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M. Gilliot, lorsqu'il les accuse d'avoir vu, dans l'amour, le germe de toutes les passions, et de les avoir toutes fait converger à ce foyer commun. Qu'on parcoure, d'ailleurs, toute la catégorie qu'il en donne, et l'on verra que les divers sentiments qui la composent ne sont que des variétés de l'amour passif. Continuons.

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Ame active et passive, intelligence active et passive, amour actif et passif, voilà l'homme, et de cette définition découlera l'anthropologie complète.

Pour l'exécuter, il y a deux marches à suivre descendre du germe aux phénomènes, ou remonter des phénomènes au germe. C'est la seconde qu'il faut prendre pour étudier l'homme et tout ce qui s'y rattache, selon la méthode baconnienne expérimentale, qui a conduit les naturalistes, les botanistes, les chimistes à leurs classifi

cations admirables. Prenons celle-là. Ceux qui voudront user de l'autre n'auront qu'à commencer par où nous finirons.

« Les phénomènes se manifestent par l'amour et par l'intelligence, comme Dieu se manifeste par son esprit et par son Verbe. Nous devons donc étudier d'abord l'amour et l'intelligence; l'âme se présentera en dernier lieu et sera suivie de l'étude de sa cause. Nous sommes partis de Dieu, nous retournerons à Dieu, comme la création même. Nous l'avons pris tel qu'il existe en idée dans le genre humain, nous continuerons de le prendre ainsi quand nous en aurons besoin; nous nous servirons, au même titre, de sa révélation surnaturelle, et c'est en dernier lieu que nous établirons la certitude de la réalité de l'un et de l'autre, donnant ainsi le grand coup de marteau qui suspendra inébranlablement notre échafaudage déjà tout construit.

« Ainsi, donc, commençons par l'amour et par l'amour passif, par le sentiment, pour la classification et l'analyse de nos tendances, de nos goûts, de nos propensions, de nos passions enfin, ces voix de Dieu qui crient sans cesse à l'homme et à l'humanité, du fond le plus intime de leur être, ce qu'il veut qu'ils deviennent. C'est la pathologie morale; c'est l'œuvre qu'a entreprise, en premier lieu, M. Gilliot, et nous ne voyons pas qu'il y ait à rien modifier dans son ordre de classification.

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Après l'amour passif vient l'intelligence passive ou la faculté de réceptivité des idées, l'impressionnabilité humaine sous ce rapport. Or, les phénomènes qui se rattachent à ce côté de notre être sont les idées ellesmêmes formant le répertoire intellectuel de l'humanité au point où elle en est de son parcours. Ces phénomènes sont exprimés par les mots des langues. La classification et l'étude de ces phénomènes seront nommées l'idéologie (18, idée, apparence, forme; Ide, voir). L'ordre inférieur, l'ordre social, l'ordre religieux, toutes les

sciences physiques, métaphysiques et mixtes lui fourniront copieuse nourriture.

«Il semblerait que nous dussions repren dre l'amour pour étudier les phénomènes de l'amour actif, de la volonté. Non, les phénomènes de l'ordre passif s'étudient tels qu'ils se présentent; mais ceux de l'ordre actif, quant à la volonté, ne peuvent s'étudier qu'après avoir posé les règles rationnelles du vrai, du beau et du bien, qui se rattachent à ceux de l'intelligence active ou de la raison. Le connaître est antérieur au choisir. Nous ferons donc suivre l'idéologie de la déontologie (dós, convenable). C'est la seconde partie du plan de M. Gilliot La logique, l'éthique, le traité du beau, doivent y trouver place.

« C'est maintenant le tour de l'amour actif, de la volonté. C'est la dymologie ou dynamique morale, qui traite de la liberté humaine et des produits du jeu combiné et contrasté, comme le dit avec justesse notre auteur, du monde passionnel, du monde intellectuel, du monde rationnel et du monde libre. La religion, la politique, l'his toire, les codes, les arts, les littératures, les sciences, sous un rapport, viendront subir l'examen du dymologue.

