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ailleurs cette vertu vivifiante, cet esprit de sainteté, ce zèle du bien, cet amour des âmes, celte tendre et généreuse compassion pour les pauvres. Certes, une Eglise qui, après dix-huit cents ans, présente ces caractères; une Eglise qui a vu tomber tant d'empires, qui a soutenu tant de luttes contre ses ennemis, et qui conserve aujourd'hui la même hiérarchie, les mêmes principes, la même méthode, qu'elle a reçus de son divin fondateur, a bien droit de nous parler de son autorité, et nous pouvons être fiers de lui appartenir.» (Exposition de la doctrine chrétienne.)

ils le sens des Ecritures saintes, écrites originairement dans ces langues!.... Les rêveries les plus bizarres, les interprétations les plus contradictoires des saints livres, sont sorties du système monstrueux du protestantisme; elles l'on! fractionné en des milliers de sectes. Les hommes sensés n'ont plus su à quoi s'en tenir les uns sont alors retournés à l'Eglise catholique, tandis que d'autres finissaient par ne plus croire à aucun dogme. C'est l'état d'un très-grand nombre de protestants en Allemagne, en Angleterre, dans les Etats-Unis d'Amérique. Ces hommes sont devenus des infidèles, pires en un sens que les païens, car ils vivent sans aucune religion. Voilà où les a conduits la liberté illimitée d'examiner, de disputer, et de ne se laisser diriger par aucune autorité légitime.

«L'Eglise romaine suit une marche bien différente au lieu de nous abandonner à nous-mêmes, elle nous conduit par voie d'autorité. Comme le jeune enfant apprend en écoutant respectueusement son père et sa mère, et ne saurait jamais rien s'il fallait qu'il doutât de tout ce qu'on lui dit avant d'y croire, de même le Chrétien apprend de l'Eglise la véritable doctrine. L'Eglise ne demande pas que nous interprétions les Ecritures, ni même que nous sachions lire; elle demande seulement que nous l'écoutions, et que nous recevions avec respect son enseignement. Cette méthode convient à tout le monde: elle est la seule possible pour les enfants, les pauvres, les ignorants, et pour les hommes si nombreux qui n'ont ni le temps ni le moyen d'étudier; elle n'est pas moins nécessaire aux savants; car ces hommes sont ordinairement orgueilleux, fort entêtés de leurs idées, très-exposés par conséquent à se tromper. La plupart des erreurs, nous devrions dire toutes les erreurs qui ont égaré les peuples, ont été accréditées et répandues par ceux que l'on désigne sous le nom d'hommes habiles et savants. Nous devons donc bénir Dieu de nous conduire tous par l'enseignement des pasteurs, et nous estimer heureux de trouver dans leur autorité un préservatif contre lant de fausses et de dangereuses opinions, dont ces esprits superbes ont été le jouet. Mais, s'il faut une autorité en religion pour maintenir la doctrine, pour conduire les hommes simples et les savants, quelle autorité plus grave, plus imposante que celle de l'Eglise catholique? L'Eglise catholique a un corps de pasteurs parfaitement constitué, tous unis dans une même foi, prêchant partout et dans toutes les langues la même doctrine. Cette Eglise est répandue dans tous les pays; elle est sans comparaison plus étendue, elle a un plus grand nombre de sujets qu'aucune autre société religieuse. Cette Eglise est pleine de vie; la conversion des peuples, le zèle et le dévouement de ses missionnaires, les congrégations qui se forment dans son sein, les bonnes œuvres qu'elle propage, les vertus modestes comme les sacrifices héroïques qu'elle inspire, sont une preuve de son inépuisable fécondité. On ne voit nulle part

Cette nécessité d'une autorité enseignante, pour nous faire connaître les vérités révélées et former ainsi notre foi, se trouve démontrée, d'une manière plus rationnelle mais non moins claire, par Mgr Parisis, dans un écrit récent, où, partant de l'existence d'un premier Etre, il conduit celui qui veut être conséquent, par une suite ininterrompue de raisonnements irrésistibles, jusqu'à la soumission la plus complète à l'Eglise catholi que.

