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Arien strict, souscrivant les symboles | vint contre lui, et Basile finit même les plus divers selon que tel ou tel parti par soulever le blâme et les soupçons l'emportait. Il resta toutefois le plus de ses collègues pour son incrédulité. longtemps attaché au semi-arianisme, Cependant la vérité finit par éclater. combattit à ce titre les Ariens stricts, Eustathe, voyant que la rupture était qui lui reprirent son évêché, ce qui ne inévitable, prit les devants, et se sépara l'empêcha pas de persécuter les Catho- de Basile en le dépeignant, dans une liques. Il n'est pas étonnant dès lors circulaire envoyée de tous côtés, comme qu'il ait été condamné par plusieurs un hérétique qui méditait la ruine de conciles, et qu'il tombât finalement en l'Église. Alors Basile fut bien obligé de discrédit dans tous les partis. Malgré croire tout ce qu'on lui avait rapporté cette versatilité coupable, S. Basile, ar- depuis longtemps de la duplicité et de chevêque de Césarée en Cappadoce, le la perfidie de son ami, et cette expétraita comme son ami jusque dans les rience tardive fit, d'après son propre dernières années de sa vie. Pour com- aveu, une si terrible impression sur lu prendre cet attachement étrange, il ne qu'il était près de douter de tout le faut pas oublier qu'Eustathe était ca- genre humain. Il eut du reste le triste pable de tromper les plus habiles par spectacle de la complète défection d'Eusses qualités personnelles et les de- tathe, qui s'attacha en définitive au parti hors de sa conduite. Sa vie était ré- qui avait poussé l'erreur arienne à toute gulière, il pouvait même passer pour extrémité, devint Eunoméen et mourut professer une piété rare, car il vécut vers 380. longtemps avec toutes les formes de l'ascétisme le plus sévère. Il avait une démarche lente et une tenue grave, un visage habituellement sérieux; toute sa personne produisait une grande impression. C'est ainsi que, sans être vraiment éloquent, il parvint à ramener beaucoup de gens dans une voie morale; il fonda à Sébaste un hôpital pour les étrangers et les pauvres malades, et sut s'y prendre en général de manière à s'assurer le respect de ceux qui jugent d'après les apparences. Il pouvait maintenir pendant longtemps les personnes dont l'opinion lui importait dans la persuasion qu'il partageait entièrement leurs opinions; et quand on ajoute à cela qu'il eut de très-fréquentes luttes à soutenir contre les Ariens, et surtout contre Aétius, on comprend comment il trompa pendant fort longtemps les Catholiques, et notamment S. Basile, qui ne pouvait croire à l'hypocrisie de son ami. On appela souvent l'attention de Basile sur le vrai caractère d'Eustathe, on le pré

D'après Socrate (1) et Sozomène (2) ce fut cet Eustathe de Sébaste qui introduisit le premier le monachisme en Arménie, dans le Pont et en Paphlagonie (Baronius et d'autres paraissent en douter, mais à tort), et y propagea la secte fanatique des Eustathiens (ci περὶ Εὐστάθιον).

Ces moines se distinguaient, comme ascètes, par un costume singulier, méprisaient le mariage et la vie de famille, refusaient de prendre aucune part au culte célébré par des prêtres qui, avant leur ordination, avaient été mariés, ne voulaient même pas que leur culte fût célébré dans la maison de gens mariésrejetaient les jeûnes ecclésiastiques, jeunaient en revanche le dimanche, etc. Comme ils soutenaient que les gens mariés ne pouvaient être sauvés, les femmes abandonnaient leurs maris, les maris leurs femmes, les esclaves leurs maîtres, pour se consacrer à cette vie

(1) Hist. eccl., II, 43.
(2) Hist. eccl., III, 14.

ascétique, qui jetait plus d'une âme | les opuscules d'Eustathe et les écrits faible et présomptueuse dans les plus qui ont rapport à lui, dans les Opuscula tristes égarements. Ces excès extrava- | Eustathii et dans la Dissertatio de gants, qui ne peuvent toutefois être attribués qu'indirectement à Eustathe, furent combattus et vigoureusement réprouvés par le concile de Gangre, en Paphlagonie (tenu probablement entre 362 et 373), qui fit promptement disparaître la secte des Eustathiens.

Cf. Tillemont, Mémoires, etc., t. IX; S. Basile le Grand, art. XXXVXXXVIII, et les sources indiquées dans cet auteur.

