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Vous me direz peut-être qu'il n'est question ici que des vérités religieuses.

Sans doute; mais qui ne voit, d'une part, que les vérités religieuses sont les plus importantes de toutes, celles d'où les autres procèdent plus ou moins directement, et, d'une autre part, que l'intelligence habituée à la méditation des vérités sublimes de notre religion en devient beaucoup plus apte à connaître et à approfondir les autres vérités, quelles qu'elles soient.

nées, a suivi si régulièrement les instructions du catéchisme, vous le voyez partager désormais avec son père les rudes travaux de la campagne. Cependant il n'est point abandonné pour cela du sage pasteur dont il fut longtemps la joie et l'espérance. Et quand donc cesserait-il d'avoir besoin des instructions du prêtre? Serait-ce dans la jeunesse, lorsque l'orage des passions remue son cœur, obscurcit son intelligence? Serait-ce dans l'âge mur, lorsque, tout occupé de ses pénibles travaux et des besoins nombreux de sa famille, il est en si grand danger de perdre de vue la pensée de Dieu? Serait-ce dans la vieillesse, lorsque la mémoire s'affaiblit; l'intelligence s'éteint, le cœur se dessèche, le corps s'affaisse; lorsque l'homme entier se mine rapidement et tombe sous les coups de la mort? La parole du prêtre, du curé de campagne principalement, est donc jusqu'à la fin une instruction salutaire. Cette instruction ne sera ni longue ni difficile à comprendre, elle consistera dans une réflexion, une parole; mais enfin cette réflexion, celte parole feront impression sur l'âme, et l'élèveront éclairée vers les cieux. >>

Ce que la religion catholique a fait pour celui sur qui nos yeux viennent de se fixer d'une manière particulière, elle le fait également pour tous les fidèles. Que dis-je? elle ne tardera guère à le faire pour ceux qui sont encore plongés dans les plus profondes ténèbres de l'infidélité. Quels sont, en effet, ces messagers célestes que je vois partir à à chaque instant des lieux que la religion éclairé de ses plus vives lumières? Ce sont de nouveaux apôtres, ayant au cœur une étincelle de ce feu que Jésus apporta sur la terre et dont il embrâsa ses premiers envoyés, ils vont éclairer les peuples assis en core à l'ombre de la mort. Mission difficile! et cependant pourvu qu'ils trouvent en eux de la docilité et une correspondance fidèle à la grâce, ils les rendent bientôt semblables à ceux du milieu desquels ils sont partis.

Mais si la religion catholique répand ainsi la lumière de la vérité parmi tous les hommes, elle ne s'occupe pas moins de la leur faire approfondir: « Recueillez-vous,» nous dit-elle à tous, « méditez et faites part à vos frères du résultat de vos méditations!» Et pour que le résultat de ces méditations soit plus avantageux, elle prend quelques âmes d'élite, et les plaçant dans une austère solitude: « Méditez sans distraction, » leur ditelle, «et cela non pas une heure, un jour, une semaine, un an; mais tous les jours de votre vie!» Et, quand la carrière qui leur avait été tracée sur la terre est achevée, elle dit à d'autres âmes d'élite qui depuis longtemps déjà s'étaient associées à leurs travaux: «Repassez ces méditations et faites-en vous-mêmes de nouvelles ! » Or, je vous le demande, indépendamment de l'assistance surnaturelle que Dieu a promise à son Eglise, ne doit-il pas y avoir là le plus précieux trésor de lumières que l'homme puisse posséder ici-bas?

Il est donc tout à fait faux de dire que la religion catholique est la plus grande ennemie des lumières.

Il ne l'est pas moins d'ajouter que ces lumières aussi sont toujours hostiles à la religion catholique.

