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III

LES

MONDES PRÉSENTS, PASSES OU FUTURS (1)

Que n'a-t-on pas dit, que n'a-t-on pas écrit, notamment depuis une soixantaine d'années, sur l'habitabilité (mot nouveau employé pour exprimer une idée nouvelle) soit réelle, soit au moins possible, des « astres errants » comme disaient les anciens désignant ainsi la Lune et les planètes?

De l'observation rigoureuse des faits, sur laquelle seule, en cosmologie, peut légitimement s'appuyer une hypothèse scientifique, beaucoup s'inquiétaient peu. Et quand on leur objectait naguère l'ensemble extrêmement complexe des conditions nécessaires à la vie organique observées sur notre planète, ils énonçaient cet argument, à leurs yeux triomphant, que les poissons, s'ils étaient doués de raison, ne pourraient admettre que la vie fût possible hors de l'eau et en concluraient que le sol non immergé est nécessairement désert. Ce qui veut dire que les conditions de la vie peuvent varier à l'infini, et que l'on peut concevoir des formes d'existences organiques absolument différentes de celles qu'il nous est donné d'observer.

Argument plus spécieux que probant.

Observons d'abord qu'à abandonner le terrain des faits constatés pour se lancer dans les nuées de tout ce qui se peut concevoir, autrement dit, dans tous les caprices et fantaisies de l'imagination, on sort absolument du domaine scientifique pour se cantonner dans celui de la fable et des contes de fées.

En second lieu, s'il est vrai que les conditions de la vie offrent une grande élasticité et nous en avons sur terre, principalement parmi les micro-organismes, des exemples fort remarquables cette élasticité ou variabilité est cependant renfermée dans certaines limites. L'animal aquatique, pas plus que l'animal terrestre, ne peut se passer d'oxygène, d'hydrogène, de carbone, d'azote... Tout comme le second ne saurait vivre sans eau, le

(1) D'après l'abbé Moreux, Les autres mondes sont-ils habités ? 1 vol., in 2, s. d., Paris, Scientifica.

premier ne peut pas davantage vivre sans air; il est pourvu, pour l'introduire dans son organisme et le vivifier, d'un appareil différent et approprié au milieu où il vit; mais il n'en respire pas moins. Faites le vide pneumatique sur un bocal plein d'eau et contenant des poissons en pleine vitalité, et vous les verrez bientôt tous asphyxiés.

Sous des formes différentes il en est de même pour les plantes au règne végétal comme au règne animal, l'air et l'eau sont, dans des proportions diverses, de nécessité absolue.

Il y a également les conditions de température entre des limites très rapprochées, et qui le sont d'autant plus que la bête ou la plante est plus élevée en organisation. Seul l'animal rationale, l'homme, grâce aux merveilleuses ressources d'adaptation de son organisme, et un peu aussi à l'aide de son industrie, parvient à élargir ces limites. Aussi a-t-il pu se répandre sur le globe entier, dans les régions polaires comme dans les zones tropicales et tempérées (1), ce qui n'a été possible à aucune autre espèce animale ou végétale.

D'autres partisans systématiques de l'habitabilité des astres posent comme un dogme que partout où se trouvent réunies les conditions propres à entretenir la vie, celle-ci apparaît. C'est là confondre le possible avec le réel; car de ce qu'une chose est en soi possible, il ne résulte à aucun égard qu'elle soit réalisée. Peu nous importe d'ailleurs. Si cette donnée est arbitraire, du moins n'est-elle pas antiscientifique, et place-t-elle la question sur son vrai terrain, à savoir :

Pour qu'un astre soit habitable, il faut que les conditions indispensables à la vie organique s'y trouvent réunies.

I

LES ASTRES INHABITABLES

C'est sur cette base que nous examinerons, avec le savant abbé Moreux, ce que la science acquise, en cette treizième année du XXe siècle, permet de supposer.

