Sayfadaki görseller
PDF
ePub

FRANCE

Si la France est plus riche que sa rivale au point de vue financier, elle lui est manifestement inférieure au point de vue des ressources du contingent.

Le nombre de jeunes gens inscrits pour l'incorporation oscille aux environs de 317 000; ce qui représente moins de 60 p. c. du chiffre correspondant de l'Allemagne.

Aussi, pour avoir une armée comparable à celle de leurs voisins, les Français ont-ils été contraints d'adopter des solutions radicales qui, parfois, ont fait crier à l'utopie.

A l'heure actuelle, leurs ressources militaires sont groupées en deux grandes catégories : troupes et services de l'armée active, troupes et services de l'armée territoriale.

De par la loi du 21 mars 1905, le service est imposé, personnellement, à tout citoyen français. Seuls sont exempts d'une manière définitive les jeunes gens inaptes au service pour cause d'infirmité ou défaut de taille.

:

Après un terme de 2 ans sous les drapeaux à partir de la 20o année, les militaires passent dans la réserve de l'armée active, pour une période de 11 ans. Ces réservistes constituent trois catégories distinctes la première comprend 4 classes destinées à porter les unités de l'armée active à l'effectif de guerre; la seconde comprend 5 classes constituant des régiments de réserve. Les dixième et onzième classes sont dites de dépôt, et servent à alimenter les troupes engagées.

Les militaires sont ensuite versés dans l'armée territoriale pour une période de six années; après quoi ils font partie de la réserve de l'armée territoriale jusqu'à ce qu'ils aient atteint l'âge de 45 ans.

Par exception, les réservistes pères de 4 enfants vivants passent de droit dans l'armée territoriale, et les pères de 6 enfants vivants dans la réserve de l'armée territoriale.

Il semble, à première vue, que l'armée française de première ligne, réunissant six classes de milice seulement, soit plus jeune que l'armée allemande correspondante; mais il ne faut pas perdre de vue qu'elle comprend moins de corps d'armée, en sorte que les troupes de seconde ligne auront vraisemblablement à remplir un rôle plus actif que les troupes de landwehr allemandes. D'ailleurs, les bataillons de réserve allemands sont puisés, dit-on, dans les contingents des 7 premières classes.

D'autre part, au point de vue absolu, c'est-à-dire dans l'hypothèse où les soldats allemands et français se valent à égalité d'aptitude physique, l'ensemble des premiers est supérieur à celui des seconds parce que la population allemande permet une sélection rigoureuse au moment de l'incorporation, tandis que les Français se voient obligés de prendre au service tous ceux qui ne sont pas réellement inaptes. C'est ainsi que, s'il faut en croire M. Waddington, rapporteur du budget de la guerre en 1910, la France incorporerait dans le service armé 77,6 p. c. et dans le service auxiliaire 6,4 p. c. des jeunes gens à l'âge de milice (1).

Sur 317 000 inscrits, il n'y aurait que 50 500 exemptions définitives, auxquelles s'ajoute la défection de 15 000 déserteurs et insoumis (2). Les jeunes gens qui

(1) On désigne en France par hommes des services auxiliaires, les jeunes gens du contingent qui, tout en ne convenant pas pour le service armé, peuvent être affectés à certains emplois, commis, ouvriers, etc.

(2) L'effectif d'une division d'armée. M. Messimy a déclaré à la Chambre, le 29 novembre dernier, que le nombre total de déserteurs et d'insoumis était de 80 000 en 1911.

Année

se soustraient ainsi à leurs obligations militaires, con-
stituent une perte nette pour la défense du pays (1).
Voici un tableau statistique analogue à celui
nous avons établi pour l'Allemagne :

que

l'armée métropolit. (2)|

1907 313 787 68 520 382 307 45 490 34 443 37123 29 124 233 579 13 696 247 933

1908 1909

315 457 36 102 351 554 42 660 37 525 16 427 24 341 230 601

318 449 34 433 352 882 45 460 38 137 17 782 27 212 221 413 15 246 231 794 17 332 235 627 1910 316 200 31 293 347 493 38 983 35 616 18 394 24 974 229 529 15 117 236 788 1911 301 467 29 494 330 961 35 793 34 532 17 707 25 364 217 930 15 203 214 499

[ocr errors]

Jusqu'à ces dernières années, grâce à de nombreux subterfuges tels que celui qui consiste à inscrire les insoumis sur les contrôles de l'armée, nos voisins du Sud sont parvenus à aligner des chiffres qui leur donnent, en temps de guerre, des effectifs comparables à ceux des Allemands. Mais en réalité, depuis la réduction du service actif de trois à deux ans, qui a subitement vidé les casernes, les Français subissent une crise des effectifs que tous leurs efforts tendent à conjurer.