« Après avoir classé et analysé les phénomènes de l'intelligence et de l'amour, tant du côté passif que du côté actif, tant da côté physique que du côté métaphysique, nous aurons à tirer des déductions et à observer encore sur le foyer radical généra teur des deux autres, sur l'âme (anima, principe de la vie). Mais l'homme, dans ce sanctuaire intime de son être, est encore double. Il est passif et actif, physique et métaphysique. Nous aurons donc à l'étudier d'abord du côté physique et passif, dans sa vie animale, et cette étude, qu'on pourrait nommer l'organologie, renfermera la physiologie, l'anatomie, la phrénologie, etc., en tant qu'elles expliqueront, autant que pos sible, le mécanisme intime qui engendre les phénomènes.

«Restera l'âme active, l'âme métaphysique, le substratum positif, le nid des mystères; la psychologie dira ce qu'elle pourra dire de sa nature, de son activité, de ses opérations merveilleuses; elle établira, par tous les moyens qui lui seront offerts, son identite immortelle; elle déduira des phénomènes étudiés, ses attributs.

« Enfin, cette âme n'est qu'un soutenant soutenu lui-même, un producteur qui la même est produit. Il nous faudra bien remonter au premier soutenant, au premier producteur, démontrer son existence, etdier sa nature, et répéter ce qu'il nous a dit de son mystère. Ce sera l'objet de l'ontolog qui renfermera la théologie ou theodicet: elle sera le dernier regard extatique de l' telligence et de l'amour jeté au firmamen quand nous aurons accompli notre tour da

monde. »

2

1309

PHY

DES HARMONIES.

Si nous avions à faire une philosophie théologique de toutes les sciences, nous suivrions ce plan, dont l'unité serait notre salut. Mais comme ce livre, ou plutôt cet assemblage d'articles n'est qu'un grand déblayage propre à servir d'introduction et d'encouragement à un tel ouvrage, nous conserverons la distinction opérée par Descartes; mettant à part la philosophie et la théologie, nous en ferons seulement voir le sublime concert. On comprendra que la raison, internée dans son empire, n'a travaillé seule que pour aboutir aux conclusions que la révélation avait annoncées sans suivre la série méthodique, preuve à jamais bénie de leur vérité commune, preuve au coup d'audace du grand insurgé de la pensée. Cette manière d'agir, que nous préférons, correspond à l'état de ce siècle; elle marque le passage de la philosophie cartésienne à la philosophie catholique. (Lisez rationalisme.)

due

PHOTOGRAPHIE. Voy. PEInture. PHRENOLOGIE. RELIGION. Voy. PHYSIOLOGIQUES (Sciences).

ANPHYSIOLOGIQUES (SCIENCES). THROPOLOGIE CHRETIENNE. (III part., art. 7.)-Nous comprenons sous ce titre général de sciences physiologiques, ainsi qu'on le voit dans l'article SCIENCES, duquel celui-ci dépend, toute l'idéologie humaine dont l'objectivité s'étend aux merveilles de la nature organique propre à cette terre.

Ce groupe de nos connaissances implique donc toutes les branches de la science relatives au règne végétal et au règne animal. Ses trois grandes divisions sont la botanique, la zoologie et la médecine.

La botanique prend divers noms selon les objets dont elle s'occupe dans le règne végétal. Elle s'appelle anatomie végétale quand elle décrit les tissus, les canaux, les séves; organographie, quand elle étudie les organes de la nutrition et de la reproduction; physiologie végétale, quand elle explique les fonctions vitales des organes, la manière dont ils agissent pour la nutrition et la reproduction de l'individu; phytographie ou botanique descriptive, quand elle classe et décrit les genres et les espèces; géographie botanique, quand elle traite des patries des plantes et de leurs naturalisations; térutologie végétale, quand elle s'occupe de leurs anomalies; et nosologie végétale, quand elle étudie leurs maladies et les moyens de les guérir. Ces trois dernières parties constituent l'hygiène et la médecine des plantes.

La zoologie doit s'appeler anthropologie quand elle traite de l'homme animal, de l'homme dans son entité somatique; anatomie humaine et comparée ou organologie, quand elle analyse, décrit et compare les organes de l'homme et des animaux, depuis les lus parfaits jusqu'aux plus imparfaits; physiologie humaine et comparée, quand elle se rend compte des fonctions de la vie, fonctions de nutrition, fonctions de relation, fonctions de reproduction de l'homme et de ses inférieurs dans l'échelle animale; et 500

logie proprement dite ou descriptive, quand
elle classe et décrit les genres et les espèces.