Que la parole de Dieu révélée au genre humain doive y être conservée intacte quant au sens précis des vérités transmises de la sorte, dit-il, c'est ce qui ressort avec évidence de la nature même de la révélation. D'abord rien n'étant plus saint que cette infaillible parole, la moindre altération qu'on lui ferait subir serait une profanation et un sacrilége, puisqu'on mettrait l'erreur ou le mensonge dans la bouche de Dieu. Ensuite la révélation ayant pour but de nous affermir dans les vraies notions spirituelles que nous aurions pu avoir par nous-mêmes et de suppléer à celles que nous ne pouvions atteindre, elle ne ferait, si elle ne se conservait pas pure, que mettre dans nos idées une confusion plus irrémédiable et un désordre plus désespérant, ce qui serait une contradiction impossible.

« Cependant, d'un autre côté, la parole de Dieu nous ayant été transmise, comme cela devait être à raison de notre faibiesse, dans les formules du langage humain, s'y trouve exposée à toutes les imperfections, à toutes les incertitudes, à toutes les variations de ce langage, ce qui n'est pas possible non plus.

« On nous dit que Dieu remédie à ce dernier inconvénient en donnant à chacun une intelligence spéciale des saintes Ecritures. S'il en était ainsi, tout serait dans l'ordre, et Dieu aurait pris un moyen efficace de conserver sa parole parfaitement intègre sans le concours d'une Eglise enseignante.

« Mais alors Dieu révèle à chacun le même sens dans chacun des textes inspirés, car évidemment Dieu ne se contredit pas.

«Or, est-ce là ce qui arrive parmi ceux qui livrent l'Ecriture à leurs interprétations individuelles? Est-ce que ces interprétations ne sont pas au contraire très diverses, trèsopposées et tout à fait incompatibles les unes avec les autres? Est-ce que, par exemple, ces paroles si simples et si claires: Ceci est mon corps, ceci est mon sang (Matth. xxv1, 26,

28), n'ont pas fourni au système de l'interprétation individuelle matière à près de soixante interprétations et significations différentes? Est-ce que toutes les hérésies, sans aucune exception, bien qu'elles se combattent réciproquement, ne se sont pas également appuyées sur l'Ecriture, aussi bien que l'Eglise catholique dont elles sont toutes les adversaires? Et c'est Dieu qui parlerait par toutes ces voix ! c'est Dieu qui nous enseignerait ainsi le oui et le non, le vrai et le faux, et cela pour éclairer le genre humain, pour le faire sortir de ses incertitudes et de son ignorance, pour le faire marcher en droite voie vers sa fin dernière! Vraiment est-ce assez dire que c'est impossible? Ne devons-nous pas, pour être complet, ajouter que c'est absurde et monstrueux?

« Que dirons-nous de cet autre système appelé libre examen, parce qu'il se fonde non plus sur des révélations particulières, mais sur l'intelligence naturelle de chacun, déclarée souveraine interprète de la parole de Dieu ?

« D'abord il est bien clair que ce système produit inévitablement les mêmes contradictions dans les pensées, la même anarchie dans les croyances que nous venons de signaler dans le précédent, et que, pour cela seul, il doit être comme lui repoussé avec indignation. Mais n'est-il pas en lui-même bien plus répréhensible encore?

«Le système de l'inspiration particulière sur le sens de l'Ecriture, est démenti par l'expérience. En effet, Dieu est la vérité, conséquemment il est l'unité, parce que la vérité est une. Dès lors que des enseignements sont contradictoires, Dieu n'est plus dans le système qui les produit. Et toutefois cette inspiration particulière qui évidemment n'existe pas en fait, eût été possible en soi; elle n'eut rien eu qui ne fût digne de Dieu, puisque c'eût toujours été Dieu s'interprétant lui-même.

« Mais le libre examen après la révélation et sur le texte même de la révélation! Mais Dieu laissant à chaque homme toutes les infirmités, toutes les incapacités, toutes les variabilités de son intelligence, et disant à tous: Je vous livre mon immuable et éternelle parole, afin que chacun de vous lui fasse dire tout ce qu'il trouvera bon, et ce sera toujours bien devant moi qui suis la Vérité !....