[Σ.] EUSTATHE DE THESSALONIQUE. La vie de cet archevêque de Thessalonique appartient au douzième siècle. On ne peut assigner la date de sa naissance ni celle de sa mort. Les empereurs de la famille des Comnène, Jean, Manuel, Alexis et Andronique, et, en outre, Isaac l'Ange, dont les règnes embrassent les années 1118-1195, paraissent, dans les Ouvrages d'Eustathe, ses contemporains. Toutefois il ne fut pas, comme le dit Bähr dans son excellent article sur Eustathe (1), le maître du premier de ces empereurs, Jean (Kalojoannes), qui monta sur le trône en 1118; le fils de l'empereur Jean, qu'il eut à élever (2), était un fils cadet de Manuel, fort attaché à Eustathe. D'un autre côté il ne paraît pas qu'il ait pu assister à la chute d'Isaac (1195) et à l'élévation d'Alexis l'Ange, vu que ses écrits, dans lesquels se réflètent exactement tous les événements extérieurs, n'en parlent pas, et qu'au commencement du règne d'Isaac (1185) Eustathe se dépeint déjà comme un vieillard caduc. Cependant il était encore en vie en 1192, et, si la dete d'un de ses sermons qu'on trouve dans Fabricius (3) est exacte, il vivait

même en 1194.

Ce n'est que depuis que Tafel a publié

1) Voy. Encyclop. d'Ersch et Gruber. 2) Voy. Eust., Epist., edd. Tafel, 12o lettre. (3) Bibl. Gr., vol. X, 1. V, c. 42.

Thessalonica (1832 et 1839), qu'on sait que le savant scoliaste connu sous le nom d'Eustathe était un pontife remarquable par ses qualités personnelles, dont les œuvres sont une source féconde en détails sur l'histoire de l'Église de son temps et une solide autorité pour l'époque impériale des Comnène.

Eustathe naquit à Constantinople (1), y fut élevé dans le couvent de SainteEuphémie (2), devint moine dans le couvent de Saint-Flour, où il déposa son nom de famille, qui nous est resté inconnu, prit celui d'Eustathe, monta de degré en degré, grâce à sa rare érudition, à son talent oratoire et à l'amitié de l'empereur Manuel (1143-1180), et devint successivement diacre de l'église de Sainte-Sophie, maître des requêtes, libellorum supplicum magister, lecteur et professeur de rhétorique (3). Son disciple Michel Acominatos, archevêque d'Athènes, donne, dans la première partie de ses Monodies, un brillant échantillon de l'éloquence d'Eustathe (4). C'est à cette même époque qu'appartiennent les grands travaux d'érudition qui, jusque dans ces derniers temps, avaient presque exclusivement fait connaître Eustathe, c'est-à-dire son Commentaire sur l'Iliade et l'Odyssée, véritable trésor d'érudition classique et de critique sur les poëmes d'Homère, dont, dans sa préface, il expose le vaste plan; puis ses commentaires savants sur Denys Charax (le Périégète) et Pindare, dont on n'a jusqu'à présent trouvé et publié que le prologue (5). Toutes ces œuvres furent

(1) Tafel, Opusc., p. 283, c. 55. (2) Eust., Ep., 29.

(3) Conf. l'Inscription de son Commentaire sur Pindare, epp. 17, 33, 44.

(4) Tafel, Dissert. de Thess., p. 369. (5) Tafel, Opusc., p. 53.

le fruit de son travail durant son séjour à Constantinople.

A sa nomination de maître des orateurs, magister rhetorum, qui était un office ecclésiastique comme celui de maître des requêtes, succéda bientôt son élévation à l'épiscopat (1). Le siége de Myre, capitale de la Lycie, et celui de l'archevêché de Thessalonique étant devenus vacants en même temps, Eustathe avait été élu pour le premier; mais, avant son intronisation, il fut, sur un ordre de l'empereur, transféré par le saint synode à Thessalonique (2). D'après un discours qu'Eustathe prononça devant l'empereur en qualité d'évêque désigné de Myre, cette translation n'eut pas lieu avant décembre 1174 (3), et, d'après plusieurs lettres que lui adressa, de Constantinople, Michel, nommé en 1175 archevêque d'Athènes, pas plus tard que cette même année 1175 (4); l'élévation d'Eustathe au siége de Thessalonique tombe donc exactement dans l'année 1175, ce

sensuels et avares. Eustathe travailla à leur réforme par ses opuscules: A un stylite de Thessalonique et sur l'Hypocrisie.

Il soutenait en outre énergiquement les fidèles et le clergé contre les exactions et l'oppression exercées à cette époque par les préteurs et les percepteurs de l'empire (1), et s'opposait avec hardiesse et vigueur à toutes les injustices et à tous les empiétements, même de l'empereur Michel, qui voulut un jour s'immiscer aux affaires de l'Église (2).