Les médecines humaine et animale méritent une distinction, vu leur importance, bien qu'elles ne soient que des parties de la zoologie. Elles renferment l'hygiène, qui traite des conditions préventives de la santé; la pathologie générale, qui traite des maladies et de leur diagnostique; la pathologie interne, qui décrit les maladies spéciales et cherche leurs causes; la pathologie externe ou chirurgie, qui s'occupe des lésions visibles; la thérapeutique, qui indique les remèdes, et qui comprend la pharmacie; enfin la tératologie animale, qui traite des anomalies et des monstruosités.

La médecine humaine se distingue de toutes les autres branches de la science physiologique, en ce qu'elle ne peut s'adresser à l'homme-corps, sans s'adresser, en même temps, à l'homme-esprit, l'un et l'autre étant identifiés dans une même unité de personne. Elle devient, pour cette raison, une science physique et métaphysique tout ensemble, qui termine assez bien la grande série des sciences physiques, et sert de transition vers les sciences encore plus mixtes qu'elle, qui sont les sciences historiques et les sciences

sociales.

Les limites étroites d'un chapitre nous défendent d'entrer dans une étude quelque peu détaillée des merveilles que les sciences physiologiques ont découvertes et qu'elles analysent, même en nous bornant aux rapports de ces merveilles avec la religion. Nous le regrettons d'autant plus que ces sciences se laissent comprendre avec facilité par tous les esprits, et qu'elles n'exigent pas une prédisposition particulière, comme les mathématiques et celles qui ont besoin de leurs secours. Nous sommes obligé de nous concentrer dans quelques considérations sur les points les plus frappants où elles se montrent en relation avec la théologie naturelle et la théologie surnaturelle. Entrons en matière.

I. -- Principales harmonies des sciences physiologiques avec la théologie naturelle.

I. Le premier sentiment qui naît au cœur humain, à chaque pas que fait l'esprit dans la carrière des sciences, est une élévation d'adoration et d'amour vers l'auteur de tant de merveilles; à moins cependant qu'il ne situasoit atrophié et détourné de sa voie, tion morale que nous croyons rare et sur laquelle nous ne pouvons arrêter nos pensées. Ce que la philosophie nous démontre de l'existence nécessaire et de l'essence infinie du créateur en puissance, en sagesse, en bonté, chacune des autres catégories de connaissances vient, ensuite, nous l'émietter, pour ainsi dire, et nous le refléter par détail, comme le diamant, avec ses milles facettes, décompose les richesses d'un rayon de lumière en autant d'images d'un brillant qui éblouit. Les mathématiques accompagnent chacun de leurs calculs d'ur souvenir de l'infini divin, et d'une aflirmation de

la liberté. Les sciences cosmologiques ne formulent pas une loi générale du monde matériel sans la montrer marquée du sceau multiple et un des attributs divins. Les sciences géologiques, en se bornant à la terre, remplacent l'immensité de l'espace, cette première image de Dieu, par une immensité non moins étonnante qui le peint également. Elles nous le montrent se jouant, sur notre grain de sable, avec une aisance et une abondance de ressources pareille à celle qu'il déploie dans les créations de firmaments étoilés; elles le présentent à notre esprit épuisant, sur ce grain de matière, insuffisant pour séparer sensiblement deux rayons partis du centred'une étoile, les siècles, les révolutions, les métamorphoses, les merveilles du feu, celles de l'eau, les générations d'êtres, et toutes les formes organiques, petites et grandes, belles et monstrueuses, que l'imagination la plus délirante puisse combiner dans ses rêves fantastiques. Si l'on a lu notre résumé de la géologie, on en a conclu à une exhibition indéfinie, par la puissance suprême, sur la surface du globe, d'une féerie vivante et fastueuse, de dimension et de complication à contenir tous les possibles terrestres que nous rèverons jamais. Il semble même que plus nous restreignons le cercle de nos observations et lisons dans le petit, plus nous approchons de la substance divine et sommes absorbés dans sa grandeur. Le même effet se produirait, au reste, si, commençant par le peu, nous aliions nous perdre dans l'immense; de quelque côté que l'homme se retourne et lance sa pensée, il se confond dans l'essence et dans le don de Dieu.

