriction de temps ni de lieu. J'ajoute qu'il ne l'est pas moins pour la conservation de l'unité dans cette immense Eglise qui couvre la terre.

«Rien n'est beau que par l'unité, » avonsnous dit encore dans l'ouvrage que nous citions tout à l'heure. « Pensez à l'Etre éternellement existant, jetez les yeux sur ceux qu'il a tirés de son sein; considérez-les isolément ou collectivement, et partout vous verrez l'application de ce principe incontestable.

« A la place de ces dieux du paganisme, contre lesquels les hommes se mesuraient Souvent avec avantage, parce qu'il y avait en eux toute la fragilité humaine, mettez le Dieu un, celui des Chrétiens, et vous voyez le ciel et la terre s'incliner devant lui et proclamer partout ses infinies perfections.

« Dieu est un, et il a communiqué à tous les êtres quelque chose de son unité, parce qu'il leur a communiqué quelque chose de sa perfection.

« Descendons, dit Bossuet, et considérons l'unité avec la beauté dans les chœurs des anges. La lumière s'y distribue sans se diviser. Elle passe d'un ordre dans un autre ordre, d'un chœur à un autre, avec une parfaite correspondance, parce qu'il y a une parfaite subordination. Les anges ne dédaignent pas de se soumettre aux archanges, ni les archanges de reconnaître les puissances supérieures. (Sermon sur l'unité.)

«Descendons encore. Considérons-nous nous-mêmes, élevons les yeux au-dessus de nos têtes, portons-les autour de nous. Estce qu'il y a quelque beauté qui ne soit une ombre de cette harmonie céleste, de cette unité dont la perfection se trouve en Dieu ? Otez cet accord qui règne dans les pensées de l'homme, et vous avez la folie. Otez cette union qui attache les uns aux autres les membres des différentes sociétés dont le monde se compose, et vous aurez une effrayante anarchie. Otez cette ravissante harmonie qui résulte de l'accord de tous les globes, ôtez cette pensée qui les dirige vers un même

« Qu'est-ce qu'un poëme, un drame, un discours sans unité? L'objet le plus matériel est encore assujetti à cette loi: de même que la création de ce monde fut la réalisation d'une pensée divine, de même ce que l'homme appelle sa création doit être la réalisation d'une de ses pensées.

«Nous avons dit : rien n'est beau que par l'unité. Nous pouvions aller plus loin et dire rien ne subsiste que par l'unité. Cette seconde proposition est une conséquence de la première, puisque l'être et la beauté se confondent la beauté, en effet, n'est-ce pas une émanation plus complète de l'être?

« Retranchez l'unité de la nature divine, et vous aurez le polythéisme, c'est-à-dire la négation, en quelque sorte, de la divinité. Otez l'unité qui est dans l'homme et qui de deux substances différentes ne fait cependant qu'une seule personne, et vous avez la mort. Qu'est-ce en effet que la mort? est-ce autre chose que la séparation? C'est toujours l'idée que nous nous en faisons, non-seulement par rapport à nous-mêmes, mais encore par rapport aux autres êtres. Etablissez une division complète entre les parties constitutives d'un être, et vous l'avez détruit. Il prend une autre forme, une autre dénomination; mais il n'est plus ce qu'il était autrefois, il est mort.

« Or, il entrait dans les desseins de Dien de donner à son Eglise une beauté parfaite, une indestructible existence. Il devait done lui imprimer le caractère le plus frappant d'unité.

« Nous trouvons dans l'Evangile, dit Bossuet, que Jésus-Christ, voulant commencer le mystère de l'unité dans son Eglise, parmi tous les disciples en choisit douze; mais que, voulant consommer le mystère de l'unité dans la même Eglise, parmi les douze il en choisit un.

«Bossuet montre que Pierre fut cet apôtre choisi pour être le chef de l'Eglise; puis il ajoute :

« Qu'on ne dise point, qu'on ne pense point que ce ministère de saint Pierre finisse avec lui. Ce qui doit servir de soutien à une Eglise éternelle ne peut jamais avoir de fin. Pierre vivra dans ses successeurs, Pierre parlera toujours dans sa chaire; c'est ce que disent les Pères, c'est ce que confirment six cent trente évêques, au concile de Chalcédoine. (Sermon sur l'unité.)

« Ainsi, par une conséquence nécessaire de sa constitution et par la volonté souvent exprimée de son fondateur, l'Eglise doit offrir à nos yeux la plus frappante image de l'unité divine, et le chef du collége apostolique, Pierre, toujours vivant dans son successeur, est le principe de cette unité.

«Si ce n'était lui, qui done le serait? Vous qui le niez, vous qui avez quelque doute à ce sujet, ouvrez les yeux et voyez. Dites-moi,

est-ce que l'évêque de Rome n'est pas le fondément de cet immense édifice qui abrite plus ou moins toutes les nations, et à l'ombre duquel les hommes viennent tour à tour se reposer en attendant qu'ils retournent dans le sein de Dieu, d'où ils sont primitivement sortis? Est-ce qu'il n'est pas le centre de ce cercle dont la circonférence incessamment se dilate et ne s'arrête en aucun lieu de la terre ?

