Sayfadaki görseller
PDF
ePub

République donnât l'exemple. Quoiqu'à contrecoeur, les régents hollandais, exaspérés par la politique arrogante du roi français, laissaient s'imposer le rôle de protagoniste dans la lutte contre la France. Grâce à leur concours Guillaume put exécuter son entreprise contre Jacques II, qui devait avoir pour conséquence que l'Angleterre se rangea du côté des ennemis de Louis XIV. Cependant malgré le succès de l'entreprise, pendant l'épuisante guerre de neuf ans le fardeau principal des frais énormes continuait à peser sur la République, dont les forces avaient été, depuis 1648, mises à une trop rude épreuve par toute une suite de grandes guerres, lorsqu'enfin, à la mort de Charles II d'Espagne, le moment de la lutte décisive arriva. Au début la Hollande était encore la puissance dirigeante, mais elle ne tarda pas à être supplantée par l'Angleterre, où le parti des Whigs donna une extension toujours croissante à la guerre. Désireuse d'acquérir de l'autorité dans les Pays-Bas du Sud, la République se laissa enchaîner à la politique des Whigs; aussi, lorsqu'un changement de ministère amena un brusque revirement dans la politique anglaise, elle en sentit le contre-coup; épuisée par la longue guerre, elle fut forcée d'accepter à Utrecht ce que le ministèreTory de concert avec Louis XIV voulait bien lui accorder.

La perplexité des hommes d'état néerlandais fut encore aggravée par la situation à l'intérieur de la République. Guillaume III ne s'était pas servi du crédit que lui assuraient les événements

de 1672 pour modifier dans le sens monarchique les institutions défectueuses de la République. Content de pouvoir disposer des forces de la République en faveur de sa politique européenne, il n'avait profité des circonstances que pour mettre dans quelques provinces les magistrats sous sa dépendance, et il avait essayé d'atteindre en d'autres provinces le même but par des manoeuvres qui aggravaient des abus, pratiqués depuis longtemps dans les régences des villes. A la mort de Guillaume, qui n'avait pas de postérité, les états des provinces, de même qu'en 1650, s'attribuaient à eux-mêmes les pouvoirs, qu'ils avaient cédés au prince d'Orange, et les transmettaient en partie aux régences des villes, qui désormais choisirent elles-mêmes leurs membres. Dans quelques provinces il y eut des dissensions sérieuses entre les régents, qui au moment de la mort de Guillaume étaient en fonction et d'autres qui avaient été destitués par le stadhouder; en un mot, le pouvoir et l'influence de Guillaume disparus, les jalousies et les factions entre les régents se firent sentir partout.

A partir de la paix d'Utrecht la République ne pouvait plus soutenir son rôle comme puissance de premier ordre. Les forces avaient été surmenées et le surménage fut suivi d'un profond affaissement. La flotte naguère si brillante se trouva en 1713 dans un triste état, parce que les frais énormes de la guerre continentale avaient fait négliger la marine; après la paix l'armée fut licenciée en

grande partie, même dans une mesure plus grande que ne le permettaient la sûreté et la dignité de l'état. C'est que la République, les provinces, les amirautés étaient écrasées de dettes. Les richesses des particuliers étaient encore très grandes, mais la rente des dettes contractées absorbait les revenus du gouvernement; les impôts, c-à-d. les impôts indirects, étaient si lourds qu'ils ne pouvaient pas être augmentés sans risquer une explosion du mécontentement populaire. Dans de telles circonstances la paix était d'une nécessité absolue, mais malheureusement on ne profita du repos pour améliorer et pour réparer ni les finances, ni la flotte, ni l'armée; les régents jouissaient de la,,liberté", c-à-d. qu'ils défendaient âprement les priviléges des villes et les intérêts particuliers contre l'intérêt général; qu'ils intriguaient à loisir pour procurer tous les avantages du gouvernement d'une ville à une majorité de régents aussi petite que possible à l'exclusion d'une minorité aussi grande que possible; que, s'étant séparés de plus. en plus de leurs concitoyens, ils formaient une classe sociale distincte, très exclusive, qui, écartant jalousement tous les intrus, accaparait en faveur d'un nombre relativement petit de familles toutes les charges et dignités dans les villes et les provinces.

Outre la déplorable situation intérieure de la République, il y avait d'autres causes qui amenèrent sa déchéance. Le développement naturel de l'Angleterre, la grande augmentation de puissance des Habsbourgs, l'importance croissante de la Prusse,

le rôle nouveau joué par la Russie dans la Baltique et parmi les états européens causaient dans les rapports entre les Puissances une modification, qui assignait désormais une place plus modeste à la République. Néanmoins, longtemps encore on continuait à la consulter dans toutes les affaires de la politique européenne et à la rechercher comme alliée. C'est qu'on ne savait pas au juste à quel point elle était faible, c'est surtout que le souvenir récent de sa puissance ne permit pas de considérer son épuisement comme irréparable; en, 1725 le gouvernement français estima encore les forces de la République à peu près égales à celles de l'Angleterre 1). En outre la République était garante de la succession de la Maison de Hanovre en Angleterre, elle tenait, depuis la conclusion du traité de la Barrière en 1715, garnison dans plusieurs places fortes des Pays-Bas autrichiens, et fut regardé comme le trait d'union dans l'ancien système entre l'Angleterre et l'Autriche. Enfin son commerce était toujours d'une très grande importance et elle était une puissance coloniale de premier ordre.

Cet ancien système, qui s'opposa à la France, n'était pas du tout goûté unanimement des régents de la République; il avait été accepté par la force des circonstances, par la peur qu'inspirait la politique de Louis XIV, mais beaucoup auraient préféré une politique pacifique envers la France. Ce groupe

1) Instruction de Fénelon du 10 Janvier 1725 (Arch. Aff. Etrang. à Paris).

s'accrut à partir de la paix d'Utrecht, et la diplomatie française, entretenant et fomentant ces sentiments favorables, en profita en 1715 et 1716 pour empêcher le rétablissement de l'ancien système. Peu après, en 1717, la République forma avec la Grande Bretagne et la France la Triple-Alliance, et de cette manière elle s'assura le repos, dont elle avait un si pressant besoin. Cette alliance, basée sur les intérêts particuliers du duc d'Orléans, survécut à la mort de celui-ci; mais à la suite des négociations du congrès de Soissons elle commença à se dissoudre de plus en plus, et les Puissances Maritimes se rapprochèrent de la Maison d'Autriche; en 1731-1732 elles s'allièrent de nouveau avec Charles VI. L'homme d'état hollandais, qui y avait puissamment contribué, le conseiller-pensionnaire Simon van Slingelandt, avait eu à vaincre beaucoup de résistances dans la République; et bientôt il fit l'expérience que le rétablissement de l'ancien système ne répondit pas au but qu'il s'etait proposé, à savoir de garantir les alliés et l'équilibre politique contre les dangers du rapprochement de la France et de l'Espagne. Quand ces deux Puissances profitèrent du conflit amené par la succession de Pologne pour attaquer les possessions italiennes de la maison d'Autriche, ni les régents de la République, ni le ministère britannique ne montrèrent la moindre envie de s'armer pour venir en aide de Charles VI; et de crainte de voir attaquer les Pays-Bas du Sud, Slingelandt dut négocier avec la France un traité de neutralité. Sept ans plus tard, lorsque, après la mort de

« ÖncekiDevam »