Nous sommes circonscrits, en ce moment, à l'organisme végétal et animal de l'époque présente, à la fleur et à l'oiseau, à l'arbre et au mammifère, au brin de mousse et au polypier. L'espace est devenu petit, et voilà que les merveilles se multiplient d'une manière effrayante; le cadre se resserre en étendue et n'en devient que plus inépuisable. Quand Grégoire de Nazianze, Chrysostome, Augustin, se servaient, & Dieu, de la science de leur temps, pour s'élever et élever les autres à des idées dignes de vous, ils n'avaient pas les ressources qu'eureut plus tard Bossuet et Fénelon; ils ignoraient tant d'artifices de votre sagesse que ceux-ci connurent! Mais que n'ignorèrent pas aussi ces derniers! Bossuet expliquant, à votre gloire, les merveilles de l'anatomie et de la physiologie animale, eût été plus éloquent encore, s'il avait connu les détails que nous avons trouvés, que nous trouvons chaque jour. La nature est l'argument de votre sagesse ; mais, livre fermé, vous chargez le progrès scientitique d'en développer les pages.

I accomplit sa tâche avec fidélité: quels mondes de merveilles ne se sont pas révélés dans le végétal depuis que la botanique a descendu de Théophraste aux naturalistes de nos jours, en passant par l'étude des Boerhaave, des Tournefort, des Chomel, des Linné, des Jussieu ! Quelle richesse d'artifi

es, de précautions, de minuticuses res

sources ne nous ont pas montrée, dans l'organisme animal, la zoologie, l'anatomie et la physiologie, depuis Aristote, Pline, Gessner, Fallope, Réaumur, Buffon, Daubenton, Pallas, Lacépède, Haller, Hunter, Bichat, de Blainville, Lamarck, Cuvier, Blumenbach, Geoffroy-Saint-Hilaire, et nos contempo

rains!

Que ne devons-nons pas, enfin, en mo. tifs d'admiration et d'adoration des minutieux travaux de Dieu dans notre organisme, aux Hippocrate, Galien, Paracelse, Harvey, Van Helmont, Sydenham, Bourgelat, Cabanis, Gall, Spurzheim, Bichat, Broussais, Dupuytren, Parent-Duchâtelet, Hahnemann lui-même!

Tous ces ouvriers des sciences physiologiques ne font autre chose que d'élever sur la terre un des plus beaux trophées des gloires du Seigneur; ils y suspendent, les uns après les autres, les chefs-d'œuvre de sa puissance, et nous lui en ferons notre éternelle offrande.

La botanique apporte les mécanismes, aussi merveilleux que délicats, de ses tissus, de ses trachées, de ses fibres, de ses épidermes, de ses cellules, de ses glandes, de ses racines, de ses tiges et de ses écorces; les forces d'absorption et d'ascension de ses séves, de composition et de décomposition des liquides et des gaz, d'exhalation et de respiration ou absorption de l'oxygène dans ses feuilles ; celles de distribution de ses sucs nourriciers, celles de ses sécrétions. Elle apporte ses organismes savants de reproduction, la structure élégante de ses fleurs, de ses pédoncules, de ses pédicelles, de ses calices, de ses limbes, de ses étamines, de ses anthères, de ses pistils, avec les vertus de son pollen pour féconder l'ovaire. Elle apporte son calendrier de flore, les mystères de ses fruits, de ses graines, de ses germinations, de ses développements, de ses greffes, de ses boutures, de ses marcottes, de ses tubercules. Elle apporte enfin ses classifications généralisatrices qui reconduisent l'esprit, de ses voyages dans les détails infinis, à l'unité harmonique des créations de Dieu.

