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est l'essence de l'homme même, étaient manichéennes, et ils soutenaient que le péché n'est qu'une chose accidentelle dans la nature humaine. On distinguait parmi eux Jean Wigand, Tilman Héshusius, Jacques Andréæ, Joachim Mörlin, Martin Chemnitz, David Chytræus, Nicolas Selnecker, Daniel Hoffmann (1).

Cette controverse, poursuivie longtemps après la mort de Flacius avec un odieux acharnement, entre les protestants et les Flaciens, attira de nouveaux malheurs à son auteur. Poliment re

avec fureur. Il avait la pensée de s'y fixer, | expressions de Flacius: Le péché originel lorsqu'on retira la liberté du culte aux protestants des Pays-Bas. Il prit alors le parti de s'établir à Francfort-sur-leMein; mais le magistrat, peu jaloux de posséder dans ses murs un personnage aussi remuant, refusa, sous de spécieux et polis prétextes, de le recevoir. Le magistrat fut bien avisé, car Flacius était au moment de susciter de nouvelles tempêtes dans le sein du protestantisme. Il achevait en effet son grand ouvrage biblique, Clavis S. Scripturæ, Bâle, 1567, où il ramenait l'interprétation de la sainte Écriture à l'analogie de la foi, c'est-à-dire à l'archiluthéra- | poussé de Francfort, admis à Strasbourg nisme. La publication de ce livre, ac- à la condition qu'il se tiendrait trancueilli avec colère par Bèze, Bullinger quille, il fut obligé de quitter cette ville et d'autres, à cause des nombreux pla- au bout d'un séjour de cinq années. Il giats dont ils accusaient l'auteur, lui continua à errer ainsi de cité en cité servit à soutenir publiquement la doc- jusqu'à la fin de sa vie; nulle part on trine qu'il avait défendue autrefois con- ne voulait garder l'homme dont la prétre Strigel, savoir, que le péché origi- sence allumait immédiatement les pasnel est la nature et l'essence même de sions religieuses et fomentait la division; l'homme, en s'appuyant surtout sur Lu- partout aussi il rencontrait des Méther, qui, disait-il, avait enseigné for- lanchthoniens et des accidentalistes qui mellement que le péché originel avait ne lui laissaient ni trêve ni repos. En radicalement changé et perverti la sub- vain on essaya de se réconcilier dans stance de l'homme; et, dans le fait, des discussions publiques, soit à Stras Flacius n'entendait pas autre chose par bourg en 1571, soit à Mannsfeld en la substance que ce que Luther avait 1572, soit ailleurs; en vain, à Stras souvent formulé en ces termes : Tout bourg, Flacius consentit à renoncer au est péché dans l'homme, sa naissance, mot substance, et à le remplacer par sa nature, tout son être. les expressions essentiales vires, sans toutefois admettre le mot accidens; rien ne put rétablir l'harmonie dans le parti. Enfin Flacius, successivement repoussé de Mannsfeld, de Berlin, de la Silésie, de Bâle, revint à Francfort, d'où, à peine arrivé, on allait le renvoyer avec toute sa famille exténuée et malade, lorsqu'il mourut, après avoir été traqué comme une bête fauve à qui on ne laisse ni trêve ni repos (1575).

A ce moment les Flaciens se divisèrent en deux partis, celui des accidentalistes et celui des substantialistes. Les substantialistes s'attachaient littéralement à la doctrine de Flacius, et ses principaux adhérents étaient Musæus, Gall, Cyriaque, Spangenberg, Érasme Alber, Henri Pétréus, Christophe Irenæus, Joseph-Frédéric Célestin, Josué Opitz. Les accidentalistes admettaient la plupart aussi l'anéantissement de toute semence de bien et de toute force saine dans l'homme par le péché originel; mais ils prétendaient que les

Telle fut la fin de l'Achille du pur

p. 485, trad. en français, chez Gaume frères, (1) Voir Dællinger, la Reforme, etc., t. III,

Paris.

lutheranisme. Il contribua en défini- | nes, à des milliers d'individus. Chaque

tive à son triomphe par son infatigable activité, son fanatisme même et ses nombreux et ardents écrits. Sa mort fut saluée par ses adversaires comme une immense bonne fortune.

