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CHAPITRE I.

Politique séparatiste.

Pour déterminer à laquelle des deux puissances signataires du Concordat de 1801 revient la responsabilité de la rupture et de la séparation de l'Etat d'avec l'Eglise, il ne sera pas inutile, en premier lieu, de rechercher laquelle des deux en a manifesté le propos délibéré.

Quand on observe l'attitude du Gouvernement français, spécialement dans les dernières années, on ne peut se refuser à reconnaître que sa politique religieuse a été constamment orientée vers cet objectif. Mais, outre des faits, il y a des déclarations explicites.

M. Waldeck-Rousseau lui-même, dans la séance de la Chambre du 7 Décembre 1899, tout en repoussant, comme prématurée, la séparation de l'Etat d'avec l'Eglise, l'admettait cependant en principe, d'accord, disait-il, avec M. Goblet, « après que le Parlement << aurait voté une loi sur les associations. J'ai d'autant <<< mieux le droit de rappeler cette formule, ajoutait-il, << que le projet dont nous avons saisi la Chambre « j'éprouve quelque regret à le dire - je l'avais déjà

« déposé après le Ministère Gambetta en 1882; je l'ai déposé de nouveau au moment du ministère Ferry. « Je considère en effet que le vote de cette loi sur les << associations est une préface nécessaire ». M. WaldeckRousseau, après avoir écrit cette préface, en obtenant la loi sur le droit d'association, refusa, en Novembre 1901, de s'aventurer jusqu'à la séparation; il se trouva quelqu'un pour le faire à sa place.

M. Combes, du jour où il prit le pouvoir (juin 1902), voulut la séparation; et comme la France n'était pas disposée à l'accepter, il se proposa d'y préparer le pays, de façon à le conduire à la séparation, tout en persuadant l'opinion publique que la responsabilité en retombait sur le Saint-Siège.

C'est M. Combes lui-même qui a exposé ce plan en termes nets et formels.

Dans son discours au Sénat, le 21 mars 1903, il faisait clairement entendre quelle était son opinion sur la dénonciation du Concordat, et il ajoutait : « Le dé<< noncer en ce moment, sans avoir préparé suffisam<<ment les esprits à cette dénonciation, sans avoir établi << manifestement et avec preuves multipliées à l'appui, << que c'est le clergé catholique lui-même qui la pro« voque et la veut, en la rendant inévitable, serait << d'une mauvaise politique, à raison des ressentiments, « même immérités, qui pourraient s'en suivre dans le << pays contre le Gouvernement républicain. Je ne dis << pas que la rupture des liens qui existent entre l'Etat << et l'Eglise catholique ne se produira pas à un jour « donné; je ne dis même pas que ce jour n'est pas

<< prochain; je dis simplement qu'il n'est pas arrivé ». Ainsi encore dans la séance du 14 janvier 1905 à la Chambre des Députés: « J'ai toujours été partisan de « la séparation des Eglises et de l'Etat. Mais quand « j'ai pris le pouvoir, j'ai jugé que l'opinion publique « était insuffisamment préparée à cette réforme. J'ai << jugé qu'il était nécessaire de l'y amener... ». Et plus longuement encore, dans la National Review de Londres (mars 1905): « Ce n'est pas que personnellement je fusse hostile à la séparation des Eglises et de << l'Etat. Bien au contraire, je professais cette doctrine, << ainsi que la plupart de mes collègues du Cabinet, et « j'étais en communion d'idées sur ce point avec tout << le parti républicain, qui a considéré de tout temps « la séparation des Eglises et de l'Etat comme le terme « naturel et logique du progrès à accomplir vers une « société laïque, débarrassée de toute sujétion cléricale.

<< Mais je sentais, à cette époque, comme les col« lègues dont je parle, qu'il y aurait inopportunité et « imprudence à inscrire dans la déclaration ministérielle << une réforme de cette gravité, sans y avoir préparé « suffisamment le pays. Toutefois j'avais conscience de << l'amorcer par les mesures que je me proposais de << prendre. Si je me montrais décidé à observer le Con<cordat dans les dispositions qui procurent à l'Eglise << catholique, avec la liberté du culte, de grands avan<tages matériels, je ne l'étais pas moins à le faire << observer par l'Eglise catholique dans les disposi<«<tions qui garantissent à l'Etat ses droits de souve« raineté.

<< Or il ne m'avait pas échappé, en examinant le << texte du pacte concordataire, que ces droits du pou<< voir civil étaient inconciliables avec la doctrine catho

lique, solennellement promulguée dans les encycliques < papales, et je m'expliquais ainsi le perpétuel désac<< cord qui se remarquait, depuis l'avénement de la

République, dans les relations de l'autorité civile avec << l'autorité religieuse. Il n'y avait, selon moi, qu'à pren<< dre acte de ces désaccords inévitables, à mesure qu'ils << se produisaient, pour inciter naturellement le pays à << se tourner vers la séparation de l'Eglise catholique << et de l'Etat, comme vers le remède efficace à un mal << constitutionnel et chronique, qui ne pouvait être guéri << autrement. De fait, les événements ont réalisé plei<< nement cette vue de mon esprit ».

Il faut observer tout de suite que cette opposition prétendue entre le Concordat, et « la doctrine catholique solennellement promulguée dans les encycliques pontificales », n'existe point en réalité. Les droits de l'Etat, dont parle l'ex-président du Conseil, ne peuvent être que le droit de nomination aux évêchés vacants; pour s'en convaincre, il suffit simplement de lire le texte du Concordat. Or ce droit n'est évidemment opposé à aucune doctrine catholique; d'autre part l'expérience l'a démontré non seulement pour la France, mais pour tous les pays concordataires, ce droit peut être exercé pratiquement sans difficultés sérieuses, pourvu que l'Etat, en exerçant son droit, remplisse son devoir qui est de nommer des candidats dignes, et respecte le droit et le devoir du Saint Siège qui sont d'examiner

les titres des candidats proposés et de ne point admettre ceux qui manqueraient des qualités requises pour l'épiscopat. Il n'y a de conflit possible que si le gouvernement nomme des candidats canoniquement inacceptables, et persiste ensuite à les imposer; le conflit, alors, ne provient pas du Concordat, mais de ce qu'il est mal observé par le gouvernement. Le chapitre VII traitera particulièrement ce point.

En attendant, des citations faites, et d'autres qui pourraient facilement s'y ajouter, résulte la vérité de ce qui a été dit: M. Combes, dès le début de son ministère, voulut formellement la séparation; il ne la mit pas dans son programme pour cet unique motif que l'opinion publique n'y était point favorable; mais dès ce moment, il se proposa de préparer la nation à ce grave événement, en faisant croire que c'était le Saint Siège qui le rendait inévitable.

Pour disposer l'opinion publique à la séparation et à la rupture du Concordat, M. Combes mit en œuvre des moyens divers.

Il fallait d'abord et avant tout, pour atteindre ce but, détacher autant que possible, les Français de la Papauté, en la vilipendant, en la représentant comme un pouvoir étranger, ennemi de la France, de la République, de la civilisation, avec lequel toute entente devenait impossible. M. Combes ne se fit pas scrupule de recourir à ce moyen; il suffit de lire ses discours pour s'en convaincre. Certainement aucun Ministre, surtout aucun Chef de Cabinet n'a jamais attaqué un Gouvernement étranger, comme M. Combes durant sa vie

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