La zoologie ajoute au trophée les merveilles de la circulation du sang, des mouve ments du cœur, du jeu des artères, de leurs valvules, de leurs vaisseaux capillaires, des respirations trachéenne, branchiale, pulmonaire, des exhalations et sécrétions des vésicules où s'opère la vivification oxygénique, de la chaleur interne, du suc gastrique, de la formation du chyle, de son absorption dans le sang par les pompes naturelles, de l'encéphale, du grand lymphatique, du cerveau, de l'inervation, de l'œil et des jeux de la lumière dans ses chambres et sur ses membranes, de ceux du son dans les liquides de l'oreille interne avec les filets nerveux qui y nagent, de la glotte. et des cordes vocales, des mouvements que détermine l'âme ou l'instinct dans les muscles et dans le squelette par l'entremise du système nerveux, des sensations, de la génération,

et des variétés spécifiques avec leurs mœurs, leurs habitudes, leurs propriétés, leurs arts, dent ses classifications et ses descriptions étalent à nos yeux les sublimes harmonies.

La médecine ajoute ses observations multipliées, délicates, sans terme possible, sur tous les phénomènes normaux et anormaux de l'organisme; et c'est ainsi que se compose, s'élève et se décore indéfiniment le trophée de la physiologie à la glorification et à la manifestation de la sagesse qui a conçu et de la puissance qui a réalisé.

Pouvons-nous quitter ce thème sans citer au moins un exemple des précautions de cette sagesse en vue de la production, de la conservation, du développement et de la fin de ses œuvres? Prenous le premier qui nous vient à l'esprit et qui ne demande que deux mots d'explication pour être compris : celui des anastomoses dans le système artériel. Après que le cœur a repompé du poumon le sang veineux qu'il y avait envoyé reprendre sa vertu vivifiante sous l'influence de l'oxygène atmosphérique, il le relance par l'artère aorte dans les canaux qui forment les branches de cette artère, afin qu'il aille réparer toutes les pertes qu'a pu faire l'organisme, guérir les blessures et rajeunir tout ce qui a vieilli. C'est Harvey qui découvrit cette merveille de la circulation, que Platon soupconnait et n'osait donner que comme une hypothèse; mais il n'en trouva que la loi générale, et, depuis Harvey, chacun ayant saisi un détail nouveau, il est arrivé ce qui arrive toujours, que la beauté de l'ouvrage n'a semblé se révéler que dans les minuties. L'anastomose est une de ces petites précautions nouvellement découvertes, qui donnera une idée de ce que nous voulons dire. On s'est donc aperçu qu'au delà des bifurcations des artères, au delà, par exemple, de la bifurcation qui donne naissance aux deux carotides destinées à alimenter les deux côtés de la tête, a été ajoutée une artère-supplément qui va d'une branche à l'autre, ne sert pas ou presque pas en état de santé, puisque, alors, elle s'affaisse, devient flasque et se ferme en collant ses parois comme un boyau sec, mais devient d'une utilité capitale en état de maladie. Il arrive souvent qu'une des deux branches principales, soit une carotide, s'oblitère, s'engorge, se ferme par là même, et ne laisse plus passer, par son canal, le liquide nourricier jusqu'au lieu qui en aurait besoin; faudra-t-il, dans ce cas, que cet organe périsse pendant le temps nécessaire à la guér son de l'artère malade? C'est ce qui n'arrivera pas, grâce à à l'anastomose. Le sang, parvenu à la bifurcation, cherchera à pénétrer par l'artère engorgée, et, ne pouvant franchir l'obstacle, s'arrêtera; mais, en même temps, son flot deviendra plus considérable dans l'artère correspondante, et, par un mécanisme admirable, il ouvrira la soupape qui sert de porte à l'anastomose, entrera dans celle-ci, qui, vu le besoin, se dilatera et formera canal; puis il parviendra, par cette voie supplé

mentaire, après avoir fait un détour, audessus de l'engorgement, dans la prolongation de l'artère malade, qui continuera, gråce à l'artifice préventif du mécanicien, de le distribuer dans les organes qui le demandent.