Un homme aussi consciencieux et aussi énergique devait naturellement avoir beaucoup d'ennemis; ils parvinrent, par leurs calomnies, à lui faire abandonner, pour quelque temps, son siége épiscopal; il est vraisemblable que ce fut sous le règne d'Andronique (1120-83), qui était hostile à Eustathe. Celui-ci écrivit à cette occasion une Lettre à ses diocésains qui révèle l'inébranlable fermeté de son caractère;

que Tafel paraît n'avoir pas remarqué. il en donna d'autres preuves contre les Les regrets et les éloges que lui don- ennemis du dehors et contre ceux du nèrent dans leur panégyrique Michel dedans, lorsqu'en 1185, préludant à la et Euthyme prouvent que dans sa croisade des Latins contre Constantinonouvelle dignité Eustathe fut aussi ac-ple, les Normands de Guillaume, roi de tif et aussi fécond qu'auparavant. A Sicile, dirigés par le comte Alduin, son arrivée dans son diocèse il trouva conquirent et dévastèrent la ville de la vie monastique, dont l'idéal l'en- Thessalonique. L'archevêque resta au thousiasmait, dans une profonde déca- milieu de son troupeau, le consolant, dence. Moines et stylites, ascètes des l'encourageant, détournant une partie bois et des cavernes, qui pullulaient des malheurs qui menaçaient ses ouailà cette époque sous toutes sortes de les par son intervention auprès des formes, ne pratiquaient malheureuse- chefs de l'armée latine. Il écrivit plus ment qu'une sainteté apparente, une tard l'Histoire de cette conquête, cherpiété extérieure, et, sous ces dehors chant, en digne évêque, à faire tourner saints et trompeurs, s'adonnaient trop le malheur de ses diocésains au profit souvent aux vices les plus dégradants; des mœurs et de la religion. Andronion ne voyait que des moines indociles, que étant mort à cette époque, Eus tathe salua l'aurore d'un règne plus

(1) Conf. la Monodie citer.
(2) Tafel, Dissert., p. 432, not.
(3) Ibid., p. 401, note A.
(4) Ibid., p. 353.

(1) Conf. Monodie de Michel.

(2) Conf. Nicetas Choniates historia, Manuel Comnenus, I. VII.

heureux, au moment où Isaac l'Ange montait sur le trône, notamment dans un Discours tenu après la victoire d'Isaac sur les Scythes. On a encore de lui une série de sermons sur les fêtes et le carême, lesquels, avec un recueil de soixante-quatorze lettres adressées à l'empereur et à d'autres personnages, fournissent les détails les plus intéressants sur la situation de l'Église et de l'État et les mœurs privées de cette époque.

J.-G. MULLER. EUSTATHIENS. Voy. EUSTATHE DE SEBASTE et MÉLÉTIUS (schisme de).

EUSTOQUIE (SAINTE), en latin Eustochium, Julia, fille de Toxotius et de sainte Paule, descendait des plus anciennes et des plus nobles familles de Rome, celles des Jules et des Émiliens. A la mort de son mari sainte Paule prit le monde à dégoût et ne trouva plus de consolation que dans les choses de Dieu; elle fut confirmée dans ces sentiments par son amie, sainte Marcelle. C'est par ces exemples que la jeune Eustoquie apprit des son bas âge à mépriser le monde, ses honneurs et ses joies, et à se préparer des trésors dans le ciel par l'usage bienfaisant des biens de la terre. Elle résolut de servir uniquement son Dieu en lui consacrant sa virginité. Sa mère s'étant retirée pour quelque temps dans un couvent, Eustoquie fut | confiée à sainte Marcelle et fit de grands progrès sous cette direction sage et éclairée. Elle fut alors soumise à une grande épreuve; elle vint un jour dans la maison de son oncle Himétius; elle était toujours habillée avec la plus grande simplicité. Himétius ordonna à sa femme Prætextata de changer le costume de sa nièce, de la coiffer suivant la mode du temps, espérant, en modifiant ses mœurs extérieures, opérer un changement dans ses résolutions et les vœux de sa mère. Cependant Prætextata eut

sa

une vision. Durant son sommeil, un ange s'approcha d'elle, et, d'un air menaçant, d'une voix terrible, lui parla en ces termes : « Eh quoi! tu as osé préférer les ordres d'un homme à ceux du Christ! Tu as osé toucher d'une main coupable la tête d'une vierge consacrée au Seigneur! Eh bien! ces mains sècheront dès cette heure, afin que la douleur te fasse reconnaître ta faute, et au bout de cinq mois tu mourras; si tu persévères néanmoins dans ta faute, tu perdras en même temps ton mari et tes enfants. La prédiction se réalisa de point en point (1). Arrachée ainsi au danger par la main de Dieu même, Eustoquie s'attacha avec mère et d'autres pieuses femmes à S. Jérôme, qui était venu à Rome et demeurait dans la maison de sainte Paule. On voit combien le saint docteur s'intéressa à la jeune fille, par son traité de la Virginité, qu'il écrivit pour elle, et par les paroles qu'il adressa à sainte Paule pour tempérer la douleur excessive que lui causait la perte de Blésilla, une de ses amies. S. Jérôme lui reprocha de donner par là un mauvais exemple à sa fille Eustoquie (2). Quoique les intentions de S. Jérôme, dans ses rapports avec ces saintes femmes, fussent parfaitement pures et chrétiennes, il ne put échapper aux mauvais propos et aux calomnies. Malheureusement aussi pour lui, il perdit en 384 le Pape Damase, dont la faveur le dédommageait des diatribes des mauvaises langues, et le nouveau Pape se montra plus indifférent à son égard. Jérôme résolut de quitter Rome et de retourner en Orient. Cette résolution détermina Paule et sa fille Eustoquie à le suivre en TerreSainte, pour terminer leur vie là où était né, où avait vécu et souffert, qù