« La compassion que l'on éprouve pour des frères séparés empêche de qualifier comme on le sent cette incroyable aberration. Pour moi, j'avoue que je ne connais rien au monde de plus inadmissible ni de plus dérisoire. Je comprendrais encore mieux le rationalisme pur, quoique je le combatte dans tout cet écrit, parce que, s'il pèche par la base, s'il demeurs forcément incompletet impuissant, il est au moins conséquent avec lui-même. Mais croire à la parole de Dieu et vouloir que cette parole essentiellement souveraine ne signifie autre chose que ce que chacun voudra lui faire signifier, n'est-ce

pas une insulte tout à la fois et à la sagesso divine et au bon sens humain?

« Maintenant, puisque l'inspiration individuelle n'existe pas, et puisque le libre examen est impossible, que reste-t-il sinon que Dieu qui a fait les sociétés d'ici-bas, qui a voulu qu'elles fussent régies par des lois, et que ces lois fussent interprétées par des juges, plaçât la société spirituelle dans les mêmes conditions.

« La révélation n'est autre chose qu'une double loi: une loi pour notre esprit, puisqu'elle nous impose certaines croyances; une loi pour notre volonté, puisqu'elle nous prescrit certains devoirs. Or, conçoit-on un législateur qui proclamerait ses lois et qui n'établirait aucun pouvoir, ni pour les garder, ni pour les interpréter, ni pour les appliquer?

La fondation divine d'une autorité chargée de conserver intact le dépôt de la loi révélée était donc tellement inhérente à la nature des choses que nous devrions la supposer quand même en fait nous n'aurions pas la preuve qu'elle a eu lieu. Mais ici encore les lumières surabondent et Dieu n'a pas voulu que nous fussions non plus sur ce point réduits à une simple conjecture quelque concluante qu'elle pût être. La preuve directe, nous l'avons.

<< D'abord cette autorité doctrinale et judiciaire, elle existe; elle existe à la face du monde, elle existe comme venant de Dieu; elle a existé dès le principe; car, indépendamment des décisions doctrinales du Saint

Siége, les conciles qui se sont tenus dans tous les siècles ont été toujours, par leur sentence, la protestation la plus formelle et la plus notoire contre le libre examen.

«Nous voyons dans les annales chrétiennes cette autorité vivante et, agissante partout; son existence s'identifie avec l'exisqu'elle eût pris naissance si elle ne venait tence même de l'Eglise. Où voudriez-vous pas de l'auteur même du christianisme.

<< Mais, au reste, elle vous montre ses titres; elle les prend dans ce que vous regardez vous-mêmes comme la parole de Dieu. Estce qu'il n'a pas été dit à ceux qui exercent cette autorité divine: Allez, enseignez les nations (Matth. xxvIII, 19); et ailleurs : Qui vous écoute, m'écoute; qui vous méprise, me méprise (Luc. x, 16); et ailleurs encore: Que celui qui n'écoute pas l'Eglise soit regardé comme un infidèle et un pécheur public. (Matth. XVIII, 17.) Est-ce qu'il n'a pas dit à leur chef: Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle. (Matth. xvi, 12.) Tu conduiras et tu nourriras mes agneaux et mes brebis. (Joan. XXI, 16, 18, 19.) Tu affermiras tes frères dans la foi. (Luc. xxII, 32.) Et enfin: Je te donnerai les clefs du royaume des cieux; tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le ciel, tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel. (Matth. xvi, 19.)

«Que faut-il de plus? Voilà des titres clairs, simples, précis, d'où découlent des pouvoirs dont le monde a besoin pour conserver le

dépôt de la parole révélée. L'autorité qui s'appuie sur ces titres et qui exerce ces pouvoirs est en possession des uns et des autres depuis l'origine. Cette autorité indispensable, je ne la trouve nulle part ailleurs, ni avec son antiquité, car je connais les époques où sont nés tous les schismes et toutes les hérésies; ni avec son unité, car, tandis que la parole de Dieu est toujours semblable à elle-même, le protestantisme, par exemple, n'est qu'une tumultueuse Babel où il est de plus en plus impossible de s'entendre, Au contraire, cette autorité, sans laquelle la révélation divine deviendrait le jouet de toutes les folies humaines, je la trouve dans l'Eglise catholique, tout à fait telle que je puis la désirer, et même bien plus parfaite que je n'aurais osé moi-même l'imaginer. Je la trouve avec la puissance de sa hiérarchie, avec la perpétuité de ses doctrines, avec la plénitude de ses lumières, avec le miracle constant de son indéfectibilité. Vraiment ici encore je me demande s'il était possible que Dieu donnât à ma raison une satisfaction plus complète.