La médecine a profité de cette supercherie de la nature, pour guérir certains maux par la ligature des artères; on conçoit que, si un organe tuméfié a besoin, pour se guérir, d'une diminution de sang, on arrivera à produire chez lui ce résultat, en liant l'artère qui l'alimente, puisque l'anastomose continuera de le vivitier suffisamment pour empêcher sa mort, et pas avec assez d'abondance pour empêcher sa guérison. Voilà de ces admirables soins de la Providence que la science physiologique découvre chaque jour, les uns après les autres, et qu'elle ne peut reconnaître sans rendre témoignage à une intelligence infinie dans la cause, à moins d'un aveuglement qu'on ne saurait comprendre. Les Lamarck et les Cabanis sont pour nous d'inexplicables phénomènes: ils travaillent à nous détailler les miracles de Dieu; nous les en remercions de toute notre âme, et ils n'ont pas d'yeux pour lire le sceau brûlant de sa sagesse, imprimé dans la substance même qu'ils émiettent avec tant d'habileté. Quelle contradiction!

Que Lamarck s'efforce de nous faire comprendre comment la nature, sans prévision et sans calcul, est arrivée par des tâtonnements aveugles et des modifications nécessitées par des circonstances fortuites, à ses appareils si bien appropriés, dont notre science consiste à découvrir chaque jour les destinations prochaines et éloignées, nous ne pourrons jamais le croire, et nous lui dirons arrière avec d'autant plus d'énergie que nous pénétrerons plus profondément dans les intentions de la nature. Nous ne croirons point, en voyant la grenouille munie d'un énorme poumon, qu'elle gonfle d'air avant de plonger dans son marécage, qu'il n'y a pas, dans cette conformation, l'intention que ce ballon lui serve, à la fois, de magasin d'oxygène et de flotteur, pour la mettre en équilibre dans les ondes. Nous ne croirons pas, en disséquant le poumon de l'oiseau, que cette ouverture, qui communique à des conduits distribués dans tous ses tissus, dans ses chairs, ses plumes et ses os, pour y faire pénétrer l'air qu'il respire, et maintenir tout son corps à l'état vivant d'une éponge légère, ne soit pas mise là par un calcul qui avait en vue la vie et l'activité aérienne de l'être qui en est pourvu. Nous ne croirons pas, non plus, que la vallisneria spiralis, petite fleur sous - fluviale ou sous-lacustre, soit munie, sans intention, de cette tige frèle et longue, qui va porter jusqu'à la surface de l'eau sa fleur femelle, afin qu'elle y reçoive, dans l'air, le pollen de la fleur måle qui s'est détachée en bulle d'argent, a monté seule à la surface, y a vogué comme un petit navire, et s'y est ouverte pour donner sa poussière prolifique au stigmate de l'ovaire, que la tige femelle, se

roulant en spirale, ramène au fond des eaux, dès qu'il est fécondé, afin qu'il y éclose. Nous ne croirons jamais que la guêpe des murailles ait reçu d'une cause aveugle cet admirable instinct qui la pousse à creuser son petit trou, y déposer ses œufs, y transporter copieuse provision d'insectes propres à nourrir sa couvée quand elle éclora, puis à calfeutrer le nid par dehors, en ayant soin de le bien dissimuler, par précaution contre les ennemis, et enfin à s'en aller mourir en paix, laissant le reste au soleil et à l'instinct de ses petits, qui, quand ils seront éclos, vivront de la provision, puis briseront le mastic, et s'envoleront, pour répéter, un peu plus tard, l'œuvre maternelle, sans y rien changer. Mais où allons-nous avec ces détails? à l'infini; et à quoi bon? Notre esprit a saisi l'universel; il a vu que la conclusion nécessaire du physiologiste, c'est que la nature entière est une des phrases sublimes de l'infinie sagesse.

II. Si les sciences physiologiques nous révèlent Dieu et ses attributs, comme les sciences cosmologiques et géologiques; comme ces dernières aussi, et mieux encore, elles nous révèlent l'âme.

Elles nous la révèlent par la puissance de généralisation qu'elles exigent pour se former et réaliser leur progrès humain. Qui croira jamais sérieusement que c'est un peu de boue organisée qui analyse et synthétise de la sorte les règnes de la nature?

Mais passons à d'autres considérations; et, pour éviter de rentrer dans la métaphysique, où toutes les routes conduisent, voyons si l'observation seule, telle que la pratique du médecin, par exemple, ne donne pas, de sa nature, à tout instant, la conviction de l'âme immatérielle, comme réalité présente dans la personne humaine.