Flagellant était tenu de demeurer dans la société trente-trois ou trentequatre jours, en souvenir du nombre des années de la vie du Sauveur. Arrivés dans les églises ou sur les places, lors même que celles-ci étaient couvertes de neige ou de boue, ils se jetaient à terre en étendant les bras (1), et se flagellaient les épaules tant que le chantre n'avait pas terminé un cantique plus ou moins long, dont le thème était

Cf. Caspar Ulenberg, Histoire de la Réforme luthérienne, traduite du latin en allemand, Mayence, 1837; Arnold, Histoire impartiale de l'Église et des hérésies; Döllinger, la Réforme, etc., Ratisbonne, 1848, t. II, p. 224, dans les excellents articles Mathias Fla- | ordinairement la Passion et la mort.du cius Illyricus, et t. III, p. 437; J.-B. Christ; puis ils élevaient vers le ciel Ritter, Vie et mort de Flacius, 2o édit., leurs bras ensanglantés, en demandant Francfort et Leipzig, 1725; A. Twesten, grâce et miséricorde, avec larmes et géM. Flacius Illyricus, etc., Berlin, missements, à Dieu et à la sainte Vierge. 1844; O. Gruber, l'article Flacius, Ils se flagellaient publiquement deux dans l'Encycl. d'Ersch et Gruber. fois par jour, et une troisième fois pendant la nuit et secrètement.

SCHRÖDL.

FLAGELLANTS. Le fouet ou la verge, qui était un instrument de supplice chez les Romains, devint un instrument de pénitence chez les Chrétiens. On s'en servit dans les couvents et au dehors (1). Nous parlons ici de la société des Flagellants, Flagellatores, Flagellarii, qui allaient processionnellement de ville en ville, d'ordinaire le haut du corps nu, souvent la tête voilée (pour n'être pas reconnus), et portant à la ceinture ou à la main un fouet composé de trois ou quatre lanières de cuir, garnies de nœuds ou de pointes de fer aiguës comme des aiguilles. Un étendard ou une croix précédait le cortége, dirigé par un chef, entouré d'assistants, et fréquemment accompagné par des religieux et surtout par des moines mendiants. Tous les Flagellants portaient des croix rouges cousues sur leur chapeau ou leur vêtement, ce qui les faisait appeler aussi cruciferi, crucifratres. Ils invitaient les fidèles à s'associer à eux par des chants et des hymnes, et la troupe montait souvent à des centai

(1) Voy. HENRI III, Pierre DAMIEN.

|

La première association de Flagel lants se montra à Pérouse en 1260; l'Italie était inondée de vices, les familles et les communes étaient divisées, le pays dévasté, à la suite de la guerre des Guelfes et des Gibelins (2). Les hommes, pressés de remords, accablés de misère, cherchaient à expier leurs crimes, et, dans cette angoisse et cet ardent désir de pénitence, on en vint à ce singulier moyen de châtier en public et en commun son corps jusqu'au sang. Ainsi s'explique l'impression extraordinaire que firent, lors de leur première apparition, ces pénitents, parmi lesquels on voyait même des enfants de cinq ans. Les cœurs les plus endurcis étaient attendris, les ennemis les plus acharnés se réconciliaient, les, prisons s'ouvraient, les chants de joie, les sons de la musique se taisaient devant la douleur publique.

Cependant les princes et les évêques s'opposèrent ailleurs, par exemple en

(1) Ils marquaient le genre de péché dont ils étaient coupables par la manière dont ils se jetaient à terre, les uns sur le dos, les autres sur le côté ou sur le ventre, etc. Chron. Thuring. (2) Voy. GUELfes, Gibelins.

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Bavière, en Bohême, en Moravie, en | s'opposer sérieusement à cet abus (1), Autriche, en Pologne, en Saxe, en d'arrêter et d'emprisonner les FlagelFrance, à des associations de ce genre, lants, surtout si c'étaient des moines, le quí, à l'instar de celles d'Italie, s'étaient Pape se réservant la décision définitive formées ou cherchaient à s'introduire de leur sort. On avait déjà eu recours à dans leurs États, sous l'influence de de sévères mesures de répression dans quelque calamité générale, comme une beaucoup de localités; on leur avait imépidémie, une famine: la moquerie, les posé des amendes, la prison et d'autres châtiments corporels, le dernier sup- peines, et au bout de trois ans à peu plice en firent justice. près on était parvenu à extirper cet esprit de fanatisme.

Cette coutume, que ne protégea ni l'approbation du Pape ni l'autorité d'aucune personne considérable, dit Hermann, abbé de Niederalteich, tomba en mépris et disparut rapidement. On exagérait dès lors, d'une manière ridicule, la valeur de la flagellation, en lui attribuant une sainteté particulière et un pouvoir spécial, si bien que les Flagellants entendaient à confesse, et prétendaient par leurs pratiques mortifiées augmenter le bonheur de leurs parents et de leurs alliés dans le ciel, ou apporter des consolations et des adoucissements aux supplices des réprouvés.