Remarquons d'abord que, l'observation spectroscopique ayant

(1) Nous n'entrons pas ici, avec notre auteur, dans les détails techniques sur les micro-organismes pouvant vivre quelques instants les uns à un froid de 200° sous zéro, d'autres à une température dépassant 150° au-dessus. Négligeons aussi l'étude des conditions de vie et de développement de la cellule organique, afin de ne pas sortir des données générales.

permis de déterminer l'àge relatif des étoiles, les astronomes de ces derniers temps ont pu constater que notre Soleil est, comme par exemple Arcturus, une étoile vieillissante. Il est vrai que pour cette catégorie d'ètres, les âges n'ont aucune commune mesure avec ceux de notre éphémère existence : les unités n'y sont pas des années, mais des millions d'années. Encore quelques dizaines de ces millions, dit M. Moreux, et les taches que nous constatons accidentellement sur l'astre du jour, «se feront plus nombreuses, une écorce solide couvrira sa surface; il aura perdu sa place parmi les étoiles. Soleil noir et invisible, il n'en continuera pas moins sa course à travers l'immensité » (1).

Ainsi en a-t-il été de la Terre durant un beaucoup moins grand nombre de millions d'années: petit Soleil éteint aujourd'hui, elle est vivifiée actuellement par le Soleil brillant encore mais déjà sur le déclin, né de la même nébuleuse qu'elle même. Et qui sait si la Lune, notre unique satellite, ne fut pas, au temps où notre globe était encore un petit Soleil, centre de lumière et de chaleur, une petite Terre, animée d'un mouvement giratoire plus rapide qu'aujourd'hui, chauffée et éclairée par ce petit soleil, et séjour de la vie physiologique sous toutes ses formes? Ce n'est là, ce ne sera jamais qu'une conjecture, mais elle est rationnelle et n'a rien d'antiscientifique.

Quoi qu'il en soit de ce qui a pu être dans le passé, il est certain que cet astre se présente aujourd'hui dans des conditions toutes différentes. Son mouvement giratoire autour de son axe s'est ralenti au point de devenir égal à son mouvement de translation autour de la Terre, en sorte qu'il présente à celle-ci toujours la même face, comme le cheval de cirque présente toujours le mème flanc à l'écuyer qui le dirige du centre du manège. D'autre part, aucune manifestation atmosphérique ne vient plus s'exercer sur cette surface aux reliefs prodigieusement accentués, aux cratères énormes, aux cavités profondes, résultat sans doute des dernières convulsions géologiques ou plus exactement sélénologiques qui la boursouflèrent aux temps lointains des dernières convulsions de sa vie planétaire.

Pendant des jours valant quinze des nôtres et alternant avec des nuits d'égale durée, l'astre que ne protègent aucune nuée, aucune trace d'humidité, aucune enveloppe gazeuse appréciable, passe alternativement d'une température bien supérieure

(1) Les autres mondes..., p. 37.

à celle que présente chez nous l'eau bouillante à un froid de 260 degrés.

Aucun organisme vivant, si élémentaire, si microscopique qu'on le suppose, ne saurait s'accommoder de conditions pareilles.

Le pourtour de la Lune n'est donc aujourd'hui qu'un vrai désert, une surface cadavérique, la surface d'un astre mort, et même, peut-on dire, où la décomposition a commencé son œuvre les fendillements nombreux que l'on observe sur l'écorce lunaire, les failles gigantesques et les rayonnements divergents des grands cratères, sont sans doute l'effet des variations de température de plus de 360 degrés que subit la surface de l'astre dans ses alternatives de jour et de nuit valant quinze de nos jours et autant de nos nuits (1).

Aucune des conditions de la vie organique ne se rencontre donc sur notre Satellite.

