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de ces bénéfices soit bien faite, ce qui a lieu nécessairement quand les règles canoniques sont observées, il n'y a aucun mal à cela. C'est même encore un moyen de servir, admirablement quelquefois, les intérêts de la religion. Personne n'ignore, en effet, que ce fut avec la possession de ces sortes de bénéfices que les Bossuet, les Fénelon et tant d'autres se sont livrés en paix à des études approfondies qui ont jeté un éclat impérissable sur la religion comme sur la France.

Abus par rapport à la société!

Nous avons vu, au contraire, que chaque abbaye est pour la société une source intarissable de bienfaits. Vous objecterez sans doute qu'elle doit attirer à soi les forces vives Je la contrée où elle se trouve, et empêcher par là, en même temps, la population de prendre tout son développement. Mais, d'une part, ces forces vives qu'elle attire ne sont point perdues. Au contraire, on les voit là s'épurer et s'accroître, et prendre même rapidement une consistance durable qui aide ensuite la société à lutter avantageusement contre les agitations auxquelles elle est sans cesse exposée. Et puis, d'une autre part; estce qu'une population restreinte mais saine n'est pas intiniment préférable à une population trop nombreuse et nécessairement turbulente? L'expérience a toujours montré que, quand le vaisseau de l'état est excessivement chargé, il n'en est que plus exposé à sombrer.

Abus par rapport à la famille !

L'abbaye en est, au contraire, le développement et l'extension, dans un sens spirituel et moral. Et n'allez pas nous objecter, non plus, que cette seconde famille enlève à l'autre une partie de ses membres et de ses richesses. Non, elle n'enlève rien! Elle reçoit seulement ce qui lui est offert, et qu'elle est en droit d'accepter, et ce qu'elle a reçu légitimement, elle le conserve avec le plus grand soin, et en tire tout le fruit désirable. Non, surtout, mille fois non, elle ne ravit jamais personne! Car on se donne à elle bien volontiers, et ceux qui se sont ainsi donnés

ont rarement lieu de se repentir de cette détermination, ni pour eux-mêmes, ni pour ceux qu'ils ont laissés dans le monde!

Abus enfin par rapport aux individus! Comment cela se pourrait-il, quand nous voyons l'abbaye contribuer si puissamment au bonheur de chacun, en cette vie et dans l'autre. Et qu'on ne nous représente pas encore qu'elle gêne la liberté individuelle. Oui! répondrions-nous, elle gêne beaucoup la liberté, mais la liberté de mal faire. Heureuses chaînes donc! pouvons-nous nous écrier ici, heureuses chaînes qui éloignent du vice et attachent invinciblement à la vertu !

Nous avons donc eu raison de dire, en

commençant que, quand la révolution avait détruit toutes les abbayes en France, au lieu de faire un acte méritoire aux yeux de Dien et des hommes, elle avait commis, en cela comme en beaucoup d'autres choses, l'attentat le plus abominable.

détruites? Nous ne le pensons pas. Elle les Est-il bien vrai d'ailleurs qu'elle les ait a persécutées, dépouillées, abattues, pour un instant, si vous le voulez; mais détruites réellement ! Cela ne paraît pas possible. Inhérentes, en quelque sorte, à l'essence même du catholicisme, elles sont comme lui impérissables, si ce n'est individuellement, du moins dans leur généralité. Aussi voyez ce qui est arrivé, aussitôt que le catholicisme, un instant proscrit parmi nous, a commencé à reparaître. Sur les débris de nos vieilles abbayes renversées, d'autres plus jeunes se sont élevées rapidement, comme on voit de verts rejetons pousser rapidement aussi sur les débris du chêne centenaire. Les nouvelles sont moins peuplées encore que n'étaient les premières, mais elles sont plus ferventes; elles sont moins riches, mais plus pures; on leur a enlevé leur croix d'or; mais elles out pris la croix de bois, et rappelez-vous, comme cela a été dit de l'épiscopat français, au commencement de la révolution, rappelez-vous que c'est la croix de bois qui a vaincu le monde en le régénérant.

ABSOLUTION..