(1) Hieron. ad Lætam.
(2) Hieron., Epist. 25,

était mort leur Sauveur. Elles abordèrent à Jérusalem en 385. En 386 elles firent avec S. Jérôme un voyage en Égypte, y entendirent ensemble l'aveugle Didyme, visitèrent les solitaires du désert de Nitrie, et, quoique attirées par la sainte vie de ces courageux anachorètes, elles se hâtèrent de retourner en Palestine et de se fixer à Bethléhem. | La vue des lieux saints, le commerce de plusieurs âmes pieuses et éclairées leur firent faire des progrès sensibles dans la perfection chrétienne. On trouve dans une lettre qu'elles adressèrent à sainte Marcelle une description enthousiaste de ce qu'elles avaient vu en Palestine et de la vie édifiante des pieux solitaires (1). S. Jérôme ne cessa pas non plus de les diriger dans les voies de la sainteté. C'est à leur prière qu'il écrivit ses commentaires sur les Épîtres de S. Paul à Philémon, aux Galates, aux Éphésiens, à Tite et sur l'Ecclésiaste; plus tard il lut avec elles toute l'Écriture sainte, et l'expliqua sur le texte original, car Paule et Eustoquie savaient également le grec et l'hébreu.

Elles vécurent ainsi jusqu'en 389 dans une très-petite maison; mais à cette époque Paule bâtit à ses frais trois couvents de femmes et un couvent d'hommes à Bethlehem. Les trois couvents de religieuses étaient sous la surveillance de Paule, qui, en même temps, pourvoyait à l'entretien des quatre maisons. Eustoquie non-seulement suivait exactement la règle monastique, qui imposait aux religieuses des prières fréquentes, une conduite humble et paisible, un costume simple, l'amour des pauvres et l'abnégation de toutes choses, mais encore elle poussait și loin l'humilité qu'elle exécutait avec sa mère les travaux les plus vulgaires de la mai

(1) Epist. Paulæ et Eustochii ad Marcellam. Hieron., Epist., 17.

son: elles allumaient les lampes, entretenaient le feu de la cuisine, balayaient les corridors, épluchaient les légumes, mettaient la table, etc., etc. (1). Eustoquie était si recueillie, si pieuse et si mortifiée, que S. Jérôme, heureux de ses progrès dans la science des saints, en parle ainsi dans sa lettre à Furia : « Oh! si tu voyais cette sœur, si tu entendais les dévotes paroles qui tombent de ses lèvres, tu reconnaîtrais un esprit puissant dans un corps chétif; tu verrais tous les trésors de l'Ancien et du Nouveau Testament déborder de son cœur. Le jeûne est un jeu pour elle; toutes ses délices sont dans la prière. Elle ct comme Marie, qui marchait devant les vierges en jouant de la cymbale; elle forme des chœurs qui chantent les louanges du Très-Haut; elle instruit les joueuses de harpe qui célèbrent le Sauveur. Ainsi s'écoulent et le jour et la nuit; sa lampe toujours fournie d'huile attend la venue de l'Époux. » Lorsqu'en 404 Ste Paule passa dans une vie meilleure, Eustoquie lui succéda dans la direction des couvents. S. Jérôme, dans sa lettre à S. Augustin et Alypius, où il parle de sa mort, vante son administra tion. Comme ce saint docteur avait écrit avec ardeur contre les Pélagiens, qu'à l'occasion d'Origène il s'était brouillé avec l'évêque de Jérusalem, et que, d'après le conseil de S. Epiphane, les couvents de Bethlehem avaient cessé d'être en communion avec l'évêque de Jérusalem, les Pélagiens se vengèrent en 417, et ce fut probablement à leur instigation qu'une troupe grossière fit subitement irruption dans Bethlehem, maltraita les moines et les religieuses, pilla et brûla un des monastères. Eustoquie et sa nièce, la jeune Paule, eurent peine à échapper aux armes des fanatiques et aux flammes. Jean de Jérusalem ne fit rien pour punir cet attentat. Le Pape

(1) Hieron., Epist., 27.

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