Sayfadaki görseller
PDF
ePub

nous, et de son attachement pour V. A. S. et pour tout ce qui la concerne. Le soir du Samedi je vis Myld Chesterfield, qui étoit allé le matin à Richemond, et ne revint qu'à 8 heures. Il me reçut fort froidement, ne chercha pas à parler d'affaires, et quand je commençois, il laissoit tomber la conversation. Je ne laissai pas de lui dire de quoi il s'agissoit en termes généraux et très mesurés, parce que j'avois déjà appris, avant de le voir, par d'autres, que Myld Chesterfield avoit déjà dit que je venois pour dicter et donner la loi au Roi de la part du Prince Stadhouder. J'allai le Dimanche avec lui au lever du Roi, où je fus reçu dans la dernière perfection. D'abord que le Roi me vit entrer, il s'avança vers moi, et me dit sur tout ce qui s'étoit passé en Hollande des choses si obligeantes, qu'il ne me convient pas de les répéter; mais ce qui me flatta le plus, fut le témoignage d'approbation que Sa Maj. donna publiquement à l'affection et à l'attachement que j'avois toujours professé pour V. A. S.; et à cette occasion le Roi dit que jamais il n'avoit ressenti une plus grande joye sur aucun événement que sur l'élévation de V. A. Se. et sur la révolution arrivée en Hollande. Après l'église j'allai au drawingroom, où je reçus encore de nouveau un très bon accueil. Le lendemain, Lundi, j'allai chez Mr. Pelham, avec qui je parlai sur le même pied qu'avec son frère, et de la façon et avec les précautions que celui-ci m'avoit averti de prendre, pour ne le point effaroucher. Aussi cela a-t-il parfaitement bien réussi, car j'ai appris que Mr. Pelham a été fort content de moi. Je le trouve craintif et plein de précautions, et surtout appréhendant les fraix immenses, que la guerre occasionne et entraine inévitablement. Il étoit prévenu contre la République sur l'article de l'impuissance et sur plusieurs autres

points; mais comme je suis allé bride en main avec lui, je l'ai amené peu à peu à convenir de la nécessité absolue qu'il y avoit à se mettre en état sans délai de faire la guerre, si l'on vouloit avoir une paix quelconque, à plus forte raison une sûre, et telle, que ceux qui l'auroient conseillée en pourroient répondre. Je l'ai trouvé aussi bon Whig qu'il est possible de l'être, et aussi zélé; franc et ouvert avec moi d'une façon qui m'a fait un véritable plaisir; car, quand je suis venu avec lui en détail sur tous les points regardant la République, sur lesquels il avoit quelque doute, non seulement il s'est rendu de bonne grâce sur les informations que je lui ai données, mais il m'a avoué ingénuement de qui il les avoit : et c'est par là en grande partie que j'ai vu le manége de Myld Chesterfield et l'art avec lequel il parle aux gens, à chacun selon son humeur. J'oubliois presque de dire que le Dimanche j'avois été chez le Chancelier, que j'ai trouvé fort bien disposé, souhaitant que les choses ne fussent pas désespérées en Hollande, mais craignant, sur tout ce qu'il avoit ouï dire ici, que, Berg-op-Zoom rendu, tout étoit fini. Je l'ai très fort rassuré, et il a été fort aise d'être rassuré, et très charmé d'avoir de quoi répondre à des raisonnements qui lui faisoient beaucoup de peine et dont il étoit embarrassé. C'est l'homme de confiance du Duc de New-castle. Ils ne font rien l'un sans l'autre. Ils me l'ont dit tous deux, chacun à part, et je l'avois déjà appris d'ailleurs. Lundi matin j'allai au lever du Roi, et quand le Roi fut rentré, il me fit appeler dans son cabinet. Je présentai à Sa Maj. la lettre de V. A. S. Ceux qui connoissent le Roi, savent que l'air de son visage prouve plus que tout ce qu'il dit, et je puis assurer V. A. So. que je fus frappé de l'air de bonté, avec lequel le Roi me parla. Les expressions

[ocr errors]

