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populaire de la discussion scientifique | la protection qu'ils doivent aux arts et qui eut lieu entre Bossuet et Claude, pour démontrer que la mission des ministres protestants n'est pas légale, ni, par conséquent, légitime. Ces deux traités ne furent imprimés qu'en 1788. On reconnaît déjà dans ces premiers travaux l'esprit facile et élégant qui brille dans toutes ses œuvres, l'imagination qui les féconde sans dépasser jamais une juste mesure, l'éloquence naturelle, douce, pénétrante et noble, qui lui est propre, le style lumineux, agréable et limpide, qui sait répandre la lumière sur les matières les plus obscures. Lorsqu'en 1685 l'édit de Nantes fut révoqué et qu'on chargea des missionnaires de travailler à la conversion des protestants, Fénelon fut en voyé, avec l'abbé de Langeron, Fleury, Bertier', Milon, en Poitou et en Saintonge, Après avoir gagné à la foi, par son ardente charité et sa douce éloquence, des masses de protestants de la Vendée, qui plus tard donna des preuves si éclatantes de son attachement à l'Église, il revint à Paris, au Couvent des Nouvelles-Catholiques, et continua à diriger cette œuvre jusqu'au moment où il fut appelé, en 1689, par le duc de Beauvilliers, gouverneur du duc de Bourgogne, à prendre part à l'éducation du jeune prince en qualité de précepteur. Le duc de Bourgogne était irascible, orgueilleux, avide de jouissances, mais d'une raison précoce, et si heureusement doué qu'à l'âge de onze ans il avait lu tout Tite-Live, traduit César, et commençait à expliquer Tacite, Fénelon agit autant sur le cœur de son élève que sur son esprit, écrivit pour lui ses Fables, dont la morale s'appliquait aux diverses circonstances de sa vie de chaque jour; les Dialogues des Morts, dans lesquels il ramena la gloire humaine à sa véritable valeur, et exposa les devoirs des princes sous toutes les faces, jusqu'à

aux sciences. Fénelon disait inflexiblement la vérité à son élève et ne craignait pas de lui reprocher ses défauts, et leurs conséquences, dans des paroles graves et sérieuses, dont la grâce touchante de son langage savait adoucir la sévérité. La Vie de Charlemagne, qu'il écrivit également pour son élève, se perdit dans l'incendie de son palais, en 1697. Au bout de cinq années d'un dévouement à toute épreuve dans ses pénibles fonctions, le roi lui donna l'abbaye de Saint-Valery (1694). C'est à cette époque que naquit la controverse du quiétisme. Bossuet, le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, Godet des Marais, évêque de Chartres, Bourdaloue, Joly, Tronson, s'étaient déclarés contre les opinions exagérées et fantastiques de madame Guyon. Fénelon trouva de l'analogie entre les opinions attaquées et ses propres idées sur l'amour de Dieu. Le monde vit alors deux hommes savants, vertueux, pleins de talent et jusqu'alors unis par une sincère amitié, se faire une guerre acharnée. Quelque triste que fût cette lutte pour l'Église, on lui dut cependant quelques écrits qui sont restés jusqu'à nos jours des modèles de controverse, en même temps qu'elle mit dans tout son éclat la vertu de Fénelon. On vit rarement tant de mérite, de talent et de génie, aux prises. Bossuet avait pour lui la faveur de Louis XIV, sa gloire et la puissance de la vérité. Fénelon ne put lui opposer que son esprit incomparable, son style magique et la renommée de ses vertus. Il avait été nommé, le 4 février 1695, archevêque de Cambrai, et on l'invitait à souscrire, en sa qualité d'évêque, au jugement contre madame Guyon. Au lieu de se joindre à ses collègues, Fénelon prit madame Guyon sous sa protection, composa ses Maximes des Saints, les publia en janvier 1696, après avoir sou

mis son livre à l'examen de l'abbé Pirot, docteur en Sorbonne, qui l'avait trouvé <«< exact et utile. » Bossuet dénonça le livre à Louis XIV, écrivit contre lui ses Instructions sur les états d'oraison, exposa avec sagacité les opinions erronées de Fénelon, censura le livre et en demanda la rétractation. Fénelon voulut se rendre lui-même à Rome pour se justifier; le roi le lui défendit et l'exila dans son diocèse. Aussitôt arrivé à Cambrai, il y écrivit (17 septembre 1697) des Instructions pastorales destinées à sa justification. Les écrits se multiplièrent de part et d'autre, et la passion de Bossuet s'accrut en proportion de la vivacité de la lutte. Fénelon, dans sa troisième lettre à Bossuet, se plaint du ton haut et orgueilleux de son adversaire (1), « qui l'a dénoncé à Dieu et à toute l'Église comme un antechrist (2). »