Objection. Qu'ai-je besoin de votre absolution? Il n'y a que Dieu qui puisse remettre les péchés. C'est, d'ailleurs, une grande simplicité de croire que quelques paroles prononcées dans une langue qu'on n'entend plus, puissent changer l'état des ames, et de rouges comme l'écarlate, qu'elles étaient peut-être, les rendre blanches comme la neige. Gardez donc votre absolution pour vous, je vous le répète; quant à moi, je dormirai fort bien sans cela. Elle n'est que pour un trop grand nombre une source de désordre, par la facilité avec laquelle elle remet les péchés.

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Réponse. Est-ce bien vrai ce que vous dites? Ne nous trompez-vous pas; ne vous trompez-vous pas vous-mêmes? Est-ce

réellement l'état présent de votre âme? Vous êtes-vous toujours trouvé dans cet état; vous y trouverez-vous toujours? Ne ressemblezvous pas à ce volcan épuisé qui dort trauquille aussi en ce moment, et à la surface duquel règnent peut-être abondance et la paix, mais qui bientôt va s'entr'ouvrir pour donner passage à la lave qui le dévore intérieurement? Et encore s'il n'y avait à craindre pour vous que de semblables malheurs qui durent quelques jours seulement, nous nous en consolerions volontiers, et nous vous laisserions dormir votre sommeil. Mais, ame immortelle ! la lave du péché qui vous mine intérieurement vous entraînera tôt ou tard avec elle dans un abîme éternel. Réveillez-vous donc de votre assoupissement! Reconnaissez le danger auquel vous vous expe

sez, et ayez recours promptement au seul moyen qui vous est donné de vous en pré

server.

Qu'ai-je besoin de votre absolution? nous disent quelques-uns.

:

Cette objection n'est pas sérieuse. Quoi! il y a vingt ans, cinquante ans, quatre-vingts ans peut-être que vous vous trouvez sur la terre, et, pendant cette longue et difficile carrière, vous n'avez rien fait qui ait besoin d'absolution? Quoi! vous avez été conçu dans le péché, ce foyer de la concupiscence que vous avez apporté en venant au monde s'est développé depuis, comme un effrayant incendie, par tout ce qu'il a rencontré de propre à l'alimenter en vous et hors de vous, l'esprit vous trompe, la chair vous séduit, le démon vous aveugle, les mauvais conseils et les mauvais exemples vous obsèdent à chaque pas, et vous prétendez n'avoir pas besoin d'absolution? Quoi! tout la réclame ici-bas l'anachorète au désert, le religieux dans sa cellule, le pénitent au sein de toutes les mortifications, l'apôtre dans l'accomplissement de sa divine mission, le martyr luimême au milieu des souffrances qu'il endure pour Jésus-Christ... et vous, dans le monde, au milieu des occupations terrestres, au sein du plaisir, dans le péché, dans le crime peutêtre, vous affirmez avec assurance que vous n'en avez point besoin? Evidemment, c'est une dérision. Je dis, moi, que vous en avez d'autant plus besoin que vous croyez n'en avoir pas besoin du tout. Il est évident, en effet, que votre vertu est d'autant plus fragile qu'elle manque de sa base essentielle : l'humilité; que vos fautes doivent être d'autant plus nombreuses et plus grandes que vous avez en vous la source la plus ordinaire du péché l'orgueil; et que vous êtes exposé à des dangers d'autant plus redoutables, que Vous avez sur les yeux un bandeau qui vous empêche de l'éviter et même de l'apercevoir: l'aveuglement.

Mais pourtant il n'y a que Dieu qui puisse remettre les péchés.

Sans aucun doute. Et qui vous a jamais dit le contraire? Ce n'est point assurément à l'absolution des hommes que nous vous disons d'avoir recours, mais bien à l'absolution de Dieu. Lorsque Jésus-Christ se trouvait sur la terre au milieu des Juifs, on lui fit absolument la même objection. Il y répondit d'une manière simple et courte, et cependant bien convaincante.

Il y avait presque toujours à sa suite, comme vous le savez, une grande multitude de personnes qui avaient recours à sa toulepuissante assistance. Alors comme aujourd'hui, les hommes étaient beaucoup plus préoccupés de leurs infirmités corporelles que de leurs maux spirituels. Un jour donc, on lui mit sous les yeux, avec de grandes dé monstrations de foi, un paralytique étendu sur son lit. Voyant cette foi, lisons-nous dans l'Evangile que nous copions désormais textuellement, voyant cette foi, Jésus dit: Homme, vos pichés vous sont remis. « Homo, remittuntur Deccata tua. » Et les scribes et les pharisiens

pensèrent en eux mêmes : Quel est cet homme qui blasphème? qui peut remettre les péchés, si ce n'est Dieu? Mais Jésus, connaissant leurs pensées, répondit: Pourquoi pensezvous ainsi dans vos cœurs? quel est le plus facile de dire: Vos péchés vous sont remis, ou de dire Levez-vous et marchez. Afin donc que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés Je vous le commande, dit-il au paralytique, levez-vous, prenez votre lit, et retournez dans votre maison. Et, aussitôt, se levant en présence de tous, il prit le lit sur lequel il était couché, et s'en retourna, en louant le Seigneur. (Luc. v, 20-25.)