Ce que Bacon a dit de la religion, en génésal, s'applique plus particulièrement encore à la religion catholique: «Un peu de philosophie nous en éloigne, beaucoup nous en rapproche.» Oui, un peu de philosophie ou de lumières nous éloigne de la religion, parce que à la lueur vacillante de cette incertaine lumière, nous voyons des ombres presque partout, et que ces ombres nous paraissent des défauts. Mais beaucoup de philosophie ou de lumières nous en rapproche, parce cette sainte Eglise, ouvrage même de Notreque le grand jour se faisant pleinement sur Seigneur Jésus-Christ, nous reconnaissons avaient le plus choqués d'abord, dans ses sa divinité jusque dans les parties qui nous mystères, par exemple, et nous nous prostermour, proclamant son autorité sur toutes les nons devant elle, pleins de vénération et d'aintelligences, avec la même soumission, et plus de soumission peut-être encore que les plus simples fidèles.

l'expérience confirme à chaque instant. Voyez Voilà ce que nous dit la raison, et ce que le célèbre Augustin Thierry. Cet homme avait étonné le monde savant par les travaux de son intelligence, servie pourtant par des organes bien défectueux. Il était aveugle depuis longtemps. Soit préoccupations de ses immenses travaux, soit préjugés de l'époque à laquelle appartenait sa jeunesse, il avait mis de côté la religion catholique, si même il ne l'avait attaquée directement. << Encore un savant hostile au catholicisme, » disaient quelques-uns. Mais arrivé au lerme de sa carrière, il tourna les regards de sa vive intelligence sur cette religion que Dieu a chargée de nous introduire dans l'éternité, et la reconnaissant toute pure, il est mort avec la simplicité de la foi, avec la can leur de l'enfant au jour de sa première communion.

La religion catholique et les lumières s'appellent donc réciproquement et se sou" tiennent, au lieu de se combattre, comme vous le prétendez.

Il est bien rare de les rencontrer ensemble, avez-vous dit. Les hommes et les siè cles de lumières ne tardent guère à abandonner le catholicisme, si même ils lui sont quelquefois restés attachés.

Quoi donc n'étaient-ce pas des hommes.

la persécution éprouvait encore l'Eglise, vous verriez les plus légers d'entre eux voler à la mort, pour la confession de leur foi, avec la même ardeur, avec plus d'ardeur encore peut-être qu'ils volent, pour la défense de leur patrie.

Et notre siècle lui-même, ce siècle qui se proclame, avec plus d'orgueil que de vérité, le siècle des lumières par excellence, n'estil pas sincèrement, profondément religieux, dans sa partie du moins la plus saine et la plus éclairée? Voyez nos meilleurs généraux ! nos hommes d'Etat les plus distingués, nos académiciens, nos plus grands orateurs et nos plus grands écrivains! Ils parlent et meurent, pour la plupart, comme ceux du siècle de Louis XIV. Quel exemple surtout que celui du grand Napoléon! Cet homme s'est élevé, par les seules forces de son génie, au plus haut degré de gloire peut-être qu'il soit donné à un simple mortel d'atteindre. Tombé tout à coup dans une île déserte, où il se retrouve seul avec Dieu, il reconnaît la vanité de toutes choses, comme Salomon, et il n'a point d'autre consolation que de mourir dans la confession et la pratique de cette religion catholique, dont il avait eu l'insigne honneur de rétablir le culte à l'époque de sa plus grande gloire.

de lumières que ces Pères de l'Eglise, que le paganisme eût pris pour des demi-dieux, et qui, en effet, se sont élevés au-dessus de tous leurs contemporains autant par leur génie que par leurs vertus? N'était-ce pas un homme de lumière que cet Augustin, en particulier, la gloire, non-seulement de son pays et de son siècle, mais de tous les pays et de tous les siècles? Avant sa conversion, c'est un élégant rhéteur, mais depuis sa conversion, quelle perspicacité et quelle fécondité de génie! quelle puissance de dialectique quelle éloquence entraînante! Ce n'est plus le même homme évidemment. En se donnant tout entier à la religion catholique et en se pénétrant de toutes ses idées autant qu'un simple mortel peut le faire, il est clair pour tous qu'au lieu de se plonger dans les ténèbres, comme il faudrait le conclure de votre supposition, il s'est jeté au foyer même des divines lumières. N'était-ce pas un homme de lumières que ce saint Thomas d'Aquin, le plus profond génie peut-être qui fut ja mais? Tous les hommes ensemble n'ont peut-être pas remué plus d'idées qu'il ne s'en est trouvé dans ce vaste cerveau. Dieu et ses infinies prérogatives, les créatures et leurs devoirs sans nombre, tout est là, tout y est réellement dans un développement et avec une clarté incroyable. Avez-vous besoin de quelque décision importante? Cherchez bien dans ce répertoire immense des connaissances de cet homme, j'ai presque dit de l'homme, et vous ne manquerez pas de l'y trouver. Vous allez me dire peut-être que cet homme appartient à une époque de ténèbres. Tant que vous voudrez. Et moi je vous réponds que plus vous rabaissez son siècle, et plus vous l'élevez lui-même, ou, pour être plus juste, plus vous élevez la religion à laquelle il doit, après Dieu,toutes ses lumières, dirions-nous, si nous ne savions que la religion n'est pas autre chose que la voix de Dieu.