Quand on étudie physiologiquement l'etre humain, soit dans l'enfance, soit dans le développement, soit dans la santé, soit dans la maladie, soit dans les phénomènes de la guérison, soit dans ceux qui accompagnent la mort, on arrive à constater une unité de personnalité par l'union intime d'une nature à titre d'instrument, avec une puissance qui ne peut pas être matérielle, et qui joue le rôle de centralisateur; en sorte que cette étude mène à cette règle générale Ce n'est point étudier l'homme que d'étudier son cerveau et le reste de son organisme, sans étudier son ame; ce n'est point étudier l'homme que d'étudier son âme sans étudier son cerveau et tout son organisme: on ne l'étudie qu'en étudiant ces deux choses à la fois. Mais, on n'arrive pas et on ne peut arriver à constater une unité de personnalité par pure unité d'organisation matérielle; tout concourt, dans l'observation, à déraciner de l'esprit cette prétention matérialiste.

Telle est la pensée que nous ne pouvons pas développer suffisamment, vu que l'espace nous manque; mais que nous mettrons le lecteur en voie de vérifier par l'analyse aussi complétement qu'il lui plaira de le faire.

Prenez l'enfant; suivez-le dans son éducation et son développement sous les soins de ceux qui le dirigent, depuis la nourrice jusqu'aux maîtres. Vous voyez le directeur, sans autre avertissement que celui qu'il a reçu de la nature, sans calcul, sans système, sans aucune analyse scientifique, par cet ex abrupto naturel auquel on fait allusion quand on dit que le premier mot et la première pensée sont l'expression de la vérité; vous le voyez se faire double à l'égard de l'enfant, et supposer constamment que l'enfant est double. Il traite dans un même être deux êtres, il s'occupe de deux santés; il soigne quelque chose qui a besoin d'un aliment matériel, et quelque chose qui a pesoin d'un aliment invisible, insensible matériellement, et pourtant qui est, puisque c'est cette chose qui appelle la majeure partie de ses efforts, à mesure qu'elle grandit. Et ce double phénomène ne s'observe pas seulement chez les peuples civilisés; allez dans la hutte de la Hottentote; voyez la mère et son enfant, vous trouverez, à un degré moins élevé, sans doute, tant sous le rapport matériel que sous le rapport de l'esprit, ces doubles soins, vous les trouverez à leur degré relatif. A quelle force intérieure s'adresse dong la seconde moitié du travail, si ce n'est à l'âme? Et, s'il n'y avait pas d'âme, pourquoi cette duplication en activité dans le gouverneur, et supposée par lui dans le gouverné? Est-ce à un néant pur, à ce qui ne serait rien, que nous nous adressons? Que signifient ces idées générales d'unité, de pluralité, de temps, de lieu, de grandeur, de petitesse, de oui, de non, de cela est bien, de cela est mal, que vous travaillez plutôt à éveiller, dit Platon, dans ce jeune esprit, qu'à les y introduire? Et si vous préférez ce dernier mot, que m'importe ? ne faudra-t-il pas que vous accordiez une unité centralisatrice qui les reçoit, les garde, et y rattache désormais, de mieux en mieux, ses actions et ses paroles? Est-ce à l'organisme matériel que vous prêchez raison, et ne supposezvous pas, dans chacune de vos démarches, quelque puissance mystérieuse qui n'a aucun point de ressemblance avec un méca nisme d'organes et de fonctions? Il y a une partie de vos actes qui ont pour objet ce inécanisme, vous les connaissez; pourquel d'autres qui en diffèrent? Voilà le point ca pital auquel ne peut satisfaire le physiolo giste s'il n'a recours à l'esprit.

On objectera, sans doute, que cette distinction n'est pas sans réalité, jusqu'à un certain point, chez l'animal lui-même, en ce qui concerne la conduite de la mère à l'égard de ses petits. Nous ne le nions pas, malgré l'énorme différence; mais aussi nous en concluons, avec Leibnitz, que l'animal est un foyer vital doué de son centre, et que ce centre, quelque nom qu'on lui donne, n'est pas plus matériel que notre intelligence.

Prenez l'homme dans sa perfection de vie et d'activité; vous retombez aux mêmes ol servations. Toujours l'être double dans l'anité. Vous trouvez l'organisme exerçant

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