Ainsi, le Fils de l'homme avait incontestablement sur la terre le pouvoir de remettre les péchés, et ce pouvoir n'était pas autre que celui de Dieu même. Or, le prêtre est le continuateur de la mission de Jésus sur la terre. Il a donc le pouvoir de remettre les péchés, et ce pouvoir n'est pas autre, non plus, que celui de Dieu.

Est-il possible d'en douter, après avoir lu attentivement les saints livres? En effet, nous y trouvons ces remarquables paroles de Jésus-Christ à ses apôtres, et, par conséquent, à tous leurs successeurs dans l'apostolat: En vérité, je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié dans le ciel. et tout ce que vous délierez sur la terre, sera délié dans le ciel. (Matth. xvIII, 18.) La même vérité se trouve exprimée, dans un autre endroit, avec plus de force encore, s'il est possible: Comme mon Père m'a envoyé, et moi aussi, je vous envoie, leur dit-il. Ayant prononcé ces mots, il souffla sur eux, et leur dit: Recevez le Saint-Esprit : les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez. (Joan. xx, 21-23.) Pouvoir merveilleux et véritablement divin, par suite de quoi les péchés, fussent-ils rouges comme l'écarlate, deviennent blancs comine la neige ! pour me servir des propres paroles du prophète Isaïe. (Isa. 1, 18.)

Vous me direz peut-être : Jésus-Christ a prouvé qu'il avait réellement le pouvoir de remettre les péchés par tous les prodiges qu'il opérait; et le prêtre, comment le prouve-t-il ?

Il le prouve en montrant qu'il est le continuateur de la mission de Jésus sur la terre, laquelle mission eût été, sans cela, de peu d'utilité, et même comme non avenue, ce que personne ne peut supposer.

I le prouve par les miracles sans nombre opérés depuis plus de dix-huit cents ans en faveur du christianisme, dont il est le ministre. I le prouve par le prodige toujours subsistant de la conservation, ou, pour mieux dire, de la continuelle propagation de cette religion qu'il est chargé d'annoncer à la terre, et du sein de laquelle sort partout, comme cela se remarquait de Jésus luimême, une vertu divine propre à guérir les hommes. Et virtus Domini erat ad sanandum eos. (Luc. v, 17.) Ne remarquezVous pas que l'humanité, en dehors du

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ABS

DES OBJECTIONS POPULAIRES.

christianisme, n'est guère qu un pauvre
paralytique, si je puis m'exprimer de la
sorte, étendu sur la terre, comme sur un lit
de souffrance. Quand ce paralytique s'ap-
proche de la religion de Jésus-Christ avec
les dispositions convenables, pour obtenir
la guérison de ses infirmités: Homme, lui
est-il dit aussitôt, vos péchés vous sont remis.
Les scribes et les pharisiens s'en scandali-
sent ou feignent de s'en scandaliser encore,
en disant : C'est un blasphème. Qui a le pou-
voir de remettre les péchés, si ce n'est Dieu?
Mais le christianisme reprenant: Quel est le
plus facile de dire: Vos péchés vous sont re-
mis; ou de dire: Levez-vous, el marchez.
Or, afin que vous sachiez que le Fils de
l'homme a le pouvoir sur la terre de remettre
les péchés, non-seulement par lui-même mais
encore par ses délégués: Je vous l'or-
donne, dit-il au paralytique, levez-vous et
marchez. Au souffle bienfaisant de cette di-
vine parole, l'homme se sent guéri de toutes
ses infirmités morales, et quelquefois même
de ses infirmités physiques, il se lève aussi-
tôt, et, brisant les liens qui le retenaient
captif, il monte au ciel, sa demeure vérita-
ble, en glorifiant le Seigneur.