Vous prétendez que les siècles de lumières sont aussi comme les hommes de lumiè res, infidèles à la religion catholique.

Mais, sans aller si loin, n'était-ce pas un siècle de lumière que ce siècle de Louis XIV, le plus grand, le plus éclairé peut-être qui fut jamais? Quels hommes supérieurs en tout genre! que de guerriers! que de poëtes que de littérateurs que d'orateurs ! que de philosophes! que de théologiens! et, par-dessus tout, quel homme que ce Bossuet, planant, comme un aigle, au-dessus de son siècle, de tous les siècles peut-être, et de ces hauteurs sublimes où l'élève la religion, proclamant, d'une voix qui retentit par tout le monde, et le néant des choses humaines, et l'incomparable grandeur du roi des rois!... Quelle foi cependant dans ces mêmes hommes! Comme tous s'abaissent profondément sous la main de Dieu! Comme tous meurent, avec une résignation parfaite, dans la communion de l'Eglise catholique Il y a sans doute bien des misères dans la vie d'un grand nombre: c'est le cachet de l'humanité. Mais, que de grandeur, en même temps! Quelle foi surtout I je l'ai déjà dit. Ah! si

Tous nos hommes célèbres n'ont point agi de même, il est vrai. Il en est un, principa lement, dont la mort fut, comme la fin de sa vie, un scandale public. Après avoir défendu les vérités de la foi, pendant la plus grande partie de sa carrière, avec une ardeur que j'appellerai volontiers excessive, la même force des passions qui l'avait poussé, en qnelque sorte, au delà des limites du bien, le tit aussi rétrograder violemment dans le mal; et il est mort, sinon dans l'incroyance aux vérités qu'il avait si souvent et si hautement proclamées cela n'est pas possible, du moins dans l'infidélité à la divine mère qui les lui avait enseignées. Mais, qu'est-ce que cela prouve? Rien; rien du moins contre la religion elle-même, que l'éloignement des hommes célèbres ne peut pas plus abaisser, que l'inconduite de quelques-uns ne saurait abaisser la vertu. Qu'est-ce que cela prouve? vous demanderai-je encore. Rien, si ce n'est l'indomptable orgueil de certains esprits qui refuse quelquefois de s'humilier jus que sous les coups de la mort.

La religion catholique nous dit de croire au lieu de raisonner, avez-vous ajouté; au lieu de laisser nos facultés intellectuelles se développer pleinement dans nos rapports avec Dieu, elle nous tient entre quatre murs, les yeux baissés, les oreilles closes, semblables à peu près à ces statues de pierre ou de bois qui s'y trouvent.

Vous vous trompez. La religion nous dit à tous de croire, il est vrai; mais c'est après nous avoir dit de raisonner, ou plutêt de faire usage de notre raison: Que votre soumission soit raisonnable, a dit le grand Apôtre Rationabile obsequium vestrum. (Rom. xi, 1.) Elle étale aux yeux de tous

l's preuves irrécusables sur lesquelles repose sa divinité, à savoir les prophéties qui l'ont annoncée, les miracles qui l'ont accompagnée, le prodige de son établissement et le prodige plus surprenant encore de sa conservation, le courage surhumain de ses martyrs, la pureté incomparable de sa doctrine, la sainteté de tous ceux qui la pratiquent, etc., etc.; puis, quand elle s'est montrée ainsi entourée de celte auréole céleste qui ne permet plus de douter de sa mission, elle nous dit : « Croyez les vérités que je vous enseigne au nom de Dieu; croyez-les fermement, alors même que vous ne pourriez les compreudre!» Qu'y a-t-il de plus raisonnable que cela? C'est absolument la conduite d'une mère sage et dévouée, qui, voyant ses jeunes enfants incapables d'approfondir certaines vérités, leur dirait: Mes enfants, Dieu lui-même m'a chargée de vous instruire; rapportez-vous-en, avec confiance, à mon enseignement. » Et encore la comparaison que je viens d'employer est nécessairement défectueuse, car cette mère peut facilement se tromper ou tromper ses enfants. Quant à la divine mère que JésusChrist nous a donnée pour nous enseigner sa doctrine, dès lors qu'elle a prouvé la divinité de sa mission, elle a prouvé, par cela même, qu'elle était incapable de se tromper et de nous tromper.