Afin de fortifier les unités anémiées par le service de deux ans, M. Messimy, rapporteur du budget de la guerre en 1908, demandait d'urgence l'adoption de mesures qui amélioreraient le courant des engage

(1) En Allemagne il y a, chaque année, 40 à 50 000 insoumis, mais les
effectifs ne s'en ressentent pas, grâce aux ressources du pays.
(2) Y compris les insoumis.

ments volontaires et des rengagements: affichage des avantages accordés, racolage par la gendarmerie, haute paye, privilèges de tenue, etc.

Parmi les moyens proposés pour combattre la crise, il importe de signaler la proposition d'utiliser un contingent de troupes noires. C'est une solution qui se retrouve périodiquement dans l'histoire des peuples.

Le colonel Mangin, auteur d'une étude que publia naguère la REVUE DE PARIS, affirmait que ces troupes pourraient, après 12 années écoulées, fournir 48 bataillons de tirailleurs sénégalais. Ces unités arriveraient à Marseille le huitième jour de la mobilisation et il resterait encore 20 000 noirs pour la garde des possessions d'Afrique.

Allant plus loin, des écrivains français bien connus, les généraux Bonnal, de Lacroix et Langlois estimèrent que les 120 000 hommes de troupes algériennes et sénégalaises, presque indispensables au gain de la première bataille, pourraient être amenées à demeure sans qu'on rencontrât des difficultés insurmontables.

M. Berteaux, ancien ministre de la guerre et président de la commission du budget de 1909, ne partageait pas leur avis. Ces forces, disait-il, ne pourraient entrer en ligne que trois semaines après le premier choc, et, d'autre part, l'éventualité d'un mouvement insurrectionnel éclatant en Afrique au moment où la France et l'Angleterre se trouveraient engagées dans un conflit européen, ne permettrait pas d'abandonner la défense des colonies aux seules forces indigènes et sénégalaises.

Naturellement, la participation éventuelle de troupes noires à une guerre continentale provoqua des protestations intéressées de la part de l'Allemagne; on a pu lire dans la Post ces réflexions un peu enfantines : «Les soldats allemands devraient considérer comme une injure d'avoir à se mesurer avec les barbares

africains sur le sol européen. Nous ne pouvons admettre (!) que nos soldats soient de nouveau exposés à subir le choc de l'impression morale de pareilles hordes africaines affublées de l'uniforme français ».

En 1910, le gouvernement de la République fit voter un crédit de 860 000 fr. pour l'envoi, à titre d'essai, d'un bataillon de tirailleurs sénégalais en Algérie. L'expérience fut, somme toute, peu concluante : si tous les officiers étaient d'accord pour apprécier les qualités militaires de ces troupes noires, ils l'étaient aussi pour reconnaître qu'elles supportent mal le froid et, pour la plupart, que leur moral baisse avec la température. Le Sénégalais est, paraît-il, grand buveur d'eau et, dans un pays où elle fait défaut dans la saison. chaude, il souffre beaucoup de cette privation. De plus, étant généralement marié, il coûte, rendu à Oran, beaucoup plus cher que les tirailleurs algériens et que les hommes du contingent métropolitain.

Quoi qu'il en soit, le budget de 1911 ne renferma aucune prévision relative à l'organisation d'un deuxième bataillon noir.

Depuis lors, et sous la pression de la nécessité, un nouveau revirement s'est produit: une seconde unité de l'espèce a été constituée. Aux défauts que nous venons de signaler, on a opposé les sérieuses qualités qu'accorde aux contingents africains le commandant du XIX corps d'armée d'Algérie : confiance absolue dans leurs chefs, mépris de la mort, insensibilité à la fatigue. Toutefois, il est bien entendu qu'il ne s'agit plus de les envoyer éventuellement en Europe, mais de les utiliser dans les régions du sud de la colonie, loin des populations de races différentes dont ils heurteraient les mœurs et les coutumes et dont eux-mêmes fuient le contact (1).

(1) Voici comment M. Millerand s'exprimait à la Chambre des députés, au mois de novembre dernier :

« Sans traiter ici in extenso la question des troupes noires, je me bornerai

« ÖncekiDevam »