et

Voilà ce qui n'a cessé de s'accomplir depuis plus de dix-huit cents ans et qui ne cesse de s'accomplir encore, chaque jour, aux yeux de tous, et, en présence de cette toute-puissante bienfaisance de la part de la religion, si je puis m'exprimer de la sorte, vous vous étonnez que le ministre de cette religion ait le pouvoir de remettre les péchés? c'est par trop de naïveté. Pourquoi donc vous étonner que Dieu ait donné un tel pouvoir aux hommes spécialement chargés de son œuvre sur la terre? n'est-il pas tout-puissant? n'est-il pas le maître absolu de ses dons? ne peut-il les distribuer à chacun de nous comme il l'entend ! C'est votre faible intelligence qui ne craint point de tracer le cercle dans lequel doivent agir, selon vous, et la puissance et la bonté de votre Dieu! Ne remarquez-vous pas que cette délégation du pouvoir divin entre les mains de l'homme est une des plus grandes preuves de sa bienveillance à notre égard ? Il a vu, en effet, combien nous étions faibles, coupables même quelquefois, à combien de dangers nous étions tous exposés chaque jour, combien nous avions besoin de commisération et d'indulgence, et, au lieu de nous appeler au pied du trône de son infinie Majesté, pour recevoir l'absolution de nos fautes, il a bien voulu nous renvoyer devant des hommes faibles comme nous, et quelquefois encore plus que nous, exposés aux mêmes dangers, ayant besoin de la même commisération et de la même induigence.

Vous vous étonnez de la délégation du pouvoir de Dieu pour la distribution de ses dons les plus précieux ! Mais, n'est-ce pas, je vous prie de le remarquer, n'est-ce pas le fait le plus commun et en même temps le plus frappant peut-être, non-seulement, dans la religion, mais encore dans la nature. Voyez ces grands, ces universels et conti

nuels bienfaits de la propagation, de la con-
servation, je dirai même de la restauration
des êtres. Par qui sont-ils distribués, non-
seulement, à l'homme, mais à tout ce qui
fait partie de la création? Par Dieu lui-
même? Non, car, quand il le fait immédia-
tement, c'est une dérogation aux lois de
la nature qui s'appelle miracle. Il se sert or-
dinairement pour cela de l'intermédiaire des
autres créatures, de celles mêmes qui sem-
blent les moins propres à remplir ce divin.
ministère.

C'est cependant, avez-vous dit, une grande simplicité de croire que quelques paroles prononcées dans une langue qu'on n'entend plus, puissent changer l'état des âmes et de rouges comme l'écarlate, qu'elles étaient peut-être, les rendre blanches comme la neige.

Pourquoi cela, puisque rien n'est impossible à Dieu, et qu'il aime même, comme dit l'Ecriture (1 Cor. 1, 27), à se servir des moyens les plus simples pour arriver à ses fins. C'est ce que nous vous rappelions tout à l'heure. Mais ne le saviez-vous pas déjà? No l'aviez-vous pas entendu dire bien des fois ? Ne l'aviez-vous pas remarqué vous-mêmes? Quant à ce qui nous occupe en ce moment d'une manière particulière je veux dire quant à la puissance intrinsèque de la parole, et nonseulement de la parole divine mais de la parole en général, c'est un fait incontestable que doit reconnaître, tout en l'admirant, celui qui sait réfléchir. La parole en effet, ce n'est point un vain son, de l'air agité, comme quelques-uns pourraient se l'imaginer faussement, ce n'est là que son extérieur, son enveloppe matérielle. La parole en elle-meme, c'est nous, notre moi reproduit, manifesté, et nous avons là sans doute une ombre de ce grand mystère qui nous représente l'Etre infini se reproduisant lui-même tout entier dans son Verbe, sa parole intérieure. Mais ne nous élevons point si haut en ce moment, la parole en elle-même, ai-je dit, c'est notre êire, notre moi reproduit et manifesté, c'est du moins, la reproduction et la manifestation de ce qu'il y a en nous de plus énergique et de plus fort, la volonté. Et voilà pourquoi tant d'effets merveilleux sont dus à la plus simple parole. C'est elle qui éclaire, persuade, change, commande, pardonne... Voyez le général dit quelques mots, et à sa parole, mille guerriers frémissants s'élancent à l'assaut ou restent dans la plus complète immobilité. Un homme est condamné à mort. Que dis-je ! ce n'est point sur un individu seulement que porte la condamnation, c'est sur une ville, sur des contrées entières. Tout est dans une tristesse profonde, dans la désolation la plus grande. Quelques mots de pardon sortent de la bouche de celui qui se trouve en ce moment dépositaire de l'autorité, et aussitôt tout change complétement, la tristesse fait place à la joie, et aux cris de désolation succèdent des chants d'allégresse.