En juin 1698 Bossuet publia sa Relation sur le Quiétisme, modèle de style et d'habileté polémique. On crut qu'après ce livre il serait impossible à Fénelon de se défendre avec le bonheur qu'il avait eu jusqu'alors dans ses réponses; mais Fénelon, qui reçut la Relation le 8 juillet, avait déjà fait paraître le 30 août sa réponse, digne de prendre place à côté de la Relation de Bossuet par la clarté de l'exposition, l'ordre et l'exactitude des faits, la rigueur du raisonnement. Fénelon excita par cette défense habile, toujours aussi prompte qu'éloquente, une vive sympathie en sa faveur à Paris et à Rome; mais Bossuet parvint à faire censurer

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douze propositions des Maximes des Saints par soixante professeurs de Sorbonne et à faire demander à Rome, par Louis XIV, la condamnation de ce livre, dont l'auteur fut rayé, par la main même du roi, de la liste des précepteurs du duc de Bourgogne. Enfin, le 12 mars 1699, parut le rejet du livre et sa condamnation par le Pape Innocent XII. Le 25 mars Fénelon promulgua lui-même, du haut de la chaire de sa cathédrale, la sentence pontificale, avec une présence d'esprit et un calme qui tira de tous les yeux des larmes de tendresse, de douleur, de respect et d'admiration. La passion soulevée contre Fénelon s'apaisa peu à peu. Bossuet lui-même sentit le désir de se réconcilier avec son ancien ami; mais de fâcheuses circonstances empêchèrent le rapprochement. La condamnation de Fénelon par le Saint-Siége fit une impression contraire sur Louis XIV : Fénelon fut éloigné de la cour et ne rentra jamais en grâce. Ce qui contribua surtout à cette défaveur ce fut son Télémaque, qui parut précisément au moment de la condamnation de son livre par Rome. Un domestique, qui en avait détourné le manuscrit, l'avait, de son chef, fait imprimer et publier à Paris, sous le titre de Continuation du quatrième livre de l'Odyssée, ou aventures de Télémaque, Paris, chez la veuve de Claude Barbin, au Palais, 6 avril 1699. L'impression en était à la page 208 lorsque intervint la défense de continuer. L'ouvrage ne parut complétement qu'à la Haye, chez Adrien Mötjens, en quatre livres, juillet 1699. Louis XIV crut y voir la critique de son règne, considéra Fénelon comme un rêveur qui n'entendait rien au gouvernement et comme un homme ingrat et dangereux. Le duc de Bourlui, et, à la mort même de Fénelon, la gogne ne put plus correspondre avec crainte de Louis XIV empêcha tout

panégyrique en son honneur. Le Télémaque fut probablement composé entre 1693 et 1694, et devait, à la fin de l'éducation du prince, lui être remis comme une preuve précieuse de souvenir et d'attachement. Fénelon fit faire une copie de la première édition du livre, la revit, la corrigea, la compléta, et c'est d'après cette copie originale qu'eut lieu l'édition de 1717, dont dérivent toutes les autres.

tion de son diocèse, les deux règles données par S. Augustin: faire disparaître sans éclat tout ce qui nuit à la considération de l'Église et ne contribue pas à une édification raisonnable; conserver au contraire tout ce qui alimente le sentiment religieux et ne heurte pas la foi et les mœurs. De crainte de maux plus grands il tolérait des usages qui ne ressortaient pas suffisamment des prescriptions de l'Église, sans toutefois les autoriser ni les conseiller. Il opposait un langage sérieux et une fermeté inébranlable aux empiétements de l'État sur les droits de l'Église, comme on peut le voir dans une de ses lettres au chancelier Voisin, en 1714, et dans son discours pour le sacre de l'électeur Clément de Cologne.