On ne trouve plus guère de traces des Flagellants depuis cette époque (en 1309) (1) jusqu'au moment où la peste noire, à laquelle en beaucoup de contrées s'unirent la famine et d'effroyables tempêtes, renouvela en grand ces associations de pénitents. Elles s'élevèrent au printemps de 1849 (2) dans la haute Allemagne, se montrèrent le long du Rhin, à Strasbourg, Spire, Bonn, où une de leurs processions barra le che min à l'empereur Charles IV, dans le Hainaut, en Flandre, dans les Pays-Bas, au nord de l'Allemagne, en Suisse, en Suède et en Angleterre. On leur interdit l'accès de la France; cependant ils parvinrent à Avignon, où ils firent des processions et gagnèrent la faveur de quelques cardinaux. Clément VI demanda aux princes et aux évêques de

(1) Schrockh, Hist. de l'Église, t. XXXIII, p. 446.

(2) Rebdorf et Chron. Dressel.

Clément VI ne rejette pas la flagellation ou la discipline en général; il reconnaît qu'elle peut être une pratique de pénitence secrète utile; mais il interdit les processions de Flagellants, qui, sous une apparence spécieuse, produisent beaucoup de mal. Les Flagellants d'ailleurs propageaient toutes sortes d'erreurs et de fourberies; ils parlaient par exemple de la découverte d'une lettre trouvée à Jérusalem, dans laquelle le Christ, malgré la perversité des hommes, qui notamment n'observaient pas le jeûne du vendredi, avait, à la demande de la sainte Vierge, promis de se montrer miséricordieux envers les pénitents des processions des Flagellants (« parce que leur sang se mêlait à son sang »); ils annonçaient la prochaine venue de l'Antechrist, se vantaient d'être doués du don des miracles; ils se donnaient mutuellement l'absolution, méprisaient l'Église et ses sacrements, répandaient la haine contre le clergé, maltraitaient et tuaient les Juifs. La haine universelle s'était élevée contre ces malheureux descendants d'Abraham, qu'on accusait d'avoir engendré la peste en empoisonnant les puits. Les Juifs se défendirent, tuèrent les Flagellants, souvent même sans être attaqués; ainsi, dans une pauvre petite ville où ils étaient très-nombreux, ils tombèrent sur une troupe de

(1) Sa lettre à l'archevêque de Magdebourg et ses suffragants se trouve dans Raynald, ad ann. 1349.

"rent quatorze, outre quelques habitants accourus à leur secours.

di

"quatre-vingts Flagellants et en immolè- | introduite. « Ce baptême de sang, saient-ils, était beaucoup plus agréable à Dieu que le baptême de l'eau, tout comme les convives du banquet de Cana trouvèrent le vin rouge obtenu par le miracle du Christ bien supérieur à celui qu'ils avaient bu auparavant. La flagellation est, ajoutaient-ils, la robe nuptiale qui rend digne de s'asseoir au banquet céleste, et le sang obtenu par cette flagellation est bien plus précieux que celui des martyrs versé par les païens; elle remplace, en s'ajoutant à quelques prières et au jeûne du vendredi, toute espèce de pénitence et tous les sacrements. La flagellation abolit le sacerdoce de la nouvelle loi, tout comme celui de l'ancienne disparut lorsque le Christ chassa à coups de fouet les vendeurs et les acheteurs du temple. Le clergé catholique, cause de tous les malheurs, ressemble aux prétres et aux lévites allant de Jérusalem à Jéricho, tandis que les Flagellants représentent le bon Samaritain, en prenant avec reconnaissance Jésus-Christ sur leur dos et l'honorant par leur obéissance et leur piété. » Ils méprisaient, ainsi que d'autres sectaires du moyen âge, les institutions de l'Église, rejetaient les indulgences, la sépulture ecclésiastique, la prière pour les morts, le purgatoire, le culte des saints et la multiplicité des fêtes. Cependant extérieurement ils gardaient l'apparence catholique et se permettaient, pour rester cachés, toute espèce de mensonges et de parjures, qu'ils expiaient par la flagellation (1). A Sangerhausen on condamna à être brûlées plus de cent personnes de cette dangereuse association, parmi lesquelles on comptait leur maître Conrad Schmid (Faber), qui avait la mission de juger les vivants et les morts; et ce jugement était proche, car Élie s'était