« Ainsi dans l'état actuel de l'humanité, glise enseignante était nécessaire après le fait surnaturel de la révélation. Elle est en harmonie avec ce qui constitue ici-bas toutes les sociétés humaines. En fait, elle a exercé son pouvoir dans tous le cours des siècles chrétiens; en droit, elle présente des titres formels de son institution divine. Une raison sage n'en demande pas tant pour adhérer sans réserve. » (Les impossibilités.) Vous dites que la Bible elle-même, qui est pourtant la parole de Dieu, ne nous suffit pas, comment alors l'enseignement de l'Eglise, qui n'est que la parole des hommes, nous suffira-t-il? avez-vous ajouté. Si nous ne pouvons former notre foi avec la parole de Dieu, comment avec la parole des hommes?

Je vais rétorquer contre vous votre argument: Vous convenez qu'un enfant, ou qu'un ignorant, qui est toujours enfant, ne peut aller chercher dans des livres ce qu'il est obligé de croire et de pratiquer chaque jour. Mais, ajouterai-je, s'ils ne peuvent s'instruire de cette manière, comment le seront-ils par Ja parole de leurs parents, de leur pasteur, de leurs maîtres, en un mot, par cet enseignement parlé, qui a, en général, moins de valeur que l'enseignement écrit? C'est bien là votre idée; n'est-ce pas? Or, elle n'a évidemment aucune valeur dans mon argument. Il en est donc de même dans le vôtre. Prenons actuellement la difficulté en soi, et répondons directement.

gnement de Jésus-Christ, celui de Dieu, pal conséquent. En sorte que si les mots dont il se compose ne sont pas à nos yeux aussi sacrés que ceux de la Bible, qui est regardée comme la parole de Dieu sous tous les rapports, cet enseignement lui-même a la mênie sûreté, et doit nous inspirer la même confiance. Cela reconnu, voyons si l'enseignement de l'Eglise ne fait pas réellement pour former notre foi, la conserver et la diriger, ce que ne saurait faire l'enseignement de la Bible.

Nous n'ignorons point que la Bible est réellement la parole de Dieu dans toute l'étendue du mot, même sous le rapport de l'expression. Nous l'avons dit déjà, et personne n'en est plus convaincu que nous. Mais, par cela même que c'est une parole écrite, elle ne suffit point évidemment pour former la foi de ceux qui sont hors d'état de comprendre ce qui est écrit, et même de lire. Nous l'avons dit encore et prouvé, et cela d'ailleurs est de la plus grande évidence. Suffit-elle pour former la foi de ceux qui se croient plus capables, et qui le sont même réellement? Non, encore. Parce que la Bible n'est pas toujours claire, et que, le fût-elle parfaitement, elle n'empêcherait point la manière de voir propre à chacun. C'est comme uneflettre qui nous est envoyée du ciel, pour nous servir ici de l'expression d'un saint Père, c'est réellement un Testament écrit sous la dictée de l'Esprit de Dieu; mais, s'il n'y a personne pour nous lire et nous expliquer cette lettre céleste, ce Testament divin, nous ne serons pas sûrs d'avoir bien saisi la pensée de Dieu. Que dis-je ? nous nous brouillerons souvent à cette occasion, nous nous diviserons, et peut-être même finirons-nous par nous égorger, comme cela n'arrive que trop fréquemment pour les choses de la terre, malgré les tribunaux établis pour nous mettre d'accord. La parole de Dieu écrite, ou la Bible, ne suffit donc point pour former la foi des hommes, avonsnous dit avec raison. Aussi Jésus-Christ n'at-il rien écrit, et n'a-t-il fait rien écrire, pendant qu'il était sur la terre. Après son Ascension, quelques-uns ont écrit sous la dictée de son Esprit; mais tout ne l'a pas été, comme saint Jean l'affirme si expressément. (Joan. xxi, 24, 25.)