dont il se servit à mon égard sur la connoissance qu'il avoit de mon attachement pour sa maison, pour sa personne, et pour l'Angleterre, et de la profession constante que j'en avois toujours faite, nonobstant tous les désagréments que j'avois essuiés et toute l'opposition que j'avois rencontrée, me touchèrent, et je n'y pus répondre presque que par des révérences. Sa Maj. me dit qu'elle m'en étoit extrêmement obligée et qu'elle ne l'oublieroit jamais; que ce n'étoient pas des compliments qu'elle me faisoit, mais que c'étoient ses véritables sentiments. En parlant de V A. S., le Roi vous nommoit tantôt mon fils", tantôt „Monsieur le Prince d'Orange", et a très fort insisté que j'assu rasse V. A. S. de sa tendre amitié, de son appui et de son soutien dans toutes les occasions, me chargeant surtout de vous assurer, que dans tout ce qui se feroit, vous seriez consulté et que rien ne se feroit sans vous; que Myld Sandwich devoit aller à Maestricht pour écouter et non pour rien conclure; que ses instructions étoient telles que certainement elles n'avanceroient pas les affaires, et que les demandes qu'il devoit faire ne seroient pas acceptées par la France; que la France ayant fait faire des avances pour la paix, et cela par des personnes de considération, et non pas par des émissaires comme le Général des Brosses') (ce sont les propres paroles du Roi, dont je ne pus m'empêcher de rire, et le Roi aussi), Sa Maj. avoit cru qu'il faloit en bonne politique et selon la prudence les écouter. Qu'outre cela il y avoit un Parlement à ménager, dont on avoit besoin pour trouver les fonds pour pousser la guerre; que si l'on rejettoit les propositions, cela feroit un mauvais effet dans le Parlement, qui diroit qu'on veut pousser la

1) Peut être le général des Drosses. Cf. d'Ailly, op. cit. p. 136.

guerre sans nécessité, et qu'on ne veut pas la paix; mais que je pouvois être assuré moi-même, et assurer Monsieur le Prince d'Orange, que jamais le Roi ne feroit rien contre son honneur, ni contre ses engagements avec ses Alliés, ni contre l'intérêt de la Hollande et de son fils. Ayant présenté au Roi les respects de S. A. R., le Roi a témoigné être charmé d'apprendre des nouvelles de sa santé, dont il a demandé des particularitez. Sa Maj. m'a aussi chargé d'assurer le Prince que les ordres pour la Russie seroient donnés en conformité des souhaits du Prince.

Le lendemain il y eut une conférence chez le Duc de Newcastle, composée du Duc, de son frère, du Chancelier et de Chesterfield. J'y répétai en substance ce que j'avois dit à chacun de ces messieurs en particulier. Remarquant que Myla Chesterfield parloit peu et étoit à l'afût pour capter sur ce qui se disoit, je m'élargis très peu, et restai dans des généralités. Quand on vint parler des Russes, il se trouva que j'avois mal compris ce que Myld Chesterfield m'avoit dit, les ordres n'ayant pas été expédiés finalement Vendredi passé; mais ils le sont aujourd'hui, tels que V. A. le verra par l'extrait de la lettre d'aujourd'hui de Myla Chesterfield à Myld Hyndford. Quant au point principal, assavoir un plan de paix ou de guerre, la compagnie étoit trop nombreuse pour pousser cette affaire; j'ai pour cela préféré de préparer la matière en particulier avec chacun de ces messieurs, et outre cela Myld Anson 1) a mandé le Duc de Bedford 2), qui sera ici Lundi ou Mardi prochain, et qui viendra à l'appui de ceux qui ont résolu de pousser les affaires.

[ocr errors]

') L'amiral George Anson.

2) Le duc John of Bedford, à ce moment first lord of the Admiralty, qui bientôt, en 1748, occupa la place de Chesterfield.

la

J'espère que vers la fin de la semaine prochaine, je pourrai être prêt et repartir pour achever de bouche mon rapport à V. A. S. Les points sur lesquels l'on a le plus insisté, ont été les ressources de la République, dont ces messieurs, surtout Chesterfield, doutoient; et le dernier ne vouloit pas même croire des faits que j'avançois comme faits; ce qui me choqua un peu. Mais je n'en témoignai rien. Je souhaite fort qu'il arrive de Hollande de quoi le confondre. Un autre point sur lequel ces messieurs m'ont pressé, c'est sur la disposition de V. A. So. pour paix, que j'ai assuré être telle qu'elle devoit être, et qu'on la pourroit souhaiter. Cet article n'a pu m'être nié, mais j'ai appris que Chesterfield a dit après la conférence, que ce que j'en disois n'étoit que pour les attirer et les amuser et que, quand ce viendroit au fait et au prendre, le Prince d'Orange ne seroit pas aussi raisonnable que je voulois le faire paroître. Cette conférence qui a duré près de quatre heures n'a servi qu'à me faire connoitre le terrain. Hier il y en eut une où l'affaire des Russes fut arrêtée telle que je l'envoye; et il y fut aussi résolu à l'occasion du mémoire du Général Cronstrom du 15, dont le Duc de Cumberland a envoyé une copie au Roi, que les ministres représenteroient au Roi la nécessité de pourvoir à la défense de Berg op Zoom, et allégueroient leurs raisons, non comme gens de guerre mais comme ministres d'Etat, pour lesquelles la défense de Berg op Zoom et du territoire de la République devoit être préférée à la conservation de Maestricht; sans pourtant conseiller d'envoyer des ordres positifs au Duc de Cumberland mais lui faisant simplement la représentation et lui laissant décider si la situation des armées alliée et ennemie lui permettront de descendre avec la grande armée pour venir

« ÖncekiDevam »