Fénelon, éloigné de la cour, se consacrait tout entier à ses fonctions épiscopales. Il fonda à Cambrai un séminaire qu'il plaça sous la direction de l'abbé de Chanterac, tint chaque semaine une conférence dans son séminaire, n'ordonnait les candidats qu'après cinq examens préalables, prêchait, durant le carême, dans toutes les églises de la En 1702 la controverse janséniste, ville, les jours de fêtes dans sa cathé- qui dormait depuis trente-quatre ans, drale. Tous ces sermons, sauf deux qui se ranima avec une nouvelle ardeur, sont entièrement écrits, étaient impro- par le fameux Cas de conscience, c'estvisés, et il n'en reste que des plans rapi- à-dire par la question de savoir s'il dement jetés sur le papier. Le Discours suffisait d'admettre dans un respecqu'il prononça le 1er mai 1707, lors du tueux silence le fait de la condamnasacre de l'archevêque de Cologne, est, tion du-jansénisme. Quarante docteurs dans sa première partie, vigoureux de la Sorbonne considérèrent ce silence comme un sermon de Bossuet, et dans respectueux comme suffisant pour remsa seconde d'une sensibilité qui n'ap- plir les obligations qu'imposait l'obéispartient qu'à Fénelon. Le Discours sur sance aux constitutions apostoliques. Le l'Épiphanie, qu'il prononça à Paris en Pape Clément XI condamna le cas de 1685, joint à la force le sentiment, la conscience dans sa bulle du 12 février grâce et la plus pure effusion de dévoue- 1703. Le 10 février 1704 Fénelon pument pour l'Église. Ses Dialogues sur blia son Instruction pastorale sur le l'Eloquence de la chaire renferment, Jansénisme, dans laquelle il soutint la → malgré leur brièveté, des observations proposition que l'Église est aussi infines et profondes et des appréciations faillible dans son jugement sur des fondées sur la saine raison et la nature faits dogmatiques que dans ses décides choses. Ces dialogues n'étaient passions de foi. Cette instruction devint destinés à l'impression; ils ne parurent le préliminaire d'une série d'instrucqu'après la mort de l'auteur. Ses Lettres tions et d'écrits qui appartiennent aux spirituelles, adressées à des personnes années 1705 et 1706. Fénelon s'attira de tout rang et de tout âge, écrites dans par là les réfutations des jansenistes et les circonstances les plus variées, té- les attaques de l'évêque de Saint-Pons; moignent d'une grande connaissance du mais Rome approuva Fénelon en concœur humain. damnant, le 17 juillet 1709, les lettres Fénelon observait, dans l'administra- écrites contre lui. Les controverses reli

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gieuses de son temps inspirèrent la pensée à Fénelon d'exposer les dogmes de l'Église d'une manière populaire; il écrivit ses Instructions pastorales sous forme de dialogues, et les divisa en trois parties. La faveur avec laquelle ce travail fut accueilli le détermina à l'étendre; mais la mort le surprit au treizième entretien.

L'activité et la sagacité politique de Fénelon égalaient sa science. L'Angleterre, la Hollande, l'Autriche s'étaient, à cette époque, unies contre la France et l'avaient mise à deux doigts de sa perte. Le 28 août 1701 Fénélon écrivit | un Mémoire au duc de Beauvilliers pour prévenir l'orage menaçant le royaume. La guerre terminée, il rédigea un second Mémoire, en 1702, pour lui recommander Catinat et son élève le duc de Bourgogne. Catinat, nommé en 1703 généralissime des armées en Allemagne, donna à Fénelon des avis dictés par l'amitié, et s'efforça de détruire le préjugé des gens de cour, qui affirmaient que Fénelon avait élevé un prince dévot, incapable de grandes choses. En 1708 le duc de Bourgogne devint gouverneur des Pays-Bas. Le siége de Lille, qui dura quatre mois, fournit à Fénelon, voisin du théâtre de la guerre, l'occasion d'une longue correspondance avec son ancien élève, qui lui était attaché de cœur, mais qui n'osait pas correspondre ouvertement avec lui. Dans toutes ces lettres on reconnaît une

franchise presque unique entre un sujet et son futur souverain; elles sont d'un grand intérêt pour l'histoire, Fénelon ayant été si près du théâtre de la guerre, et dépeignant sans haine et sans exagération le profond abîme où était tombée alors la France. Sous ce

rapport son Mémoire de 1709-1710, écrit avant le congrès de Gertruydenberg, est des plus importants. La campagne fut désastreuse pour la France. Fénelon, qui se trouvait au milieu du

mouvement des armées, donna d'écla tantes preuves de ce caractère noble et vertueux qui l'a rendu immortel autant que ses écrits: son palais était rempli de soldats malades et blessés; il visitait les maisons et les hôpitaux où ils étaient recueillis, veillait à leur entretien, mettait ses provisions de blé à la

disposition du ministre de la guerre La vénération pour sa personne était si grande que les généraux ennemis respectaient ses domaines et ses magasins.