Quant à l'enseignement de l'Eglise, ce n'est plus la même chose. C'est toujours la parole de Dieu, avons-nous dit, sinon quant à l'expression, au moins quant au sens. Or, quoique ce ne soit pas la parole de Dieu quant à l'expression, et peut-être même à cause de cela, cet enseignemeut s'explique, se déveIl est faux d'abord que l'enseignement de loppe, se fait tout à tous, pour ainsi dire, à l'Eglise ne soit que la parole des hommes, l'exemple de saint Paul, pour nous gagner quant aux vérités du moins que promulgué tous à Jésus-Christ. La Bible est la parole cet enseignement. L'Eglise enseigne au nom de Dieu morte, pour ainsi dire, immobile de Jésus-Christ et avec l'assistance de son du moins, et qui, ne pouvant descendre jusEsprit. Aussi ce divin Maître a-t-il dit à ses qu'à nous, demande que nous nous élevions apôtres, et, par eux, à leurs successeurs : jusqu'à elle, au risque de nous égarer; l'enQui vous écoute, m'écoute. (Luc. x, 16.) L'enseignement de l'Eglise est la parole de Dieu, seignement de l'Eglise n'est donc point l'enseignement des hommes, mais bien l'ensei

toujours vivante, se modifiant par cela même quant à la forme, nous poursuivant dans

tous les retranchements de l'erreur, et nous attachant sûrement à la vérité, à moins que nous ne brisions les liens sacrés que Dieu

B

a donnés à son Eglise, pour nous diriger sur la terre et nous conduire au ciel.

BALS, ROMANS, SPECTACLES.

Objections. Vous nous défendez d'aller au bal, de lire des romans, de fréquenter les spectacles. Il faut donc que nous n'ayons aucun délassement, après nos occupations? Il y a des personnes honnêtes et même chrétiennes qui font tout cela.

Réponse. Quand nous vous défendons d'aller au bal, de lire des romans, de fréquenter des spectacles, nous vous donnons le conseil le plus sage, le plus salutaire qu'on puisse donner à l'homme, à la jeunesse principalement. Vous en savez là-dessus autant que nous probablement, et peutêtre encore davantage. Ce sont autant d'écoles d'immoralité, et quelquefois d'impiété.

Jeunes gens, jeunes filles surtout, ne fréquentez point les bals: vous y perdriez les habitudes de décence et de modestie que Vous avez ou que vous devez avoir à votre Age; vous pourriez même y perdre la santé, la vie et quelque chose d'infiniment plus précieux encore, l'honneur! Je ne vous rappellerai ici ni les Ecritures, ni les Pères, ni les docteurs de l'Eglise, c'est l'opinion d'un homme du monde que je vais vous citer. Vcici comment en parle le célèbre BussyRabutin, de l'Académie française, dans une réponse à l'abbé de la Roquette, évêque d'Autun.

J'ai lu la lettre sur les bals que vous m'avez envoyée; et, puisque vous souhaitez de savoir ce que j'en pense, je vous dirai que je n'ai jamais douté qu'ils ne fussent très-dangereux. Ce n'a pas été seulement ma raison qui me l'a fait croire, ç'a encore été mon expérience; quoique le témoignage des Pères de l'Eglise soit bien fort, je tiens que sur ce chapitre le témoignage d'un courtisan sincère doit être d'un plus grand poids. Je sais bien qu'il y a des gens qui courent moins de basard en ces lieux-là que d'autres, cependant les tempéraments les plus froids s'y réchauffent; et ceux qui sont assez glacés pour n'y être point émus, n'y ayant aucun plaisir, n'y vont point. Ainsi, il n'est point nécessaire de les leur défendre; ils se les défendent assez eux-mêmes. Quand on n'y a point de plaisir, les soins de sa parure et les veilles en rebutent, et, quand on y a du plaisir, il est certain qu'on court grand danger d'y offenser Dieu. Ce ne sont d'ordinaire que les jeunes gens qui composent ces assemblées, lesquels ont assez de peine à résister aux tentations dans la solitude, à plus forte raison dans ces lieux-là, où les beaux objets, les flambeaux, les violons, et l'agitation de la danse échaufferaient des anachorètes. Les vieilles gens, qui pourraient

DICTIONN. DES OBJECT. POPUL.

se trouver dans les bals, sans intéresser leur conscience, seraient ridicules d'y aller; et les jeunes, à qui la bienséance le permet ne le pourraient pas sans s'exposer à de. grands périls. Ainsi, je tiens qu'il ne faut point aller au bal, quand on est Chrétien ; et je crois que les directeurs feraient leur devoir, s'ils exigeaient de ceux dont ils gouvernent les cousciences qu'ils n'y allassent jamais. >>