Et si telle est la puissance de la parole humaine, que dirons-nous de la porole divine? C'est par elle que furent tirés du néaut ces

êtres innombrables, immenses, dont se compose la création. Dieu a dit, et tout a été fait; il a ordonné, et tout a été créé. « Dixit et facla sunt; ipse mandavit et creata sunt.» (Psal. XXXII, 9.) C'est de la même manière que le Verbe incarné, étant venu sur cette terre qu'il avait lui-même créée, a opéré presque tous les miracles que les bommes sollicitaient de sa toute-puissance et de son infinie bonté. Nous venons de voir comment il a guéri le paralytique. C'est ordinairement ainsi qu'il procède. Un lépreux est venu se jeter à ses pieds en lui disant: Seigneur, si vous le voulez, vous pouvez me guérir. Et étendant la main sur lui, à peu près comme le prêtre sur le pécheur qui est venn aussi se jeter à ses pieds: Je le veux, lui dit-il, soyez guéri! Et aussitôt la lèpre fut guérie. (Matth. vIII, 2, 3.) Il y a quatre jours que Lazare, celui qu'il aimait, est dans le tombeau. Jésus s'est rendu avec empressement auprès de lui, à la sollicitation de Marthe et de Marie. Son divin cœur est ému jusqu'aux larmes en le voyant: Lazare, cria-t-il à haute voix, sortez du tombeau! Et le mort sortit, ayant encore les liens aux pieds et aux mains et le visage couvert d'un suaire. (Joan. x1, 43, 44.)

On ne doit point trouver étonnant, après tout ce que nous venons dire, que les paroles prononcées par le prêtre, au nom du Seigneur, remettent les péchés et changent l'état des âmes de manière à les rendre blanches comme la neige, de rouges comme l'écarlate qu'elles étaient peut-être précédemment. Et ne nous objectez point que ces paroles sont prononcées dans une langue qui n'est plus entendue communément.

Il y a assurément dans l'emploi d'une langue morte pour l'exercice du saint ministère une difficulté sérieuse que nous aurons à discuter ailleurs. Disons seulement, en passant, que l'observation qui nous est présentée ici ne saurait faire sur nous aucune impression. Est-ce que Lazare, depuis quatre jours au tombeau, pouvait entendre la parole du Sauveur qui le rappelait à la vie? Est-ce que le néant, c'est-à-dire ce qui n'est pas, pouvait entendre les paroles du Créateur appelant successivement à la vie les différents êtres dont se compose la création? Il est aisé de comprendre, en effet, que le son matériel des mots ne saurait absolument rien ajouter ni ôter à leur valeur intrinsèque, qui vient de la volonté qu'ils expriment. Quant à leur valeur extrinsèque, si je puis m'exprimer de la sorte, je veux dire quant à la valeur qu'ils peuvent avoir par l'effet qu'ils produisent sur ceux qui les entendent, je soutiens qu'un idiome éteint, une langue morte, par ce cachet antique et mystérieux qui lui est propre, n'en convient que mieux au cas dont il s'agit. Voilà pourquoi aussi, sans doute, quand un magistrat est chargé, de la part du souverain, de notifier à quelque grand coupable une commutation de peine ou sa grâce entière, il se sert ordinairement d'une formule inusitée ailleurs, qui n'est guère mieux comprise du vulgaire que ne l'est la sentence d'absolution prononcée

par le prêtre, dans une langue qu'on n'entend plus.