Tout à coup les affaires, si désespé rées, prirent un nouvel aspect. L'empe reur Joseph meurt, Marlborough tombe en disgrâce, la reine Anne se montre favorable à la paix, le Dauphin meurt en 1711 de la petite vérole, et l'élève de Fénelon est l'héritier présomptif du trône. Alors cette intelligence qu'on disait étiolée, ce prince qui passait pour un dévotet un idiot, fit preuve d'une telle habileté et d'une telle prudence qu'il s'attira l'affection du roi et l'attention de la cour. Louis XIV, d'ailleurs si jaloux de son autorité, fit régner le duc de Bourgogne avec lui. Fénelon triomphait; il dirigeait tous les pas de son élève; il rédigea dans un esprit de profonde politique un Mémoire, en date du 11 novembre 1711, dans lequel il développait tout le plan du futur règne; un projet de réforme de l'armée après la paix, l'organisation de la cour, l'administration des provinces, la tenue des états généraux, la diminution des privileges de la noblesse, l'organisation de la jus tice. Trois mois après ce plan mémorable le duc de Bourgogne mourut, à l'âge de vingt-neuf ans (18 février 1712). Dans une lettre aux dues de Beauvil lers et de Chevreuse, du 12 mars 1712, Fénelon propose un projet de conseil de régence dont il voulait voir exclu le duc d'Orléans, et il expose avec un grand art les difficultés de l'institu tion de ce conseil et de l'exclusion du

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prince; mais cette même année vit mourir son intime ami le duc de Chevreuse et peu de temps après le duc de Beauvillers (14 août 1714). Dans les derniers temps de sa vie Fénelon, à la demande de l'Académie, travaillait à un plan de réforme du dictionnaire, pour lequel il proposait une grammaire, une introduction à l'éloquence et à la versification, et un traité sur l'histoire. Il adressa aussi au duc d'Orléans, qui en avait exprimé le désir, des lettres sur la religion, remit la direction de son séminaire à la société de Saint-Sulpice, et fit connaître dans les termes du plus tendre attachement au Saint-Siége son adhésion à la bulle Unigenitus de Clément XI, condamnant les Réflexions morales du Père Quesnel surle Nouveau Testament; mais la perte de ses amis les plus intimes, celle du duc de Bourgogne et la déplorable situation de la France lui avaient brisé le cœur. Après la mort du duc de Beauvilliers il avait écrit le 1er janvier 1715 : « Bientôt nous retrouverons tout ce que nous n'avons pas pu perdre. Encore un peu de temps et nous n'aurons plus rien à pleurer. » En effet, trois jours après il tomba malade, et il mourut le 7 janvier 1715, à l'âge de soixante-quatre ans et cinq mois. Toute la France déplora sa perte; le Pape Clément XI versa des larmes et regretta de ne l'avoir pas créé cardinal. Louis XIV seul demeura froid à cette triste nouvelle.

Cf. Laharpe, d'Alembert, Maury, Éloge de Fénelon; Vie de Fénelon, par le marquis de Fénelon, 1734; par le P. Quebeuf, 1787; par le cardinal Bausset, 1809; Mémoires de d'Aguesseau, 5 vol.; Vie de Fénelon, par Ramsay, 1723, et Mémoires de SaintSimon.

LUTZ.

FERDINAND Ier. La vie de Ferdinand, premier roi de Hongrie de la maison de Habsbourg et sixième roi

des Romains de la même race, appartient à la période mémorable qui décida du sort de l'Europe pour trois siècles. Quelques efforts qu'eût faits jusqu'alors la maison de Habsbourg pour prendre pied en Hongrie et en Bohême, ses espérances furent renversées par la mort prématurée du jeune Ladislas Posthume (fils d'Albert II) et par l'apparition de Mathias Corvin en Hongrie, de George Podiebrad en Bohême. Lorsqu'après leur mort le Polonais Wladislas devint roi de Bohême (1471) et de Hongrie (1490); malgré la promesse de succession faite par Mathias Corvin à la maison de Habsbourg et renouvelée plus tard, en 1491, 1501, 1517, au cas où la descendance mâle de Wladislas s'éteindrait; malgré le double mariage opéré par l'empereur Maximilien entre ses deux petits-fils et les enfants de Wladislas, l'acquisition de ces deux importantes contrées slave et magyare paraissait encore dans un avenir fort éloigné. Rien même ne semblait changé à cet égard pour la maison de Habsbourg, quoique Maximilien eût épousé Marie de Bourgogne (1477), qui lui valut le cercle de Bourgogne ; quoique Philippe, fils de Maximilien, eût fait un mariage qui, après la mort étonnante des princes hispano-portugais héritiers directs, lui valut l'Aragon, la Castille, la Sardaigne, la Sicile, Naples et la Lombardie; enfin quoique la conquête de l'Amérique eût enrichi la maison de Habsbourg d'un monde nouveau, et que l'empire germanique luimême lui fût dévolu. C'était le fils aîné du roi Philippe, Charles Ier, roi d'Espagne, Charles-Quint comme empereur d'Allemagne, qui possédait cet immense empire, dominant l'Italie, resserrant la France dans d'étroites bornes, étendant ses bras sur trois parties du monde, et menaçant de changer en mers intérieures la mer Baltique et la mer du Nord, aussi bien que la Méditerranée.

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