Voilà ce que pensait un homme du monde des bals où règne la décence, où du moins elle est censée régner. Que dirons-nous done après cela, de ces bals de cabaret, de ces bals échevelés, de ces bals parés-masqués, ou plutôt déparés et démasqués, où n'existent Dulle surveillance, qui sentent le vin et l'orgie à cinq cents pas à la ronde? Une jeune fille modeste et chrétienne ne devrait pas, je ne dirai point aller, mais y penser seulement, sans sentir tout son cœur se soulever, en même temps que sa conscience.

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Quant aux romans, ils font le mal avec moins d'éclat et de bruit, mais ils ne le font que plus dangereusement, parce qu'on le remarque moins: Jamais fille sage n'a lu de romans, affirme J.-J. Rousseau. Et, en effet, comme il le dit au même endroit, le raffinement du goût des villes, les maximes de la cour, l'appareil du luxe, la morale épicurienne, voilà les leçons qu'ils prêchent et les préceptes qu'ils donnent. » Commentant ce texte, l'abbé Gérard ajoute, en parlant des romans: « D'abord ils amollissent notre âme et l'énervent; ils lui ôtent cette régidité de principes et ce caractère de vigueur et de ferineté qui accompagnent et qui soutiennent la vertu; ensuite ils inspirent à un jeune cœur une sensibilité vague et incertaine; ils lui font éprouver des besoins factices, et que sûrement il n'avait pas; ils le font soupirer sans qu'il sache bien après quoi : ce cœur, attendri de plus en plus, languit et n'aime point encore; mais il cherche à aimer, et n'attend qu'un objet pour se fixer. Une douce et séduisante rêverie l'attache à des objets imaginaires dans l'absence d'un objet réel; l'objet s'annonce, et sans plus de choix le coeur se détermine. L'imagination s'échauffe, toutes les passions s'allument; les sens mêmes acquièrent une activité dangereuse et précoce; et l'on devient coupable d'après la lecture de ces livres où le vice est peint souvent sous les traits de la vertu. Eh! que dis-je, la vertu! les auteurs de ces sortes d'ouvrages si tendres et si passionnés seraient bientôt las d'écrire s'ils n'avaient qu'elle à peindre, ou craindraient qu'on no se lassât trop tôt de les lire. De là ce melan

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ge qu'ils y mettent de sentiments faussement héroïques, et de situations vraiment critiques pour les mœurs et pour la sagesse; de là ces images vives et rapides qui dérèglent l'imagination, moins encore par ce qu'elles représentent que par ce qu'elles laissent à deviner; ces descriptious naïves qui font couler lentement le feu dans les veines. Car on a beau vouloir se flatter sur ce qu'on éprouve et se déguiser ce qu'on sent, les romans causent pour l'ordinaire des émotions[secrètes où le cœur n'est pas toujours en nous ce qu'il y a de plus affecté. »

Ainsi voilà le cœur dévoré par les romans, et avec le cœur tout ce qu'il entraîne après lui. Or que n'entraîne-t-il pas dans l'homme? Mais ils ne dérèglent guère moins le jugement Est-ce dans ces sortes de livres, ajoute le même auteur, qu'on apprend à bien penser et à bien vivre? Qu'y trouve-t-on sous l'écorce qu'ils présentent, que des pensées fausses, que des maximes qu'il serait bien dangereux de mettre en pratique, et des exemples qu'on se repentirait toute sa vie d'avoir imités ? Les romans changent presque en tout le véritable point de vue; ils apprennent à voir les choses comme on les imagine, et partaut bientôt à les croire telles qu'on les désire.... » Rousseau avait dit également: «On se plaint que les romans troublent les têtes; je le crois bien. En montrant sans cesse à ceux qui les lisent les prétendus charmes d'un état qui n'est pas le leur, ils les séduisent, ils leur font prendre leur état en dédain, et les portent à en faire un change imaginaire contre celui qu'on leur fait aimer. Vouiant être ce qu'on n'est pas, on parvient à se croire autre chose que ce qu'on est, et voilà comme on devient fou. » Et qu'est-ce, en effet, qu'une tête romanesque, si ce n'est celle qui a perdu le sens ou à peu près, et qui l'a perdu d'autant plus misérablement et irrémédiablement qu'elle se croit beaucoup plus sage que les autres, au contraire?