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Vous ne comprenez pas mieux, ou du moins vous ne paraissez pas mieux comprendre le motif pour lequel la religion nous appelle dans son saint temple, et nous ordonne de nous y tenir avec un profond recueillement. Ce n'est ni pour affaiblir notre intelligence ni pour rétrécir le cercle dans lequel elle doit se mouvoir. Bien au contraire, c'est pour lui donner plus de force, c'est afin que, détachée de tous les objets terrestres, dégagée même, autant que possible, des sens auxquels elle est unie, elle puisse s'élever jusqu'au sein de la Divinité, se retremper ainsi à la source de la vie, y puiser une force toute nouvelle, et redescendre beaucoup plus apte qu'auparavant à méditer, avec les vérités de la religion, toutes celles qui sont de son ressort. O merveille, en effet! ô bienfaisance incomparable de notre sainte religion I cette église, avec ses quatre murs entre lesquels elle nous tient enfermés, comme vous avez dit, avec sa voûte peu élevée, comparativement à la voûte immense des cieux, quand elle a pris les développements auxquels elle est appelée, ce n'est plus seulement la maison de la prière, c'est aussi le temple de la science et des arts.

Suivez-moi avec un peu d'attention. Je vais mettre ici sous vos yeux le tableau que j'en ai fait ailleurs. (Le Génie du catholicisme.)

«Evidemment l'architecture y est représentée, puisque c'est elle-même qui a construit le corps de l'édifice. Comme cet art s'est élevé à des proportions sublimes, à l'aide de l'inspiration chrétienne! Aucune architecture n'est comparable à l'architecture re

ligieuse en général; car la religion, fat-elle erronée sous bien des rapports, imprime encore aux œuvres de l'homme un cachet de grandeur qu'une idée purement terrestre ne saurait lui donner. Mais de toutes les architectures qu'a produites, à plusieurs époques, le sentiment religieux, aucune n'est comparable à l'architecture catholique. Soit qu'elle ait imité ce qui fut fait de remarquable avant elle, soit que, copiant plus fidèlement la création, elle ait puisé, à la source commune, les beautés dont chacune avait été frappée, elle semble avoir résumé en soi les différentes architectures des peuples qui se sont arrêtés quelques siècles à la surface mobile du globe. Plein-ceintre romain, colonnade grecque, souterrains mystérieux de l'Egypte et de l'Inde, sanctuaire judaïque, tout est là. Chaque architecture peut avoir perdu de sa beauté propre; mais il y a dans l'ensemble quelque chose de vague, d'incompréhensible, qui agite l'âme et la transporte dans les régions de l'infini.

L'architecture est la reproduction de la création. De même que Dieu a créé le ciel et la terre pour manifester sa gloire et recevoir l'immense famille humaine, de même le temple est érigé pour réfléchir quelques rayons de la gloire infinie et abriter une fraction de la famille humaine en relation avec Dieu. Cette terre que nous foulons aux pieds, ces globes qui roulent majestueusement au-dessus de nos têtes, ces animaux qui s'agitent en tous sens dans les différentes parties de l'univers, ce n'est pas toute la création. L'invisible essence, l'immatériel exemplaire, tout un monde voilé vit et palpite au sein du monde phénoménal. Do même relativement au temple, ce parvis que nous foulons aux pieds, cette voûte qui nous abrite, ces colonnes, ces différentes parties de l'édifice, ce n'est point toute la reproduction de la création; l'invisible essence, tout un monde spirituel vit aussi et s'agile sous l'image de l'univers matériel. Ainsi le temple reproduit la création au moral comme au physique. Il la reproduit matériellement, autrement il ne serait pas la demeure de l'homme; il la reproduit spirituellement, autrement il ne serait pas la demeure de Celui qui n'est qu'esprit. Or, où trouverons-nous une reproduction plus exacte de la création, sous ce double rapport, que dans l'Eglise catholiqne? Ces colonnes de différentes grandeurs, placées de distance en distance, nous représentent les arbres de toute espèce dont la terre est couverte. Cette voûte qui abrite les fidèles nous représente la voûte des cieux qui abrite tous les hommes. Ici nous ne devons point perdre de vue que l'église, à laquelle nous nous arrêtons en ce moment n'est point isolée en ce monde; les autres églises, répandues sur toute la surface du globe, sont unies à elle, moralement du moins, quelle que soit leur séparation physique, de manière à n'en former qu'une seule. Un Dieu, un ciel, une terre, un temple; et ce temple, quel est-il évidemment, si ce n'est l'Eglise catholique?