A la première apparition des Flagel* lants on avait vu, en Italie, des femmes qui se donnaient la discipline dans leurs maisons; cette fois on les vit s'unir à la procession, marcher le corps plus ou moins indécemment découvert, le plus souvent le visage voilé; à la fin les hommes se mirent de la partie. Et c'est ainsi que, malgré les intentions inno-. centes des uns et des autres, l'affaire en général prit une mauvaise tournure pour la foi et les mœurs (secta contra Deum, ■ et contra formam Ecclesiæ, et contra salutem eorum ipsorum, dit l'université de Paris dans son jugement) (1), et par conséquent les mesures sévères qu'on prit contre les Flagellants ne furent pas, comme on l'a prétendu, déterminées uniquement par les atteintes qu'ils portèrent à l'organisation de l'Église. Abstraction faite d'indices parEticuliers, tels que ceux qu'on lit dans = Raynald (2), nous trouvons vers 1414 (c'est la troisième époque de l'apparition des Flagellants), dans la Thuringe et la basse Saxe, une nouvelle espèce de Flagellants, qu'on confond assez souvent avec une bande de brigands de ces contrées, composée de paysans, des batteurs en grange qui maniaient le fléau, flagellum. Ces Flagellants nouveaux formaient moins des associations publiques que des réunions particulières. Leurs erreurs, condamnées par le concile de Constance, sont bien plus caractérisées que celles des Flagellants antérieurs. Le point de départ de leur opinion exagérée sur la valeur de la flagellation était aussi la prétendue lettre tombée du ciel (3), par laquelle une nouvelle loi, préfigurée à Cana par le changement de l'eau en vin rouge, avait été

(1) Nang., Contin.

(2) Ad ann. 1372, no 33. (3) Voyez plus haut.

(1) Hardt, Conc. Const., t. I, p. 1, 86 et 127, et Gobelinus Persona.

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manifesté en lui; Énoch avait paru dans | jamais permis de mépriser le conseil des supérieurs légitimes. Les processions des Flagellants attirent à leur suite l'erreur, le mépris des prêtres, de la pénitence et des sacrements, les extor- | sions et les vols, l'oisiveté et toute espèce de désordre, comme l'apprend l'expérience.

la personne d'un Béghard mis à mort à Erfurt cinquante ans auparavant. La secte dura longtemps en secret; on arrêta à Sangerhausen et Aschersleben, en 1454, un grand nombre de ces sectaires, qui ne voulaient pas entendre parler de sacrements et qui tenaient leur doctrine du docteur Schmid; vingtdeux personnes des deux sexes appartenant à cette bande furent brûlées; ceux qui parvinrent à se faire absoudre durent porter des habits qui permissent de les reconnaître; un certain nombre s'enfuirent, selon toute apparence.

Les Flagellants qui suivaient saint Vincent Ferrier (1) dans ses missions apostoliques à travers l'Aragon étaient certainement d'une meilleure espèce; cependant Gerson conseilla au saint, dans une lettre datée de Constance, à laquelle Pierre d'Ailly ajouta quelques mots, de se retirer de leur société, ce que fit en effet saint Ferrier. Bientôt après Gerson rédigea sa Dissertation contre les Flagellants. (2) « D'autres pénitences, dit-il, sont plus conformes à l'esprit de l'Évangile que la macération du corps jusqu'au sang. Les singularités de ce genre rendent l'homme orgueilleux et prédisposent les religieux à se dispenser de leurs règles. Il n'est

(1) Voy. FERRIER.

(2) Opera, t. II, p. IV, p. 658.

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Les Flagellants qui parurent en 1445 en Prusse (1) étaient à peine en relation avec ceux de Thuringe; ils s'acquirent l'estime du pays, purent librement circuler, acheter et vendre. En 1501 il arriva d'Italie en Allemagne des pé- | nitents pauvrement vêtus, allant de paroisse en paroisse, restant peu de temps dans chacune, se jetant à terre les bras étendus en croix dans les églises, pour prier, vivant dans la continence, permettant à chacun, sauf aux femmes, de s'associer à eux. Au bout de cinq ans ils disparurent; Trithème, qui nous donne ces détails dans sa Chro- ! nique de Sponheim, ne dit pas que ces ascètes, ressemblant par maints usages aux Flagellants, se servissent de la flagellation.

Cf. Raynald; d'Achery, Spicileg., et le recueil des Chroniques allemandes de OEfelé, Jérôme Petz, Meibom, Mehnken (Freher-Struve).

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