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comme un effort accompli pour diminuer le nombre de points controversés.

Assurément, il y avait selon moi un sujet de réflexion qui s'imposait avant même toute recherche de l'importance intrinsèque de la question, et qui s'était fortement emparé de mon esprit. Les controverses ne ressemblent pas aux plaies du corps que la nature bienfaisante guérit. Si elles n'arrivent pas à la gangrène et à la mort, du moins, elles durcissent; figées en faits consistants, elles font corps avec la loi, le caractère, la tradition et même avec le langage, de manière à finir par prendre rang parmi les data et les axiomes de la vie

commune.

On les croit aussi inexpugnables que les rochers d'une côte inaccessible. Un de nos poètes décrit la séparation déchirante et complète de deux vieux amis:

Ils se sont séparés pour ne plus se rencontrer encore;
Ni l'un ni l'autre n'a trouvé quelqu'un

Pour décharger la peine de son cœur abandonné;

Ils se sont tenus à l'écart, les cicatrices restant,
Comme les falaises coupées en deux :

Une mer lugubre roule maintenant entre les bords1.

Il y a bientôt quatre siècles, nous devons nous en souvenir, que la convocation, tenue sous Warham en 1531, a voté un canon ou une résolution relative à la puissance royale sur l'Église et qui touchait ainsi à la juridiction du Pape.

Depuis, combien d'événements de nature à envenimer les conflits et combien peu de nature à les apaiser, quel courage doit avoir un Pape, à quel point il doit s'élever au-dessus des violents orages de l'esprit de parti, quelle sincérité d'amour pour toutes les ouailles du Christ, soit séparées, soit unies, quelle audace ne lui faut-il pas pour oser approcher avec des désirs de paix cette masse énorme de souvenirs haineux et encore brûlants!

Eh bien, c'est là ce qu'a fait Léon XIII, d'abord en concevant l'idée de cette enquête, et puis en prenant soin, par la constitution savante et impartiale du tribunal chargé de l'enquête, qu'aucun moyen ne soit négligé, qu'aucune garantie ne soit omise pour arriver plus facilement à la vérité.

Celui qui se souvient « du verre d'eau fraiche donné à un de ces

They parted, ne'er to meet again,
But never either found another
To free the hollow heart from paining.
They stood aloof, the scars remaining,
Like cliffs, wich had been rent asunder,

A dreary sea now rolls between. (COLERIDGE's Christabel.)

petits » se souviendra assurément de cette tentative qui, dès son origine, est apparue entourée de difficultés comme aussi de bénédictions.

Et maintenant, quel avantage résulterait-il d'une démarche qui en finirait avec la controverse des ordinations anglicanes ou du moins en rétrécirait les limites? Avec le plus grand respect pour l'autorité et pour un jugement plus compétent, je vais écrire ma réponse personnelle et, comme je l'admets simplement, ma très insignifiante réponse à cette question.

La seule controverse qui, d'après ma profonde conviction, dépasse et finalement absorbe toutes les autres est la controverse entre la foi et l'incrédulité. Il est facile de comprendre la confiance d'un catholique romain dans la vaste organisation de son Église, dans son imposante croyance et dans son activité. Ce sont là des forces de réserve pour affronter les dangers à courir en des crises périlleuses. Mais je présume que, même pour lui, les centaines de millions d'hommes professant le nom du Christ sans reconnaître l'autorité de l'Église romaine, doivent compter pour quelque chose. Il sera d'autant plus autorisé à démontrer que leurs affirmations de foi ne concordent pas avec sa croyance, qu'il défendra mieux la cause commune. -car il ya une cause commune et sa position particulière. Sur cent chrétiens, si quatrevingt-dix-neuf affirment qu'ils croient aux vérités capitales de la Trinité et de l'Incarnation malgré certaines croyances diverses et opposées, tous les membres de chaque Église ou de chaque communauté particulière ne déclareront-ils pas avec empressement l'incroyant loyal ne sera-t-il pas disposé à admettre volontiers que cette unité dans la diversité contribue fortement à confirmer la foi et fournit une large base sur laquelle nous pouvons édifier nos espérances pour l'avenir?