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par le Sauveur des âmes aux ministres de sa religion, à ceux qu'il rend les dépositaires de sa divine autorité? Enseignez- docete.· Et qui donc, Seigneur? Tous les hommes sans exception, quelle qu'ait été jusqu'ici Mais sur leur religion. Omnes gentes. quoi? Ne redresseront-ils en eux que ce qu'ils trouveront de contraire à la justice? Sur quoi! vous devez le voir, car JésusChrist parle en termes tels qu'il est impossible d'en employer de plus clairs et de plus formels leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé : « Omnia quæcunque mandavi vobis.» (Matth. xxvII, 19, 20.) Observateurs fidèles de l'ordre qui leur a été si formellement donné par leur divin maître, les apôtres se partagent le monde en effet, et propagent partout la doctrine chrétienne avec un zèle infini, couronné partout du plus grand succès. Ce zèle de propagation, ce feu divin sorti du cœur de Jésus, qui l'avait apporté du ciel pour embraser le monde: Ignem veni mittere in terram, et quid volo nisi ut accendatur (Luc. x11, 49), les apôtres le communiquent à leurs successeurs dans J'apostolat Annoncez donc la parole, dit le grand Apôtre à son disciple Timothée, pressez a temps et à contre-temps, reprenez, suppliez, menacez... :«Prædica Verbum; insta opportune, importune, argue, obsecra, increpa... » (II Tim. iv, 2); ceux-ci, à leur tour, le communiquent également à leurs successeurs, et il en a été et il en sera ainsi de siècle en siècle, ou plutôt de jour en jour, c'està-dire sans fin, jusqu'à la consommation des temps: Et voilà que je suis avec vous, tous les jours, dit en effet Jésus-Christ à ses apôtres, en les chargeant de continuer sa mission sur la terre, jusqu'à la consommation des siècles: « Et ecce ego vobiscum sum omnibus diebus, usque ad consummationem sæculi... » (Matth. xxvIII, 20.) Est-ce à dire, pour cela, que les ministres de la religion de Jésus-Christ aient jamais été ou deviennent jamais persécuteurs? Non, assurément; car, le seul sang qu'il leur soit permis de verser, c'est leur propre sang; el, comme pour leur donner plus d'horreur encore de toute effusion du sang de leurs frères, l'Eglise a voulu que les personnes ou les lieux souillés de cette effusion de sang se trouvassent, par cela même, impropres aux saintes fonctions, et ne pussent le redevenir que par une purification convenable.

Vous me direz peut-être qu'il y a une persécution morale non moins pressante que la persécution physique, si ce n'est même davantage.

Qu'entendez-vous par là ? La persécution du bon pasteur qui poursuit en effet la brebis égarée jusqu'à ce qu'il l'ait retrouvée, chargée sur ses épaules et ramenée au bercail? La persécution du père de famille dont le souvenir poursuit sans cesse l'enfant prodigue au milieu de ses plus profonds égarements et qui, l'ayant vu revenir à lui, se jette à son cou, et le presse avec amour dans ses bras de peur qu'il ne s'éloigne encore? La persécution de Dieu lui-même qui poursuit le pécheur de sa grâce pour le détourner du mal et le porter au bien ? Si c'est là véritablement ce que vous entendez par persécution, elle est dans l'Eglise, exercée en tout lieu par l'autorité ecclésiastique, et elle le sera même toujours, parce que celle persécution n'est pas autre chose que la cha rité dont l'action doit toujours se faire sen tir sur les âmes, jusqu'à ce qu'elle les ait réunies dans le sein de Dieu, au séjour de l'éternel repos.