Que si tels sont les résultats des romans qu'on appelle honnêtes, quel jugement porterons-nous sur ceux qu'on est bien obligé d'appeler déshonnêtes, sur ces romans d'antichambre qu'on retrouve à la boutique, dans l'atelier, et jusque dans les cabarets, de ces romans faits, où plutôt fabriqués pour ceux qui ne savent pas lire, comme l'a dit un des fabricants, avec une ingénuité charmante?

Les spectacles ne sont que des romans mis en action. On retrouve en eux, à peu près, et les dangers de la danse et ceux du roman. Jugez par là, de leurs effets. Ils saisissent l'homme par toutes ses facultés, en même temps, et l'entraînent irrésistiblement. « La force de l'intérêt, dit encore l'abbé Gérard, la chaleur du sentiment, le feu de l'action, les ornements de la poésie, tout l'ensemble du spectacle nous ément et nous transporte. On est tout entier à ce qu'on voit, à ce qu'on sent. On se remplit, on se pénètre à loisir des mêmes vues, des mêmes penchants que font naître les personnages qu'on nous représente. On se sent attendrir;

on verse des pleurs en dépit de soi; on oublie tout; on oublie sa raison et son propre cœur. On est déçu, on est séduit sans avoir la force de revenir contre de si douces et de si fortes impressions; tout fait illusion, et tout concourt à la maintenir. » (Les égarements de la raison.)

Riccoboni, auteur et acteur tout à la fois, cel homme si expert et si distingué dans son art, nous assure que les sentiments qui seraient le plus corrects sur le papier changent de nature en passant par la bouche des acteurs, et deviennent criminels par les idées qu'ils font naître dans l'esprit du spectateur même le plus indifférent.

Corneille et Racine, ces hommes non moins distingués par leurs sentiments et par leur foi que par leur génie dramatique, pleurèrent amèrement, dit-on, l'usage qu'ils avaient fait de leur talent. Et combien d'autres nous pourrions citer ici également ?

Il faut donc que nous n'ayons aucun délassement après nos occupations, nous représentez-vous.

Je ne dis pas cela, bien au contraire. Je sais que vous en avez même d'autant plus besoin que vos occupations ont été plus pénibles et plus prolongées. Mais cherchez des délassements qui présentent moins de dangers. Le bien est de tout concilier, s'il est possible, l'honnête et l'agréable. Remarquez-le cependant, l'honnête doit marcher avant tout.

Omne tulit punctum qui miscuit utile.dulci

(HORAT., De arte poetica, vers. 314.)

Je n'en ai pas d'autres, me direz-vous J'en suis bien fâché; mais, je vous le répète, l'honnête doit marcher avant tout.

Est-ce bien vrai, toutefois? Quoi! ceux qui ne lisent point de romans, qui ne fréquentent ni les bals, ni les spectacles, n'ont donc aucun délassement selon vous ?

Vous n'en avez point d'autres, dites-vous. Alors, je vous plain's bien; car ce sont des délassements qui ne me paraissent guère propres à délasser. Quoi ! des délassements, ce qui nous fait passer une partie des nuits sans sommeil, et quelquefois dans l'agitation de tout notre être? Des délassements, ce qui nous captive, nous séduit, nous mène où nous ne voudrions point aller, et nous fait faire ce que nous n'aurions guère envie de faire? Des délassements, ce qui s'attache à nous et nous poursuit partout, au milieu de nos occupations, de nos repas, et jusque dans notre sommeil ?... Si vous n'avez pas d'autres délassements, je vous le répète, je vous plains sincèrement, car ces délassements me paraissent, en réalité, de véritables et continuels tourments.

Il y a des personnes honnêtes et même chrétiennes qui font tout cela, avez-vous dit

encore.

C'est bien le cas d'appliquer la belle réponse de Bossuet à Louis XIV: « Nous parlions de spectacles, lui dit ce prince en le voyant entrer: qu'en pensez-vous? -Sire, répondit l'illustre prélat, il y a de grands exemples pour, mais il y a de

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