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Je descends des hauteurs transcendantes de ces doctrines, mais pour rester encore sur un terrain bien élevé.

La transmission de la vérité à travers les siècles par une Église visible divinement instituée est, selon la croyance et la pratique de plus des trois quarts de la chrétienté, une matière de profonde importance. Dans ces trois quarts je compte les Églises anglicanes; sans elles, en effet, on ne pourrait, selon toute probabilité, arriver à cette estimation. Il est mieux assurément pour l'Église romaine et aussi pour l'Église orientale de voir les Églises de la confession anglicane s'unir à elles pour affirmer leur croyance à ce grand principe chrétien que d'être obligées de les traiter comme n'ayant que des prétentions sans réalité, et pro tanto, d'être obligées de diminuer la nubem testium des chrétiens prêts à rendre témoignage en faveur du principe. Ces considérations basées sur l'avantage qui résulterait d'une telle possibilité doivent être avec raison subor

données à la vérité historique; mais en ce moment je n'ai voulu précisément m'arrêter que sur cet avantage.

Ces pensées, il me semble, n'ont pas une assez grande valeur pour que je me permette de les offrir aux considérations de personnes constituées en dignité, moins encore à celui sur qui retombent les responsabilités et les angoisses de la plus haute position qui existe dans l'Église chrétienne. D'un autre côté rien, dans ces réflexions, n'empêche qu'elles soient publiées. Elles indiquent simplement les idées d'un homme qui a passé une très longue vie en rapports assez intimes avec les chefs et avec les membres de l'Église de ce pays dont les intérêts lui ont toujours été si chers. Je puis ajouter que ma vie politique m'a souvent mis en contact avec les communautés religieuses indépendantes, qui constituent un facteur important dans la vie chrétienne de la Grande-Bretagne, et qui tout en refusant d'admettre l'autorité de l'Église romaine ou de l'Église nationale permettent à cette dernière, qu'elles reconnaissent comme religion d'État, d'occuper une place assez grande dans leur cœur.

En finissant, il ne m'appartient pas de préjuger des résultats des démarches qui se font à Rome. Quels qu'ils soient, il ne peut y avoir dans mon opinion le moindre doute sur la nature de l'attitude prise par le chef actuel de l'Église catholique romaine au sujet de ces démarches. Selon moi c'est une attitude paternelle au sens le plus large du mot, et bien qu'elle prenne place parmi les derniers souvenirs de ma vie, j'en garderai toujours la précieuse mémoire avec de tendres sentiments de respect, de gratitude et de haute estime.

W. E. GLADSTONE.

Hawarden, mai 1896.

LÉON XIII ET GLADSTONE

Le mémoire de M. Gladstone, que nous publions en tête de ce numéro, ne peut manquer d'exciter un vif intérêt et de produire, nous en sommes sûrs, une grande émotion dans les âmes qui s'intéressent à la cause sainte de l'union.

Cette démarche de l'illustre homme d'Etat fait entrer la question anglicane dans une nouvelle phase. Jusqu'à présent des esprits superficiels ont pu la croire en quelque sorte confinée dans la sphère spéciale des controverses et des agitations purement ecclésiastiques. Par le fait de l'intervention de M. Gladstone, elle passe dans les préoccupations d'ordre général et d'intérêt universel. Elle prend la place qui convient à toutes les grandes questions religieuses, et à celle-ci en particulier, dans les sociétés chrétiennes, et spécialement en Angleterre. Le Mémoire de M. Gladstone restera comme un fait historique marquant le commencement d'une époque, nouvelle à côté des Encycliques de Léon XIII sur l'union des Églises. Il sera un témoignage irrécusable des sentiments pacifiques de l'Église anglicane et une preuve de la force attractive que le Pape, heureusement régnant, a exercée dans le monde par ses idées de paix et de conciliation. Quand on pense aux querelles séculaires entre les Papes et le pouvoir civil, quand on se rappelle les préjugés tenaces des Anglais contre le Papisme, les luttes ardentes de ce siècle même entre catholiques et anglicans, et que l'on entend la parole de Léon XIII et celle de Gladstone s'accordant pour exprimer les mêmes sentiments de paix et se rencontrant dans un même désir d'union, on ressent d'abord un vif étonnement auquel succède bientôt une admiration profonde pour les deux grands vieillards.