Quand vous dites que l'autorité ne doit exercer aucune pression sur les âmes, voulez-vous parler de l'autorité civile ? J'avoue que celle-ci ne saurait agir alors avec trop de circonspection pour ne point empiéter sur les droits de l'autorité ecclésiastique et se renfermer le plus possible dans ses at tributions qui ont principalement pour but le maintien de l'ordre extérieur. Cependant comme cet ordre extérieur n'est que la manifestation de l'ordre intérieur et qu'il doit y revenir sans cesse, comme il a là tout à la fois son origine et sa fin, il est évident que l'autorité civile ne peut pas rester indifférente non plus par rapport à la veri table religion. Elle doit l'étudier, se péné trer de son esprit, la vénérer, l'aimer et porter, autant que possible, tous ceux qu'elle est chargée de régir à l'accomplissement de ses divins préceptes.

Vous me direz peut-être que la persécu tion résultera de là.

Quoi la persécution pour la vérité et la vertu! La persécution par amour et avec amour! Mais je vous l'ai dit, cela s'appelle charité. Est-ce qu'un père est le persécuteur de ses enfants quand il emploie tous les moyens qui sont à sa disposition pour les porter à l'accomplissement de leurs devoirs religieux? Le chef d'un Etat est le père de ceux sur lesquels il exerce l'autorité souveraine. Il ne sera donc point non plus leur persécuteur, quand il emploiera tous les moyens qui sont à sa disposition pour les porter à l'accomplissement de leurs de voirs religieux.

LIBRE ARBITRE.

Objections. L'homme se croit libre, mais c'est ne illusion. Ce que Dieu a prévu de toute éternité doit arriver infailliblement. -Dieu ne pouvait permettre à sa créature de troubler l'ordre qu'il a établi en allant contre sa volonté. - Si l'homme était véritablement libre, que de crimes! et ces crimes retomberaient sur Dieu qui lui aurait

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rais avoir, à tes yeux, la responsabilité de ma conduite.

L'homme n'est pas libre, dites-vous. Pourquoi donc tant de conseils et d'exhorprobation ou de blâme? Pourquoi ces ordres tations? Pourquoi toutes ces paroles d'apdonnés, de tous côtés, par le supérieur à son inférieur? Pourquoi ces tribunaux, ces prisons, ces chaînes, cet échafaud qui se dresse? Pourquoi parle-t-on, en tout lieu, du ciel et de l'enfer?...

illusion, c'est bien, sans contredit, l'illusion la plus grande, la plus générale, la plus indestructible qu'il soit possible d'imaginer. Qui doute, en effet, de sa liberté ? Consultez-vous vous-même, je ne dirai pas dans le silence des passions et des préjugés, mais en quelque état que vous puissiez vous trouver; interrogez tous les hommes, quels qu'ils soient, grands ou petits, riches ou pauvres, savants ou ignorants, vertueux ou criminels... quelqu'un a-t-il jamais douté de sa liberté ? en doutez-vous vous-même ? Quoi je ne serais pas libre de prier Dieu ou de blasphémer son saint nom, de respecter l'ordre public ou de le troubler violemment, de nourrir mon semblable ou de lui enfoncer le poignard dans le sein? que je me porte à l'acte le plus important ou le plus indifférent, le plus méritoire ou le plus coupable, je suis entraîné irrésistiblement, quelque conviction que j'aie moi-même et que tous les hommes aient comme moi du contraire ! C'est ce que nul n'a jamais dit et ne dira jamais, quelque intérêt qu'il ait à le faire.

Vous avez entendu parler de bien des jugements sans doute; pent-être même en avezvous vu rendre, car il y en a toujours eu et il y en aura toujours en tout lieu. Dans ces différents jugements où tout se dit cepenJant, avez-vous jamais vu mettre en avant, soit par l'accusé lui-même, soit par celui qui était chargé de le défendre, le défaut absolu de liberté chez l'homme ? Je ne le pense pas. C'est que, voyez-vous, il n'y a que deux sortes de personnes à qui on puisse entendre dire que l'homme n'est pas libre réellement, et que s'il le croit, c'est une illusion: ce sont les fous d'une part, et d'une autre part les philosophes impies, ces fous volontaires qui ne sont pas les moins extravagants de tous. Et encore ces derniers, quand l'accès est pass", ou si vous l'aimez mieux, quand ils cessent de jouer leur rôle de fous, montrent-ils la même croyance que tout le monde à la liberté de l'homme, du moins par leur conduite.