Quelle que soit, du reste, la vertu communiquée, intrinsèquement, par Notre-Seigneur Jésus-Christ, à cette sentence de grâce, cela ne suppose pas que l'âme doive rester complétement inactive. Au contraire, plus la faveur est grande, incompréhensible, et plus nous devons faire d'efforts pour nous en rendre dignes d'abord, autant que cela est possible, et ensuite pour en témoigner notre reconnaissance à celui qui veut bien nous l'accorder. Dieu nous a créés sans nous évidemment, puisque n'existant point encore, nous ne pouvions agir; mais il ne nous sauvera point sans nous. Il ne le veut pas, il ne le peut pas malgré sa toute-puissance, si je puis m'exprimer de la sorte. Il ne le veut pas, parce que nous ayant créés libres, il doit vouloir nous laisser la liberté en cela comme en toute autre chose. Il ne le peut pas, ai-je dit encore, parce que ce serait faire que le mal, restant toujours mal, devint le bien, ou, pour me servir de vos expressions, que le rouge, restant rouge, devint le blanc, ce qui est absurde.

Opécheur ingrat non moins qu'aveugle! ne dites donc point: Je ne veux point de votre absolution, qui ne peut, en effaçant mes péchés, changer l'état de mon âme. Faites, de votre côté, tout ce qui dépendra de vous pour le changer, cet état malheureux. Vous ne pouvez briser seul les liens qui vous retiennent captif; mais, du moins, essayez de les briser. Vous ne pouvez de vous-même sortir du tombeau dans lequel vous êtes enseveli depuis longtemps déjà peut-être; mais, je vous le répète, essayez du moins d'en sortir. Appelez le Seigneur à votre aide par vos prières et celles des autres; élevez-vous vers lui par le repentir, par l'amour, par la pratique de toutes les bonnes œuvres. Puis, quand le représentant de Jésus sur la terre vous verra suffisamment disposé, il prononcera sur vous les saintes paroles de l'absolution qui vous remettront réellement tous vos péchés.

Et c'est alors seulement que, selon l'avis qui vous en aura été donné par le prêtre, au nom de Dieu, vous pourrez vous retirer en paix, quelle qu'ait été votre conduite passée. Autrement, quoi que vous puissiez dire, quels que fussent votre aveuglement ou votre confiance, vous vivriez dans une inquiétude continuelle; surtout si vous aviez le malheur de commettre quelque faute grave, ce qui arrive à tant de personnes sur la terre. Comment donc, en effet, pourriez-vous savoir, sans cela, que Dieu vous a pardonné vos péchés? - Par vous-même.

Mais personne ne peut savoir s'il est digne d'amour ou de haine. Je dirai même que plus nous avons de vertu, plus doit être grande en nous l'humilité qui en est la base, que la confiance en nous-même doit diminuer à proportion que notre humilité augmente. Il nous faut donc absolument, pour rétablir en nous celte douce et sainte confiance ébranlée, sinon même détruite com

plétement par le péché, il nous taut, dis-je, une marque, un signe extérieur, authentique, et, pour plus de sûreté encore, ub signe divin: ce qu'est réellement pour nous l'absolution donnée par le prêtre.

Oui! je ne crains pas de l'affirmer ici, et, en cela, j'ai pour moi le témoignage de la foi, de la raison, de l'expérience générale, ce n'est point l'homme qui peut se dire à lui-même que ses péchés lui sont remis. Celui-là seul le peut qui a reçu de Dieu le pouvoir de nous juger et de nous pardonner. Fussiez-vous un autre David, vous ne pouvez, après vos fautes, aller reprendre le cours ordinaire de votre vie, et chanter, de nouveau, avec confiance, les miséricordes divines, si un autre Nathan ne vous a dit au nom du Ciel: Le Seigneur vous a remis votre péché, vous ne mourrez point. (1) Reg. xi, 13.) Fussiez-vous un autre Siméon, c'est uniquement quand les miséricordes les plus abondantes du ciel auront coulé sur vous, quand vous aurez reçu vous-même ou vous serez rendu digne de recevoir et de bénir le Sauveur dans son temple; c'est, dis-je, alors uniquement que vous pourrez entonner comme lui ce cantique : Laissez maintenant, 6 mon Dieu! votre serviteur s'en aller en paix, selon votre parole: « Nunc dimittis servum luum, Domine, secundum verbum tuum, in pace. » (Luc. 11, 29.)