«Que sont devenues ces églises fondées par les apôtres ? Lieux sacrés, qui avez si souvent retenti des accents des prophètes, qui avez été arrosés du sang de tant de martyrs, qu'êtes-vous aujourd'hui, et quelles paroles entendez-vous? Qu'est-ce, en particulier, que cette Eglise de Jérusalem, de la ville sainte arrosée du sang d'un Dieu? Si la foi n'appelait, et ne retenait continuellement auprès du tombeau de Jésus-Christ quelques pieux fidèles, est-ce que de saintes prières s'élèveraient encore de l'homme à Dieu dans ces lieux où Dieu lui-même a expiré pour les hommes? Que sont devenues ces églises fondées par les saints Pères, et que la foi faisait resplendir encore de ses premiers feux ? Qu'est-ce que Constantinople? Un corps sans ame, un foyer de corruption. Qu'est-ce qu'Hippone? Que sont aujourd'hui ces églises d'Afrique, autrefois témoins de tant d'éloquence et de vertus? D'affreux déserts, des pays barbares, dont la valeur française brisera difficilement les chaînes, et que le clergé de France ne parviendra à régénérer qu'après de longues années, si toutefois l'esprit de vie ne s'est pas pour toujours éloigné de ces contrées. L'Eglise romaine seule s'est toujours maintenue avec toute sa puissance et tout son éclat. Après dixhu siècles de durée; elle élève au-dessus de toutes les nations le front pur de sa virginité.

Toutes les églises qui se séparent du centre de l'unité catholique s'affaiblissent donc plus ou moins rapidement, et périssent comme la branche séparée du tronc qui la nourrissait, comme l'arbre arraché du sein. de la terre. Que si nous les voyons prolonger leur existence, c'est qu'il y a en elles un reste de cette vie qu'elles ont puisée dans le sein de la mère commune; mais attendez que tout soit épuisé, et vous les verrez disparaître. Comment une église, qui se forme par la réunion d'un grand nombre d'intelligences, pourrait-elle conserver son exislence, c'est-à-dire son unité, en dehors de cette divine influence que Jésus corde au Souverain Pontife pour régir les ames? Par suite de cette loi générale qui a frappé de mort ce qui existe ici-bas, tout tend à se dissoudre, parce que tout tend à se détruire. Il y a dans l'âme, surtout, un sentiment de répulsion qui la porte à préférer ses propres sentiments aux sentiments d'autrui. Il est donc absurde de supposer qu'une société immense puisse se maintenir sans un Jien tout puissant d'unité. Une seule intelligence reste rarement d'accord avec ellemême; ce qu'elle croit aujourd'hui, elle ne le croira plus demain. Et vous voudriez que

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des millions d'intelligences, abandonnées à elles-mêmes, conservassent toujours les mêmes croyances? Cela est impossible; et un semblable accord, ne durât-il que quelques heures, serait à nos yeux l'un des prodiges les plus grands que nous puissions imaginer.

« Aussi tous les sectaires qui ont proclamé, de la manière la plus absolue, le principe d'indépendance sont-ils revenus bientôt à d'autres sentiments. Voyant que tous ceux qui s'étaient ralliés autour du même drapeau proclamaient leur indépendance et allaient se disperser de nouveau, ils eurent promptement recours au principe d'autorité qu'ils venaient de rejeter. De là ces assemblées consistoriales où quelques hommes sans mission, usurpant les droits de ceux à qui il a été dit: Enseignez toutes les nations, définirent, chacun à sa manière, en quoi consistait la foi chrétienne. De là ces anathèmes mille fois lancés par ceux qui avaient annoncé le règne heureux d'une tolérance générale. De là ces illuminations individuelles dans un grand nombre de ceux qui avaient refusé à l'Eglise universelle l'assistance du Saint-Esprit. Mais en vain l'homme voudra se soustraire aux suites funestes du principe qu'il a posé Chaque semence doit produire son fruit indépendamment de notre volonté. Vous reculerez vous-mêmes effrayés à la vue des conséquences affreuses contenues dans les pensées que vous avez émises, d'autres viendront après vous qui les tireront hardiment. Ne leur dites pas que la voie est dangereuse, qu'ils se frayent vers l'abîme un sentier glissant. Hommes inconséquents, vous répondraient-ils, hommes pusillanimes! vous avez fait vous-mêmes les premiers pas, et vous vou driez rétrograder? et vous voudriez nous communiquer aussi la honteuse frayeur qui s'est emparée de vos ames? Avancez! avancez toujours! Si vous êtes incapables de marcher à notre tête, suivez du moins timidement nos pas; si vous ne le pouvez encore, retirez-vous de la voie. Et tous marcheront, les uns avec hardiesse, les autres avec timidité, et ils feront continuellement de nouveaux progrès, jusqu'à ce qu'ils soient tombés dans l'effrayante anarchie des intelligences, ou dans le gouffre non moins redoutable d'un scepticisme universel.

«Attachés encore aux pensées religieuses et voyant qu'elles disparaissent de plus en plus de l'intelligence désordonnée des hommes, quelques-uns de nos frères séparés se sont dit : « Que va devenir la société chrétienne?» et ils ont porté de côté et d'autre leurs regards inquiets; et, voyant les débris. de la puissance temporelle surnager encore au-dessus de l'abîme agité, ils se sont écriés, en s'adressant aux rois de la terre: « Sauveznous, car nous allons périr! » Dès lors les pensées divines ont été confondues avec les pensées humaines; la clef qui ouvre et qui ferme les prisons terrestres fut chargéed'ouvrir et de fermer les portes du ciel; la voix qui commande au bourreau entreprit

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