Tout fait espérer que leur action commune ne s'arrêtera pas là, et que le monde verra Léon XIII et Gladstone travailler à réparer les ruines du passé. Dans notre siècle envahi par l'incrédulité, ce sera un beau spectacle de voir ces deux hommes, le Pontife auguste et T'homme d'Etat illustre, tous deux armés des dons les plus merveilleux des grands politiques, s'appliquer à guérir les maux que la politique a causés dans des siècles de foi.

La vie politique de Gladstone est connue. Il est de quelques mois

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seulement plus âgé que Léon XIII, étant de décembre 1809, tandis que Léon XIII est de mars 1810. Gladstone vers 1835 commençais sa longue carrière ministérielle. En 1868 il devient premier ministre de la couronne et occupe ce poste à quatre reprises différentes. Depuis deux ans il s'est volontairement retiré de la vie publique. Il vit dans son château de Hawarden, dans une paroisse de campagne dont son fils est curé. Au point de vue religieux, la vie de Gladstone, sans être aussi mouvementée que sa vie politique, n'est pas exemple de crises et présente un grand intérêt.

Né à Liverpool de parents écossais, Gladstone fut élevé dans les idées protestantes. La lecture attentive du Prayer-Book, l'étude des théologiens anglicans, de Hooker et de Palmer en particulier, exercèrent une influence décisive sur ses convictions et l'amenèrent à la croyance et à la pratique sacramentelles. Le livre de Palmer sur l'Église, principalement, lui donna les idées d'autorité et d'indépendance spirituelle inhérentes à la conception de l'Église qu'il défendit toujours.

Jeune encore, Gladstone publia son Church principles, livre dans lequel il soutenait la nécessité de l'épiscopat, des sacrements, l'autorité de l'Église en matière de foi. En 1850, à propos du fameux procès Gorham qui fut l'occasion, sinon la cause de la conversion de Manning, Gladstone publia une lettre célèbre sur la Suprématie royale, dans laquelle il revendique avec la science d'un juriste et la liberté d'un chrétien l'indépendance de l'Église d'Angleterre. Gladstone est toujours resté fidèle aux principes et aux doctrines du vieil anglicanisme: tandis que Newmann et son ami Manning poursuivaient leur évolution et aboutissaient au catholicisme, Gladstone demeura dans le parti, où pourtant il n'avait point les racines profondes et les attaches traditionnelles de Pusey et de Keble. Il eut même les colères, et je puis bien ajouter, les jugements hâtifs et injustes de ceux qui virent dans le concile du Vatican la consécration d'un système tout humain, en opposition avec la conception divine du gouvernement de l'Église.

Le Vaticanism marque donc aussi une époque, mais celle-là est heureusement dans le passé; aujourd'hui, les anglicans reviennent à des appréciations plus exactes et plus impartiales.

Dans sa jeunesse, Gladstone donna à penser qu'on le verrait un jour archevêque de Cantorbéry, et autour de lui on a souvent répété qu'il avait manqué sa vocation. Ses goûts l'ont toujours porté, en effet, vers les choses d'Église et ses études ont eu pour principal objet les matières ecclésiastiques. Döllinger l'appelait le premier théologien anglais. Ce goût pour les études et les questions religieuses a peut-être permis à M. Gladstone de rendre, dans la vie politique. plus de services à l'Église d'Angleterre qu'il ne l'eût pu faire dans une carrière entièrement ecclésiastique. Au fond, c'est le premier

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