De là cette surabondance de consolations que l'homme trouve encore, malgré ses misères, au sein de la religion catholique. Nos frères séparés s'en sont privés, quand ils ont méconnu le pouvoir d'absoudre laissé par Jésus-Christ à son Eglise. Mais aujourd'hui, sur cet article comme sur d'autres non moins importants, ils tendent à se rapprocher de nous. Dans une réunion tenue à Dresde, et dans laquelle se trouvaient des Luthériens de Saxe, de Bavière, du Wurtemberg, de Hanovre, des deux Mecklembourg, voici ce qui a été décidé positive

ment:

La confession privée et l'absolution sont nécessaires pour la rémission des péchés. La confession ayant pour but l'absolution, celle-ci doit être le centre auquel tout se rapporte, car elle renferme le pouvoir de sanctifier les âmes... >>

Telle est du reste la formule d'absolution que le pasteur, suivant ce qui a encore été décidé, doit prononcer, la main droite élendue sur le pénitent. Nous la rapportons iei à cause de sa ressemblance avec celle qui est en usage dans l'Eglise catholique, et aussi parce qu'elle confirme en partie ce que nous avons dit précédemment.

Le Seigneur tout-puissant a eu pitié de toi, et moi, fort du commandement de Jésus-Christ, et en qualité de son ministre, je t'absous de tous tes péchés au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Amen. Vas en paix.

Et ce n'est pas le protestant seulement qui comprend aujourd'hui qu'il n'y a, pour le pécheur, ni pardon ni paix à espérer sans l'efficacité de la divine absolution; l'impie blasoliémateur, celui-là même qui aura réDICTIONN. DES OBJECT. POPUL

pété bien des fois peut-être les paroles anxquelles nous répondons, le comprend également. En quelque lieu qu'il aille, à quelque Occupation qu'il s'attache, il sent toujours le lourd fardeau de ses fautes peser sur sa conscience. Il le sent dans ses prières, à la maison du Seigneur, aux pieds des autels, pendant l'accusation même de ces fautes... O prodige ! aussitôt que le pasteur véritable, non pas celui qui a reçu le droit de grâce à Dresde, ou dans quelque autre ville semblable, mais celui qui, par une succession ininterrompue de ministres de la religion descendant de Jésus-Christ jusqu'à nous, le tient de l'auteur de toute sainteté, aussitôt, dis-je, que celui auquel Dieu lui-même l'envoie, comme Paul à Ananie, a prononcé sur lui les paroles sacramentelles : Je vous absous de vos péchés, au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. Ainsi soit-il ! In nomine Patris, et Filii, et Spiritus sancti. Amen! I sent son péché s'effacer à ce souffle bienfaisant de la divine miséricorde, et comme les apôtres Pierre et Paul, quoique dans une sphère beaucoup moins élevée, il est tout disposé à aller aussitôt travailler avec ardeur à sa propre sanctification et à ra sanctification de ses frères.

Ainsi l'absolution est l'unique moyen de rétablir dans l'âme humaine la tranquillité qui en a été bannie par le péché. Ce n'est pas à dire pour cela cependant, comme quelques-uns l'ont imaginé, que ce soit, pour un grand nombre, une source de désordre, par la facilité avec laquelle elle remet nos fautes.

« O malheureux!» s'écrie à ce sujet le R. P. Ventura (La Confession sacramenielle): « Vous ne savez donc pas, ce que chez nous savent même les enfants qui ont suivi le catéchisme, que l'absolution n'est accordée au repentir du passé qu'en tant qu'il est accompagné du propos d'un véritable amendement dans l'avenir; que nos prêtres prennent un soin tout particulier à s'assurer d'avance de ces dispositions du pénitent, et qu'au moindre doute qu'elles lui marquent, ils lui suspendent l'absolution pendant des mois et même des années? Vous ne savez donc pas que c'est précisément la certitude que l'on a chez nous que le prêtre ne saurait oublier son devoir, et que sur ce point il n'y a point de transaction à faire, d'indulgence à attendre. qui éloigne du tribunal de la pénitence ceux qui ne sont pas décidés à rompre pour toujours avec leurs désordres? Si vous ne savez rien de tout cela, pourquoi vous permettezvous donc de condamner avec tant de légèreté et d'insolence ce que vous ne connaissez pas? Et si vous le savez, et faites semblant de l'ignorer, vous êtes donc des calomniateurs effrontés, lomniateurs effrontés, dignes de tous les anathèmes que le Fils de Dieu a prononcés contre le pharisaïsme juif, qui s'efforçait d'égarer, de tromper le peuple au moven du mensonge et de l'imposture.

<< Bien plus encore. Chez nous, ceux qui se confessent, ne le savent que trop, l'absolution n'est accordée qu'au sacrifice que l'âme fait de sa pudeur naturelle par l'aveu entier,

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