Vous dites que l'homme n'est pas libre? - Ecoutez donc et retenez bien ce raisonnement.

Ou vous me croyez libre ou non. Si vous me croyez libre, vous avez tort d'affirmer que je ne le suis point. Si vous ne me croyez pas libre, vous avez tort encore d'essayer de me faire partager votre opinion, puisque la mienne est en moi irrésistible

ment.

Mais, me direz-vous, j'agis, moi aussi, irrésistiblement. Et puis, qui sait si ma parole n'est pas la condition qu'attend la vôtre, pour parler dans le même sens que la mienne?

Vil automate, qui ne rougis point de te dégrader, et tous ceux de ton espèce avec toi, fuis loin de moi, ou je t'écrase et d'injures et de coups! Mais, quand j'en aurai agi de la sorte, tu ne pourras te plaindre ni de mes paroles ni de mes actes; car, automate, moi aussi, d'après tes idées, je ne sau

je vous l'ai dit, que l'homme n'est pas libre,
Pourquoi? Mais ne voyez-vous pas, comme
parle, il fait tout irrésistiblement.
et que, quoi qu'il fasse, qu'il agisse ou qu'il

Et ne voyez-vous pas, vous, que vous fai-
tes du monde entier un vaste théâtre où un
pourtant créés à l'image de Dieu, se livrent
nombre infini d'automates, qui se disent
irrésistiblement, tout en proclamant haute-
ment leur liberté, à la conduite la plus dé-
goûtante quelquefois et la plus abominable?
« Un moyen court et facile de juger un sys-
tème, » dit à cette occasion l'abbé de Frayssi-
nous (Conférence sur le libre arbitre), «c'est de
l'examiner dans ses conséquences immédia-
tes. Avec de la souplesse dans l'esprit, et les
subtiles ruses de la dialectique, le sophiste
vient à bout de répandre une lueur de vérité
sur les plus monstrueuses erreurs. Il peut
être difficile de le suivre dans ses arguments
compliqués, ou d'en faire voir le faux, lors
les suites nécessaires de la doctrine: L'arbre
même qu'on le sent très-bien. Alors voyez
se reconnaît par les fruits; et, quand les con-
cipes seraient-ils vrais? Appliquons cela au
séquences sont absurdes, comment les prin-
fatalisme. Si je vous disais crument qu'il n'y
a ni vice ni vertu dans ce monde; si je vous
disais encore que le remords n'est qu'une chi-
mère et le vain tourment des dupes, vous
seriez révoltés de ces assertions. Si j'ajou-
tais enfin qu'il n'y a point de Dieu, vous se-
riez plus revoltés que jamais. Eh bien!
Voyons si ce ne sont pas les trois conséquen-
ces immédiates et inévitabes du fatalisme, et
dès lors nous serons ramenés par la force
des choses à la doctrine opposée, celle du
libre arbitre.

« Je soutiens d'abord que, dans le système du fatalisme, il n'y a 'dans la réalité ni bien ni mal. Je ni'adresse à ses défenseurs, et je leur dis Les meurtres, les parricides, les empoisonnements, la calomnie avec ses noirceurs, la barbarie dans les pères, l'ingratitude dans les enfants, la perfidie dans les amis, la mauvaise foi dans le commerce de la vie, tout cela vous paraît-il un désordre ? Voyez-vous là des crimes? Au contraire, la probité, la reconnaissance, la justice dans le magistrat, le courage dans le guerrier, la bonté dans le riche, tout cela vous paraît-il dans l'ordre ? Voyez-vous là des vertus ? Le mal est-il d'un côté, le bien est-il de l'autre? Parlez; si tout est égal à vos yeux, si vous ne voyez d'autre différence entre les bons et pervier vorace et la colombe timide; si le les méchants que celle qui existe entre l'éparricide et le dévouement filial ne sont pas

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