De la Lune, qui n'est qu'un satellite, passons à la première des planètes, à celle qui circule le plus près de l'astre central, Mercure, «mondicule perdu dans les feux du Soleil, et dont le diamètre ne dépasse pas 4500 km. », soit un peu plus du tiers du diamètre de notre globe, en sorte qu'elle est 23 fois plus petite que lui, elle est en même temps près de trois fois plus rapprochée de la fournaise solaire.

De savants physiciens, appuyés sur une loi proposée par Stéfan, vers 1880, ont calculé que la température moyenne, à la distance où Mercure est du Soleil (58 millions de kilomètres), n'est pas inférieure à 200 degrés centigrades. Nous disons : température moyenne, parce que vu l'excentricité relativement grande de l'orbite de Mercure, décrivant une ellipse beaucoup plus allongée que celle de l'orbite terrestre, la planète subit deux fois, dans sa courte année de 88 jours, une variation de 40 degrés en plus ou en moins, passant ainsi de 160 à 240 degrés. A de telles températures toute trace d'eau serait vaporisée, et dans les dépressions du sol couleraient des fleuves et des rivières de soufre et d'étain à l'état de fusion.

Encore supposons-nous ici ce que l'on ignore, à savoir que, sur la planète, les ardeurs du jour pourraient être tempérées par la fraicheur relative (oh! très relative) des nuits. Pour que cela eût lieu, il faudrait que le globe mercurien exécutat sa rotation autour de son axe dans un temps très sensiblement inférieur

(1) Abbé Moreux, op. cit.

à celui de sa révolution circumsolaire. Or M. Schiaparelli, le grand astronome italien, a cru pouvoir émettre l'opinion que l'un et l'autre mouvement s'exécuteraient dans la même durée, un hémisphère de la planète se trouvant ainsi éternellement exposé aux feux incessants du foyer central, l'autre restant plongé à tout jamais dans la nuit sous un froid de 265 degrés, tandis que le point le plus chaud de l'hémisphère éclairé atteindrait 400 degrés, plus haut que le point de fusion du bismuth et du plomb.

Les très grandes difficultés qu'oppose à l'observation de Mercure son trop grand rapprochement du Soleil, ne permettent pas de trancher la question. En réalité nous ne savons rien de la durée du mouvement rotatoire de cet astre. Mais quel qu'il soit, un si grand rapprochement du Soleil d'une part, d'autre part l'absence totale d'atmosphère que les astronomes croient avoir constatée, établissent d'une manière certaine que Mercure n'est pas une planète habitable, et de plus qu'elle ne le fut jamais. Car, à une époque plus reculée, quand l'astre qui nous chauffe et nous éclaire était dans la force de l'âge et ne vieillissait pas encore, il était plus chaud qu'à présent et rendait sur Mercure la vie plus impossible encore. D'ailleurs la faiblesse de sa masse et de son volume a raccourci considérablement la durée de son évolution; et ayant depuis bien longtemps perdu sa chaleur interne, il est, comme la Lune, un astre mort.

A la suite de Mercure, en s'éloignant de l'astre central, viennent Vénus, la Terre et Mars. De la Terre nous savons assez qu'elle est habitée et comment elle l'est; mais remarquons que le temps où l'homme y est apparu, si lointain qu'on veuille le supposer, n'est que bien peu de chose devant les nombreux millions d'années que les évaluations les plus motivées des géologues et des paléontologistes assignent à l'existence de la vie végétale et animale durant les longues ères primaire, secondaire et tertiaire.

De nos deux voisines nous nous occuperons un peu plus tard. De Mercure donc, faisons, avec M. l'abbé Moreux, « un bond formidable de plus de 700 millions de kilomètres, pour arriver à la septième des grosses planètes » (1).

(1) Il n'est pas question, dans l'ouvrage de M. l'abbé Moreux, des six ou sept cents minuscules planètes, dites télescopiques, sans doute parce que vu l'exiguïté du volume et de la masse de chacune d'elles (le diamètre de la plus forte, et de beaucoup, ne dépasserait guère la distance de Paris à Lyon), leur

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